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dimanche 20 janvier 2013

Destruction de '' L'homme debout '' à Ouidah

Coup de gueule des artistes béninois

L'oeuvre détruite, ''L'homme debout'' de Bruce Clarke, une femme debout ...
En marge d'un reportage sur un vernissage à la Place du Souvenir, ex-Place des Martyrs de Cotonou, ce samedi 19 janvier 2013, des artistes béninois, Prince Toffa, Thierry Oussou (Ces deux premiers ont fait partie de la construction collective de '' Lhomme debout '' avec Bruce Clarke) et Marius Dansou, ont réagi concernant le rasage, sur les ordres du Ministère de la Culture du Bénin, sur le site de la Porte du Non-Retour à Ouidah, de l'Oeuvre artistique collective de sept artistes béninois, patronnée par le plasticien Sud-africain, Bruce Clarke, dénommée ''L'Homme debout''. Elle avait été réalisée sous l'initiative de la Fondation Zinsou. Cet artiste mondialement connu s'est déjà illustré dans ce genre de chef-d'oeuvre dans un pays comme le Rwanda sur les lieux de mémoire du génocide des Tutsis .



L'artiste-plasticien Prince Toffa : 
" Ce qui m'a fait mal, moi, dans cette affaire, c'est que, faisant partie du ''workshop de Bruce Clarke'' qui était passé au Bénin, c'est que nous avons travaillé de manière acharnée pour deux semaines avant d'avoir accroché la toile et, il paraît que c'est le Ministre de la Culture qui a donné l'ordre qu'on la casse ... Ce qui me fait mal, c'est l'oeuvre d'art cassée ; on ne peut pas casser une oeuvre d'art, c'est une toile de 8m x 3m ! On aurait pu l'enlever ... (Visage très amer) On aurait pu l'enlever avant de casser l'endroit ! On ne peut pas casser une oeuvre d'art, c'est impossible ! Si c'était le Ministre de la Défense ou le Ministre des Travaux Publics, on aurait pu comprendre cela ! Là, maintenant, on parle du Ministre de la Culture, quelqu'un qui est censé connaître la Culture, la valeur d'une oeuvre d'art ! Je suis désolé, c'est impossible, c'est terrible ! Je ne suis pas du tout content ... "

L'autre plasticien, Thierry Oussou : 
" Un Ministre ? Donner l'ordre d'aller casser une oeuvre ! C'est vraiment dommage ! A sa place, moi, j'aurais démissionné, même si c'est qu'on m'avait demandé de le faire ... On aurait pu décrocher l'oeuvre et casser le mur ! Ce mur était resté là pendant très longtemps avant qu'on ne travaille sur une bâche tissée ... On aurait pu appeler la Fondation Zinsou pour lui dire : " Venez enlever la bâche ... " On est en train de se battre pour que la population accepte l'art béninois mais, lui, il est en train de faire le contraire ! Nous, nous sommes contre le fait qu'ils aient cassé l'oeuvre ! Il peut y avoir quelque chose entre le Ministre et la Fondation ; nous, on ne veut rien en savoir. Mais, c'est l'acte que moi, je condamne ! " 

Le plasticien, spécialiste des Masques, Marius Dansou : 
" Franchement, il faut placer des gens à la place qu'il faut ! Moi, je suis désolé qu'un Ministre de la Culture puisse donner l'autorisation de casser une oeuvre ... J'ai été choqué quand j'ai appris l'histoire ... Comment on peut casser une oeuvre d'art ? On ne peut pas détruire une oeuvre d'art ! Il y a de l'émotion là-dedans ! Cela a été conçu par des artistes ! Cela a été réfléchi, pensé, pendant des années ! Je suis désolé ! On ne peut pas détruire une oeuvre d'art comme ça, par amour et par respect pour l'art ! Je suis désolé ! Je suis vraiment désolé ! Actuellement, là où je suis, je suis choqué, je n'arrive même pas à m'exprimer comme il faut ... " 

