jeudi 19 juin 2014

Wbi évoque le scandale des artistes béninois orphelins à la Biennale Dak'art 2014

Au cours de la conférence de presse que l'institution belge a donnée à Cotonou

En début de matinée du lundi 16 juin 2014 s'est tenue, à Cotonou, la conférence de presse des représentants de Wallonie-Bruxelles international (Wbi), dans le cadre de la 11èmme édition de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar, qui s’est tenue du 9 mai au 8 juin derniers. Cette équipe a rendu compte de la partition fondamentale jouée par l’institution belge dans le rayonnement de plus d’une vingtaine d’artistes plasticiens et designers béninois à cette grande manifestation d’envergure internationale, ce qui contraste avec un total effacement, à tous points de vue, du Gouvernement béninois face à cette Biennale.

De gauche à droite, Christian Saelens et Joël Decharneux, ...
Quatre personnalités ont animé cette conférence de presse de restitution du rôle cardinal qu’a joué Wallonie-Bruxelles international (Wbi) dans la participation retentissante de 25 artistes plasticiens et designers béninois à la 11ème édition de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar. Il s’agissait de Joël Decharneux, Chef du Pupitre ’’Afrique de l’ouest’’ de Wallonie-Bruxelles international, de Christian Saelens, Délégué de la Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles à Dakar pour des pays comme le Sénégal, le Burkina Faso et le Bénin. Ensuite, les journalistes culturels ont écouté Calixte Somaha, Chargé de programme du Bureau de Wallonie-Bruxelles international à Cotonou, et, enfin, Constant Adonon, Commissaire adjoint et Coordonnateur des ateliers de design au Bénin.
Plusieurs considérations ressortent des différentes interventions émises à l’attention des professionnels des médias.
Celle la plus insoupçonnable reste l’absence remarquable du Gouvernement béninois, en général et, en particulier, du Ministère de la Culture, à l’exposition collective fondamentale des artistes plasticiens, designers, sculpteurs et vidéastes béninois, intitulée ’’Bois sacré’’, de la Biennale Dak’art 2014 au Sénégal. Selon, Christian Saelens, elle a été un grand succès. Cependant, la participation des autorités béninoises dans cette réussite, aussi bien au sommet de l’Etat qu’au Ministère de la Culture, s’est révélée inexistante. Aucune contribution financière de quelque sorte n’a été la sienne. En outre, durant la Biennale, aucune délégation émanant du pays, même pas la plus petite, n’a fait le déplacement pour aller soutenir ce rayonnement de l’art et du design béninois à Dakar, malgré les nombreuses informations que les représentants de Wallonie-Bruxelles ont périodiquement apportées pour tenir les autorités de notre pays informées de toutes les étapes de ce qui se préparait.

