vendredi 10 avril 2015

"Kob awards'' 2015 s'annonce avec des innovations de maturation

A l’issue d’une assez édifiante conférence de presse de lancement de l'événement


Le restaurant ’’La plancha’’ de Cotonou a servi de cadre, le jeudi 9 avril 2015, à la conférence de presse de lancement de la troisième édition du Festival ’’Kob awards’’, qui organise la "récompense de l’excellence dans l’industrie cinématographique" au Bénin. Cette manifestation d’information des journalistes s’est tenue sous la direction d’Alain Amoussoukpèvi Coovi, promoteur de l’événement autrement dénommé ’’Trophée du cinéma béninois’’. Les échanges permettent de croire que les ’’Kob awards’’ 2015 n’auront rien de commun avec les précédentes éditions.

De gauche à droite, Kombert Quenum, Victoria Nkong, Alain Amoussoukpèvi, Francis Zossou et Mathais Agon (Photo de l'Agence ''Primédia'')
26 septembre 2015. La date à laquelle se tiendra, au Palais des congrès de Cotonou, la soirée de distinction des figures marquantes et méritantes du cinéma béninois, dans le cadre de la troisième édition du Festival ’’Kob awards’’, après celles de 2012 et de 2013. Organisé par les Agences ''Primédia'' et ''Bright'', cet événement se déroulera à l’issue d’un processus laborieux de manifestations liées au 7ème art, prévu pour débuter le 24 du même mois et pour se clore le 27. Voilà l’annonce qu’il a fallu retenir des propos d’Alain Coovi, promoteur de l’événement, au cours d’une conférence de presse qu’il a dirigée, dans l’après-midi du jeudi 9 avril, au restaurant ’’La plancha’’, à Cotonou.
Selon cette personnalité, la version 2015 des ’’Kob awards’’ comporte plusieurs innovations. D’abord, le Festival, d'une durée de trois jours, devient une biennale, notamment, pour « répondre à l’ambition d’offrir une moisson abondante de qualité », affirmera M. Coovi, pour une manifestation qu’il conçoit comme « l’événement le plus prestigieux du cinéma au Bénin ». Ensuite, celle-ci donnera lieu à des formations en jeu d’acteur caméra, en mise en scène et en scénario, de même qu’elle abritera un colloque dont le thème est déjà connu : « Le numérique : opportunité ou piège pour la production du cinéma africain ».
Par ailleurs, comme pour intéresser le grand public à la manifestation, les ’’Kob awards’’ 2015 amèneront à des projections en plein air de films, au niveau de plusieurs places publiques de la ville de Cotonou, sans oublier qu’ils ouvriront l’aspect compétitif des films aux pays de l’Afrique de l’Ouest, et qu’ils permettront de concrétiser un partenariat de l’événement avec le Nigeria, par le biais de la diffusion en direct de la soirée de distinction sur deux chaînes de télévision de ce pays. Concernant cette soirée de remise des trophées, qui sera très attendue, Alain Coovi Amoussoukpèvi a décliné les 8 catégories de récompense : ’’Film long métrage’’, ’’Film court métrage’’, ’’Film d’école’’, ’’Série télévisuelle’’, ’’Film documentaire’’, ’’Meilleur acteur’’, ’’Meilleure actrice’’ et ’’Life time achievement award’’. Ce sont des personnalités prestigieuses du cinéma ouest-africain qui seront chargées d’évaluer les films à l’effet de la sélection des meilleurs animateurs du secteur au Bénin : Tundé Kélani du Nigeria, Emmanuel Sanon du Burkina Faso, Dorothée Dognon du Bénin, entre autres.
Dans l’évolution de son propos, Alain Amoussoukpèvi Coovi n’a pas manqué de rappeler aux journalistes les objectifs des ’’Kob awards’’, notamment, la célébration de la culture béninoise, la promotion du cinéma du Bénin, l’encouragement du développement de l’industrie du film dans notre pays, l’organisation d’un événement prestigieux et glamour, la création du meilleur pour la cible Vip et la fidélisation de ce type de clientèle. Au cours de la conférence de presse, cette personnalité était assistée de plusieurs autres : Mathias Agon, représentant le Directeur de la cinématographie, Victoria Nkong, de l'Agence nigériane de communication ’’Ktb’’, le réalisateur Francis Zossou et le comédien Kombert Quenum.


Marcel Kpogodo  

jeudi 9 avril 2015

Inspirations féminines dans le ’’Cénacle expérimental’’ de Charly d’Almeida

Visite sur un terrain de travail pris d'assaut par les résidents


Depuis le 1er avril dernier se tient à l’Espace culturel et touristique, ’’Café cauris coquillages’’, le ’’Cénacle expérimental’’, une résidence de création, de formation et d’échanges, prenant en compte une dizaine de jeunes artistes plasticiens, initiée par l’artiste peintre béninois, Charly d’Almeida. Quatre stagiaires parmi ceux-ci sont des femmes. Nous avons décidé d’aller à leur rencontre …


Adjélé Sika da Silveira, Eliane Aïsso et Constantine Gbètoho ont décidé de jouer le jeu de l’ouverture. Quant à Moufouli Bello, … Mais, à notre visite, à la veille du grand vernissage final, celle-ci avait déjà sorti, de son inspiration, deux tableaux de dimensions moyennes, flamboyant d’un visage bleu en gros plan. Le visage, justement, semble son mode d’expression, puisqu’il frappe par sa présence récurrente sur les deux productions. De même, la couleur bleue apparaît comme une constante, en dépit d'un majestueux voile en ligne jaune impérative de barrage policier, du genre: " ... Do not cross ...". Moufouli Bello a parlé et, c’est dans le cadre de la résidence de création intitulée ’’Cénacle expérimental’’, de Charly d’Almeida, qui se déroule du 1er au 9 avril 2015, à ’’Café cauris coquillages’’, sur l’itinéraire de la ’’Route des pêches’’, à Togbin. La liberté : le fondement de l’inspiration des stagiaires.


