Ils réalisent l'exposition ’’Hwenuxo’’
au ’’Centre’’ de Lobozounkpa
Le vernissage de
l’exposition ’’Hwenuxo’’ s’est déroulé le jeudi 13 novembre 2014, en début de
soirée, au complexe culturel dénommé ’’Le Centre’’, situé à Lobozounkpa, dans
la Commune d’Abomey-Calavi. La manifestation a permis de faire découvrir au
public des œuvres, créées sur place, des deux artistes exposants, Rafiy
Okéfolahan et Charly Djikou, chez qui il ne fait l’ombre d’aucun doute de
l’existence d’un talent leur réservant une carrière explosive.
Rafiy Okéfolahan, à gauche, et Charly Djikou, à droite |
Les grandes allées du
’’Centre’’ balisées par des lanternes allumées, de quoi orienter les visiteurs.
Ce contexte chaleureux a permis à un grand nombre de personnes, parmi
lesquelles des artistes, des connaisseurs de l’art plastique, des journalistes
et des curieux, de participer au vernissage de l’exposition ’’Hwenuxo’’, le
jeudi 13 novembre dernier, à Lobozounkpa, le quartier de la Commune
d’Abomey-Calavi où se situe ’’Le Centre’’.
Prévue pour durer deux
mois, cette exposition est le résultat de 30 jours de travail, à travers une
résidence de création, de la part de Rafiy Okéfolahan, artiste plasticien, et
de Carly Djikou, sculpteur spécialisé dans la pierre. Ceux-ci semblent ne pas
avoir ménagé leurs efforts, ce qui a laissé à la dégustation visuelle des
visiteurs, du côté de chacun des artistes, un peu moins d’une vingtaine
d’œuvres.
Selon le premier,
’’Hwenuxo’’ signifie ’’événement’’, l’histoire vécue avec le lieu de la
résidence de création. Et, justement, celle qu’il a choisie de narrer par ses
tableaux, réalisés au moyen de l’acrylique sur toile, est celle, tragique et
préoccupante, de ce qu’il a nommé « Les kamikazes urbains » qui ne
sont personne d’autre que les transporteurs d’essence frelatée, de même que
ceux qui en assurent la vente, au bord des routes du Bénin. Un regard profond,
d’un tableau à l’autre, au travers des couleurs vives et rayonnantes, laisse
percevoir la silhouette de ces déshérités qui, fortement, croient qu’ils n’ont
pas d’autre choix, pour vivre, que de mener cette activité dangereuse. Et, pour
appuyer cette action de réprobation de cette vision fataliste qu’il réprouve, Rafiy
Okéfolahan, d’une part, a émis une installation suggestive, ’’Waba oil
building’’, faite d’un pilier vertical construit à partir de bidons et de
bouteilles en plastique, comme pour symboliser le matériel de travail de ces
’’kamikazes’’ ; ce pilier héberge, presqu’en son centre, une vidéo, profondément
alarmante, déroulant le film macabre de la tuerie orchestrée, en série, par la
manipulation approximative, peu précautionneuse, périlleuse et maladroite du
produit inflammable qu’est l’essence, par des personnes qui, en réalité, ne
sont pas techniquement préparées à cela. D’autre part, il a fait réaliser un
graffiti sur l’un des murs latéraux de clôture du ’’Centre’’ : un
conducteur de taxi-moto, encombré de bidons d’essence, attachés à son
porte-bagages. Cet acte d’insistance artistique témoigne de la forte préoccupation
par l’artiste pour cette question de l’écoulement de l’essence frelatée.
Par ailleurs, la
convergence des inspirations a laissé les deux artistes exposants combler le
public d’une œuvre collective : ’’Bobo’’.
Charly Djikou, lui, matérialise
plus de vingt ans d’expérience, dans son domaine de la sculpture sur pierre,
par une série de sculptures réparties dans les salles d’exposition du
’’Centre’’ ; elles sont, soit en granite, soit en marbre. A travers elles,
lui qui porte comme fait d’arme essentiel d’avoir réalisé la statue de
Toussaint Louverture à Allada, il choisit, en guise de ’’Hwenuxo’’, de relater
le quotidien de la vie de l’homme, d’où des titres assez indicatifs :
’’J’observe’’, ’’Les trois amis’’, ’’Les larmes de la pierre noire’’, ’’Le couple’’,
’’La grande gueule’’, ’’Akowé’’, ’’Sêdjinnasso’’, notamment. A en croire les
propos de cet autodidacte persévérant, ces fruit si délicieux pour le regard et
l’esprit résultent de l’exploitation de la pierre en provenance de plusieurs
localités du Bénin : Abomey, Dan, Dassa, Lokossa, ce qui n’est guère
facile, surtout qu’il lui faut se protéger, lors de son travail sur ce
matériau, contre les tessons, les morceaux de pierre pouvant percer la peau,
contre la poussière, entre autres, de même qu’il doit se vêtir particulièrement
en portant un protecteur d’oreilles, un cache-nez, des gants, une chemise de
manche longue, et qu’il doit s’armer de burin, de marteau, de meule électrique,
notamment.
Les artistes Charly Djikou et Rafiy Okéfolahan, échangeant avec leurs visiteurs du Complexe scolaire "La plénitude" |
Il faudrait donc
s’intéresser davantage à Rafiy Okéfolahan et à Charly Djikou, ces deux artistes
d’une démarche et d’une inspiration avérées, dont les autorités d’un complexe
scolaire de la place, dénommé ’’La plénitude’’, se sont déplacées pour voir les
œuvres si remarquables, un fait de certitude que, sous peu, une certaine jeune
pousse ne manquera pas d’emboîter à ces deux génies d’artistes, peu considérés
au Bénin.
Marcel Kpogodo
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