...Constant Adonon et Calixte Somaha, au cours de la conférence de presse
A tout cela, « nous avons eu un silence radio de même qu’une lettre de notre Administrateur général qui est restée sans réponse », a constaté, l’air désolé, Joël Decharneux. Et, toutes les formes de sollicitations et de visites orchestrées par Calixte Somaha auprès du Ministère de la Culture sont restées lettre morte. « Nous avons porté le projet seuls, avec l’ensemble des artistes », conclut M. Decharneux, sans manquer de préciser : « Nous avons fait part au Ministère de la Culture de notre déception et nous avons eu des réponses relatives aux lenteurs administratives et à celles de l’autorisation du Gouvernement pour se déplacer. En fait, les autorités béninoises ont été en mesure de se déplacer lorsqu’il restait deux artistes béninois à Dakar … Et, ça n’avait plus beaucoup de sens d’arriver en ce moment-là, quand tous les lampions étaient éteints … »
Donc, les 25 artistes béninois ayant exposé leurs œuvres à la 11ème édition de la Biennale de Dakar n’ont aucunement été épaulés par les autorités de leur ministère de tutelle, ce qui est préoccupant ; cet apparent désintérêt gouvernemental donne l’impression que les partenaires techniques et financiers du secteur de la Culture sont plus préoccupés de la promotion de nos arts que nos autorités elles-mêmes.
Mais, malgré cette partition du Gouvernement béninois concernant la Biennale 2014, Wallonie-Bruxelles ne laisse pas s’émousser son ardeur pour le développement de la culture béninoise. S’il se prévoit que les deux parties tirent les conclusions de cette situation au cours de la Commission mixte Wallonie-Bruxelles/Bénin, qui se tiendra en décembre 2014, l’institution belge ne perd pas de vue sa lancée : « Nous allons continuer à cheminer avec le Ministère de la Culture et, au-delà, avec le Gouvernement béninois mais, aussi, en maintenant les relations étroites et ouvertes avec les milieux artistiques et culturels béninois, et avec la société civile », affirme Joël Decharneux, même si les susceptibilités sont vives : « Si nous devons tenir compte du comportement de nos ministères, nous n’allons plus rien faire du tout avec le Bénin. Mais, ce ne sera pas le cas ; nous allons continuer à soutenir la culture au Bénin. En réalité, un partenariat doit être un partenariat, il ne faut pas que la charge de la coopération pèse sur une seule partie. Je ne suis pas d’accord, en tant que Béninois », a laissé entendre Calixte Somaha. 
Aussi, Wallonie-Bruxelles reste accrochée à sa vision de base : « La culture est toujours un secteur prioritaire dans tous nos programmes », a rassuré M. Decharneux.
Sans doute donc, le Bénin l’a échappé belle. Mais, dans un contexte où le Chef de l’Etat s’est complètement impliqué dans la Table ronde de Paris, en cours, dans le but de mobiliser des financements pour la construction de la nation, il serait déplorable de perpétuer des situations pouvant provoquer le retrait de certains partenaires de secteurs stratégiques.


Wallonie-Bruxelles international, un engagement productif dans la Biennale Dak’art 2014

Wallonie-Bruxelles international a financé, à hauteur d’au moins 130 millions de Francs Cfa, l’ensemble du processus de tous ordres ayant permis à 25 artistes plasticiens et designers béninois de connaître le déplacement de 170 œuvres d’art en peinture, en sculpture, en design, en installation vidéo, entre autres, vers la ville de Dakar, de faire héberger les créateurs eux-mêmes, pendant une semaine, et de les faire participer à une dizaine d’événements artistiques et culturels dans la capitale sénégalaise et à Saint-Louis.
Cet important montant a aussi servi à l’exercice professionnel de commissaires d’exposition, d’hommes de médias et de techniciens, dans le cadre de la participation béninoise à la Biennale de Dak’art 2014 qui, selon Christian Saelens a été « une très belle édition ». L’exercice de tout cet important dispositif a contribué à la réussite de l’exposition collective béninoise intitulée ’’Bois sacré’’, à la librairie « Aux 4 vents » de Dakar, avec plus de 1000 visiteurs en un mois, selon le même intervenant. Elle s’est déroulée en Off et a mobilisé ces 25 artistes qui ont été très applaudis, sans compter que, parmi eux, Alougbine Dine a particulièrement impressionné par sa parade déambulatoire dans la même ville.    
A en croire Joël Decharneux, ce succès impressionnant de l’art plastique et du design béninois à la Biennale de Dak’art 2014 est le résultat d’un processus laborieux de formation de designers et de plasticiens ayant eu cours deux à trois années auparavant. Ceci, selon un contexte précis : la signature d’un accord de coopération entre Wallonie-Bruxelles et le Bénin, depuis 1984, ce qui impose que, tous les 3 trois ans, les deux parties valident des projets d’appui à la culture. Ainsi, il a été convenu que la période triennale 2011-2013 soit consacrée à la préparation de la Biennale de Dakar par la sélection de designers et d’artistes de qualité, pour leur participation à la Biennale Dak’art 2014.
Face à ce succès, Constant Adonon, dans son propos, a, notamment, remercié, d’une part, les artistes béninois pour leur participation à cette Biennale et, d’autre part, Wallonie-Bruxelles pour le financement et pour les dispositions pratiques et techniques que cette institution a mis en place. Selon lui, les répercussions positives de cette manifestation sénégalaise de l’art contemporain, dans l’édition de cette année, se matérialisent par un avenir prometteur pour bon nombre d’artistes y ayant participé.

