lundi 25 mai 2020

Marius Dansou : les dictateurs africains mis en accusation face au coronavirus

Dans le cadre d’une exposition circonstancielle à Cotonou

L’artiste sculpteur béninois sur fer, Marius Dansou, a tenu le vernissage de sa nouvelle exposition. Portant sur le coronavirus, elle a été lancée à Cotonou le samedi 23 mai 2020. Ceci fut l’opportunité pour la manifestation par le créateur d’une indignation bien réglée contre les dirigeants africains affichant différents types de longévité au pouvoir, en pure perte pour le développement de l'Afrique.

Marius Dansou, au cours du vernissage

 
« Les présidents africains ne peuvent plus aller se faire soigner à l’extérieur à cause du blocage des compagnies aériennes et des voyages internationaux, dû au coronavirus … ». Le contenu de la rage qu’a montrée Marius Dansou, sculpteur sur fer, à l’occasion du lancement de son exposition intitulée, ’’Où allons-nous ? Et quand ?’’, dans le début de la soirée du samedi 23 mai 2020, au ’’Parking’’, un espace culturel sis quartier de Fidjrossè à Cotonou.


« On l’a vu avec le coronavirus, l’Afrique n’est pas respectée », a continué, en commentant, Marius Dansou. « On se rend compte que c’est maintenant qu’on a besoin de grands hôpitaux, de grandes universités », a-t-il conclu momentanément.


Pour comprendre le sens de cette prise de position, fondée sur la dénonciation du caractère non opérationnel des dirigeants dans le développement des pays africains, il suffit de visiter l’exposition ’’Où allons-nous ? Et quand ?’’. Et, tout dépend alors de l’entrée par laquelle le visiteur y arrive, de comment il s’ouvre l’exposition et de comment il se la finit. Une série de 19 pièces s’offre à sa vue. Ces œuvres sont des plaques individuelles fixées au mur. 6 d’entre elles représentent l’image forte d’un crâne avec, au haut, une durée de vie pendant que 7 autres sont un gros point d’interrogation sanglant avec, en son sommet, une année censée être le commencement d’une durée de vie, dont l’absence d’une année de clôture signifie que son détenteur se trouve encore en vie.


En outre, un drapeau achève l’œuvre en sa base, celui du pays d’origine du dictateur qui, s’il est représenté par un crâne, est un dirigeant africain décédé alors que, lorsqu’il continue d’exercer le pouvoir, il se fait identifier par le point d’interrogation évoqué cachant une question aussi bien précise que cruelle, cynique qu’adresse Marius Dansou à des dictateurs toujours en vie et à la longévité séculaire mais vaine au pouvoir : « Quand est-ce que tu crèves ? ».


L’artiste s’attaque aussi à d’autres présidents qui sont des successeurs dynastiques ayant hérité du pouvoir de leur père défunt. Il faut alors au visiteur une véritable culture politique afin de trouver quel dictateur est caché derrière tel crâne en bronze, en aluminium ou en bois, a effectué telle durée de vie évoquée, dans quel pays représenté par un certain drapeau, et quel autre président, toujours au pouvoir, se trouve incarné par le point d’interrogation de sang.


Voilà l’enjeu stratégique de l’exposition, ce que Marius Dansou précise en rejetant toute visée manichéiste : « Je ne suis pas dans un jugement mais je pousse les gens à aller vers l’histoire de notre continent ». Il est donc question de reconstituer le puzzle d’un nombre non négligeable de dictateurs que l’artiste préfère appeler des « décideurs » : un président en crâne de bronze, d’autres en un d’aluminium ou de bois, des chefs d’Etat à la longévité au pouvoir passée ou actuelle, à la succession dynastique, en bref, des titans, des bulldozers politiques dont l’agrippement séculaire à la direction de leur pays n’a pas servi à faire décoller le continent, à lui donner la respectabilité que ses pays respectifs méritent. Un opprobre dont le coronavirus serait, pour l’artiste, venu révéler la profondeur dans lequel l’Afrique est plongée. En réalité, cette exposition rappelle celle dénommée ’’Stop’’ que Marius Dansou avait tenue au ’’Centre’’ de Godomey, deux ans auparavant, plus précisément, dès le 25 mai 2018.


De pierres tombales, à cette époque, l’artiste est passé, aujourd'hui, à des plaques murales qui identifient pas moins de neuf pays de l’Afrique subsaharienne, un, du Maghreb, et treize dictateurs-« décideurs ».


’’Où allons-nous ? Et quand ?’’ est, par conséquent, une exposition incontournable pour évaluer et doper sa culture politique, d’une part, puis pour s’approprier le questionnement décisif contemporain, en deux temps, qui devrait habiter tout Africain de bonne volonté, préoccupé d’un devenir reluisant de l’Afrique. La présentation des oeuvres est ouverte « pendant deux à trois semaines », a indiqué Marius Dansou, sous le couvert du respect strict des mesures de protection contre le coronavirus.


