dimanche 13 décembre 2020

L’artiste sculpteur Sébastien Boko, une victoire sur le coronavirus

Dans le cadre de l’ouverture de son atelier au public 

La pandémie planétaire qu’est le coronavirus aura fait tous les ordres de victimes sans épargner le monde des artistes visuels. Parmi ceux-ci se trouve le sculpteur sur bois, Sébastien Boko, qui, à sa manière, a obtenu une victoire sans failles sur le fléau indiqué, ce qui s’est révélé à la visite qu’il a permise, qui s'est effectuée à son atelier de travail et d’exposition, sis quartier d’Akogbato, à Cotonou, ouvert au public depuis le vendredi 11 décembre 2020.

Sébastien Boko, au cours de la visite d'atelier

Une grande enceinte aménagée dont le côté droit du mur témoigne d’une partie du résultat du confinement artistique qu’a vécu Sébastien Boko au cours du déclenchement de l’épidémie du coronavirus. Ceci s’est rendu visible à l’occasion de l’ouverture de son univers de travail par l’artiste sculpteur au public le vendredi 11 décembre 2020 au quartier de Fidjrossè-Akogbato, à l’ouest de Cotonou.  

La grande cour mentionnée donne accès à trois compartiments de dimensions inégales qui, dès une terrasse, donnent à voir des personnages de sculpture, dont certains ont de plus de deux mètres de hauteur. Ce n’est que l’ordinaire du sculpteur qui conduit les visiteurs vers l’inédit : des œuvres d’une facture toute nouvelle à découvrir absolument !

Comme cultivant le suspense, Sébastien Boko justifie son initiative : « Elle donne l’occasion de faire découvrir par l’artiste un cadre de vie, un univers particulier, ses travaux et ses créations en cours ». Selon lui, il s’agit d’ « informer que l’art existe, ce dont les citoyens n’ont pas une idée du contenu ». Ainsi, ouvrir son atelier au public présente une fonction pédagogique sur un système de fonctionnement professionnel mal connu : « L’intérêt de cette entreprise est que les visiteurs regardent ce que je fais, comment je travaille, que cela les questionne et qu’ils comprennent qu’il y a des possibilités de faire cela aussi, c’est-à-dire ce travail que j’exerce ».

L'affiche officielle de la visite d'atelier

En vérité, l’ouverture qu’a entamée Sébastien Boko de son atelier à la population met plus en vue et en valeur le fruit de son travail que son ordinaire posture professionnelle d’un créateur qui se démène physiquement pendant plusieurs semaines pour finir par faire sortir le résultat de son inspiration, qu’est un ensemble de sculptures stylisées qui ravissent, qui charment l’œil. Avant qu’il en arrive à ces œuvres plaisantes, il aurait fallu le voir arpentant les décharges de bois pour en acquérir de la qualité qu’il aurait souhaitée, prendre une bonne patience pour le voir découpé selon certaines normes, être à son atelier et travailler sur de grands billots, les scier à l’aide d’un appareil lourd et spécialisé, les modeler selon le personage qu'il a en tête de construire. Il aurait fallu voir Sébastien Boko en tenue de travail, d’une part, alourdi de la fatigue de ce puissant investissement physique dont il ne donne aucunement l’air quand il se laisse découvrir en public, et, d’autre part, tombant littéralement de sommeil à la fin d’une épuisante journée passée à quérir la forme et la force d’une certaine inspiration qui n’est visible qu’à lui.

Au lancement de la semaine de la découverte de son atelier de Fidjrossè-Akogbato par le public le vendredi 11 décembre, cette dimension inimaginable, fortement et intensément laborieuse de Sébastien Boko, s’efface sous les apparences soft de l’artiste empruntant les habits propres et humbles d’un publiciste laissant découvrir ses œuvres et pressentir les éléments du renouvellement d’une démarche de travail, qu’il veut chaque fois changeante. Ce qui impose le déplacement de toute personne ayant compris que l’artiste sculpteur se démène aussi intensément qu’un travailleur soucieux de produire un impact d’airain dans son univers professionnel et sur la société.

Carte de l'atelier de Sébastien Boko à Cotonou

La visite d’atelier n’est donc plus une affaire de spécialiste de l’art mais de tout Béninois, de tout être humain tout simplement, intéressé ou non par un corps de métier fonctionnant d’une manière spécifique. A ce niveau, le sculpteur indexe une contribution stratégique du public dans le processus créatif : « S’informer sur l’art doit être un travail collectif », définit-il, avant d’approfondir sa réflexion : « Le public appartient à la chaîne dont tous les membres doivent jouer leur partition pour la valorisation, la promotion et l’épanouissement des artistes ».

