Vue sur un artiste
Le Peintre Africain, une fixation sur le code de la route
Kiffouly Youchaou, Le Peintre Africain
Au détour d’un vernissage au Centre culturel français de Cotonou (Ccf), une conversation libre s’engage avec l’artiste béninois qui aime se faire appeler Le Peintre Africain. Il suscite l’intérêt par l’utilisation civique qu’il pense que l’on peut faire du code de la route.
Marcel Kpogodo : Bonjour Monsieur, vous êtes artiste béninois, veuillez mieux vous présenter à nos lecteurs ….
Le peintre Africain : On m’appelle Kiffouly Youchaou ; mon nom d’artiste, c’est « Le Peintre Africain ». Je suis de spécialité « Sculpture » ; je sculpte le bois et, je suis autodidacte, en fait. Je pratique depuis plus de quinze ans ; j’ai suivi de nombreuses formations en sculpture sur bois. Après cela, j’ai été en Allemagne et, je suis revenu. Puis, j’ai voulu aussi aider mon pays, apporter ma pierre à l’édifice de sa construction.
Quelle est votre ligne artistique ?
En ce qui concerne ma démarche artistique, j’utilise les restes, c’est-à-dire les récupérations, j’utilise les capsules ; après avoir sculpté le bois, je place les capsules. Mes œuvres ont pour but, spécifiquement, de lutter contre la pauvreté, contre l’incivisme sous toutes ses formes, en Afrique et au Bénin.
Quelles sont les idées qui reviennent souvent dans vos œuvres ?
Dans mes œuvres, vous allez voir, par exemple, que j’ai sculpté un arbre géant que j’ai exposé déjà à la Mairie de Porto-Novo, sur le code de la route. Sur cet arbre, vous alliez lire, par exemple, « L’autorité qui me manque de respect est loin d’être patriote ». J’ai constaté dans mon pays, le Bénin, que beaucoup d’autorités brûlent le feu, manquent de respect aux panneaux de la route ; ceux-là sont loin d’être patriotes. Vous savez, dans un pays où on ne respecte pas le code de la route, ce pays est loin d’être émergent. Disons-nous la vérité …
On peut dire que vous êtes un artiste engagé …
Oui, je suis un artiste engagé ; depuis fort longtemps, je suis en train de lutter … Savez-vous que le Bénin n’a pas une Place de l’Indépendance, à l’instar de pays comme le Ghana, le Burkina Faso et le Togo ? On a toujours dit dans nos langues maternelles que « quand on ne sait pas où l’on va, il faudrait au moins savoir d’où l’on vient »…
On dirait que vous êtes un peu pessimiste sur le Bénin …
Non. Vous savez, je suis quelqu’un qui, comme beaucoup de patriotes, comme beaucoup d’enfants béninois qui ont voyagé, qui sont sortis de leur pays, je veux quelque chose de propre pour mon pays, oui, je veux voir, j’ai un rêve : voir l’enfant béninois respecter le code de la route, le feu, même à trois heures du matin, quand la voie est libre ; faire respecter un feu rouge, c’est mon rêve, parce que, avec le code de la route, on peut éduquer tout une nation.
Un dernier mot ?
J’invite les autorités de ce pays à donner le bon exemple, rien que le bon exemple ; qu’elles se posent la question : « Qu’est-ce que je veux que l’histoire retienne de moi ? », parce que l’homme est passager sur cette terre.
Propos recueillis par Marcel Kpogodo