jeudi 5 octobre 2017

Claude Balogoun s’attaque à la plaie de l’enrichissement contemporain par la voie occulte

Dans le cadre de la production du ’’Pacte’’, son premier roman


La principale salle de conférence du Centre culturel ’’Artisttik Africa’’ de Cotonou s’est révélé trop exiguë pour abriter le monde impressionnant venu participer au lancement de son premier roman par Claude Balogoun : ’’Le pacte’’. C’était de l’après-midi à la soirée du samedi 30 septembre 2017. Dans ses explications, le tout frais romancier béninois a précisé son intérêt, dans cet ouvrage, pour l’enrichissement, par les procédés occultes très pratiqués, de nos jours, au Bénin, par les jeunes désoeuvrés.

Le romancier Claude Balogoun écrivant des dédicaces
« J’ai trouvé l’inspiration, pour écrire ce roman, à travers les jeunes riches, les cybercriminels, encore appelés ’’gayman’’, qui utilisent les fétiches, le ’’kinninsi’’, notamment, pour obtenir la fortune ». L’éclairage fondamental qui devrait amener le public à se procurer ’’Le pacte’’, les 168 pages du premier roman de Claude Balogoun, lancé, le samedi 30 septembre 2017, au Centre culturel ’’Artisttik Africa’’, du quartier Agla, à Cotonou.
Pour cet écrivain qui n’est personne d’autre que le membre du Conseil économique et social (Ces), unique représentant élu siégeant, dans cette institution, au nom des artistes et des acteurs culturels, Alain Coovi, le personnage principal du roman, se trouve aux prises avec une situation pénible du devoir de sacrifice de l’enfant mâle obtenu d’un lit adultérin ; « c’est le sort du Jésus-Christ à sacrifier », a-t-il ajouté, laissant le suspens entier planer sur le devenir de ce rejeton dont la mort, selon l’ordonnance du féticheur, reste la condition sine qua non du retour de son père à la prospérité perdue, du fait de la banalisation et de la violation d’un interdit fondant l’ouverture de cet ancien miséreux à une vie de puissance financière.


Pages de couverture du ''Pacte''

Bien avant que Claude Balogoun n’ait pris son tour d’intervention, le chroniqueur littéraire, Tanguy Agoï, présentateur du roman, a recommandé la lecture du ’’Pacte’’, dans le sens de la découverte du fin mot de l’histoire évoquée et, aussi, pour s’imprégner de l’instinct, de l’esprit de conteur qui a guidé l’auteur dans la confection de l’ouvrage censé porter de fortes traces de cette stratégie narrative.
En outre, s’il faut absolument lire ’’Le pacte’’, c’est pour analyser de quelle manière ce livre s’impose comme le résultat du dépassement, de la transcendance de son auteur d’un passé peu avantageux, peu glorieux concernant une discipline comme le Français, sur les bancs du primaire et du secondaire : « Je savais que je prenais une revanche sur la langue française ; j’avais difficilement 04/20 en Français, même si j’étais le premier de la classe ! », a lancé le Conseiller, n’ayant plus rien à perdre. « Dans les petites classes du collège, j’avais des difficultés à lire un ouvrage ; mes parents étaient dépourvus de moyens et d’opportunités pour m’acheter un livre de Français … », a-t-il achevé, complètement décomplexé.
Et, si la publication du ’’Pacte’’, qu’il faut considérer comme une prouesse, a pu être conquise, c’est aussi, comme l’a déclaré Claude Balogoun, grâce à l’acteur Osséni Soubérou qui, au cours d’un atelier d’écriture, initié par le tout nouveau romancier, en 2006, a initié le sujet ayant fondé l’écriture du roman, au centre de toutes les attentions, le samedi 30 septembre.

Gratien Zossou, présenté au public par Claude Balogoun
Par ailleurs, Claude Balogoun n’entend pas s’en arrêter là, lui qui, premièrement, pense déjà à un ’’Tome 2’’ du ’’Pacte’’, ce qui lui donnera l’occasion de creuser davantage dans la vie étrange des cybercriminels béninois, de retracer le parcours ordinaire qui s’avère le leur, dans le labyrinthe judiciaire. Deuxièmement, les révélations du membre du Ces permettent de croire que ’’Le pacte’’ sera porté au cinéma, surtout que l’incarnation des personnages de l’ouvrage semble déjà connue et qu’Alain Coovi a même été présenté au public : Gratien Zossou, connu comme artiste peintre, de même que comme poète à la verve savante et que comme acteur-comédien : « Nous allons le rajeunir pour en faire votre Alain Coovi », a alors commenté Claude Balogoun.
Celui-ci, visiblement comblé, épanoui d’avoir bénéficié de l’honneur du déplacement de plusieurs membres du Ces, d’artistes et d’acteurs culturels de tendances inconciliables, s’est fendu d’un grand appel au monde des Arts et de la culture : « Cette cérémonie de lancement n’est qu’un prétexte pour demander à tous d’être plus souples, plus tolérants, pour que nous nous imposions aux autres sans aller dans les épreuves de force ».

Marcel Kpogodo          

mercredi 4 octobre 2017

Le poignant mot à l’indignation diplomatique d’Aris Dagbéto à Patrice Talon

Dans le cadre d’une lettre ouverte adressée au Chef de l’Etat

L’accession au pouvoir du régime du Nouveau départ, le 6 avril 2016, a suscité un grand espoir d’une vie radieuse, très vite déçu, notamment, dans le secteur des Arts et de la culture. Sous le prétexte de réformes qu’on y opère, il connaît, depuis plus d’une quinzaine de mois, une anomie et une sécheresse artificielles, fondées sur la mise en priorité du tourisme sur la culture, une situation sur laquelle l’artiste peintre béninois Francel Aris Dagbéto attire l’attention du Chef de l’Etat, dans une courte lettre ouverte aux contours d’une tristesse digne, d’une révolte sage et contenue. A lire …

Francel Aris Dagbéto

Intégralité de la Lettre ouverte de l’artiste Francel Aris Dagbéto

Je vous écris cette lettre ouverte aujourd’hui, Monsieur le Président de la République du Bénin, Son Excellence M. Patrice Talon, parce que, comme tous les Artistes Béninois qui ont encore une conscience, notre corporation souffre, notre honneur est amputé, notre fierté est écorchée. Je porte aujourd’hui, Monsieur le Président, la voix de tous les Acteurs culturels du pays pour vous dire que ça ne vas pas.

L’acte que je pose aujourd’hui, devant le destin et l’histoire, n’est aucunement une improvisation, mais une réalité que beaucoup d'entre nous n'osent pas crier haut et fort en préférant se taire, mais ce silence commence à tuer plus d'un. Je suis donc triste et indigné, face à notre sort.
Mon pays est reconnu par sa diversité Artistique, culturelle et touristique. Mais, que sera le tourisme sans les Acteurs culturels ?

Portrait circonstanciel de Patrice Talon, par Francel Aris Dagbéto
C'est juste une question innocente que je me permets de poser, en sachant bien que vous y pensez fermement et on vous en remercie.

Il faut aimer son pays pour accepter d’y vivre dans les conditions dans lesquelles nous, Acteurs culturels Béninois, sommes actuellement ; il faut aimer le Bénin, pour accepter de mourir pour le Bénin. Engageons le combat et attaquons le mal là où il est, avec les moyens disponibles. Les Artistes du Bénin sont déterminés à travailler pour le rayonnement du Bénin, Culturellement parlant, mais dans de meilleures conditions de vie et de travail.
Pour la gloire et la grandeur du Bénin, nous vaincrons.

Francel Aris Dagbéto