Sika …

Le 3 avril, au moment de notre visite, Sika da Silveira exprimait le contenu de ses idées, dans l’espace de travail réservé à la résidence de création. Reflétant le fruit de sa trituration du sujet en jeu, entourée de Lionel Ferréol Yamadjako, alias Yamferlino’s, à sa gauche, et de Constantine, de son nom complet, Constantine Gbètoho, suivie de Damas, de son nom à l’état-civil, Joseph Dama, à sa droite, ses explications, celles de Sika, sont d’une grande limpidité : elle tire beaucoup de la nature, ce que montre, sur le tableau en gestation, des reliefs en un arbre aux branchages effeuillés, alors qu’à quelques mètres derrière elle, un arbre respire cette même texture. Ces reliefs, elle les compose avec du tissu et des éléments naturels, les mettant en valeur sur un tableau par des instruments ordinaires : ses doigts et ses pinceaux …
Même si les fonds de bleu et de blanc du jour ont connu une totale métamorphose, quatre jours plus tard, pour virer au sombre indigo illuminé par un jaune, entre autres, non offensif, Sika, tout en passant des coups de pinceau, exposait, au moment où elle nous parlait, que sa nature, c’est aussi le bleu du ciel et de la mer, c’est le jaune, à travers la lumière, l’éclat du soleil, le rayonnement provenant de l’être humain quand il se trouve en contact avec ces éléments, c’est le blanc, par la pureté qui existe originellement dans le cœur des hommes, cette pureté par laquelle la nature communie avec eux, c’est l’indigo symbolisant, pour elle, la terre, l’énergie, la force, c’est cet indigo qu’elle obtient par les résidus de bois qu’elle va chercher, pas plus loin que dans l’espace de Sébastien Boko, en diagonale vis-à-vis d’elle, brouillant notre entretien par sa tronçonneuse.
Sika, active dans la peinture depuis trois ans, avant cela, designer et créatrice de bijoux, dans le serpentement qu’elle a orchestré sur sa toile, communique qu’il exprime le croisement, la diversité, mais, aussi, l’harmonie ; elle n’oublie pas de nous donner sa version du thème de la liberté : « Chacun a son chemin qui dépend de son regard sur la vie. Etre libre, c’est faire son chemin, [d'où le serpentement sur le tableau, les croisements] en fonction de ce que l’on est, de la personnalité de chacun, c’est aussi tolérer les autres, c’est vivre sa personnalité sans agir sur celle de l’autre … »         

Constantine …

La générosité de l’explication de son travail, en ce 3 avril, nous oriente directement vers sa lecture de la liberté ; sur sa toile, elle la veut pour les femmes, elles qu’elle considère comme riches en inspiration pour faire exploser leurs idées, pour faire réussir la société : « Il faut laisser de l’initiative aux femmes, pour voir ce que cela va donner ; si on la laisse sortir tout ce qu’elle a en elle, cela sera très intéressant », proclame-t-elle, pointant du doigt un filet peint en bleu, aplati, qui monopolise toute la toile, sur un fond bleu, de part et d’autre … Du vert foncé domine sur le bleu de fond, au niveau de la bordure du bas et de la droite, pendant que du blanc prend en charge la bordure du haut et de la gauche. Quatre jours plus tard, ce filet, complètement stylisé, vu de loin, donne l’aspect d’un personnage aux membres généreusement écartés ; il s’intègre facilement à la toile.
Ce filet, Constantine y lit la prison naturelle et dorée de la femme qu’est le mariage, le mariage, ce signe de réussite sociale suscitant la convoitise des femmes environnantes et, pour cette artiste, le vert foncé qui se profile, c’est la végétation, la vie, comme si la femme ne devrait trouver la vie et l’épanouissement que dans un mariage au sein duquel elle exprime toute sa personnalité.
En dehors du filet, un autre instrument de communication : du papier kleenex. Il lui sert à réaliser des personnages, ceux-ci, libres, après un certain sacrifice, cette étape que symbolise trois petites calebasses en haut du filet, sans oublier une autre, au bas, incarnant la sortie d’un labyrinthe douloureux, un épanouissement digne de celui d’une femme venant de perdre sa virginité, ce que Constantine veut bien concevoir, avec ces traces de peinture rouge … Elle aussi adore utiliser un certain instrument de travail, la main, elle pour qui le ’’Cénacle expérimental’’ constitue un espace d’épanouissement, vu qu’elle prise par-dessus tout le travail en groupe, en club : « Je suis meilleure et plus productive quand je travaille avec les autres », confie-t-elle.


Eliane …

Sa liberté, c’est un acquis qui n’épanouit pas, ce que génère les deux toiles dont elle a jeté les bases du contenu de fond, après seulement deux jours de travail : ici et là, des personnages centrés, sont regroupés autour d’un seul, ce qui la pousse à expliquer : « La liberté, certains en ont besoin mais n’arrivent pas à l’avoir. Dès qu’il l’acquiert, l’être humain a néanmoins besoin des autres pour s’épanouir ». Et, sous le coup d’une inspiration subite, un titre lui vient pour donner une identité à l’une des deux toiles : « Conquête de la liberté » ! Elle me regarde, fait le tour de son environnement et me confirme que son choix est le définitif … Les couleurs variées de ses toiles : la diversité des personnalités, des caractères et des inspirations, pour contribuer à l'épanouissement du genre humain. 



Marcel Kpogodo