mercredi 28 mai 2014

L'Association "Katoulati" prépare un "Danxomè-Xo" époustouflant

Pour la soirée du vendredi 30 mai 2014

C'est la veillée d'armes au niveau de l'Association "Katoulati", pour le spectacle "Danxomè-Xo", prévu pour être donné, le vendredi 30 mai 2014, à partir de 20h30, à la grande paillote de l'Institut français de Cotonou. Sur les lieux, en cette soirée du mercredi 28 mai, Patrice Toton, auteur et metteur en scène de la pièce, a accepté de nous parler quelque peu de l'œuvre et des préparatifs de scène.

Un extrait du spectacle "Danxomè-Xo" du vendredi 30 mai prochain
Dans la soirée du mercredi 28 mai 2014, l’Association ’’Katoulati’’ a mis en place une séance de répétition avec réglage de lumière, de manière précise, sur la scène de la pièce, qui est la grande paillote de l’Institut français de Cotonou. ’’Danxomè-Xo’’, devant être jouée, dans la soirée du vendredi 30 mai prochain, mérite le déplacement massif des Cotonois, en particulier, et des Béninois, en général. En effet, il s’agit d’une pièce significative qui revisite l’histoire socio-politique du Bénin, selon quatre grandes étapes : la pré-coloniale, la coloniale, la post-coloniale et la contemporaine. A en croire le metteur en scène, Patrice Toton, qui en est en même temps l’auteur, il s’agit d’une fresque historique ayant pour but de « provoquer le débat sur l’histoire du Bénin, et d’inviter tout le peuple à s’interroger sur sa part de responsabilité dans l’histoire qui est enseignée à ses enfants et aux générations à venir ». Il continue en mentionnant que « ’’Danxomè-Xo’’ mérite d’être vue par tout le peuple béninois, pour susciter un débat national, une conférence nationale sur l’histoire du Bénin ». Montant le ton, il s’exclame : « D’ailleurs, il est temps que l’Afrique toute entière corrige son histoire pour lever le voile sur des siècles de mensonges et de duperie, dans le rapport entre les colons et les colonisés, entre les plus forts et les plus faibles, les dominants et les dominés ! »

Concernant la forme de la pièce théâtrale, il rappelle que ’’Danxomè-Xo’’ est un spectacle dans le genre du conte théâtralisé où, un décor profondément suggestif, selon les époques décrites par la pièce, permettra à trois acteurs-conteurs de déclamer leur texte, à un percussionniste de réguler le chant et la musique, et, surtout, pour les trois premiers, d’interpréter plusieurs personnages différents, se moulant l’un dans l’autre, tout en narrant, sans rien y laisser paraître. C’est ce jeu particulièrement complexe et expérimenté, huilé de sensationnels moments chorégraphiques de toutes les cultures du Bénin, que le public est appelé à venir savourer massivement, le vendredi 30 mai, en soirée, à l’Institut français de Cotonou, sous la grande paillote, en guise d’une bonne détente d’ouverture de la fin de semaine. A cet effet, Souléman Laly, Parfait Dossa, Charrelle Hounvo et Edouard Ahlonssou sont respectivement distribués pour incarner, respectivement, les trois acteurs-conteurs et le percussionniste.  
"Danxomè-Xo" est une pièce ayant brillamment participé, en 2013, au Festival international de conte Yeleen, au Burkina Faso, et voici l'appréciation qu'en fait François Moïse Bamba, l'administrateur de cette manifestation culturelle : " ''Danxomè-Xo" est l'un des meilleurs spectacles de la programmation de la 17ème édition du Festival Yeleen ... Un spectacle à voir et à revoir ... ". 
Ce spectacle très excitant l'est parce qu'il fait un balayage bien inspiré de l'histoire des 15 royaumes phares du Bénin pré-colonial avec, en leur centre, le très conquérant et provocateur royaume du Danxomè ! A voir, donc, et à revoir, car, un peuple sans histoire manque de repères pour se développer. Rien qu'une simple durée pour vous détendre : 1h10 mn.

Marcel Kpogodo

Grâce Agnila, la détermination pour le cinéma

Portrait d'une expérience du secteur du film au Bénin

Jeune femme d’une élégance occidentale. Bien campée dans sa première moitié de la trentaine. Matinalement fraîche. Des tresses qui ne tardent pas à la faire identifier comme une Béninoise. D’un sourire franc, elle vient à ma rencontre, pour honorer l’interview qu’elle a accepté de m’accorder.

