mercredi 11 janvier 2023

La ’’Cie dimension’’ lutte contre les harcèlements

A travers un spectacle déambulatoire


Par une performance intitulée, ’’Le cri des lionnes’’, les artistes de la ’’Cie dimension’’ se sont produits au quartier de Gbégamey, dans le 11ème arrondissement de la ville de Cotonou, le mercredi 4 janvier 2023. Il s’agissait pour les concernés de sensibiliser la population sur l’existence de différentes formes de harcèlement.


Un aperçu de la déambulation artistique de la ''Cie dimension'' - Crédit photo : Léandre Houan

Masque des visages et port d’accoutrements frappants. L’apparence que présentaient les artistes de la ’’Cie dimension’’, au cours de la performance qu’ils ont tenue, dans l’après-midi du mercredi 4 janvier 2023, au quartier de Gbégamey, au niveau du 11ème arrondissement de Cotonou.


La déambulation indiquée avait la forme d’une performance artistique ayant pour nom, ’’Le cri des lionnes’’. Ainsi, ces artistes qui déambulaient animaient la manifestation par des chants que rythmait du tam-tam. Ils ont pris le départ du marché de Gbégamey pour une destination bien prévue à l’avance : le jardin, ’’Cardinal Bernardin Gantin’’, en face de la Faculté des Sciences de la santé (Fss).


En parcourant l’itinéraire attendu, les manifestants artistiques ont marqué plusieurs arrêts. Chacun d’eux était une occasion pour attirer l’attention des marchandes, des conducteurs d’engins et de voitures et des passants de tous ordres montrant un visage interrogateur, sur un message fort que portaient des écriteaux qui ceignaient la taille des artistes déambulateurs : « Je suis une lionne et non une proie », « Ce n’est pas facile d’être responsable », « Etre responsable, c’est être capable de supporter des tonnes de sable ».



''Le cri des lionnes'', un spectacle en bonne et due forme


A leur arrivée au jardin ’’Cardinal Bernardin Gantin’’, le public a assisté à une représentation théâtrale. Le visage masqué, un acteur fait son apparition, un chapeau-parapluie sur la tête, vêtu d’un boubou blanc sur lequel étaient écrits des mots semblant indiquer son statut de scène : « Harceleur », « Oppresseur ». De cette manière, il incarnait le harcèlement au sein de la société humaine, sous ses formes les plus fréquentes, et dans tous les milieux possibles : la famille, l’école, le travail et même la rue.


Il était question de faire comprendre aux spectateurs de circonstance de quelle manière les catégories diverses de  harcèlement peuvent engendrer, entre autres, le désarroi chez une élève et l’adultère au niveau d’une femme adulte, de manière à contribuer à détruire, chez celle-ci, sa vie conjugale.


L'une des toiles peintes au cours du spectacle, ''Le cri des lionnes'' - Crédit photo : Léandre Houan

Le jeu des artistes a connu un moment déterminant : les acteurs-personnages incarnant les victimes de harcèlement ont lancé, en chœur : « Assez ! Assez ! Assez ! Je suis une lionne et non une proie ! ». Ils ont mené la courte représentation dans un décor que ceinturaient trois toiles qui se peignaient au fur et à mesure que la scène se déroulait. Ceci laissait percevoir le message selon lequel les couches sociales ne peuvent combattre le harcèlement qu’en s’unissant. 

 


Genèse et fondement du ''Cri des lionnes''


Pour Chakirou Salami, administrateur de la ’’Cie dimension’’, metteur en scène du spectacle en même temps que son acteur principal, tout en ayant subi quelques nouvelles touches, ’’Le cri des lionnes’’ est une performance itinérante qui était à son acte 2, au spectacle du quartier de Gbéagmey, l’acte 1 s’étant déroulé, plusieurs jours plus tôt, à l’espace ’’Sowéto’’ du quartier d’Akpakpa. Elle a connu l’intervention de slameurs, de danseurs et de danseurs, de  chorégraphes, de comédiens et de comédiennes, à travers une scène mixte. 


Selon l’intervenant qui, après le spectacle, s’est confié aux médias, ’’Le cri des lionnes’’ relève d’une initiative privée ayant une certaine histoire. « Après notre dernière Ag (Assemblée générale, Ndlr) », expliquait-il, « on s’était dit qu’on avait assez de spectacles dans notre répertoire qui ont beaucoup plus évolué dans des lieux conventionnels, c’est-à-dire  les scènes et les espaces que nous connaissons d’habitude ». A en croire Chakirou Salami, les membres de la ’’Cie dimension’’ se sont dit : « Maintenant, il faut qu’on sorte de ces salles, de ses lieux de spectacles et qu’on aille vers le public avec un produit qui les concerne, un produit qui parle d’eux, un produit qui sensibilise  par rapport à des faits, à des situations que ces personnes vivent tous les jours et qu’elles dénoncent mais qui peinent à reculer ».


Lui-même, artiste comédien et conteur, il s’est entouré, pour le jeu du spectacle, de six autres artistes que sont Joril Ayébou, Marie-Rose Djagba, Samuel Kouton, Kossi Koussougan, alias Zogbé, Esther Iriko Doko et Hervéline Adjadjihoué, de même que de deux chorégraphes, Orphée Ahéhéhinou et Samson Kpadonou, sans oublier El-Katib Ayihoué, l’assistant-metteur en scène du spectacle. 



