Pour la restauration de
la personnalité de l'icône fierté de l’Afrique
Deux jours d’activités au
Togo de l’acteur américain de cinéma, d’origine béninoise, Djimon
Hounsou et, quelques heures plus tard, la toile se déchaîne, au Bénin,
massacrant la star hollywoodienne, sur la base d’intentions non
fondamentalement établies d’initiatives de promotion du septième art, dans le
pays de Faure Gnassingbé. Comme si Djimon Hounsou leur était redevable de quoi
que ce soit, ces plumes des réseaux sociaux ont tout dit sur la visite de la
star planétaire au Togo, sauf l’essentiel de sa vision pour le cinéma en
Afrique.
Djimon Hounsou, reçu en audience par Faure Gnassingbé |
« A la fin de la présentation
de mon film, j’ai voulu échanger avec le Chef de l’Etat togolais sur mon
intention de créer des écoles de cinéma dans les pays, à travers le continent,
où on peut former les étudiants cinéastes, tout comme en Europe et aux
Etats-Unis. Du fait que, moi, je suis à Hollywood, on peut facilement les
envoyer là-bas, pour se perfectionner ». Le propos tenu par Djimon Hounsou,
le très célèbre acteur américain d’origine béninoise, à l’issue de l’audience
que lui a accordée le Président de la République togolaise, Faure Gnassingbé,
le lundi 11 décembre 2017, à Lomé, au Togo. Cet entretien de haut niveau s’est
réalisé après la projection, le dimanche 10 décembre, en avant-première, à l’Hôtel
loméen du 2 février, de son film documentaire sur le vodoun, intitulé, ’’In
search of Voodoo : roots to heaven’’, ’’A la recherche du vaudou, des racines au
ciel’’, en français.
Cette déclaration de
Djimon Hounsou suffit-elle pour le diaboliser, pour, à la limite, le traiter d’ingrat,
d’escroc et, notamment, d’anti-patriote ?
Dans le cas de la
première accusation, en quoi est-ce manquer de reconnaissance à ses parents, à
ses proches, que d’aller présenter son film sur le territoire togolais ? L’artiste
n’est-il donc plus libre de ses initiatives liées à l’exercice de l’art cinématographique
? S’il en est ainsi, ces détracteurs doivent reprocher également à Djimon
Hounsou d’être allé tourner, en 2016, ’’La légende de Tarzan’’ au Gabon, sans
savoir que la particularité de la végétation de ce pays a déterminer le choix d’y
réaliser cette production !
Certaines langues
veulent voir en la star hollywoodienne, fierté du Bénin et de l’Afrique, un
escroc du fait d’avoir bénéficié d’une subvention de l’Etat béninois pour
réaliser le documentaire indiqué sur le vaudou, à concurrence de 150 millions
de Francs, sous l’administration Yayi, ce qui, selon eux, aurait dû l’emmener à
montrer le film, pour la première fois, dans son pays d’origine. Ces détracteurs
ne sont pas des journalistes culturels ni des journalistes tout court, pour
savoir qu’il faut laisser l’animal revenir au repaire pour le questionner sur
les raisons de cette liberté à laquelle il a droit et qu’il s’est donné. 150
millions ! C’est énorme pour les Béninois dont un bon nombre, sous le régime
de la Rupture, se plaignent de ne faire que très difficilement un repas par
jour. Mais, pour un documentaire hollywoodien dont plusieurs séquences ont été tournées
aussi bien au Bénin qu’au Togo, et qui s’évalue à plus d’un milliard de nos
francs, 150 millions, ce n’est malheureusement qu’une goutte d’eau dans la mer ;
n’y pourra absolument rien la bassesse de la mentalité de pauvres d’esprit,
propre à ces détracteurs ! En dehors de cette considération, il ne faudra
que Djimon Hounsou pour clarifier en quoi le Bénin aura largement moins pesé,
au point qu’il ait choisi le voisin de l’est pour faire connaître au monde,
pour la première fois, le documentaire sur le vaudou. Il n’y a rien que cela
pour situer le public, une attente qui fait de tout jugement hâtif, péjoratif,
une pure délation.
Troisièmement, qu’y
a-t-il d’anti-patriotique que Djimon Hounsou fasse connaître son film au Togo,
choisisse ce pays pour dévoiler le projet de mise en place d’écoles de cinéma
en Afrique ? Continue d’être alors à l’œuvre la mentalité étriquée propre
aux habitants d’un pays comme le nôtre et auquel appartiennent ces détracteurs.
Ils ne peuvent savoir ni comprendre que, pour avoir vécu et travaillé pendant
27 ans aux Etats-Unis, les ’’petiteries’’ nationalitaires se sont purgées de l’esprit
de Djimon Hounsou, au profit du sens plus valorisant du grand, de l’ensemble,
du continental, du planétaire, de l’universel. L’acteur américain et ses
détracteurs appartiennent, de chacun des cotés, à deux niveaux disproportionnés
de réflexion, ce qui reste pitoyable pour ces mauvaises langues, mais compréhensible,
quand même, vu que le Bénin est un pays passé maître dans l’art de la promotion
et de la gestion des ’’petiteries’’, des bassesses, des réalités qui n’élèvent
pas l’esprit, qui le maintiennent au ventre et au bas-ventre. Ces détracteurs
comprendront difficilement qu’en se situant au niveau continentalement
africain, Djimon Hounsou travaille à propulser le Bénin plus loin qu’il l’est,
aujourd’hui, sur les plans culturel et cultuel, en général, et
cinématographique, en particulier.
Ces détracteurs peuvent
dépenser leur temps, de manière plus utile, en mettant leur plume acerbe au
service de la dénonciation des mœurs administratives délétères et
anti-développement, pour assainir les pratiques bureaucratiques, de quoi contribuer
à permettre que les talents et les valeurs dictent leur loi de progrès avec,
comme élément de satisfaction des fonctionnaires, non un pécule de dessous de
table, mais une action d’un traitement impartial et diligent des dossiers,
pour, enfin, le décollage de ce pauvre Bénin !
Ultime élément de
pratique amateuriste : s’agit-il de Djimon ’’Houssou’’ ou de Djimon
Hounsou ? Le premier cas d’orthographie du patronyme du cinéaste américain
montre, de la part de ces détracteurs, qu’ils gagneront plus à laisser le traitement
des informations culturelles aux journalistes culturels ; eux, tout au
moins, ne se laissent jamais à travestir un nom, élément culturel intrinsèque,
fondamental !
Marcel Kpogodo