vendredi 8 juin 2018

Alfred Fadonougbo et le théâtre organique au secours des pensionnaires du Centre psychiatrique de Jacquot


Dans le cadre d’un Projet de l'Association ''Igbala''

Le jeudi 5 avril 2018, un projet peu commun a été lancé au Centre national hospitalier universitaire psychiatrique (Cnhup) Jacquot, sis quartier Fidjrossè, à Cotonou, celui de la mise en place d’un atelier de réinsertion sociale et d’expression artistique dans le but de contribuer, notamment, au mieux-être des personnes internées dans cet espace sanitaire. A la manœuvre de cette initiative, accompagnée par des partenaires, l’Association ’’Igbala’’ dont le Président, Alfred Fadonougbo, s’est illustré dans l’exercice de gestes salvateurs sur un patient.

Alfred Fadonougbo, assis, en action 
Accroupi, touchant, de manière apparemment structurée, enchaînée, un pensionnaire, à différentes parties du corps, provoquant en lui de la sérénité, de la relaxation, l’amenant jusqu’à s’instruire sur comment se relever méthodiquement pour rester équilibré. Le spectacle inattendu qu’a présenté Alfred Fadonougbo des apports profonds de la décontraction par les procédés artistiques, dans le début de l’après-midi du jeudi 5 avril 2018, à la salle de conférence du Centre national hospitalier universitaire psychiatrique (Cnhup) Jacquot, du quartier Fidjrossè, à Cotonou. Cet artiste est le Président d’ ’’Igbala’’, l’Association culturelle à l’origine de l’idée, de la vision de la récupération des malades mentaux par leur soumission à ce qu’il a appelé des ateliers thérapeutiques. Pour lui, c’est de cette manière que l’art peut être mis au service des œuvres caritatives et être introduit en milieu hospitalier. Les membres de l'administration, au plus haut niveau de l'institution sanitaire, ont pris part à la cérémonie de lancement du Projet.

Alfred Fadonougbo, entouré par les membres de l'administration du Cnhup
Ainsi, en dehors des médicaments qu’ils prennent pour améliorer leur état de santé, les malades mentaux peuvent être initiés, exercés à des procédés inédits liés à la pratique artistique : entre autres, des paroles, le dessin, des contes, le corps pouvant être constitué en un instrument curatif pour, à en croire Alfred Fadonougbo, aboutir à un résultat probant : l’épanouissement de ces malades, leur reconnexion avec leur famille, avec la société, d’où le concept des « ateliers de réinsertion sociale », sans oublier que, lui, le pratiquant de la chose, serait appelé un « artiste comédien organique ». Et, selon cet expert, l’avantage qu’il y aurait à faire intervenir, de la manière technique précédemment décrite, des spécialistes de son genre, dans l’hôpital psychiatrique en question, reste que les malades se porteraient mieux en ne voyant pas le même personnel de soins intervenir auprès d’eux.

Carole Lokossou
Sont alors prévus pour l’accompagner dans les interventions périodiques de pratiques artistiquement thérapeutiques la comédienne bien connue, Carole Lokossou, spécialiste aussi du théâtre organique, 

Hermas Gbaguidi
et le metteur en scène Hermas Gbaguidi.


Partenaires actifs


Les représentants du Lions club ''Cotonou Phare doré'' à la cérémonie de lancement
Dans le Projet d’animation périodique d’ateliers de réinsertion sociale et d’expression artistique au Cnhup de Fidjrossè, accompagne l’Association ’’Igbala’’, le Lions club ’’Cotonou Phare doré’’ qui, ayant ses membres inclus dans le Groupe ’’Bolloré’’, se charge du financement des activités d’intervention cyclique des artistes spécialistes du théâtre organique. De son côté, ''Cari'arts'', une structure culturelle, dont le domaine d'action est l'art thérapeutique, fera valoir son expertise. 

Marcel Kpogodo

jeudi 7 juin 2018

Quand l’Occident va à l’école de l’Afrique

Dans le cadre des activités de l’Association ’’Grains de sel’’

Le mercredi 23 mai 2018 a donné l’opportunité de participer à une séance de diction de contes. La manifestation culturelle s’est déroulée à l’auditorium de l’Institut français de Cotonou. Se déroulant périodiquement face à un public d’enfants, elle a pris un cachet particulier, étant donné le statut de la conteuse de l’après-midi indiqué : sous la conduite de l’Association béninoise ’’Grains de sel’’, l’Européenne Suzanne Gaede a exercé un art, pratiqué, à une certaine époque, en Afrique, qui lui a exigé une bonne période d’apprentissage.