Perspectives pour ''Le cri des lionnes''


Si elle dispose de moyens financiers adéquats, la ’’Cie dimension’’ souhaite faire voyager le spectacle, ’’Le cri des lionnes’’, à travers le Bénin, dans le but de sensibiliser d’autres cibles sur les différentes formes de harcèlement. 


Selon Chakirou Salami, une pause s’impose, néanmoins, pour des raisons stratégiques. « Il y a d’autres étapes pour le projet. Mais, on voudrait s’arrêter et aller à la quête de financements avec des éléments concrets pour montrer un tant soit peu l’objectif que nous poursuivons », a-t-il précisé, avant d’ajouter que les cibles que vise son groupe sont ailleurs. « Ici, nous avons sensibilisé les cibles de rue. On voudrait aller, par exemple, dans les écoles, les universités, dans le septentrion, voyager pour sensibiliser par rapport à ce fait », a-t-il terminé. 


A travers ’’Le cri des lionnes’’, Chakirou Salami aura réussi à mettre en combinaison différentes disciplines de l’art pour combattre toutes les formes de harcèlement.

Léandre Houan

lundi 12 décembre 2022

Bardol Migan projette l’espoir et la désillusion liés à l’immigration clandestine

Dans le cadre de sa mise en scène de ’’Zone franc (h) e’’


Le centre culturel ’’Ouadada’’ a servi de cadre à la représentation, le jeudi 8 décembre 2022, de la pièce de théâtre, intitulé ’’Zone franc (h) e’’ du Camerounais, Edouard Elvis Bvouma. Ce spectacle relate l'aventure d'un jeune immigré clandestin en France. Il impose Bardol Nounangnon Migan, comédien et humoriste, comme un metteur en scène, qui s’affirme.

 

De gauche à droite, Adeline Nandja, Noël Aïvo et Gildas Agossoukpè, à la fin de la représentation théâtrale


« […] Enfant de la patrie, le jour de gloire est arrivé […], les mots de soulagement de De Gaulle, un immigré illégal en France, après avoir réussi son forfait, ce qu’a permis de découvrir la mise en scène de la pièce, ’’Zone franc (h) e’’, par Bardol Nounangnon Migan, dans la soirée du jeudi 8 décembre 2022, sur la scène du centre culturel ’’Ouadada’’, à Porto-Novo, la capitale politique du Bénin.


Travaillant comme un docker dans un port d’un pays d’Afrique, De Gaulle s'introduit secrètement dans la bille d'un tronc d'arbre appartenant à une cargaison d'arbres de l’espèce d’'iroko, que transporte un navire à destination de Paris. Obstiné et déterminé, il arrive en France malgré toutes les vicissitudes de ce voyage d’un genre particulier. Puis, aux prises avec un inspecteur chargé des immigrations, dont le rôle consiste à faire rapatrier les clandestins vers leur pays d’origine, il finit par gagner le droit de rester en France, grâce à Marie-France, une avocate commise d’office, qui assure sa défense.


Dans sa mise en situation de ce drame, Bardol Nounangnon Migan a, d’abord, effectué la matérialisation du cadre de l’action par une scène laissant apercevoir un plateau fait de marbre en bas relief et ayant un fond en rideau noir. Ensuite, dans son choix des comédiens, il a fait valoir le jeu de Gildas Agossoukpè, le sujet de la pièce, cet acteur dont l’imprégnation du tragique de l’instant a rendu son aventure pathétique aux spectateurs. 


Ce metteur en scène a aussi fait percevoir l’ardeur d’une adjuvante comme Adeline Nandja, dans le rôle de Marie-France, si bien qu’il est devenu difficile, au cours du déroulement de la pièce, sur la scène de ’’Ouadada’’, de déterminer si l’empathie qu’elle montre pour De Gaulle était due au caractère désespéré de sa situation sociale ou au fait que l’immigré a fatalement réussi à la faire tomber amoureuse de lui. 


Quant à l’inspecteur que Bardol Nounangnon Migan a fait incarner par Noël Aïvo, dans son statut d’opposant au sujet, seul le metteur en scène a le secret de la construction d’un personnage qui ne pouvait susciter sympathie, alors que sa mission était républicaine, donc, légale.


En représentant ’’Zone franc (h) e’’, il a choisi de travailler sur une véritable citadelle de la nouvelle génération de la dramaturgie africaine francophone, Edouard Elvis Bvouma ayant à son actif de nombreuses bourses de création, des pièces de théâtre à grand rayonnement et, de surcroît, de nombreuses distinctions dont le Prix ’’Théâtre Rfi’’ 2017, avec la pièce, ’’La poupée barbue’’.


Pour l’aboutissement de son travail sur ’’Zone franc (h) e’’, Bardol Nounangnon Migan a bénéficié de la production du spectacle par l’association, Baob' Art, et de l’aide à la création, qu’a octroyée l'Institut français du Bénin.

Herman Sonon