La paillote de l’Institut français du Bénin, ce samedi 14 septembre 2013, a
accueilli un public ayant effectué un déplacement massif pour suivre ’’Mathilde’’, la représentation
théâtrale du weekend. Les nombreux spectateurs ont pu constater que les acteurs principaux de la pièce, Guy-Ernest Kaho et Sophie Mêtinhoué, ont été impressionnants.
Mise en scène par Isidore Dokpa, ’’Mathilde’’ relève d’une pièce de théâtre
écrite par la dramaturge française, Véronique Olmi. Ont évolué sur la scène de
la Paillote de l’Institut français du Bénin, ce samedi 14 septembre, Guy-Ernest
Kaho, dans le rôle de Pierre, mari, médecin-cancérologue, et Sophie Mêtinhoué,
Mathilde sur scène, écrivain et épouse du précédent.
Après avoir purgé trois mois de prison pour détournement de mineur, elle se
retrouve au domicile de son époux où celui-ci a soigneusement rangé, par
catégorie, ses affaires dans des cartons ostensiblement présentés. La réussite
du jeu de chacun de ces deux acteurs béninois bien connus est perceptible,
d’une part, à travers la capacité de Guy-Ernest Kaho à incarner ce mari qui,
bien qu’encore marqué par l’adultère de sa femme, ressent et exprime un fond
d’amour pour elle, une expression ambiguë qu’il a su faire contraster avec une
curiosité maladive sur les circonstances des relations intimes entre Mathilde
et son jeune amant de 14 ans. Le triple humour de mots, de gestes et de
caractère qu’il déploie, dans un naturel du personnage, un naturel mené dans
une aisance remarquable, appuyée par une diction et une gestuelle acérées,
montre que cet acteur s’est enrichi, au fil des années, d’une expérience dont
la solidité en impose.
D’autre part, Sophie Mêtinhoué a ému le spectateur par son adresse dans l’expression
remuante et volcanique, vu sa gestuelle multidimensionnelle, du ressenti du
plaisir sexuel, des phases d’un orgasme dont les moindres méandres se
distribuaient en elle sous l’action d’un amant adolescent qu’elle a su rendre
présent et dont elle a suggéré que la vigueur physique et sexuelle ne faisait
aucun doute ; cette actrice a pu investir et rentabiliser l’espace, dans
ses tous compartiments visibles, tout en jouant ardemment de sa personne pour
faire envier son statut d’amante sexuellement comblée.
Dans la sincérité de son jeu de scène, cette Sophie Mêtinhoué n’avait plus
aucune commune mesure avec celle de la pièce, ’’Le dernier pas’’, pièce de
Moussa Konaté, jouée le 25 mars 2008, à l’ex-Centre culturel français de
Cotonou, lors de la neuvième édition du Festival international de théâtre du
Bénin (Fitheb). Elle y avait incarné le rôle de Safou, toujours avec Ernest
Kaho, jouant Seiba, son conjoint ; elle y manquait d’une assurance qu’elle
a énergiquement exploitée, ce samedi 14 septembre, démontrant une maturité
artistique dont l’avenir pourra décider du développement, surtout si elle se
trouve à jouer dans une autre pièce, sans Ernest Kaho, et mise en scène par une
personne autre qu’Isidore Dokpa.
Marcel Kpogodo