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mercredi 23 mars 2022

Pour Bobo D, « [il faut] pouvoir en finir avec la main toujours tendue de l’artiste »

Dans une interview accordée à notre rédaction


La Fête de la Culture béninoise (FCB) s’est tenue le 19 février 2022, avec grand succès. Dans le sillage de cet événement, Bonaventure Donou, alias Bobo D, qui en est le principal initiateur, a accepté d’en discuter des suites au cours d’une interview qu’il nous a accordée. Il ressort des considérations qu’il a abordées que la misère des artistes musiciens est le cheval de bataille qu’il est question d’enfourcher. Par conséquent, l’invité propose des solutions concrètes à ce fléau … 


De gauche à droite, Bobo D, en compagnie de l'Administrateur du Fonds des Arts et de la culture (Fac), Gaston Eguédji, à la Fête de la Culture béninoise 

Stars du Bénin : Bonjour Bonaventure Donou, plus connu sous votre pseudonyme d’artiste musicien et de producteur, Bobo D. L’actualité culturelle retient qu’en tant qu’acteur culturel, vous avez organisé la Fête de la Culture béninoise (Fcb) le samedi 19 février 2022 à l’espace, ’’Le marin’’, situé à la plage du quartier de Fidjrossè à Cotonou. Elle a réuni, à en croire vos statistiques, plus de 250 personnes parmi lesquelles des artistes, tous domaines confondus, et des acteurs culturels. Veuillez nous donner des détails sur le déroulement de cette Fête. Quelles en ont été les différentes activités ?

 

Bobo D : Bonjour, Marcel Kpogodo. Vous avez tout dit, dans la question. Effectivement, nous avons organisé la Fête de la Culture béninoise, qui a été inspirée par une réalité : la misère ambiante dans laquelle végètent les artistes de ce pays.

C'est l'artiste, Sèdami, qui m'a demandé d'organiser cette fête, qui débouche sur l'installation par des artistes de quatre maquis qui seront, pour eux, une activité génératrice de revenus.

Pour en revenir aux différentes activités de la soirée, on l’a démarrée avec mon mot de bienvenue aux artistes. Et, il y a eu des prestations d'artistes comme Sèna Joy, Aline D, la Compagnie Momby, de Tonton J, de ’’Coffi Danger’’, et de Da Yovo, Johnny Ahossi, Ebawadé, Sambiéni, Eliane Chagas, Josette Loupéda, Sèdami, et le grand frère, Nel Oliver.

Nous avons eu des temps forts de la soirée, très appréciés, sans oublier le passage des ’’Super Anges’’ d’Alladé Coffi, avec ses danseuses, et le ’’Zangbéto’’ qui faisait des démonstrations, avec sa métamorphose en tortue et en pigeon, la prestation des ’’As du Bénin’’ de Stanislas Dègbo et de ses splendides danseuses, sans oublier le ’’Guèlèdè’’, et la magnifique prestation des enfants d’Oscar Allossè.

Nous avons surtout apprécié, pour la première fois, au Bénin, l'union sacrée entre des artistes de toutes les catégories : plasticiens, hommes et femmes de théâtre, du cinéma, des musiciens et des chanteurs.

Mon grand regret, c'est l'absence de mes grands frères, Sagbohan Danialou et Tola Koukoui. Mais, je ne désespère pas qu'ils seront avec nous à la 2ème édition, en 2023.

 

Quel bilan pouvez-vous établir de cette manifestation que vous avez préparée de longue date ?

Avant d'en arriver à un bilan, il reste la mise en place des activités génératrices de revenus pour les artistes : les maquis. Nous avons commencé à les créer avec, en premier lieu, celui de Charles Momby le fils du professeur Momby ; il est quasiment fini.

Concernant votre question, nous tirons un bilan positif de cette 1ère édition. Cette Fête de la Culture béninoise a réuni tous les artistes, toutes catégories confondues, et, ceci, pour la 1ère fois, depuis 1960.

