Dans le cadre de l'exposition collective, "[In]visibles : Femmes souveraines"
L'exposition collective intitulée "[In]visibles : Femmes souveraines" laisse contempler, depuis le vendredi 5 mars 2021, les œuvres de cinq artistes visuels que sont Sophie Négrier, Sènami Donoumassou, Moufouli Bello, Joannès Mawuna et Ishola Akpo. Les oeuvres qu'ils présentent forcent l'admiration et édifient, faisant se surprendre de l'érotisante projection grandeur nature de tétons féminins, de l'installation d'une récade de reine, de produits de beauté et de maroquinerie féminines de luxe, de l'imposition d'un portrait de l'unique femme reine du royaume du Danhomè, Tassi Hangbé, de la matérialisation photographique de la robustesse de la femme dans l'exécution de métiers masculins et, enfin, de l'érection de postures imposantes de celle-ci. Si la particularité de l'exposition indiquée reste d'avoir réuni des réalisations artistiques ayant été vues dans le cadre d'expositions passées, Ishola Akpo en est le commissaire et ses photos méritent une attention particulière, étant donné la posture qu'elles campent de femmes mûres déployant un charisme frappant de reines.
Un aperçu de la série, "Agbara women"
Une couronne, de la prestance, de la présence et une autre marque extérieure de pouvoir. Ce qui caractérise les quatre portraits de femmes que présente, sous le titre d' "Agbara women", depuis le 5 mars 2021, à la galerie "Joseph Kpobly" de l'Institut français de Cotonou, l'artiste photographe béninois, Ishola Akpo, dans le cadre de l'exposition collective, "[In]visibles : Femmes souveraines".
Si le mot "agbara" émanant de la langue igbo du Nigeria signifie "femme puissante d'âge mûre", cela ne surprend nullement que les portraits qu'Ishola Akpo donne à voir au public intéressent par le fait qu'ils soient ceux respectifs de femmes appartenant à la classe du pouvoir, qu'il soit politique, militaire ou spirituelle. Une façon, apparemment, pour l'artiste d'identifier et d'immortaliser de la femme une potentialité non communément vue de pratiquer la décision engageant le devenir d'une communauté, d'un peuple ou d'un pays. Avec lui, c'en est fini des clichés de la femme africaine réduite, socialement, à rester le bastion de la tradition, la procréatrice par excellence, l'être des durs travaux champêtres, des tâches ménagères, de la prise en charge éducative des enfants ou la proie de fléaux comme l'excision ou le mariage forcé.
Elles arpentent alors les couloirs du pouvoir, même le plus suprême, surtout, d'ailleurs, que, pour Ishola Akpo, il a existé des reines, en Afrique, qui, en dépit de leur passage à la tête de royaumes redoutables à une certaine époque, n'ont pas marqué la mémoire de leurs peuples respectifs, avec tout l'effort qu'un système patriarcal têtu et jaloux a réussi à mener pour les extraire de cette mémoire collective. Il se souvient, en l'occurrence, de Tassi Hangbé, au Danhomè, et de Nzinga, en Angola.
Et, ce qui reste fondamentalement frappant et qui vaut la visite massive du public est la contemplation directe et concrète de la magie, du miracle qu'il a pu opérer sur des femmes ordinaires de notre époque, qu'il a réussi à métamorphoser, le temps d'une pose de photo, en des souveraines, en des êtres puissants armés de l'influence et de la force de la décision publique. A cet effet, il faudra scruter le moindre trait, les caractéristiques d'une couronne, d'une arme ou d'un objet religieux significatif, de même que le caractère unique d'un vêtement voulu de classe.
De gauche à droite, Coline-Lee Toumson-Vénite, Directrice de l'Institut français de Cotonou, son mari et Ishola Akpo, à la soirée du vernissage de l'exposition collective |
Par conséquent, pour les amateurs ou non d'arts visuels, qui n'ont pas encore vu les œuvres photographiques d'Ishola Akpo de la série d' "Agbara women", ils disposent jusqu'au 19 avril 2021 afin d'aller se faire une idêe, à leur manière, de la stratégie technique qu'a pu appliquer l'artiste pour composer ces postures réconfortantes pour l'Afrique, celles de femmes dont l'Afrique pourra, à coup sûr, rêver, dans un certain avenir, pour prendre des commandes peut-être plus satisfaisantes de la gestion des pays africains.
Marcel Kpogodo Gangbè
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