Au cours de la conférence de presse que l'institution belge a
donnée à Cotonou
En début de matinée du lundi 16 juin 2014 s'est tenue, à Cotonou,
la conférence de presse des représentants de Wallonie-Bruxelles international
(Wbi), dans le cadre de la 11èmme édition de la Biennale de l’art africain
contemporain de Dakar, qui s’est tenue du 9 mai au 8 juin derniers. Cette
équipe a rendu compte de la partition fondamentale jouée par l’institution
belge dans le rayonnement de plus d’une vingtaine d’artistes plasticiens et
designers béninois à cette grande manifestation d’envergure internationale, ce
qui contraste avec un total effacement, à tous points de vue, du Gouvernement
béninois face à cette Biennale.
De gauche à droite, Christian Saelens et Joël Decharneux, ... |
Quatre personnalités ont animé cette conférence de presse
de restitution du rôle cardinal qu’a joué Wallonie-Bruxelles international
(Wbi) dans la participation retentissante de 25 artistes plasticiens et
designers béninois à la 11ème édition de la Biennale de l’art
africain contemporain de Dakar. Il s’agissait de Joël Decharneux, Chef du
Pupitre ’’Afrique de l’ouest’’ de Wallonie-Bruxelles international, de Christian
Saelens, Délégué de la Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles à Dakar
pour des pays comme le Sénégal, le Burkina Faso et le Bénin. Ensuite, les
journalistes culturels ont écouté Calixte Somaha, Chargé de programme du Bureau
de Wallonie-Bruxelles international à Cotonou, et, enfin, Constant Adonon, Commissaire
adjoint et Coordonnateur des ateliers de design au Bénin.
Plusieurs considérations ressortent des différentes
interventions émises à l’attention des professionnels des médias.
Celle la plus insoupçonnable reste l’absence remarquable du
Gouvernement béninois, en général et, en particulier, du Ministère de la
Culture, à l’exposition collective fondamentale des artistes plasticiens,
designers, sculpteurs et vidéastes béninois, intitulée ’’Bois sacré’’, de la
Biennale Dak’art 2014 au Sénégal. Selon, Christian Saelens, elle a été un grand
succès. Cependant, la participation des autorités béninoises dans cette
réussite, aussi bien au sommet de l’Etat qu’au Ministère de la Culture, s’est
révélée inexistante. Aucune contribution financière de quelque sorte n’a été la
sienne. En outre, durant la Biennale, aucune délégation émanant du pays, même
pas la plus petite, n’a fait le déplacement pour aller soutenir ce rayonnement
de l’art et du design béninois à Dakar, malgré les nombreuses informations que
les représentants de Wallonie-Bruxelles ont périodiquement apportées pour tenir
les autorités de notre pays informées de toutes les étapes de ce qui se
préparait.
...Constant Adonon et Calixte Somaha, au cours de la conférence de presse |
A tout cela, « nous avons eu un silence radio de même qu’une
lettre de notre Administrateur général qui est restée sans réponse », a constaté, l’air désolé, Joël Decharneux. Et, toutes les formes de sollicitations
et de visites orchestrées par Calixte Somaha auprès du Ministère de la Culture sont
restées lettre morte. « Nous avons porté le projet seuls, avec l’ensemble
des artistes », conclut M. Decharneux, sans manquer de préciser : « Nous
avons fait part au Ministère de la Culture de notre déception et nous avons eu
des réponses relatives aux lenteurs administratives et à celles de l’autorisation
du Gouvernement pour se déplacer. En fait, les autorités béninoises ont été en
mesure de se déplacer lorsqu’il restait deux artistes béninois à Dakar … Et, ça
n’avait plus beaucoup de sens d’arriver en ce moment-là, quand tous les lampions
étaient éteints … »
Donc, les 25 artistes béninois ayant exposé leurs œuvres
à la 11ème édition de la Biennale de Dakar n’ont aucunement été épaulés
par les autorités de leur ministère de tutelle, ce qui est préoccupant ;
cet apparent désintérêt gouvernemental donne l’impression que les partenaires techniques
et financiers du secteur de la Culture sont plus préoccupés de la promotion de
nos arts que nos autorités elles-mêmes.