Propos recueillis par Marcel Kpogodo

mardi 22 juin 2010

Arts plastiques au Bénin

Thierry Oussou




Portrait



Des débuts couronnés par des Prix




Nous sommes à Houéyiho. L’éclaircie qu’offre le ciel durant cette matinée tranche nettement avec celui des jours précédents. Notre descente dans ce quartier de Cotonou, nous mène vers l’atelier d’un artiste-plasticien. Taille légèrement au-dessus de la moyenne, son look est le signe d’un savant mélange ; il porte une tenue traditionnelle sur un jeans. Notre discussion nous entraîne vers ses débuts dans l’art. Agé d’une vingtaine d’années et candidat au baccalauréat, il évoque les dessins qu’il faisait dans son enfance. "A cette époque", explique-t-il, "c’était le canal par lequel j’exprimais l’amour pour l’art qui sommeillait en moi." En 2004, par le hasard d’une exposition qu’il visitait, il rencontre Grek, un artiste en vue dans le domaine des arts plastiques au Bénin. "Je l’ai assailli de questions, car les œuvres exposées m’ont beaucoup impressionné ; j’ai surtout constaté que mes dessins étaient complètement différents. Il m’expliqua qu’il fallait que je suive des formations avant de pouvoir créer des toiles de ce type. " Mais, 2006 sonne le déclic pour lui. Il croise de nouveau Grek dans le cadre de la 2è édition de Miwononvi, organisé par Artisttik Bénin dont le promoteur était Ousmane Alédji. Il suivit à cette occasion une formation qui a réuni des artistes béninois, togolais et ghanéens. Et, c’est là qu’il a commencé à créer des toiles. Et, tel un coup de maître, il reçut le Prix spécial du Concours national d’arts scolaires (Conaasco), organisé cette même année. Ainsi, les récompenses s’enchaînent. En 2007, lors de la 2ème édition de Promo’ Art, il obtient le Prix de la Meilleure œuvre de sensibilisation et celui du Meilleur artiste de l’Atelier. En 2009, il est de nouveau primé lors du Concours national d’arts scolaires (Conaasco) qui en était à sa 4ème édition. Suite à toutes ces distinctions, l’opposition de ces parents à ses activités artistiques faiblit. Ceux-ci voulaient qu’il s’engage dans les forces armées béninoises, comme l’une de ses sœurs. Cette nouvelle donne lui offre ainsi l’opportunité de leur expliquer le message qu’il voulait transmettre à travers ses toiles : "Je veux surtout que, par le biais de mes toiles, l’Homme puisse trouver une porte de sortie, car j’ai l’impression qu’il est emprisonné dans une boîte. J’essaye de créer des lumières pour qu’il puisse trouver ces portes de sorties ", nous dit-il. Selon lui, "nous sommes d’une culture très riche ; je suis de la cour royale d’Allada. La culture de ma ville d’origine catalyse mon inspiration personnelle. Il y a des choses qui m’ont toujours impressionné. A titre indicatif, il y a l’aspect du sang séché sur les totems après l’immolation des animaux." Elève au Collège d’enseignement général (Ceg) de Vèdoko, il a mis en place un club qui regroupe ses camarades qui partagent avec lui cette passion. Ce club d’arts plastiques compte une trentaine d’élèves du 1er et du second cycle. C’est ainsi qu’il se distingua en remportant quatre prix sur les douze en jeu, lors du concours d’arts plastiques Ma fête du printemps chinois, organisé en 2010. Les tableaux qu’ils ont présentés avaient pour objectif de restituer la fête du printemps chinois. Il confie également : "Je travaille sur des petits formats, car je n’aime pas me séparer de mes toiles. C’est pourquoi j’emmène certaines au cours et, lorsque le professeur est absent, je continue à travailler". Et, comme perspectives, il compte, après avoir obtenu son Baccalauréat, se consacrer uniquement aux arts plastiques, se perfectionner dans une école des beaux-arts et exposer ses toiles. Il y a une dizaine de jours, ce jeune artiste-plasticien faisait partie de la quarantaine d’artistes qui ont ouvert leur atelier au public de Cotonou et de Porto-Novo. C’était du 05 au 10 juin dernier, dans le cadre du Festival Waba. Il a reçu, à cette occasion, la visite de beaucoup de personnes. Elles étaient, entre autres, en provenance de Porto-Novo et de son quartier à Cotonou, qui ne lui connaissaient pas une telle passion. L'artiste-plasticien qui a ce parcours remarquable est Thierry Oussou.




Bernado Houenoussi