Marcel Kpogodo

mardi 17 juin 2014

Gbènan lance son premier album et le rythme "Agbahoun"

Au cours d'un cérémonie à Abomey-Calavi

L'artiste béninoise de la musique traditionnelle, Gbènan, a lancé, le samedi 31 mai 2014, à la salle du peuple de la Mairie d'Abomey-Calavi, son premier album. Ce fut l'occasion pour elle de faire connaître le rythme "Agbahoun" dont elle est à l'origine de la conception.


Gbènan ...

"Totché dégbé", "Guigonontché", "Sogangan", "Noudékpatchami" et "Vidomingon". Ce sont les cinq titres de l'album intitulé "Houétchéhoun". Il est le premier de l'artiste béninoise de la musique traditionnelle, Gbènan, celui qu'elle a lancé, le samedi 31 mai 2014, à la Salle du peuple de la Mairie d'Abomey-Calavi. 
De son nom à l'état-civil, Christiane Lanmadoucélo, elle s'est montré l'auteur d'un opus dont la particularité est d'être un Vcd contenant cinq morceaux à la fois audio et vidéo. Ce résultat d'un labeur indéniable relève, selon elle, de ses propres moyens financiers. Elle ne manque d'évoquer les thèmes très précis qu'elle y aborde : l'art de la vie conjugale, l'amour du prochain, la vie des enfants placés appelés "vidomingon". Elle y rend aussi hommage au Seigneur Jésus-Christ.


L'album, "Houétchéhoun" ...
En outre, si les très connus rythmes traditionnels, Akonhoun et Agbotchébou, sont en vigueur sur cet album, celui dénommé "Agbahoun" est de sa propre création, elle qui, de par ses origines paternellement aboméenne et maternellement monolaise de Grand-Popo, a choisi de combiner deux rythmes émanant, chacun, de ces deux zones du Bénin. C'est ainsi qu'elle a assemblé l'Agbadja, du Mono, et l'Akonhoun du Zou, plus précisément d'Abomey, ce qui a permis de donner "Agbahoun", par exploitation d'une particule du nom de chacune des deux danses de base.

... de Gbènan
Désormais donc, Gbènan devra être considérée comme la Reine de l'Agbahoun, un rythme qui, à en croire ses analyses, est plus rapide à la danse que l'Akonhoun, à cause de l'influence de l'Agbadja.
A la Mairie d'Abomey-Calavi, ce samedi 31 mai 2014, la vente à l'américaine de l'Album "Houétchéhoun" a permis de recueillir deux cent trente mille Francs (230.000 F) Cfa. Dans le même ordre d'idées, Hounti Kiki, Président d'une association faîtière des musiciens traditionnels n'a pas manqué, quant à lui, d'annoncer le soutien de sa structure à hauteur de cinq cent mille Francs (500.000 F) à l'artiste Gbènan. 


Gbènan ...

Si Gbènan n'a sorti son premier album que récemment, elle exerce dans la musique traditionnelle béninoise depuis 23 ans.

Gbèna, amazone de la musique traditionnelle béninoise
Revendeuse de profession, mariée et mère de cinq enfants, elle révèle qu'elle porte la musique en elle, surtout que, descendante des familles princières d'Abomey, elles dont les femmes expriment tout par le biais de la chanson, elle a cultivé ce don, gardant un contact étroit avec un système artistique auquel son père et son mari ne sont pas étrangers. 
Particulièrement, le second n'a pas à son actif un album mais il est imprégné de l'art musical et ne manque pas de soutenir son épouse dans sa lancée et de lui prodiguer des conseils de réussite.         


Marcel Kpogodo