Grâce Agnila
Artiste-comédienne. Un Cv assez parlant sur ses performances en la matière. Il l’est davantage, s’agissant de son intervention à l’écran. Un nombre d’interventions assez élevé permettant de la calibrer comme une actrice de cinéma. Devant cette expression, son large sourire se raccourcit, laissant sa bouche délivrer de très personnelles informations d’ordre professionnel : comme tout comédien béninois qui se respecte, une école de formation n’a pas régulé ses premiers pas sur les planches.
Formation sur le tas, donc. « Ateliers de perfectionnements », selon sa propre expression. Avec des institutions et des noms qui ne sont pas des moindres. ’’Quintessence’’, ’’Improconté’’ du Groupe ’’Wassangari’’, Marcel Orou Fico, le fameux « Bio » de l’émission ’’Entre-nous’’, de la télévision nationale. Sans compter qu’à son bas âge, son pasteur de père, de l’Eglise protestante méthodiste, la faisait participer à la chorale des cultes, ce qui l’amenait aussi à faire du théâtre lors de manifestations religieuses particulières. « J’ai senti alors en moi quelque chose de caché qu’il fallait réveiller », confie-t-elle. Cette conviction la détermine à donner une ardeur plus forte à la pratique de la comédie.
Une poignée d’années plus tard. Cette aînée d’une famille de deux frères et d’autant de sœurs n’a plus sa réputation à faire concernant des rôles forts à l’écran. Réellement, elle participe à bon nombre de productions de la compagnie de théâtre populaire et bouffon ’’Sèmako Wobaho’’. Existence, renommée, même internationale, argent. Pendant une bonne partie de la première décennie de 2000. Elle rayonne. Mais, aussi, confiscation psychologique et artistique, illusion de professionnalisme, décalquage social de ses rôles peu honorables sur Cd, personnalité peu plaisante, absence d’une vie privée, destruction de cette vie. Etc., etc,, ce que tout le public béninois connaît dans les moindres détails, vu la notoriété de cette jeune femme, à l’époque.
Aujourd’hui, loin de tout ce tumulte. Hors de la famille ’’Sèmako Wobaho’’. Extraction, qui n’a pas été de tout repos, d’un clan assez possessif, jaloux, accapareur. Une bonne bouffée d’air libre ! Une partie en est consacrée à ’’Garcinia’’, la troupe de la très maternelle « Maman Grâce ». Un grand bol d’oxygène après cette aventure bouffonne productive et écrasante. Un gigantesque « ouf » de soulagement d’être sortie d’un tel carcan. Et, la renaissance ! Avec une aide précieuse, celle de l’autre figure de la comédie et du cinéma. Delphine Aboh, fille de sa mère ! Une confidente d’une bonne influence.
Depuis trois ans, une femme nouvelle : calme, patience, humilité, tolérance, mesure et réflexion dans les paroles. Eclairage dans une forte vie en Christ ! Par conséquent, une personnalité méconnaissable face à son entourage immédiat. Cette nouvelle lancée dicte une orientation plus constructive. Les écailles se détachent des yeux de son cœur. Il s’ouvre aux tristes réalités de son ancien monde : propension forte au mélange du théâtre et du cinéma, professionnalisme superficiel, professionnalisme nationalement populaire mais d’un total manque de crédibilité à l’extérieur, dans l’univers des connaisseurs du cinéma, amateurisme criard dans le secteur. En outre, un défi l'enflamme : réussir une vie de star de cinéma et de femme au foyer !
Ainsi, celle-ci qui apprécie beaucoup les familles heureuses, les couples qui s’entendent, qui lit beaucoup la Bible et les romans d’amour, qui préfèrent par-dessus tout les pommes et les oranges, qui fait un choix pour les parfums bons et discrets, et qui aiment les films ghanéens pour le grand jeu des acteurs, des actrices, elle qui, dans les productions où elle a été sélectionnée joue toujours la benjamine orpheline, la coépouse de sa propre sœur, la femme adultère, elle, rêve de sortir ses propres films, de réaliser un court métrage sur les enfants, pour encourager la scolarisation dans les villages, vu que les parents n’y mesurent pas l’importance de l’école. Il lui faut, selon elle, faire un bon long métrage sur Cd, qui lui permettra de revenir, comme il se doit, sur la scène du cinéma, le cinéma qu'elle préfère largement au théâtre. Elle a l’impression qu’il véhicule le vécu réel.
Elle qui n’aime pas les mauvaises surprises, déteste chez les gens la trahison, qui reproche à ses deux premiers mentors d’avoir été les seuls à évoluer socialement, elle, lit dans le monde culturel béninois un secteur où ne règnent pas l’entente ni le soutien mutuel, où il existe beaucoup de troupes, beaucoup d’acteurs pour peu d’œuvres crédibles. Elle qui capitalise près d’une quinzaine de productions avec la Compagnie ’’Sèmako Wobaho’’, qui a joué dans près d’une dizaine de films de divers autres réalisateurs, qui a connu l’expérience d’une série et de deux courts métrages, qui a prêté son image et sa psychologie circonstancielle à un bon nombre de spots publicitaires, porte le nom de Jessoufèmi Grâce Agnila.


Marcel Kpogodo