Dans le cadre de la lecture-spectacle de la pièce, ’’Démocratie chez les grenouilles’’
’’Démocratie chez les grenouilles’’ est la pièce qui a fait l’objet d’une lecture-spectacle le samedi 21 novembre 2020 au Centre culturel ’’Artisttik Africa’’ du quartier d’Agla Kangloè, à Cotonou. Dans sa mise en scène de l’ouvrage du dramaturge béninois de la nouvelle génération, Jérôme Tossavi, Bardol Migan a comme développé l’objectif de frapper le public.
De gauche à droite, grenouille mère et grenouille père, circonscrits dans leur mare |
Trois
temps rendus forts. Le résultat de la mise en scène qu’a effectuée Bardol Migan
de la pièce de Jérôme Tossavi, ’’Démocratie chez les grenouilles’’, lors de la
lecture-spectacle de l’ouvrage dans la soirée du samedi 21 novembre 2020 au
Centre culturel ’’Artisttik Africa’’, à Cotonou.
Il
a fallu au public d’en vivre la tension permanente à partir d’une scène mobile,
instable, lui qui a concédé de vivre la pièce, dans son début et dans son
dénouement, à l’extérieur de l’espace réservé à la représentation, et de suivre
la force de son rythme dans la salle proprement dite de représentation de l’espace
culturel concerné.
Elle
était pourvue d’un décor pratique en deux étapes, l’estrade supérieure
comprenant les pupitres de lecteurs et une corde d’accrochage de blouses de
travail pour chercheurs, puis l’estrade inférieure présentant un logis aquatique
rectangulaire, pour une histoire d’un fantastique comique : une mare
assiégée se voit défendre par grenouille père et par grenouille mère poussés et
réduits dans leurs derniers retranchements par des assaillants ayant précédé
des chercheurs déterminés à circonscrire un virus dangereux transmettant une
maladie de danse irréversible dont se trouve, contre toute attente, frappé le
roi de la contrée, Barka qui en sort, tout prestige et toute dignité enfouis, obsédé
d’en découdre sexuellement avec grenouille mère.
Finalement,
le fameux virus au nom codé est identifié sans manquer de produire ses effets
désastreux de danse sur le principal chercheur et son assistante, les cyclones,
incarnés respectivement par Serge Dahoui et Perside Tanséla ; ils s’embarquent
dans une démonstration où ils en arrivent à se dénuder sur scène jusqu’au
niveau préoccupant et excitant de l’avant-sous-vêtement fatal. Une audace
démontrant que Bardol Migan n’avait rien voulu faire à moitié.
La
contamination des chercheurs-cyclones par le virus de la danse sonne comme la
déconfiture d’un système extérieur obsédé de la domination des plus faibles
dont les territoires de vie sont convoités à des fins politiques par les
militaires. Il s’agit d’une déconfiture qui se positionne en un adjuvant de la
résistance tenace, le sujet de la pièce, dont grenouille père et grenouille
sont l’objet. Ces deux personnages, Fabrice Paraïzo et Armelle Nagoba, sur la
scène, expérimentent, au cours de l’agression, un fait qui constitue un autre
adjuvant de la résistance : leur confinement dans un coin de mare isolé, un
réduit rectangulaire entouré d’une végétation essentielle et ceinturé par du
plastique représentant le caractère aquatique du milieu, ce qui contribue à les
cacher de leurs adversaires et à durcir leur engagement.
Une
originalité matérielle de scène qui fait percevoir la créativité du metteur en
scène, ne s’étant pas contenté de cette prouesse si expressive ; il a
impulsé une force de lecture et une puissance de comportements à Carlaine
Sèmadégbé, à l’état-civil, et au rescapé des différentes attaques
destructrices, en même temps, la victime collatérale des assauts de tous
ordres : en incarnation sur scène, Humbert Boko. Cet autre point d’adjuvant
a donné le ton de l’atmosphère violente de la pièce en l’ouvrant dans l’anti-scène.
C’est lui que choisit le metteur en scène pour faire rire sur l’état préoccupant
du roi Barka sous l’emprise du virus de la danse.
A
cet effet, la langue nationale béninoise adja sert de canal de communication
entre les comédiens, donnant du relief à la défense maladroite du roi par le
rescapé qui, dans sa logique de protection de l’honorabilité du monarque,
présente l’autorité suprême comme son sosie ou comme un homme qui est « presque
lui », déchaînant une hilarité bien nourrie du public.
Et, les chercheurs défaits, grenouille père et grenouille mère se trouvent libérés de leur blocus, puis leur bonheur se solde par leur mariage que le lecteur diffuse par les didascalies qu’il laisse connaître par le public, mais qui ne sont pas suivies de l’action symbolique et simple du passage annoncé de la bague au doigt de son épouse par l’élu. Négligence, oubli ou choix délibéré du metteur en scène ? Ce manque n’enlève rien à l’éloquence de la restitution d’un système complexe dans lequel le destinateur de l’action héroïque de grenouille père et de grenouille mère, qu’est l’instinct à la fois de survie et de conservation, les en laisse comme seuls destinataires de leur victoire.
Marcel
Kpogodo Gangbè
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