Pour un ouvrage paru en septembre 2015
Depuis le dernier
trimestre de l’année 2015 est paru l’ouvrage, ’’Un peuple calme est
inquiétant’’, sous l’inspiration du comédien, metteur en scène, dramaturge et
ancien Directeur du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb),
Ousmane Alédji. Il y déploie la verte indignation d’un esprit visant à
réveiller le peuple africain.
95 pages, un
avant-propos peu ordinaire, 7 chapitres et un verbe d’une crudité qui ne
devrait pas surprendre quiconque a côtoyé la force verbale caractérisant
l’homme. Un essai, classé dans la collection ’’Réflexions’’, et paru à
’’Artisttik éditions’’, en septembre 2015, sous la plume d’Ousmane Alédji qui,
par cet ouvrage, en est à sa cinquième production.
D’abord, dans son
avant-propos, l’auteur révèle le soulagement d’un exutoire personnel dont le
nouveau livre publié constitue la manifestation. Ensuite, dans la 1ère
partie de l’ouvrage intitulée, ’’Ni indifférent ni dupe’’, Ousmane Alédji
plante le décor d’une Afrique que minent des hommes politiques dont l’intérêt
particulier guide toute action, ce qui devrait rendre le peuple aussi éveillé
que réactif, une réflexion lui imposant une déduction implacable qu’il choisit
de répéter aux pages 19 et 22 : « Un peuple calme est inquiétant ».
Quant aux 5 parties qui suivent, elles évoquent, respectivement, les conditions
d’émergence des ploutocrates, la capacité de ceux-ci à instrumentaliser le
peuple, la mainmise délétère du pouvoir sur les médias, le défaitisme des
peuples face aux excès des politiques, la place de l’éducation moderne dans la
léthargie des peuples. Enfin, le dernier chapitre, intitulé ’’Oser. Résister.
Avancer’’, se projette aux tréfonds de la conscience du Béninois, de l’Africain
subsaharien, pour l’amener, très rudement, très poétiquement, à se culpabiliser
de se maintenir léthargique, lorsque des situations politiques exigent son
ardente révolte, son remuement efficace. C’est un idéal dont il sent le
prochain reproche, ce qui le pousse à fulminer en douceur : « Il nous faut
des utopies nouvelles » (p. 85).
Ousmane Alédji |
Une réelle conviction
de la parole forte, au cactus césairien, porte ce livre dans des sphères d’une incommensurable portée, ce qui montre
l’impitoyable exigence de l’auteur envers lui-même, lui qui, par là, garde
intacte sa réputation de provocateur du verbe. Mais, en plus des coquilles
pêle-mêle fragilisant, fourmilleuses, surtout, les pages du dernier chapitre,
des 83 à 93, les échauffourées du 7 décembre 1989, au Bénin, ayant conduit au
renouveau démocratique et, notamment, les marches de 2015, à Cotonou et à
Porto-Novo, contre le vote d’une loi
censée enlever le droit de grève aux magistrats, les échauffourées d’octobre
2014 ayant renversé le mammouth burkinabè, constituent des risques d’exemples révélant
une Afrique subsaharienne qui veille quand même, qui ne bouge pas à tout. Une
question de culture, peut-être …
Marcel Kpogodo