J'attire votre attention sur le fait qu'il est difficile à un artiste de sortir 2000 Francs, aujourd'hui, pour assister à un regroupement et, pourtant, nous devrions remercier nos frères artistes qui ont fait l'effort de sortir 10200 Frs, et, qui, au finish, ne sont pas déçus. Tous les artistes en redemandent, y compris ceux qui nous avaient critiqués, au début.

 

La Fcb est-elle une réjouissance de plus, entre artistes béninois ?

Pas du tout ! La Fête de la Culture béninoise n'est pas une réjouissance de plus. Celle-ci en est une qui réunit tous les artistes et qui a une particularité : les maquis que nous allons offrir à certains artistes.

 

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à organiser la Fcb ?

La misère ambiante dans laquelle nous autres, artistes, végétons.


Au cours de votre prise de parole, lors de la Fcb, le 19 février 2022, vous avez déclaré : « Si nous pouvons nous amener, nous-mêmes, à travailler et à commencer à nous assurer socialement, aussi à nourrir nos enfants, c’est déjà assez, que d’attendre toujours […] un transitaire ou […] un douanier, ce que nous appelons vulgairement des parrains … Mettons-nous ensemble ».

Quels sont les problèmes que vous avez donc perçus et que vous pensiez résoudre en organisant la Fcb ?

Le problème que nous voulons résoudre, c’est bien ce que nous sommes en train de faire, aujourd’hui. Quand on a fini d’observer le décès de nos frères qui sont morts, tous, dans une misère sans nom, lequel on peut noter, aujourd’hui, qui a laissé un compte en banque à moitié rempli ? Même le grand Tohon, qui a vu passer dans ses mains plus d’un milliard de francs ! Cela fait mille millions, hein ? Tohon en a gagné de l’argent mais, oui !

Mais, maintenant, lesquels, parmi nos artistes défunts, ont laissé de l’argent, quand on pense à Honoré Avolonto, à Assa Sika, tout récemment, qui était complètement à la déchéance ? Et, il y en a d’autres ! Il y en a d’autres ! Il y en a d’autres qui sont décédés et l’on pensait même qu’ils avaient une maison à Porto-Novo. Mais, ils n’avaient rien … Suivez mon regard …

Nous, nous pensons pouvoir en finir avec cela, pouvoir en finir avec la main toujours tendue de l’artiste. Nous ne voulons plus que nos frères, artistes, continuent de tendre la main. Il faut que cela cesse. Mais, pour que cela cesse, nous devrons nous mettre au travail et avoir un job de substitution, ce que nous allons pouvoir faire pour nourrir nos enfants, notre femme, notre petite famille, et pouvoir être père de famille ou mère de famille. C’est ce que nous voulons faire en cherchant à donner du travail à nos frères, comme ce que font tous les artistes, pas seulement béninois, mais tous les artistes de la diaspora.

Dès qu’ils arrivent en Occident, ils travaillent. Dès qu’ils arrivent en France, ils travaillent. S’ils ne le font pas, qui va les nourrir ? Il n’y a pas de douanier qui leur donnera un franc. Là-bas, s’ils ne gagnent pas de l’argent, c’est fini pour eux. Ils sont tous obligés de travailler.

Moi, particulièrement, j’étais transporteur, comme je l’ai souvent dit ; j’avais cinq camions qui me permettaient de gagner de l’argent à mettre sur les artistes béninois, en termes de production. Donc, il faudrait que nous puissions travailler à côté puisqu’il n’y a plus de vente de Cd, le matériel qui nous faisait gagner de l’argent. S’il n’y a plus de vente de Cd, combien de concerts l’on fait par an ? Et puis, le secteur de la musique n’est pas organisé. S’il l’était, il y aurait des tournées qui permettraient de nous faire vivre. Mais, le secteur n’est pas du tout organisé !

Honnêtement, il y a encore des choses à faire : s’il y a des promoteurs qui se mettaient en place, aidés par le Fonds des Arts et de la culture, avec un cahier de charges, bien élaboré, je pense qu’il y aurait des tournées et, nous pourrions passer de ville en ville. En voilà un problème.

