Dans le cadre d’un point
de presse tenu par cette institution faîtière des acteurs culturels béninois
(Entre autres, Patrice
Talon a été vivement interpellé)
La Médiathèque des
diasporas de Cotonou, sis Place du Souvenir, a abrité un très retentissant
point de presse, organisé par la Confédération béninoise des acteurs des arts
et de la culture (Cbaac). C’était dans la matinée du dimanche 5 juin 2016.
Cette sortie médiatique a permis aux responsables de cette institution de faire
ressortir 8 colossaux éléments de colère contre Ange N’Koué, Ministre béninois
de la Culture, sur un fond de 3 appels pressants.
De gauche à droite, Philippe Abayi et Pascal Wanou, au cours du point de presse |
Avoir contribué à
bloquer complètement les échanges entre les acteurs culturels et, lui, Ange N’Koué,
Ministre béninois de la Culture, avoir coupé toute communication entre son
Département et ces types d’acteurs, avoir manqué d’installer la Commission
chargée de l’élaboration des nouvelles réformes au Ministère du Tourisme et de
la culture, avoir mis en place « une atmosphère de confusion, de dédain et
de mépris » vis-à-vis des « organisations faîtières (des artistes,
Ndlr) légalement constituées et de leurs responsables », avoir instauré un
« système de caporalisation de la gestion des ressources du Fonds d’aide à
la culture (Fac), avoir brisé le « partenariat acteurs
culturels-administration ministérielle », au vu de la « mise à l’écart
totale des acteurs culturels dans la définition des réformes par le Ministère »,
avoir choisi de faire régner de l’opacité dans « la gestion de la crise en
n’associant pas les acteurs culturels à sa résolution » et, enfin, avoir
fait le choix du « pourrissement de la situation » en assistant
passivement à l’achèvement du mandat des administrateurs du Fonds d’aide à la
culture, laissant ainsi aboutir à un « vide juridique favorable à un fait
accompli savamment préparé à l’avance », ce qui fait conclure par la Cbaac
à la décision d’Ange N’Koué de créer un ’’Comité de gestion’’ pour remplacer le
Fac, afin de disposer à sa guide de la « cagnotte » de 5 milliards,
gérée annuellement par ce Fonds. La liste des 8 fondements de la profonde indignation
des acteurs culturels béninois, exposés, hier, dimanche 5 juin 2016, à la
Médiathèque des diasporas, par les responsables de la Confédération béninoise des
acteurs des arts et de la culture (Cbaac), au cours d’un point de presse
auxquels ont participé beaucoup d’artistes et de responsables d’associations et
de fédérations d’artistes, parmi lesquels Alèkpéhanhou, Gaston Eguédji, Jac’Oho, Dimitri Fadonougbo, le Professeur Codo, Richard Adossou, Léon
Hounyè et bon nombre de ses collègues du G113, Setge Yéou, Simplice Béhanzin,
Bienvenu Abaï, sans oublier la plupart des responsables de la Cbaac tels que
son Président, Philippe Abayi, Pascal Wanou, et le 1er
Vice-président de cette institution faîtière des fédérations des artistes de
tous les secteurs.
Dans un ton acerbe,
Pascal Wanou qui, justement, portait la parole des acteurs culturels béninois,
a martelé, au comble de la colère : « Nous ne sommes pas des badauds,
nous ne sommes pas des idiots, nous ne sommes pas des mendiants … ». Avant
cette lancée, celui que l’on reconnaît comme un ancien Directeur du Festival
international de théâtre du Bénin (Fitheb) a montré que des actions musclées
seraient mises en œuvre, quelques heures seulement après le point de presse,
concluant d’une manière très ferme : « Nous n’allons pas nous laisser
faire ! ».
Par ailleurs, à en
croire Pascal Wanou, les acteurs culturels, en dépit de l’affront qui leur est
fait par Ange N’Koué, restent « ouverts au dialogue », ce qui les
amène à adresser 3 types d’appel.
Les appels des acteurs
culturels
En premier lieu, les
acteurs culturels interpellent le Chef de l’Etat, le Président Patrice
Guillaume Athanase Talon, afin que, selon les termes de Pascal Wanou, « il
se préoccupe personnellement du développement culturel du Bénin et de l’épanouissement
réel des acteurs culturels ». Puis, le porte-parole l’a appelé à la
nomination d’un Ministre de la Culture, qui soit issu du rang des artistes, ce
qui, selon lui, serait la matérialisation de la vraie ’’Rupture’’.
En direction d’Ange N’Koué,
les acteurs culturels proposent, en substance, la prolongation du mandat des
Administrateurs du Fonds d’aide à la culture jusqu’au 31 décembre 2016, une
action salutaire qui devrait amener à la « préparation et à la mise en œuvre
des réformes, en étroite collaboration avec les acteurs culturels ». Selon
ceux-ci, ce résultat ne pourrait être atteint sans la concrétisation par le
Ministre de quelques qualités essentielles auxquelles ils l’appellent : « l’esprit
de discernement, d’ouverture et de dialogue, le respect des textes et l’arrêt
de toute ingérence dans la gestion quotidienne du Fac ».
Enfin, closant son
propos, Pascal Wanou a suscité chez les siens, acteurs culturels, « l’union
dans la diversité et l’unité d’action », le sens de la « discussion,
du travail » et « l’arrêt de toutes sortes de stigmatisation, de
dénigrement », avant de leur demander deux choses : l’apaisement et
la mobilisation totale pour, bientôt, « livrer bataille », au cas où
l’autorité les y contraindrait.
Le régime de la Rupture
et du Nouveau départ étant désormais à l’épreuve de la gestion des affaires
publiques, il faudrait que les divers niveaux de prise de décisions, indexés
par les acteurs culturels puissent ne pas faire la sourde oreille face à l’exaspération
et à la colère, visibles chez ceux-ci, à ce point de presse du dimanche
dernier, un entêtement, délétère, qui se révélerait nuisible à la corporation
des arts et de la culture, en particulier, et au Bénin, en général.
Marcel Kpogodo