Sous la grande paillote de l'Institut français de Cotonou
A quelques heures du jeu, sous la grande paillote de l'Institut français de Cotonou, ce vendredi 30 mai, à 20h30, de la pièce de théâtre, "Danxomè-xo", Patrice Tonakpon Toton, qui en est l'auteur et le metteur en scène, se prononce sur la quintessence de cette œuvre, tout en justifiant la nécessité pour le public de faire un déplacement massif en cette soirée du vendredi 30 mai.
Patrice Tonakpon Toton |
Stars du Bénin :
Patrice Toton, tu es l’auteur et metteur en scène de la pièce de théâtre, ’’Danxomè-xo’’,
qui sera jouée ce vendredi 30 mai, à l’Institut français de Cotonou. Après la
dernière répétition avec les comédiens, quel appel as-tu à lancer au public
béninois ?
Patrice Tonakpon Toton :
J’invite tout le peuple béninois, hommes comme femmes, étudiants et élèves,
tout le monde, j’invite tout le monde, j’invite le public, à venir nombreux,
pour voir ce spectacle, ’’Danxomè-xo’’, qui est le spectacle de tout le monde.
A partir de cet instant, ce n’est plus mon spectacle, c’est le spectacle de
tout le monde.
Nous, on a fait un
travail et, on l’a fait pour le peuple béninois, on l’a fait pour le monde
entier, pour que ceux qui sont ici et qui n’ont pas eu la possibilité ou qui n’ont
pas l’occasion de traverser, de voyager à travers l’histoire, de la remonter,
depuis les origines jusqu’à nos jours, de vivre, en une heure dix minutes (1h10mn),
les guerres de conquête du royaume du Danxomè, les rapports qu’entretenaient
les royaumes du Bénin, les rapports entre le royaume du Danxomè et les royaumes
du Nord, les rapports entre le royaume du Danxomè et les royaumes du Sud, ceux
de Porto-Novo, d’Allada, de Savi, des Sahouè, à travers les différentes guerres
de conquête. Ceux qui n’ont pas eu l’occasion donc de vivre ça en peu de temps,
je les invite à venir voir ce spectacle et à venir voir comment on peut
raconter plusieurs siècles d’histoire en une heure dix minutes, tout en
parcourant, de manière cohérente, l’essentiel, c’est-à-dire, la période pré-coloniale,
à travers le royaume du Danxomè et les guerres de conquête et l’esclavage, la
période coloniale, - qui sont deux époques douloureuses pour le Bénin – et puis,
après, la période communiste, donc, le marxisme-léninisme, et, la période
démocratique, donc, la période contemporaine. Tout cela a été raconté, joué,
sur fond de musiques et de chants traditionnels, de chants béninois, sur fond d’incantations,
sur fond de poésie aussi et, par de charmants conteurs, par un
percussionniste-chanteur talentueux.
Une des séquences fortes de la répétition du jeudi 29 mai, sous la grande paillote de l'Institut français de Cotonou |
Je demande à tout le
monde de venir apprécier ce texte, d’apporter sa pierre à l’édifice, parce que,
ce pour quoi nous faisons ce spectacle, ce n’est pas seulement pour plaire au
public, c’est pour amener les gens à réfléchir … Ce n’est pas une sorte de
pacotille, ce n’est pas un spectacle créé pour gagner de l’argent, c’est pour
susciter un débat de société, c’est pour inviter les gens à réfléchir sur l’histoire
qu’on enseigne à nos enfants, c’est pour amener les gens à se poser la même
question que nous : « Qu’est-ce que nous savons de notre histoire ?
Qu’est-ce qui s’est réellement passé et, où allons-nous ? Ceux qui vont
venir après nous, des décennies et des siècles après nous, qu’est-ce qu’ils
vont avoir en héritage ? Quel patrimoine laisserons-nous à nos enfants et
aux générations à venir ? »
C’est maintenant qu’il
faut susciter cette réflexion-là, c’est maintenant qu’il faut provoquer ces
débats, pour que demain soit meilleur à ceux qui vont nous succéder, à notre
descendance. C’est pour ça que je pense que, d’une manière ou d’une autre, tout
le monde est interpellé, ce n’est pas seulement pour le plaisir de venir au
spectacle, mais c’est une mission et, cette mission, je me demande s’il faut l’honorer
ou la trahir, cette mission qui consiste à réinventer notre histoire, à la
réinventer, à notre manière, de notre point de vue, afin que nos enfants et les
générations à venir en soient fière.
C’est de ça qu’il s’agit ;
c’est pour ça que je demande à tout le monde de venir soutenir ce spectacle, ce
n’est plus soutenir Patrice Toton, ce n’est pas soutenir l’Association ’’Katoulati’’,
mais c’est soutenir une cause commune, une cause nationale, c’est une cause
noble, parce qu’on dit souvent que celui qui ne connaît pas son passé est comme
un enfant ; on dit que tout le peuple qui n’a pas d’histoire est un peuple
sans vie.
Propos recueillis par
Marcel Kpogodo