L’autre problème : est-ce que le mélomane béninois consomme le produit du musicien béninois ? C’est difficile, vraiment difficile ! On voit bien ce qui se passe au Mali, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Cameroun ! Les mélomanes de ces pays consomment les produits de leurs artistes, d’abord. En République démocratique du Congo, vous n’allez pas faire venir un disque béninois et arriver à l’y vendre. Ce sera difficile. Les mélomanes de ce pays ne voudront même pas l’écouter. D’abord, ils ne comprennent pas notre langue. Tout cela est bien compliqué pour nous.

Quand nous observons que nos propres Disc jokers (Dj) vont télécharger les nouvelles sorties de Koffi Olomidé sans jamais l’avoir vu ! Ils les téléchargent après les avoir achetées et les jouent sans l’avoir vu. Tu es un artiste béninois, tu apportes ton produit à un Dj pour qu’il le joue ; si tu ne lui donnes pas de l’argent, il ne le fait pas. Il préfère jouer du Congolais ou du ’’coupé-décalé’’.

Le mal est profond.

 

Votre objectif a-t-il été atteint, en organisant la Fcb ?

Oui. Avoir organisé cette fête, sans encombre, et, aujourd'hui, commencer la mise en place des maquis sont une grande satisfaction pour notre Comité d’Organisation.

Avoir déjà pu remplir la salle, connaissant les finances de nos frères, artistes, montre que le Seigneur Shiva était à nos côtés. Notre objectif est atteint.


Pourquoi avoir choisi les maquis comme l’activité dans laquelle doivent s’investir les artistes béninois de la musique pour sortir de la misère ?

On aurait pu choisir une autre activité génératrice de revenus, seulement que cette idée des maquis est la mienne, car j'estime que quelqu'un qui tient un maquis ne pourra pas laisser ses enfants retourner à l'école le ventre vide.

 

Comment se fera le financement des maquis qui seront construits pour les artistes musiciens ? Ceux-ci devraient-ils prévoir une quote-part, pour cela ?

Les maquis seront, dans un premier temps, installés sur fonds provenant de sponsors et de mécènes. Après le démarrage effectif des activités culinaires, la Sobébra (Société béninoise de Boissons, Ndlr) se propose de rééquiper les locaux.

 

Nous avons constaté l’absence du Ministre de la Culture à la Fcb. Pourquoi ne l’avez-vous pas invité ?

Pour la 1ère édition, nous avons préféré n'inviter aucune autorité politique.

 

Pourquoi avoir fait cette option ?

Je souhaiterais répondre à cette question, en tête à tête, avec Monsieur le Président de la République.

 

Prévoyez-vous d’autres éditions de la Fcb ? Si oui, selon quelle périodicité ?

La fête de la Culture béninoise sera organisée tous les ans.

 

En tant qu’acteur et observateur du fonctionnement de l’industrie musicale, que pensez-vous qu’il faudra faire pour le rayonnement, à l’international, d’un rythme fort et authentique de la musique béninoise, comme l’on le voit en Côte d’Ivoire, avec le ’’Coupé-décalé’’, au Sénégal, avec le ’’Mbalax’’, au Nigéria et au Ghana, avec l’ ’’azonto’’, entre autres ?

Voilà. J'observe que nous sommes en train de rater le coche, dans cette affaire. Si j'avais quelques conseils à donner, je demanderais aux autorités de commencer par construire un grand conservatoire et un grand ’’music-hall’’, dans le Sud, et, les mêmes infrastructures culturelles, dans le Nord. Ici, je mets l'accent sur la formation des artistes, ce qui est primordial, pour notre secteur.

Parlant d'un rythme authentique et fort, je l'ai toujours dit : nous n'aurons jamais une place sur l'échiquier mondial tant que nous n'irons pas à l'unisson vers un rythme. Et, le rythme existe déjà puisque, pour moi, Tohon a déjà commencé ce travail. Mais, certains artistes béninois  n'ont pas suivi. Sans un rythme et une danse, pour le Bénin, notre pays sera toujours à la traîne. Tous les pays de grande culture musicale se sont installés à travers le travail à l'unisson de leurs artistes musiciens, comme nous en voyons l’exemple dans l’ex-Zaïre, actuel Congo démocratique, et en  côte d'ivoire.

