mercredi 20 mars 2013

Dans le cadre du Projet "Le Bénin se cultive"

Erick-Hector Hounkpè parle du développement face au livre

Le Projet "Le Bénin se cultive", initié par la Jeune chambre internationale Océan du Bénin, a permis d'assister, dans la soirée du mardi 19 mars 2013, à une conférence-débats, animée par le déclamateur-poète et homme de Letres, Erick-Hector Hounkpè. C'était sous la paillote de l'Institut français du Bénin (Ifb). Le thème concernait la place de la littérature dans le développement.


Erick-Hector Houkpè, au centre, entouré par, Hermas Gbaguidi, à gauche, et Mamadou Ismaël, Président de la Jeune chambre Océan, à droite.
Erick-Hector Hounkpè, très connu pour ses déclamations poétiques suggestives, a animé une conférence-débats sur le thème : "La littérature au service du développement". C'était sous la paillote de l'Institut français du Bénin, dans le cadre de la tenue de la première édition du Projet "Le Bénin se cultive", mis en oeuvre par la Jeune Chambre Internationale Océan du Bénin, dans le contexte de la Journée internationale de la Francophonie. Le Président de cette institution, Mamadou Ismaël, a lancé ladite communication.
Au début de son propos, Erick-Hector Hounkpè s'est posé la question de savoir en quoi la littérature pouvait contribuer au développement. Pour y répondre, il a, d'abord, défini les concepts de littérature et de développement, avant de montrer le rapport existant entre eux, plus précisément, les relations que peut tisser la littérature avec les secteurs vitaux d'un pays. Ainsi, après avoir montré que la littérature informe et sensibilise les lecteurs sur les problèmes de leur temps, il l'a confrontée aux domaines socio-culturel, politique et économique.
Dans le premier cas, selon lui, la littérature éduque et permet de construire la personnalité des citoyens, de même qu'elle les divertit et qu'elle leur permet de contester, de subvertir. Pour en finir avec ce domaine, il a partagé que ces fonctions sus-évoquées de la littérature structurent la personnalité de l'individu et font de lui un cadre outillé, performant qui ne se serait pas conditionné à développer des situations de dévoiement. 
En ce qui concerne la littérature face à l'économie, il a fait ressortir que l'écrivain permet la mise en place de la chaîne du livre, dont les acteurs sont nombreux : les éditeurs, les imprimeurs, les libraires, les professionnels de l'événementiel, du promotionnel, ce qui donne lieu à une véritable industrie du livre. A en croire le conférencier, elle est très importante dans l'économie du livre parce qu'elle génère des devises énormes. 
Quant au lien entre la littérature et la politique, Erick-Hector Hounkpè a affirmé que les écrits engagés structurent le mental politique des citoyens pour des combats ; ils conduisent même des auteurs à se retrouver dans l'arène politique. Ils deviennent donc, selon ses propos, des catalyseurs de l'espace politique. Et, leur rôle ne s'arrête pas à ce niveau ; ils induisent la représentativité diplomatique et la souveraineté politique du pays dont les écrivains se comportent ainsi. 


La situation du livre au Bénin

Erick-Hector Hounkpè, en pleine démonstration ...
Par rapport à cette partie de la communication, l'orateur a examiné la situation du livre au Bénin, en explorant chacun des maillons de la chaîne précédemment analysée. Il ressort de son observation que notre pays dispose de beaucoup d'écrivains mais qu'il n'a presque pas d'éditeurs, vu que la plupart d'entre eux publient des livres à compte d'auteur, ce qui, pour lui, pose le problème de la professionnalisation du métier. Concernant, les distributeurs-libraires, il a décelé les librairies "Notre-Dame", "Sonaec" et "Bufalo" chez qui il a déploré le manque d'entente et de solidarité et, d'un autre côté, le fossé entre le consommateur et le produit. 
Avec les espaces de promotion du livre, il en a mentionné un bon nombre : les écoles, les bibliothèques, les centres de lectures et d'animation, même si leur efficacité n'est pas probante. Il a noté, par ailleurs, l'existence d'auxiliaires de la promotion, que sont les enseignants, ainsi que des critiques littéraires et des critiques journalistiques, mais pas celle de prix et de concours littéraires, ni de médias traitant profondément les questions liées à la littérature ni de rencontres littéraires ni de supports spécialisés dans ce secteur. Quant aux consommateurs, ils sont nombreux mais "indésireux". 
Devant ce qu'il a appelé un "tableau sombre", Erick-Hector Hounkpè a fait quelques recommandations : mettre en place la Politique nationale du livre, travailler à élever le niveau des apprenants actuels et à ce que la grande majorité d'entre eux lisent, créer un fonds national ou une banque du livre, mettre en place un ordre national du livre, notamment.
Suite à cette communication que plus d'un participant a reconnu brillante, le dramaturge, Hermas Gbaguidi, aux côtés de l'exposant, a fait valoir sa contribution. Et, après les interventions de tous ordres des participants, fin a été mis à la conférence.

Marcel Kpogodo

dimanche 24 février 2013

Projet ''Ho-Lomi-Lomi'' du Théâtre ''Aboki''

Cap sur la deuxième activité


Le Projet ''Ho-Lomi-Lomi'', "Paroles utiles, bonnes à dire et à entendre", est un Projet piloté par le Théâtre ''Aboki'' et financé par le Programme Société civil et culture (Pscc). Parmi les cinq activités qu'il comporte, la deuxième vient de commencer ; elle consiste en la formation de trente (30) enfants conteurs, à Cotonou et à Porto-Novo,,ce qui a débuté depuis plus de deux mois.


