mardi 29 septembre 2020

Patrick Hervé Yobodè réussit la sauvegarde du patrimoine culturel du Zou

A la clôture de la première édition du ’’229 Big tours’’


Le samedi 26 septembre 2020 a donné lieu à la fin du déroulement de la première édition du ’’229 Big tours’’, le festival de renaissance et de promotion des facteurs du patrimoine culturel en disparition. L’événement s’est déroulé à ’’Kayécha’’, la place des fêtes, située à Womey-Centre, dans la commune d’Abomey-Calavi. En substance, Patrick Herné Yobodè, initiateur du festival concerné, aura concrètement réveillé de leur sommeil de disparition l’ ’’Adjagbé’’, un repas, et le ’’Sôhoun’’, dans son rythme et dans sa danse.


Le plat, ''Adjagbé''

La dégustation de l’ ’’Adjagbé’’, succédant à la découverte du rythme traditionnel du ’’Sôhoun’’ et de la danse qui lui est attachée. Le résultat qu’il a fallu découvrir de l’exercice de la première édition du ’’229 Big tours’’, dans la soirée du samedi 26 septembre 2020, à l’espace des fêtes, ’’Kayécha’’, à Womey-Centre, dans la commune d’Abomey-Calavi.

Dans un premier temps, les participants à la manifestation de restitution de la formation qui s’est déroulée à Abomey et à Agbangnizoun du 14 au 23 sptembre 2020 ont connu, sur le podium de ’’Kayécha’’, de quelle manière se jouait le ’’Sôhoun’’ à l’aide  d’un tambour tuteur et de deux autres l’entourant et l’appuyant, de même que par un gong et par des castagnettes en métal.

Le ''Sôhoun'', en rythme et en danse

Ainsi, non seulement les stagiaires concernant l’exécution du rythme l’ont joué devant tous, ayant occasionnellement effectué le voyage d’Abomey, la commune dans laquelle ils y ont été formés quelques jours plus tôt, mais, aussi, d’autres l’ont dansé dans toutes ses facettes. En outre, il a été procédé à la démonstration de quelques-uns de ses aspects restreints, ce qui fait que ceux-ci n’étaient pas à la portée de la captation des appareils photo et des caméras. Pour rappel, le ’’Sôhoun’’ constitue la version populaire et profane du rythme  appelé ’’Djanguédé’’, que leurs adeptes pratiquent dans les couvents de la mère des divinités, ’’Sègbo Lissa’’.

Le public avait fait un déplacement massif en dépit de la pluie

Par conséquent, pour la cause de cette restitution, Patrick Hervé Yobodè a invité des responsables d’orchestres de musique traditionnelle afin qu’ils analysent dans quelle mesure ils pourraient s’inspirer des principes du ’’Sôhoun’’ dans leurs futures créations.

 

L’ ’’Adjagbé’’

Dans un second temps, il a été promu le mets dénommé ’’Adjagbé’’ qui se cuisine à l’aide de feuilles de haricot et de farine de maïs, après qu’il a été préparé in situ, pendant que le ’’Sôhoun’’ faisait ses preuves. C’est ainsi qu’après plusieurs minutes de cuisson, il a été distribué dans une assiette, ce qui a permis au public de se rendre compte de sa saveur, accompagné qu’il a été d’huile rouge.

De gauche à droite, Patrick Hervé Yobodè et Gilbert Déou-Malé, au cours de son intervention

De plus ont honoré l’événement de leur prestigieuse présence, surtout en la fin d’un après-midi hautement et fortement pluvieux, Gilbert Déou-Malé, Directeur général du Fonds des Arts et de la culture (Fac), haut parrain de la première édition du ’’229 Big tours’’, Dah Kanlinmandjigbèto Baba Tao, Directeur général de la Société, ’’Espoir construction Sarl’’, le parrain en second, Baba Lissanon Amanyinkpo Ayidékon, dignitaire de la religion endogène, madame Couton, épouse d’Obed Couton qu’elle représentait, lui qui est l’initiateur de l’espace ’’Kayécha’’ qu’il a gracieusement mis à la disposition du Festival pour la manifestation de restitution, et, entre autres, Tony Yambodé, Directeur de l’espace, ’’Mayton promo’’ du quartier de Zogbadjè, toujours à Abomey-Calavi. Puis, étant donné que le ’’229 Big tours’’ a reçu un financement du Fac pour son organisation, un représentant de l’institution a été dépêché sur les lieux afin de se rendre compte de son déroulement tel que présenté théoriquement.