 

Avez-vous un mot de fin ?

Nous allons entamer la préparation de la 2ème édition de la Fête de la Culture béninoise, saison 2023. Je serai heureux de voir, à cette fête, ceux qui n'ont pas pu se joindre à nous, lors de la 1ère édition.

Vive la culture béninoise !

Propos recueillis par Marcel Kpogodo Gangbè

jeudi 21 mai 2015

Georges Agbazahou en conférence de presse : « Il faut sauver la génération montante »

En prélude au déroulement du Miaba dès ce vendredi 22 mai


L’artiste béninois, Georges Agbazahou, s’est entretenu avec les journalistes culturels, dans la matinée du mercredi 20 mai 2015, à la Bibliothèque Mava, sis Quartier Fidjrossè de Cotonou. C’était le cadre d’une conférence de presse qui lui a permis d’annoncer la prochaine tenue du Marché international des arts du Bénin et d’Afrique (Miaba). Ainsi, il a marqué son engagement à accompagner, par des formations, la nouvelle génération des artistes béninois.

De gauche à droite, Gisèle Ash, Georges Agbazahou et Gabin Ayohouannon, au cours de la conférence de presse
« Nous, on s’est laissés avoir, mais on ne va pas vous laisser ». C’est la promesse ferme lancée par Georges Agbazahou, le très polyvalent artiste béninois vivant et travaillant en Finlande, à l’endroit des jeunes Béninois se battant pour se frayer un chemin dans l’univers des arts et de la culture. L’occasion que cette personnalité a choisie pour faire connaître cet engagement est la conférence de presse qu’elle a tenue à la Bibliothèque Mava de Fidjrossè, le mercredi 20 mai 2015. Pour cet artiste qui est à la fois musicien, percussionniste, danseur, chorégraphe, metteur en scène, marionnettiste et pratiquant du tissu batik, il est nécessaire d’ « outiller les jeunes en des connaissances artistiques détenues par leurs aînés artistes », et de les aider à ne pas vivre les mêmes problèmes qu’eux ont vécus lorsqu’ils avaient leur âge.
Et, le contexte tout tracé pour réaliser cette vision d’assistance technique à la génération montante des artistes béninois est le Marché international des arts du Bénin et d’Afrique (Miaba), en cours depuis l’année 2010. Dans sa 5ème édition, en cette année 2015, cet événement se tiendra du 22 au 28 mai prochains à Grand-Popo, dans le cadre de la commémoration du 94ème anniversaire de la Fête ’’Nonvitcha’’, connue pour avoir lieu annuellement dans cette ville du Bénin.    
A en croire Georges Agbazahou, en préparation du Miaba et, conformément à l’option chère à lui de transmission de connaissances artistiques et de renforcement des capacités des jeunes, aspirant ou non à évoluer dans les arts et la culture, un atelier de formation en teinture s’est déroulé, du 13 au 16 mai 2015, à Natitingou, en faveur d’une vingtaine de stagiaires scolaires ; il s’agissait pour eux d’être initiés au travail sur le batik, en particulier, et sur les tissus africains, en général, afin de réaliser toute catégorie de décoration sur des vêtements et des tissus, notamment. Ces apprenants, selon le conférencier, provenaient des Collèges d’enseignement général (Ceg) 1 et 2, du Collège Saint Augustin et du Village d’enfants Sos de la ville de Natitingou. 
L’artiste plasticien, Gabin Ayohouannon, présent aux côtés de Georges Agbazahou, au cours de la conférence de presse, a annoncé avoir assuré cette formation. C'est une intervention qui a laissé place à celle du marionnettiste Loetamini Toussaint Adjonohoun, qui s’est chargé d’édifier les mêmes jeunes apprenants de Natitingou dans son domaine de spécialité. De son côté, l’artiste bien connue de la musique béninoise, Gisèle Ash, qu’on n’a plus sentie, ces dernières années, était de la séance d’échanges avec les professionnels des médias, manifestant sa présence dans le système ''Georges Agbazahou'', depuis 2006, aux premières heures de la création du Festival international de marionnettes, contes et humour  (Festimach), une biennale qui se tenait à Grand-Popo ; elle sera donc aussi de la fête du Miaba.