Suzanne Gaede, en action
Un couple qui, progressivement, se constitue, s’unit et donne naissance à une fille, avant d’éprouver des situations de mésentente, de se détruire et de divorcer, à charge à chacun de ses membres d’accueillir l’enfant, selon un tour réparti et plus ou moins bien respecté. Le conte dont le défi de la narration s’est vue imposer à Suzanne Gaede, à l’auditorium de l’Institut français de Cotonou, dans l’après-midi du mercredi 23 mai 2018, devant un public constitué essentiellement d’enfants, dans le cadre de l’épuisement du processus de transmission de compétences, qui a été établi et qui devait lui permettre de s’approprier les techniques de diction, à l’africaine, du conte.
Suivant de très près cette apprenante de circonstance, la Franco-suisse de nationalité qui s’est retrouvée dans l’obligation de se battre pour réussir la narration expressive de l’histoire, Guy-Ernest Kaho. Président de l’Association culturelle ’’Grains de sel’’, conteur expérimenté et expert reconnu dans l’art de la diction de ce type d’histoire, professeur, donc, il développait un regard simple, impartiale, sur la prestation d’une élève, cantatrice de profession, maître de chœur et responsable d’une chorale, qui, après avoir assisté, en France, à une séance impressionnante de maîtrise de toute une salle par un griot africain, de son tam-tam, armé, à travers le récit de conte, avait été foudroyée par la passion, par la volonté de réussir le même jeu.
Il s’agissait pour Guy-Ernest Kaho de contrôler chez cette écrivaine, auteure d’un roman de jeunesse, qu’elle a adapté dans le conte dont elle a produit le récit, le mercredi 24 mai 2018, la réalisation d’un certain nombre de critères : entre autres, sa manière de dire le conte, sa façon d’utiliser sa voix, son procédé de se tenir, de se déplacer sur la scène, sa capacité à captiver le public qu’elle avait en face d’elle, la gestion qu’elle a fait du temps qui lui a été imparti : environ quarante-cinq minutes.. Cette évaluation, après trois semaines d’une formation qu’il a lui a inculquée en ces matières, et qui avait débuté le 30 avril 2018.
Au bout du compte, Suzanne Gaede, après s’être donnée à fond, pour produire un impact sur ses jeunes auditeurs, a donné l’impression de mener une bataille, dure, d’une telle rudesse, mettant au centre de la scène, sobrement décorée, deux chaises incarnant les membres du couple de son conte, les séparant, les mettant collées et attachées, les séparant de nouveau, au gré de l’évolution de l’histoire. Guy-Ernest Kaho aura réussi à lui donner de vaincre le trac face aux enfants, de façon à ce qu’elle a réussi à dérouler l’histoire d’un bout à l’autre, même si elle devra affiner ses méthodes pour maintenir le public sur son récit, pour le sortir de sa torpeur et le faire participer à la narration. Et, ’’Grains de sel’’ peut s’enorgueillir de transmettre la science de la diction du conte à une Occidentale qui n’a eu d’autre choix que de courir vers l’Afrique pour se ressourcer scientifiquement et techniquement, n’en déplaise aux prometteurs béninois du triste et pitoyable concept du « désert de compétences ».
Suzanne Gaede se trouve originaire d’un continent qui, à l’époque coloniale, ayant dénié à cette Afrique une culture, y avait décrété la table rase pour, despotiquement et exclusivement, imposer sa civilisation, ce qui se retourne contre l’Europe qui, aujourd’hui, se dresse vers ce continent humilié et décérébré, dépersonnalisé, pour retrouver ses sources premières, des racines. Guy-Ernest Kaho, immanquablement, s’est vu inviter au cœur d’un processus stratégique, prouvant ainsi que ces décennies de sa vie que cette personnalité a consacrées à l’art du théâtre, en général, et à celui du conte, en particulier, essaiment de son précieux sel, pour continuer à enrichir le Bénin, et à produire un impact davantage envahissant sur l’Afrique, l’Europe et le monde.

Marcel Kpogodo