jeudi 9 août 2018

Miss Espoir invite le grand public au Concours de beauté ’’Mister Kponon’’


Dans le cadre de la tenue de la sixième édition du concert ’’Hommage aux forces de défense et de sécurité’’

A l’Hôtel ’’Best western’’ de Cotonou a eu lieu, le mercredi 8 août 2018, à l’initiative de l’artiste béninoise de la chanson, Miss Espoir, une conférence de presse qui a permis de faire connaître la tenue d’un événement inédit : ’’Mister Kponon’’. Le contexte en est l’organisation de la sixième édition du concert annuel gratuit dénommé ’’Hommage aux forces de défense et de sécurité’’.

Miss Espoir, au centre, au cours de la conférence de presse
’’Mister Kponon’’. Le concours de beauté qui se déroulera le jeudi 9 août 2018, dès 14 heures, au Quartier général des Forces armées béninoises (Fab), sis Camp Guézo de Cotonou, à son entrée principale, ceci, en marge de la tenue du concert gratuit très connu intitulé ’’Hommage aux forces de défense et de sécurité’’, la substance de la conférence de presse qu’a animée Miss Espoir le mercredi 8 août 2018 à l’Hôtel ’’Best Western’’, toujours à Cotonou.
A en croire l’artiste, le Concours de beauté indiqué mettra en compétition tous les corps des hommes en uniforme, sachant que chacun de ces corps que sont la police républicaine, les eaux et forêts, l’armée et la douane, enverra un membre qu’il considère comme le plus représentatif en matière d’élégance et de beauté dans l’uniforme. Les trois meilleurs, reconnus comme tels, recevront, chacun, un prix dont le contenu reste une surprise.


Les attractions d’une sixième édition

Yvan, Nikanor, Faty, Sweet Glory, Belmonde Z, Fo Logozo, Charly Charlot, Maasta Mc, As 2 Pik, Fanny Sènan, Khaled Kélani, Bpm, Master Ked, Diaaze, Nelly, Beezy baby, Chance et, cerise sur le gâteau, Ricos Campos !, a triomphalement annoncé Miss Espoir. Ce sont les artistes, parmi lesquels de nombreuses célébrités, qui sont prévus pour animer un concert gratuit dédié à rendre hommage aux membres des forces armées, chez qui la musicienne fait ressortir le sens de patriotisme, de sacrifice de leur vie pour la nation, de l’assurance de la sécurité du pays, des qualités qui leur sont peu reconnues par le commun des Béninois, et qu’elle entend mettre en valeur par la manifestation musicale.

L'Affiche officiel du Concert gratuit
Si, à celle-ci, hommes, femmes et enfants sont invités à participer gratuitement, tout est mis en place pour leur rendre agréable et inoubliable leur arrivée sur les lieux de son déroulement : assister au concours de beauté évoqué, pouvoir s’acheter de la grillade et des boissons, de même que des produits de beauté, sans oublier qu’on peut se faire réaliser une belle coiffure et des soins de beauté, comme Miss Espoir sait bien en bénéficier, auprès de ses prestataires personnels qu’elle promet de faire venir. Quant aux enfants, des stands de jeux leur sont réservés, selon l’artiste.

Marcel Kpogodo   

vendredi 3 août 2018

Les indépendances en Afrique, un vrai chemin de croix de Jésus-Christ


Dans le cadre d’une impressionnante performance de l’artiste Eric Médéda

Le mercredi 1er août 2018, le tronçon Carrefour du Calvaire de Fidjrossè-Espace culturel ’’Le parking’’, à Cotonou, a été secoué par une performance atypique intitulée ’’Mots de l’esclave’’ et liée à la commémoration du cinquante-huitième anniversaire des indépendances africaines. L’artiste peintre Eric Médéda, appuyé par le performeur stylé Prince Toffa, a laissé voir une mise en scène assez remuante.