Le Miaba 2015, une riche programmation

Comme l’a souligné Georges Agbazahou, dans une partie de son intervention devant les journalistes, le Marché international des arts du Bénin et d’Afrique (Miaba), dans sa version 2015, vise à soutenir la Fête ’’Nonvitcha’’ et à égayer Grand-Popo. Ce double objectif trouve sa réalisation dans un programme dense des activités, s’étendant sur sept jours, et embarquant plusieurs domaines des arts et de la culture. Ainsi, dès ce vendredi 22 mai, dans la ville ci-dessus évoquée, se déroulera une animation du Village du Miaba, un espace prévu pour être officiellement inauguré le dimanche 24, ce à quoi succèderont la visite des stands des artisans et des artistes, la remise officielle des attestations de formation aux stagiaires de Natitingou et, notamment, un méga-concert qui verront défiler des artistes musiciens de plusieurs nationalités : des Burkinabè, des Maliens, des Guinéens, des Maliens, attendus sur des airs de blues mandingue, des Béninois en un nombre très élevé avec, notamment, Tohon Stan, et même des Finlandais. Et, du lundi 25 au jeudi 28 mai, le Village du Miaba connaîtra une animation perpétuelle, des ateliers de formation et une exposition, cette dernière activité exigeant la présence d’artistes plasticiens dont plusieurs sont annoncés pour être de la fête : Prudencio Agbodandé, Elaine Aïsso, entre autres.



Du parrainage du Miaba

Pour Georges Agbazahou, le Miaba 2015 se déroule sous le parrainage d’un homme d’affaires béninois résidant en Afrique du Sud : Ladislas Prosper Agbessi. Ce politique, qu’il a annoncé comme un aspirant à la conquête de la magistrature suprême béninoise, pour les élections présidentielles de février et mars 2016, participera donc aux activités phare du Miaba à Grand-Popo. « Il faut une volonté politique pour accompagner la culture », affirmera-t-il pour justifier son attelage à cette personnalité.


Marcel Kpogodo 

jeudi 23 janvier 2014

Concert live d'Ignace Don Métok à l'Institut français de Cotonou

Une ferveur inédite du public consacrant la popularité de l'artiste chez les Béninois

Le samedi 18 janvier 2014 a été bien particulier au Théâtre de verdure de l'Institut français de Cotonou, ayant connu la prestation scénique du jeune artiste de la chanson béninoise, Ignace Don Métok. Au-delà d'un public massif ayant fait le déplacement, le comportement de véritables mélomanes témoignait de l'amour particulier que Don Métok a su cultiver en eux, par son talent exceptionnel.

Ignace Don Métok, de sa voix vigoureuse ...
De mémoire de concert au Théâtre de verdure de l'Institut français de Cotonou, quel artiste confirmé de la musique béninoise a jamais été accueilli sur scène par une ferveur aussi profonde de la part d'un public aussi passionné et acquis à sa cause artistique, si ce n'est que pour les baobabs de la musique béninoise, comme les Sagbohan Danialou, les Nel Oliver, les Tohon Stan, les Poly-Rythmo, notamment, dont le répertoire musical a fait le tour des niveaux de générations comme les grands-parents, les parents, les enfants et les petits-fils? 
Un jeune dont la carrière vient à peine de commencer, si l'on le compare à ces mammouths, a bénéficié de l'adhésion totale du public à sa personne, à sa musique, à sa voix, à son rythme musical de style tradi-moderne, à sa manière de danser, à l'exposition et au dénouement de ses morceaux, aux paroles qu'en chœur, les spectateurs reprenaient, complétaient, anticipaient, chantaient intensément, ce qui montrait un artiste complètement inculturé et authentique chez qui les Béninois retrouvaient les repères de leur culture originelle ; c'était une véritable réussite ! 