Le Dg/Fac remettant une attestation à un stagiaire

Tout à tour, chacune de ces personnalités a été invitée à remettre aux stagiaires leur attestation de fin de formation, ce qui présente un tableau reluisant : 12 percussionnistes, 18 danseurs, 12 formateurs sur le rythme du ''Sôhoun'', 2 sur la danse et 1 formatrice dans le mets évoqué. 

 

Des perspectives

Patrick Hervé Yobodè, satisfait de la tenue de la première édition du ''229 Big tours''

Patrick Hervé Yobodè ne compte pas en rester là, face à la réussite de la première édition du ’’229 Big tours’’. Dans ses confidences à la presse, il a laissé entendre que, vu le caractère annuel de l’événement, il en projetait déjà la deuxième édition pour 2021 avec, comme il faut s’y attendre, trois autres pièces du patrimoine culturel béninois à découvrir, ce sur quoi il s’est refusé de faire des révélations. Ensuite, il a annoncé cette nouvelle aventure devant s’auréoler de la mise en lumière, en plus des éléments précédemment évoqués, d’un style vestimentaire et d’un site touristique. Suspense.

Marcel Kpogodo 

mercredi 23 septembre 2020

Le "25 décembre" au coeur de l'amertume des vérités crues

Dans le cadre d'une représentation au ’’Centre’’ de Godomey


L’espace de spectacles du ’’Centre’’ de Godomey a abrité, le vendredi 18 septembre 2020, la représentation de la pièce, "25 décembre", un canal psychologique de déversement de réalités choquantes vécues par la société contemporaine. Au commande des répliques tranchantes, Florisse Adjonohoun et Nathalie Hounvo-Yèkpè, deux comédiennes béninoises au talent imparable, dans une mise en scène de Didier Sèdoha Nassègandé.

Les comédiennes, dans le feu de leur jeu ...

L'incivisme, la mauvaise gouvernance, l'impudicité des moeurs professionnelles, entre autres. Le tableau de dénonciation des tares sociales et politiques qu'ont présenté Florisse Adjanohoun, dans le rôle d'Élisabeth, une Première dame, et Nathalie Hounvo-Yèkpè, dans celui de Mathilde, une prisonnière, pour le compte de "25 décembre", une pièce écrite et mise en scène par Didier Sèdoha Nassègandé, jouée dans la soirée du vendredi 18 septembre 2020, sur la scène du "Centre" de Godomey.


La précision de la diction des comédiennes, adaptée à une profération poétique acerbe, l'expressivité faciale réussie de la tension afférant aux idées défendues, la vigueur de la gestuelle, l'exercice d'un accoutrement à sensation, la délicatesse de l'évolution dans un décor pittoresque et à la luminosité s'adaptant aux circonstances internes de la pièce, sont les points de satisfaction ayant permis au public de vivre et, surtout, de lire implicitement une démarche de travail, menée de la main d'un jeune maître de la mise en scène, celui-ci qui n'est personne d'autre que Didier Sèdoha Nassègandé dont le mérite reste d'avoir réussi à faire traduire la sécheresse des conditions de vie déplorables des populations par deux de ses aînées dans la comédie dont l'une est un véritable monstre de la scène, Florisse Adjanohoun. 


Un aspect frappant d'originalité se fait remarquer à travers la réciprocité d'une accusation, ce qu'il n'est pas courant de lire dans les inspirations dramaturgiques béninoises ; le peuple du fonctionnement quotidien s'est trouvé aussi bien accusé que le corps des gouvernants. Et, le contexte qui fut choisi pour opérer une telle vision inédite s'est révélé par un décor dominé par des cadres en bois verticalement disposés sur la scène, laissant percevoir l'embrigadement des esprits, tous domaines d'appartenance sociale confondus, ce qui contribue à lancer la question de l'urgence d'une thérapie psychologique salvatrice aussi bien pour le haut peuple que pour celui que la nature soumet au premier.

De gauche à droite, Florisse Adjanohoun, Didier Sèdoha Nassègandé et Nathalie Hounvo-Yèkpè, à la fin de la représentation

Une telle subtilité du prisme de regard du metteur en scène fait appréhender les fondements du succès avéré de la pièce, "25 décembre", sur les scènes qu'elle a honorées de son jeu, notamment, celles de l'édition 2020 du Marché des Arts du spectacle d'Abidjan (Masa). Il se dessine donc des perspectives de développement, de démultiplication d'une demande plus abondante de la marque "Nassègandé" si l'inspiration du jeune metteur en scène reste pointue.

Marcel Kpogodo