Mais, malgré cette partition du Gouvernement béninois
concernant la Biennale 2014, Wallonie-Bruxelles ne laisse pas s’émousser son
ardeur pour le développement de la culture béninoise. S’il se prévoit que les
deux parties tirent les conclusions de cette situation au cours de la Commission
mixte Wallonie-Bruxelles/Bénin, qui se tiendra en décembre 2014, l’institution
belge ne perd pas de vue sa lancée : « Nous allons continuer à
cheminer avec le Ministère de la Culture et, au-delà, avec le Gouvernement
béninois mais, aussi, en maintenant les relations étroites et ouvertes avec les
milieux artistiques et culturels béninois, et avec la société civile »,
affirme Joël Decharneux, même si les susceptibilités sont vives : « Si
nous devons tenir compte du comportement de nos ministères, nous n’allons plus
rien faire du tout avec le Bénin. Mais, ce ne sera pas le cas ; nous
allons continuer à soutenir la culture au Bénin. En réalité, un partenariat doit
être un partenariat, il ne faut pas que la charge de la coopération pèse sur
une seule partie. Je ne suis pas d’accord, en tant que Béninois », a
laissé entendre Calixte Somaha.
Aussi,
Wallonie-Bruxelles reste accrochée à sa vision de base : « La culture est
toujours un secteur prioritaire dans tous nos programmes », a rassuré M.
Decharneux.
Sans doute donc, le Bénin l’a échappé belle. Mais, dans un
contexte où le Chef de l’Etat s’est complètement impliqué dans la Table ronde
de Paris, en cours, dans le but de mobiliser des financements pour la
construction de la nation, il serait déplorable de perpétuer des situations
pouvant provoquer le retrait de certains partenaires de secteurs stratégiques.
Wallonie-Bruxelles international, un engagement productif
dans la Biennale Dak’art 2014
Wallonie-Bruxelles international a financé, à hauteur d’au
moins 130 millions de Francs Cfa, l’ensemble du processus de tous ordres ayant
permis à 25 artistes plasticiens et designers béninois de connaître le
déplacement de 170 œuvres d’art en peinture, en sculpture, en design, en
installation vidéo, entre autres, vers la ville de Dakar, de faire héberger les
créateurs eux-mêmes, pendant une semaine, et de les faire participer à une
dizaine d’événements artistiques et culturels dans la capitale sénégalaise et à
Saint-Louis.
Cet important montant a aussi servi à l’exercice
professionnel de commissaires d’exposition, d’hommes de médias et de
techniciens, dans le cadre de la participation béninoise à la Biennale de Dak’art
2014 qui, selon Christian Saelens a été « une très belle édition ». L’exercice
de tout cet important dispositif a contribué à la réussite de l’exposition collective
béninoise intitulée ’’Bois sacré’’, à la librairie « Aux 4 vents » de
Dakar, avec plus de 1000 visiteurs en un mois, selon le même intervenant. Elle
s’est déroulée en Off et a mobilisé ces 25 artistes qui ont été très applaudis,
sans compter que, parmi eux, Alougbine Dine a particulièrement impressionné par
sa parade déambulatoire dans la même ville.
A en croire Joël Decharneux, ce succès impressionnant de l’art
plastique et du design béninois à la Biennale de Dak’art 2014 est le résultat d’un
processus laborieux de formation de designers et de plasticiens ayant eu cours deux
à trois années auparavant. Ceci, selon un contexte précis : la signature d’un
accord de coopération entre Wallonie-Bruxelles et le Bénin, depuis 1984, ce qui
impose que, tous les 3 trois ans, les deux parties valident des projets d’appui
à la culture. Ainsi, il a été convenu que la période triennale 2011-2013 soit
consacrée à la préparation de la Biennale de Dakar par la sélection de
designers et d’artistes de qualité, pour leur participation à la Biennale Dak’art
2014.
Face à ce succès, Constant Adonon, dans son propos, a,
notamment, remercié, d’une part, les artistes béninois pour leur participation
à cette Biennale et, d’autre part, Wallonie-Bruxelles pour le financement et pour
les dispositions pratiques et techniques que cette institution a mis en place. Selon
lui, les répercussions positives de cette manifestation sénégalaise de l’art
contemporain, dans l’édition de cette année, se matérialisent par un avenir
prometteur pour bon nombre d’artistes y ayant participé.
Marcel Kpogodo
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