La férocité des indépendances octroyées à l'Afrique par l'Occident
Un homme, jeune, rudement enchaîné, le corps luisant d’une sueur collante, d’une vigueur certaine, remarquable par une abondante barbe dont la noirceur forte s’harmonise avec celle de sa peau cuisant sous le soleil en déclin, et avec celle du slip, son seul vêtement, étroitement à la peau collée, est violemment tiré d’un bout de la chaîne par un autre personnage, plus élancé, complètement et élégamment vêtu, qui, à chaque coup dont il arrachait des pas au premier, s’écriait furieusement, « C’est ça l’indépendance ! », cueillant, périodiquement, à une chaîne de bonbon local communément appelé ’’Toffi’’, l’amuse-gueule pour s’en délecter de manière visible. La performance-spectacle dénommée ’’Mots de l’esclave’’, donnant froid dans le dos, qui a mis en émoi, pendant, plusieurs minutes, le tronçon Carrefour du Calvaire de Fidjrossè-Espace culturel ’’Le parking’’, à Cotonou, drainant un beau monde hétéroclite, vers la fin de l’après-midi du mercredi 1er août 2018, du fait du cinquante-huitième anniversaire des indépendances dont le Bénin ouvrait le bal de la célébration de celle des pays d’Afrique occidentale francophone, anciennement colonisés par la France.
« Haaa !!!! » était le cri que lançait douloureusement celui qu’on tirait et, qui, visiblement, était un esclave. Le point de départ de sa souffrance s’est révélé le carrefour de la Place du Calvaire du quartier de Fidjrossè de Cotonou où, maintenu immobile par la chaîne ayant été enroulée à son cou et dont l’un des bouts était attaché à un pieu métallique. Le personnage faisait dos au monument blanc surmonté de la sculpture de Jésus crucifié, isolé du public par une clôture.

Eric Médéda, les chaînes difficilement surmontables de l'Afrique
Visiblement, l’esclave, qui n’était personne d’autre que l’artiste peintre et performeur Eric Médéda, tentait de se défaire des chaînes qui entravaient son cou. En vain. Son expression faciale libérait une souffrance apparemment insupportable. Brusquement surgit un autre personnage à l’habillement assorti, dont les actes allaient l’imposer comme le bourreau du premier ; il jeta aux pieds de sa victime une pancarte blanche sur laquelle était écrit, en rouge : « Plus besoin de liberté ». A la vue du nouveau venu, l’agitation de l’esclave augmenta ; il s’accrochait aux chaînes qui lui servaient de collier comme pour s’en libérer. Dans ses va-et-vient, il tomba, dos au sol, face à son bourreau qui en profita pour manifester sa domination en lui posant lourdement chaussé sur la poitrine et martela : « Plus besoin de liberté ! », ce que l’esclave répétait chaque fois que l’autre scandait la phrase du déni de liberté. 
Ainsi, le maltraité donnait l’impression de se comporter de cette manière dans le but de voir ses souffrances s’amoindrir, ce qui ne se réalisait pas. 

Le périple douloureux de l'esclave, l'Afrique, vers une destination de jouissance par et pour l'Oocident
Le contremaître, alors, contraignit sa victime à se mettre sur ses pieds, d’où le début de son golgotha, lui qu’il tirait par la chaîne, comme un chien en laisse, le provoquant par des mots cruels : « C’est ça, l’indépendance ! ». Comme si la souffrance était le prix de la situation d’autonomie tant convoitée. L’esclave était si secoué qu’à l’’entrée de la place du Place du Calvaire d’où il sortait, il tomba, un peu comme Jésus-Christ. Et, l’artiste, performeur aussi, Prince Toffa, dans son rôle noir de l’impitoyable contremaître, arrachait régulièrement à celui-ci un douloureux et pathétique « Haaa ! ». 

''Le parking'', le Golgotha artistique, lieu de synthèse et non de crucifixion
De façon, il emmena son esclave, cahin-caha, dans une perturbation circonstancielle de la circulation, chemin, dans un espace culturel qui, depuis plusieurs mois, au cœur du quartier de Fidjrossè, développe une émulation artistique : ’’Le parking’’. S’imposa alors un débriefing de la performance-spectacle.


