Dans le secteur de l'auto-emploi
L’appel à l’auto-emploi
est plus que d’actualité, à notre époque. Ceci conduit l’Etat béninois à donner
de la valeur à des initiatives, aussi hardies les unes que les autres.
Certaines lui permettent de mettre en place des structures de formation à l’entrepreneuriat.
D’autres ont amené le Gouvernement à octroyer des financements d’une
consistance rare à des gens mal préparés qui n’ont fait que dilapider ces
fonds. Mais, l’Exécutif semble n’avoir pas compris que la réussite, en matière
d’auto-emploi, passe par l’école de bon nombre de Béninois courageux qui ont
décidé de prendre leur destin en mains, qui se sont réalisés dans
l’entrepreneuriat : de véritables self-made-men ! La vie de Claude
Balogoun, réalisateur et producteur, notamment, est un exemple, en la matière,
un des modèles dont doivent s’inspirer les jeunes, en quête de réalisation de
soi, dans l’auto-emploi.
Claude Balogoun, une simplicité qui défie toute concurrence ... |
Pas comme les autres
C’est un homme d’une
simplicité absolue qui nous reçoit dans son bureau où trône une table surchargée
de documents et où parviennent à s’incruster deux ordinateurs portatifs. Au fur
et à mesure que nous entrons dans le débat sur sa vie, il se fait apporter un
plat de carottes crues, bien lavées, qu’il me propose de partager avec lui.
Affable, en débardeur blanc sur un pantalon de tissu, croquant à belles dents
ses carottes, il me parle posément de sa vie comme s’il avait tout son temps.
Mais, très tôt, ses réflexes de responsable d’entreprise prennent le
dessus ; il ouvre, l’un après l’autre, ses deux ordinateurs qu’il commence
à contrôler, en liaison avec un troisième plus grand, plasma, celui-là, fixé au
mur, en face de lui. Il est très affairé. Avec un de ses collaborateurs, il
commence à échanger des détails techniques … Le travail l’emporte déjà sur tout,
autour de lui, ce qui signale qu’il a beaucoup à faire …
Des conseils de
’’self-made-man’’ …
La philosophie sociale
du Conseiller qu’il est s’intéresse à « contribuer largement au
développement de son pays par le cinéma, l’animation de la vie culturelle, la
formation, le renforcement des capacités, l’intervention sur tout le territoire
national », de par ses activités. Mais, interrogez-le sur son secret de réussite
- car, on peut bien dire qu’il a réussi – cette réussite par la création d’une
grande entreprise avec des moyens d’une réelle modestie, il vous répondra
simplement par des astuces d’une simplicité implacable : « positiver
et relativiser tout », se fixer des objectifs, « savoir où l’on veut
aller », travailler continuellement, se faire endurant et, il continue, du
fond de son expérience : « Les moyens financiers ne doivent pas être
un blocage ; le plus gros moyen dont un jeune a besoin, aujourd’hui, c’est
lui-même … », pour finir en évoquant qu’il s’agit de « regarder dans
son entourage et son environnement, d’identifier les besoins, de réaliser une
étude sur la rentabilité, de consulter ceux qui ont déjà pratiqué le
domaine … ». Mais, il précise un détail capital : n’avoir jamais
emprunté de l’argent à la banque pour lancer son affaire !
Par ailleurs, dès que l’entreprise est constituée et
qu’elle fonctionne, il ne faut pas que ses responsables en arrivent à mettre la
clé sous le paillasson, d’où des principes salutaires : le règlement des
impôts, le respect des délais fixés aux clients, le paiement régulier du
salaire au personnel, la bonne gestion et la planification exemplaire des
ressources financières issues de l’activité génératrice de revenus, une
« grosse humilité », l’honnêteté, la crainte de Dieu …
Des faits d’armes qui
parlent d’eux-mêmes …
Quelques distinctions que l'homme a reçues |
Ce n’est donc pas par
hasard qu’il est Président-Directeur général (Pdg) de la Société ’’Gangan
productions’’. Une entreprise qu’il annonce avoir créé depuis l’année 2002 et
qui se révèle le résultat de la maîtrise du fonctionnement du monde artistique
et culturel du Bénin, ce qu’il confie, en ces termes : « Mon entrée
dans le cinéma, à partir de la mise en place de La chaîne 2 (Lc2), m’a donné
l’occasion d’avoir accès à de grandes réalisations, ’’Taxi-brousse’’, en
l’occurrence, un projet de l’Agence ’’Proximités’’, dans le cadre duquel j’ai
fait une vingtaine de réalisations, ce qui m’a donné une ouverture large sur le
domaine artistique », poursuit-il, tout en rappelant que ses galons, sur
le plan des notions scientifiques, ne sont pas des moindres, concernant le
secteur audiovisuel au Bénin. Il est, notamment, titulaire de deux Licences,
l’une, en Communication et Relations internationales et, la seconde, en
Conception et mise en œuvre de projets culturels, sans oublier un Master en
Management des Projets et organisations. C’est ainsi que l’homme s’est vu
travaillant en profondeur sur l’industrie culturelle du Bénin, une situation
qui l’a amené à développer une vaste connaissance des dimensions artistiques du
Bénin, du Nord au Sud, que cela concerne les artistes ou les associations
culturelles.
