samedi 1 mars 2014

« Fela Kuti est toujours vivant », selon Eric Dagbo

Il donne un concert ce soir à l'Institut français de Cotonou

Eric Boko, alias Eric Dagbo, se produit dans la soirée de ce samedi 1er mars 2014, sous la grande paillote. La virulence et l’explosion auxquelles il faudrait s’attendre seront particulièrement très orientées : l’artiste remettra au goût du jour les tubes de Fela Kuti, une manière pour lui de faire valoir le caractère immortel de cette icône de la musique nigériane.

Eric Dagbo, dans sa fulgurante prestatioin scénique, le 15 juin 2013.
« I remember Fela », tout un contexte bien tracé pour, inévitablement, montrer au public béninois des choses qu’il n’a jamais connues de Fela, de quoi créer en lui la surprise de constater que c’est cet artiste du grand voisin de l’est qui a réalisé cela. De sa voix rauque, de l’atmosphère chaude, joviale qu’il sait installer dès que vous l’abordez, c’est ce que nous explique Eric Boko, de son nom d’artiste, Eric Dagbo, lui a accepté de nous détailler les tenants et les aboutissants de son concert de cette soirée du samedi 1er mars, à la Paillote de l’Institut français de Cotonou. En réalité, il s’était déjà produit mais, au Théâtre de verdure, le 15 juin 2013.
Avec son orchestre, ’’International african jazz’’ (Iaj), il ressuscitera le mythique Fela, le sur-engagé politique, le plus que décalé, côté mœurs et, au plan musical, l’inspiration inépuisable, les morceaux à la longueur impossible à canaliser, un afro-beat qui secoue les entrailles en même temps qu’il chauffe le sang et ’’sérénise’’ les esprits.
Voilà le défi qu’il s’impose à Eric Dagbo de relever ce soir, lui qui reconnaît volontiers son affinité musicale avec le pape nigérian aux 52 albums, qui, selon lui, a dépassé les limites les plus insoupçonnées, mais dont il était proche de la musique sans avoir jamais connu le personnage. Une affaire de feeling spirituel, de communication des consciences musicales. Même si Eric Dagbo avoue qu’il ne peut se hisser à la hauteur de ce repère en matière de dénonciation politique, vu que la manière bien béninoise de la chose reste, selon lui, à trouver, lui, le promoteur du concept ’’Akiza’’ visant à nettoyer, à purifier la mentalité béninoise, il rassure les Béninois qu’il livrera fidèlement Fela Kuti dont il s’est imprégné de la rigueur reconnue dans la manifestation de l’interprétation.
Pour le concert de ce samedi 1er mars, Eric Dagbo ne demande qu’une chose à ses compatriotes et à tous les fans de Fela et de la musique africaine : venir l’écouter, lui en qui il faut avoir confiance pour une orientation vers la musique qu’il faut, la distraction étant partie prenante du processus d’épanouissement psychologique et spirituel de l’homme. A ce soir, donc, avec Eric Dagbo, à la grande paillote de l’Institut français de Cotonou, à partir de 20h 30 !


Marcel Kpogodo

jeudi 27 février 2014

Résidence de création à Cotonou

Les artistes Elon-m Catilina Tossou et Yamferlino's innovent

Du 27 janvier au 1er février 2014, l'atelier de travail du jeune plasticien, Elon-m Catilina Tossou, sis Quartier Agla, à Cotonou, a servi de cadre à une résidence de création. Cinq artistes, dont quatre Béninois et un Nigérian, ont accepté de s'engager dans cette opération, ce qui montre la grande capacité d'inventivité des initiateurs du projet de résidence de création, Elon-m Catilina Tossou et Ferréol Yamadjako, de son nom d'artiste, Yamferlino's.


(De gauche à droite) Yamferlino's et Elon-m ...
Elon-m Catilina Tossou, Ferréol Yamadjako, alias Yamferlino's, Eliane Aïsso, Elodie Aguessy et Monsuru Alashe. Ce sont les cinq artistes plasticiens qui ont participé à la résidence de peinture initiée, à Agla, à Cotonou, par les deux premiers, et qui a connu un déroulement effectif, du 27 janvier au 1er février dernier. A l'issue de ces six jours d'échanges, l'inspiration, de part et d'autre, a permis un accouchement de pas moins de 15 tableaux réalisant la démarche artistique spécifique des participants.
Selon Elon-m, comme se plaisent bien à l'appeler ses intimes, s'exprimant comme le principal concepteur de l'initiative, c'est au Sénégal qu'il a eu connaissance de l'existence de ce genre de processus où, sans grands moyens, les artistes peuvent se mettre ensemble pour partager des idées sur leurs démarches respectives ; il poursuit : "Seul dans son coin, un artiste qui ne voyage pas n'est pas un artiste, mais un artisan, parce qu'il est confiné à produire les mêmes choses." Les rencontres entre artistes permettent donc une évolution personnelle, et "chacun se développe dans le domaine de l'art; casse le sens de l'individualisme propre au Béninois, mais, aussi contribue au développement de la nation dans le domaine de l'art".  
Quant à Yamferlino's, cette idée de résidence de création lui a paru intéressante, vu que lui aussi l'a vu pratiquer au Nigeria, un pays qu'il visite très souvent. A en croire ses propos, "faire un atelier, ce n'est pas se rassembler, travailler et vendre, mais faire des échanges avec les expériences des autres". Pour lui, c'est à travers ce genre de circonstance que les artistes, les galeristes, les professeurs d'université se forment et s'informent mutuellement, et que les aînés acquièrent des connaissances de la part des jeunes et vice versa ; ils en profitent pour échanger entre réseaux, partager les programmes artistiques, les dates de festivals, d'ateliers, de résidences.
Pour Elon-m, complétant son collègue, les résidences d'écriture sont une occasion pour créer des œuvres et les collectionner, dans une grande variété. "Il faut forcément travailler avec les autres pour atteindre, chaque fois, un niveau supérieur ; seul, dans le travail, la motivation est faible, la production est faible, réduite, l'inspiration est stérile", complète Yamferlino's qui précise encore que les productions artistiques, dans un contexte de résidence, suscitent des commentaires, des critiques des œuvres respectives, ce qui permet à l'artiste de s'habituer à ce qu'on analyse ses œuvres et à réfléchir sur celles des autres.
Par ailleurs, face à la question liée au financement de ce genre d'activité, Yamferlino's annonce que la création d'une caisse que vient enrichir la cotisation des membres du processus sera le moyen que ceux-ci s'aident mutuellement ; elle financera leur équipement technique et, si possible, des voyages à faire.
Pour ces jeunes artistes aussi déterminés à ne pas rester fermés sur eux-mêmes, aussi bien individuellement qu'artistiquement, l'avenir annonce des perspectives d'espérance.

Marcel Kpogodo