Dans l'intimité d'un succès implacable

D'une entrée humble sur scène, tout de blanc vêtu et, le chef aussi blanchement et complètement couvert d'un chapeau sans bords, à une sortie tout aussi simple, pour laquelle les spectateurs, scotchés à leur siège, ont failli verser des larmes, Ignace Don Métok a véritablement tenu en haleine et en laisse les mélomanes ayant fait le déplacement du Théâtre de verdure de l'Institut français de Cotonou, ce samedi 18 janvier 2014. 
Tout transpirant et manifestant une endurance de 90 minutes, sans pause, il a égrené un chapelet de chansons à succès, balayant tous les albums produits, jusqu'à "Hongan", celui lancé le 17 juin 2013, au Bénin Marina Hôtel de Cotonou : "Juste le meilleur", "Zogodo", "Ho nougbo", "Hokpo" + "Gnonnou", "Wake up", "Destin", "Hongan", "Dougbè" + "Gnonnou gankpo", "Roméo et Juliette", "Jhonnicus", "Atilito" et "Prière". 
14 réalisations, en acoustique et en live, si l'on doit ajouter le morceau introductif, pour lesquelles Don Métok a fait preuve d'un total don de soi, sur les plans vocal, rythmique et physique. De même, ses quatre danseurs, d'une part, qui, d'une manière intermittente bien calculée, apparaissaient sur scène pour faire vivre, de leurs pas et leurs jeux bien rythmés des bras et des jambes, de l'expression fortement souriante et enthousiaste de leur visage et de leur complicité avec la rythmique effervescente de l'orchestre en action. D'autre part, ses deux charmantes choristes, qui ont fait la scène, de bout en bout, ont régalé les regards par leurs sublimes déhanchements et, les oreilles, par leur accompagnement vocal, en symbiose avec l'atmosphère rythmique.       

La partition active d'un public comblé ....
Finalement, l'impression que donnait le public du Théâtre de verdure de l'Institut français de Cotonou, en cette soirée chaude du 18 janvier, est qu'il en avait eu pour plus que son argent, face à un chanteur, à la voix ferme, virile, au meilleur de sa forme, à un orchestre acquis à des morceaux dont la maîtrise allait de soi, face à un ensemble musical qui faisait jubiler les corps, les esprits, les sens, face à des rythmes traditionnels ressourcés par un accompagnement instrumental moderne, face à des chansons dont la quasi-totalité prenait l'envergure de tubes à succès, vu leur maîtrise des paroles, de la part des mélomanes, face à cette ultime communion entre Don Métok et les spectateurs qui se sont révélé de profonds admirateurs, des fans inconditionnels, face à des billets de banque qui, de manière incessante, pleuvaient sur le visage du chanteur, adulé, d'une manière irrépressible. 

Don Métok, rendant hommage à Gogoyi Prosper Akouègnon, son Producteur ...
Ainsi, une seule conclusion s'imposait, à la fin du concert, dans les alentours de 22h35 : le Savalois Ignace Sourou Métokin, du vrai nom
de l'artiste, se constitue en une icône de la musique béninoise, une figure forte qui, dans une humilité pragmatique, un sens de tolérance sans pareil et une ouverture culturelle d'esprit, prend racine, de manière durable, dans la richesse des rythmes locaux, tout en les valorisant par les agencements modernes, avec des paroles véhiculant des thèmes aussi simples traduisant la sensibilité sociale quotidienne de ses compatriotes!  Pour une tête froide qu'il devrait se battre pour garder, tout au long de ce processus de succès, nous ne serions qu'au "début du commencement" d'une réussite artistique programmée pour arpenter la sous-région, le reste de l'Afrique et le monde.

Marcel Kpogodo