La densité se construit
dans la lutte
Ses quarante-sept ans
fraîchement sonnés, celui qui était, quelques longues années en arrière, élève
turbulent mais travailleur, « nul » en Français mais comptant toujours
parmi les cinq premiers de sa classe, est un élu du Conseil économique et
social (Ces), s’imposant par un deuxième mandat du monde des artistes, des
acteurs et des promoteurs culturels, celui qu’il vient de conquérir, de haute
lutte. Pas plus tard qu’en juin dernier. Lui qui pense que la simplicité est un
facteur de réussite est marié et père d’enfant, n’a pas connu une enfance
facile, et a régulièrement rejeté les situations qui auraient pu l’empêcher
d’atteindre une dimension honorable de sa vie. C’est ainsi qu’il ne devient pas
enseignant après sa 2ème Année de Géographie, mais qu’il s’accroche
au théâtre qui, comme il en témoigne lui-même, l’a « poussé au-devant de
la scène ». Contrairement à beaucoup qui en auraient fait un drame, il
transforme son licenciement de Lc2 en une grande opportunité, investissant ses
500 mille francs de droits pour participer à un festival à Rotterdam, en
Hollande, s’offrant, par une formation rapide, au pays, de conter en anglais,
pour satisfaire des clients de cette ville d’Europe, raccourcissant son séjour
d’hôtel d’une semaine, rentrant à Paris par train et utilisant ses économies
pour s’acheter le premier caméscope qui, en réalité, va servir à démarrer ce
qui est aujourd’hui, la Maison : ’’Gangan productions’’ ! Films, clips se
succèdent ainsi, établissant progressivement son expertise en la matière et sa
renommée. Voilà un parcours bâti sur un sens terrible du sacrifice de ses
loisirs, pour une entreprise spécialisée dans l’audiovisuel et le cinéma, et
qui garantit, désormais, la vie et l’épanouissement social d’une vingtaine de
travailleurs.
Politique aguerri
Le baroudeur au management en réussite |
Dans le domaine
politique, les résultats de l’homme parlent plus que toute autre chose. Sans
être élu local, communal ou municipal, sans être Député à l’Assemblée
nationale, il fait valoir une véritable capacité de rassemblement des siens du
monde culturel, en provenance de toutes les contrées du pays, autour de ses
ambitions professionnellement représentatives. Ainsi, brillamment réélu, en
juin 2014, en tant que membre du Conseil économique et social (Ces) de la
République du Bénin, par un score écrasant de candidat unique ayant subtilement
réussi à dissuader tous ses adversaires dans la course, 538 voix en sa faveur,
pour 13 abstentions, il avait assis, déjà, cinq années auparavant, l’hégémonie
de son image, par 147 voix pour et, seulement 3, en faveur de son challenger de
l’époque. C’était à son deuxième sacre comme membre du Ces, le tout premier
étant intervenu pour lui permettre de remplacer, au sein de cette institution,
le feu Sévérin Akando. N’importe qui pouvait-il avoir cet honneur, cette
chance ? A l’heure actuelle, Kokou Claude Balogoun est un politique
aguerri, confortablement installé dans le monde des arts et de la culture de son
pays, ayant son mot à dire dans quelque consultation électorale engageant son
secteur de travail. Lorgne-t-il déjà vers d’autres strapontins ?
En attendant que
l’analyse de ses faits et gestes actuels permette de déterminer une réponse
crédible, il faudrait partager que Kokou Claude Balogoun devrait avoir son mot
à dire dans le fonctionnement pédagogique de tout système promoteur de
l’auto-emploi.
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