Le 1er décembre 2013 est la date à laquelle l'activité de la formation de 30 enfants conteurs a commencé, à Cotonou et à Parakou, dans le cadre du déroulement du Projet Ho-Lomi-Lomi, "Paroles utiles, bonnes à dire et à entendre", initié par le Théâtree ''Aboki'', avec la participation financière du Programme Société civile et culture (Pscc). 
Une banderole de la 2ème Activité du Projet à l'Ecole Saint Jean-Baptiste de Cotonou  ...
Depuis, cette date, tous les samedis, de 14 heures à 17 heures, simultanément dans les deux villes, ces apprenants subissent un encadrement fourni par un formateur expérimenté. Dans la capitale économique du Bénin, il s'agit de Nicoals Houénou de Dravo, 27 ans d'expérience dans l'art théâtral, chargé de former 14 d'entre eux, pendant qu'à Parakou, Sylvanos Tokpé, de l'Association ''Aiyé culture'', prend en compte les 16 autres. D'un âge variant entre 8 et 12 ans et naviguant entre les classes du Ce1 et du Cm2, ces jeunes stagiaires acquièrent des capacités bien précises : la bonne diction du texte, l'art de susciter l'émotion chez l'auditeur, de maintenir son attention, cultiver la démarche du conteur et, notamment, une bonne modulation de la voix. Selon les formateurs, interrogés chacun de son côté, pour en arriver à cette étape, certains préliminaires doivent être cultivés chez ces enfants : exercices du corps, de diction, de la voix, de la technique de narration, de l'étude des personnages et du texte de conte proprement dit. 
L'encadreur Nicolas Houénou de Dravo, en pleine activité ...
Par ailleurs, depuis le début de la formation, ils sont exercés à s'habituer l'un à l'autre, à faire disparaître la honte, le trac, à dire tout ce qu'ils pensent, à bien se tenir sur scène, à s'auto-critiquer et à se critiquer mutuellement. A la fin de l'activité, ils doivent être capables de dire un conte et de faire fonctionner deux spectacles de conte, l'un en solo et, l'autre, en groupe. 
Livrant leurs impressions, Houénou de Dravo, l'encadreur de Cotonou, constate que les écoliers du privé ont plus d'engouement que ceux du public et qu'il est plus facile d'encadrer des enfants, vu qu'ils appliquent simplement ce qu'on leur demande. Pour Sylvanos Tokpé, "la mise en oeuvre de l'activité se passe sans grandes difficultés, car les parents reçoivent, à la dernière séance du mois, les frais de déplacement de leurs enfants et, aussi, à chaque séance, ces enfants ont toujours droit à un goûter qui leur permet de reprendre des forces pour poursuivre jusqu'à 17 heures le travail qui aurait démarré depuis 14 heures. En plus de cela, ils disposent de la logistique nécessaire pour prendre des notes. En outre, les échanges avec la Coordination nationale du Projet se passent dans les meilleures conditions qui soient. " 
Si le traitement des stagiaires est le même, d'une ville à l'autre, les formateurs font remarquer quelques éléments différentiels entre les enfants ; avec ceux de Cotonou, il faut travailler à corriger le snobisme de la parole, alors que ceux de Parakou développent plutôt un naturel de la parole, qu'il s'agit de savoir mettre en valeur. 

Vue sur les résultats de la première activité

Manondon Kpozé, l'un des deux transcripteurs-traducteurs, en plein travail, en décembre 2012 à Savalou, lors de la résidence d'écriture
La première activité du Projet ''Ho-Lomi-Lomi'', "paroles utiles, bonnes à dire et à entendre", concernait l'édition d'un recueil de 30 contes mahi. Si elle s'est achevée depuis le 23 décembre 2012, à l'issue d'une résidence d'écriture tenue à Savalou entre des transcripteurs-traducteurs des contes mahi et des écrivains professionnels, cette première activité a donné lieu à la sélection d'un certain de nombre de contes. Concernant cette situation, les transcripteurs-traducteurs se prononcent, à travers le Rapport d'activités qu'ils ont déposé au Théâtre ''Aboki''. Selon donc Manondon Epiphane Kpozé et Epiphane Dossou, le processus de sélection s'est révélé très laborieux : "[Au stade de la transcription des contes audio en langue nationale mahi], les contes écoutés ont été transcrits fidèlement en langue mahi, sauf ceux dont l'exploitation s'est avérée infructueuse. Dans ce lot, on retrouve principalement le fichier contenant une trentaine de contes collectés lors du Paslo (Projet Arts de la scène, des langues et de l'oralité, Note de la Rédaction) et figurant dans le répertoire de l'Association Katoulati. En effet, l'incohérence des récits, l'absence d'originalité et d'authenticité dans les contes, la répétition des idées et la mauvaise qualité de la diction des conteurs, sont, parmi tant d'autres, des problèmes qui ont empêché l'exploitation de ces contes." Et, à l'heure du bilan, ils concluent, faisant leurs comptes : "A la fin, c'est donc, au total, trente-et-un (31) contes, au lieu de trente (30), comme le prescrit le Projet Ho-Lomi-Lomi, qui ont subi la rigueur littéraire et artistique des auteurs (Les écrivains Hermas Gbaguidi et Patrice Toton, ayant travaillé pendant la résidence d'écriture de Savalou, Note de la Rédaction). C'est le lieu de reconnaître que les contes relevant de la résidence d'écriture sont le fruit du travail intellectuel des transcripteurs-traducteurs et des auteurs. Ainsi, toute ressemblance avec des contes publiés ou non ne serait que pure coïncidence". 
Cette mise au point faite, les prochains jours donneront lieu au lancement du recueil de ces contes mahi qui, finalement, ne pourront être revendiqués, dans leur propriété, par qui que ce soit.

Marcel Kpogodo