Décryptage d’un film de calvaire


Les artistes Médéda et Toffa, à l'heure de l'analyse de la performance avec le public
En fond sonore, une séquence de flûte d’un morceau de John Arcadius. Et, Eric Médéda, assis, à ses aises, malgré une lassitude bien perceptible dans ses crache : « Si tu ne sais pas où tu vas, tu dois savoir d’où tu viens », introduit-il avant de questionner le public qui s’est spontanément suivi dans son parcours golgothique typiquement de Fidjrossè : « L’histoire de notre pays est-elle l’histoire de l’esclavage ou est-ce l’histoire connue ou celle que nous a racontée le colon ? ». Sans attendre  de réponse, il dénonce : « Dans nos administrations, nous sommes un bon nombre de Noirs bien payés qui empêchent un bon nombre de Noirs d’évoluer dans leurs activités ; l’hôpital de référence n’en est plus un, tu y vas pour souffrir, de même que dans la maison ’’Justice’’, à cause de l’argent ». Puis, partiellement, il conclut : « Nous avons 58  ans d’indépendance, mais ce ne sont pas  58 ans de liberté ; nous n’avons plus besoin d’indépendance, nous avons plus besoin de liberté ». En outre, il livre une sorte de verdict : « Que l’esclave, dans sa chaîne, se batte pour le bien-être de son pays ! ».


1 appelle toujours 2

Le 1er août 2018, l’artiste béninois Eric Médéda, plus connu comme peintre, a effectué une performance déambulatoire aux contours d’un pathétisme aigu, étant donné le réalisme avec lequel, devenu, pour la circonstance, un bon acteur, il a incarné le rôle de l’esclave. Et, de son côté, l’autre artiste, Prince Toffa, en prenant au sérieux sa posture de contremaître cynique, a donné au parcours d’Eric Médéda une allure de la marche du Christ vers le Golgotha, le lieu de sa crucifixion. Contrairement au fils de Dieu, le jeune performeur a abouti à un discours amenant la population à réfléchir sur le sens et sur la portée des indépendances africaines : « La situation d’esclavage profite à tout le monde pour effectuer tous les types de dépenses, alors nous dépendons tous de l’esclavage ; l’Occident est esclave de l’Afrique et l’Afrique est esclave de l’Occident : […] l’escroquerie aussi a pour base l’esclavage ».
Devant un propos aussi politique, Eric Médéda donne l’impression de ne pas se cantonner à des performances de moindre impact, lui qui, en matière de démonstration publique, n’en est pas à sa première expérience, s’étant illustré, aussi, couvert de chaînes, dans une performance esclavagiste qui avait fait sensation, dans la soirée du samedi 3 octobre 2015, lors de la troisième édition de la ’’Nuit blanche’’, initiée par l’Institut français de Cotonou, avec une déambulation intitulée ’’A qui la liberté ?’’, ce qui lui avait permis de dénoncer l’oppression de la liberté par les lois, la famille, le mariage et la religion.
De son côté, Prince Toffa a apporté une contribution essentielle à l’expressivité de la performance, jouant le rôle de l’esclavagiste à qui le rudoiement, la maltraitance de sa victime ne faisaient pas froid aux yeux, incarnant, sûrement, l’Occident, l’ancienne puissance colonisatrice, selon le pays africain concerné, une entité politique qui, tout en chargeant de souffrances celui-ci, ne s’embarrasse pas de jouir de ses richesses de tous ordres, d’où la scène du ’’toffi’’, mis en chaîne, mélangé aux chaînes de l’esclave, et qu’il détachait allègrement comme si celui qu’il faisait souffrir n’était pas un être humain. D’ailleurs, il poussait le cynisme jusqu’à inviter le public à venir cueillir, comme lui, le ’’toffi’’, au cou de l’esclave. En outre, apparemment, c'est volontairement qu'Eric Médéda n'est pas recouru à un homme de peau blanche pour incarner le rôle du dominateur, surtout que, depuis que les indépendances sont intervenues, l'Occident passe par le Noir pour garantir ses intérêts en Afrique, pour appauvrir, chaque jour, davantage, ce continent.
Avec ce courage de création et de jeu, Eric Médéda semble vouloir marcher dans les pas de déambulateurs artistiques béninois de poids et d’influence, tels que Meschac Gaba, Dominique Zinkpè et, notamment, le metteur en scène Alougbine Dine. La verve, qu’il développe actuellement, davantage structurée et aboutie, l’y aidera et le déploiera plus loin et plus haut.

Marcel Kpogodo