Sur ces mots, Sébastien Boko conduit les visiteurs de l’instant à l’une des principales salles d’exposition où des installations innovantes donnent corps à la suite de l’inspiration de l’artiste, celle qu’il a développée et concrétisée afin de passer les moments peu plaisants du confinement contre la propagation du coronavirus. Des chargeurs d’appareils de téléphone portable en vedette ! La visite se rend urgente pour tout découvrir jusqu’au vendredi 18 décembre à dix-neuf heures trente au plus tard …

Marcel Kpogodo Gangbè

vendredi 11 décembre 2020

Zanfanhouédé, des toiles édifiantes sur les secrets du bonheur

Dans le cadre de son exposition en cours à Cotonou

Depuis le vendredi 27 novembre 2020, l’artiste peintre, sculpteur et tatoueur, Zanfanhouédé, est en exposition à la galerie du ’’Lieu unique’’, sis quartier de Fidjrossè à Cotonou. En substance, une majorité de tableaux et quelques dessins entraînent le visiteur dans un univers d’un réalisme parfois fatal qui instruit plus qu’il n’inquiète.


Zanfanhouédé, au cours de ses explications

’Azor’’, ’’Noukonglô’’, ’’Gbêwézoun’’, ’’Gbédokpo’’, ’’Gbèwéman’’, ’’Noun kpon dô nounwou’’, ’’Gandido min énongnon’’, ’’Gbèwémantowé’’, ’’Nounangnon’’, ’’Houénounsou’’, ’’Mèwèdjro’’, ’’E houn zou’’. On croirait des titres de morceaux d’un album de musique traditionnelle béninoise, ce qui n’est aucunement le cas, puisque les œuvres concernées sont des tableaux produits par Franck Zannou, alias Zanfanhouédé, animant l’exposition intitulée ’’Gbê kannou’’, ’’La course de la vie’’, en français, dont le vernissage s’est tenu dans la soirée du vendredi 27 novembre 2020 à la galerie du ’’Lieu unique’’, un espace de détente et de partage culturel, situé au quartier de Fidjrossè, à Cotonou.


« Dans notre vie, cela ne sert à rien de ne pas courir, vu la mission qu’on doit y accomplir », explique Zanfanhouédé, justifiant le thème de l‘exposition. « Il vaut mieux alors éviter d’adhérer au ’’Crimandor’’ », continue-t-il, un terme qu’il détaille comme l’association de trois actions dont le caractère successif fait tomber son auteur dans de la léthargie, de façon à le rendre nuisible à son entourage : critiquer, manger et dormir. « Pour mieux passer sa vie sur terre », conclut-il, « il faut écrire une histoire ».


Cela est ainsi parti pour un univers dans lequel les toiles de Zanfanhouédé promettent d’embarquer le visiteur : un système apaisant d’éveil de la conscience humaine à des vérités simples du quotidien, des vérités ordinaires auxquelles empêchent d’avoir accès le bouillonnement et le tourbillon dans lesquels se trouvent enfermés les êtres humains du fait de leurs activités quotidiennes.


Aller s’imprégner de l’atmosphère feutrée de l’exposition ’’Gbê kannou'' amènerait à se ressourcer profondément à partir de deux facteurs cardinaux, à découvrir absolument, qu’a mis en place l’artiste, et qui concourent à créer la communication et la connexion entre toutes les quinze toiles proposées au regard du visiteur. Les facteurs concernés devraient susciter la curiosité d’aller voir cette exposition, surtout qu’ils permettent de se rendre compte de quelle manière, par eux, Zanfanhouédé développe une philosophie particulière de la victoire sur les situations d’adversité de la vie actuelle.


Par conséquent, dans son usage bien organisé, bien dosé de l’acrylique, du pastel, des teintes et de la bombe à faire du graffiti, Zanfanhouédé a réussi la confection de toiles à la somptuosité veloutée pour le regard et pour les autres sens lorsqu’ils sont conditionnés chez l’observateur averti des œuvres de peinture à fonctionner même apparemment hors de leur champ d’exercice.


Il s’agit donc de se rendre sans trop tarder à la galerie du ’’Lieu unique’’ de Fidjrossè, à Cotonou, afin de communier avec la thérapie, par le regard, que propose l’artiste à la fois pour l’âme et pour le cœur, surtout que Zanfanhouédé entend que les cinq mois qu’a duré la production des tableaux puissent permettre à tout Béninois, quel que soit son statut social, de se procurer des pièces qu’il a mis à des prix étudiés pour toutes les bourses. Jusqu’au 27 janvier 2021, le visiteur dispose donc de l’opportunité de s’enrichir au contact d’une école de la nouvelle génération des arts plastiques au Bénin, au contact d’un jeune peintre né avec des dents, qui semble ne pas exercer son métier pour faire de la figuration.

Marcel Kpogodo Gangbè