Marcel Kpogodo

vendredi 10 avril 2020

Elon-m Tossou, l’artiste que préoccupe le coronavirus

Dans le cadre de l’adaptation de sa vision philosophique

La pandémie du coronavirus, qui décime actuellement le monde entier, quel qu’en soit le continent, amène à tirer des leçons sur le fonctionnement civilisationnel des hommes, dicté par les pays développés, en général, et par ceux occidentaux, en particulier, sous le couvert de la mondialisation. Se saisissant de la question, l’artiste peintre et sculpteur béninois, Elon-m Tossou, pointe du doigt le dévoiement des mœurs, fondé sur le dos tourné aux principes intrinsèques de la nature.

Elon-m Tossou, en pleine méditation vespérale pour sortir l'Afrique et le monde du coronavirus

Des « fantômes terrestres », des « êtres cyniques sans foi ni loi », « qui ne connaissent plus la valeur de ce qu’ils sont ». Le diagnostic que pose Elon-m Tossou, artiste peintre et sculpteur béninois, des comportements humains au bout desquels se retrouve, selon lui, la pandémie du coronavirus dont le caractère dévastateur rendant impuissantes de nombreuses puissances économiques, moteurs du monde, amène à se poser des questions. Se livrant à cet exercice, il analyse : « La solution au coronavirus se trouve à côté mais les hommes ne la perçoivent pas à cause du manque de respect pour lui-même par l’être humain : il viole les règles de l’univers, il chosifie l’homme, il défie Dieu dont il croit qu’il détient tous les pouvoirs à cause des nombreuses connaissances qu’il a pu accumuler ». 


Placide, il détaille : « Concernant la chosification de l’homme, on est allé jusqu’à vouloir essayer un projet de vaccin sur les Noirs, des êtres humains considérés par d’autres comme des hommes de seconde zone. Ce sont des comportements que réprouvent les lois cosmiques et dont beaucoup d’autres, de cette nature, qui ont eu cours à travers plusieurs siècles, ont contribué à faire naître le coronavirus qui, sans pitié, décime l’univers, à partir des pays considérés comme les plus forts, les plus puissants : voilà une leçon dont on devrait se saisir afin d’en découvrir les tenants et les aboutissants. On doit respecter la terre ».


Entrevoyant les solutions possibles à cette pandémie, Elon-m Tossou n’y va pas par quatre chemins : « Je pense qu’elles se trouvent en Afrique au niveau des prêtres des religions endogènes qui se synthétisent autour du vodoun. Les responsables au plus haut sommet du vodoun, au Bénin, devraient taire leurs dissensions et se donner la main ».


A en croire l’artiste, cette étape cardinale franchie, il faudrait se tourner vers les divinités concernées par le coronavirus que sont rien d’autre que le ’’Sakpata’’, dieu de la terre, et ’’Dan’’, dieu de l’air. Il ne manque pas de justifier son choix : « La terre est le pivot de toute chose », commence-t-il, avant de conclure : « Quoi qu’on fasse dans l’univers, on revient inévitablement à la terre pour que ce qu’on fait ait un sens, une valeur ».


Ainsi, selon lui, ’’Sakpata’’ qui, d’ailleurs, s’occupe des maladies, devrait être appelé pour prendre le contrôle de tous les éléments négatifs nuisibles sur la terre actuellement, dont le coronavirus, et les anéantir afin que les hommes retrouvent la santé, la paix et l’équilibre. « A la fin de ce processus se trouve la divinité ’’Lègba’’, le messager, sur qui devra être déchargé tous ces facteurs nuisibles afin qu’il les métamorphose en des éléments positifs et profitables à l’homme », chute provisoirement l’artiste.


Toujours selon Elon-m Tossou, ’’Dan’’ devra aussi intervenir parce qu’il est la divinité qui domine l’air par lequel passe le coronavirus pour atteindre l’homme, le fragiliser et l’abattre. En tant que distributeur de la richesse, il sera mis à contribution pour faire renaître la prospérité sur la terre après l’éradication du coronavirus.


« Pour moi, le plus important serait que l’Africain retourne à ses valeurs, à ses traditions », conclut l’artiste. « En effet, avec une simple plante, sur recommandation des sages des religions endogènes, une solution efficace peut être trouvée au coronavirus alors que le malheur de l’Africain est de tout attendre de l’Europe alors que tout est ici, chez nous, dans notre pays, sur notre continent, sans recours à l’occident », achève-t-il définitivement.

Marcel Kpogodo