Exposition au Centre Culturel Français de Cotonou
Benjamin Déguénon frappe fort
Depuis le 12 juin 2009, l’Espace Kpobly du Centre Culturel Français de Cotonou abrite l’Exposition ’’Nudowa Yoyo’’. Les férus d’arts plastiques ont jusqu’au 18 septembre pour découvrir l’expression du talent des artistes Marius Dansou, Benjamin Déguénon, Kajéro, Rafiy Okefolahan et Totché.
Sortent du registre classique des tableaux d’art, Benjamin Déguénon et Totché. Si le second particularise sa touche par une œuvre à découvrir purement par la vidéo, Un voyage dans l’au-delà, en huit stations, le second impressionne par une installation d’une situation tant controversée mais qui appartient inexorablement au vécu des Béninois et d’un nombre non négligeable de ressortissants d’autres nationalités africaines : la vindicte populaire. C’est une fresque de l’auto-justice qui manifeste la difficulté des polices africaines à circonscrire la criminalité dans ses différents degrés.
Benjamin Déguénon a le mérite, à travers cette installation, de restituer l’univers macabre de la brûlure des voleurs de tous acabits, arrêtés par la population assoiffée de vengeance et passés au feu vif, par un pneu qu’on leur enroule autour du corps et à de l’essence qu’on leur verse sur la peau.
Cette installation, intitulée Les 125, fait croire, par le titre, qu’il ne coûte rien de tuer un voleur pris par la population à Cotonou : 100 francs pour le litre d’essence, 25 pour la boîte d’allumettes.
Les propos qu’il livre au public pour expliquer son immersion dans le macabre et l’insoutenable sont simples : « J’ai choisi ces supports pour leur endurance, pour mettre à l’épreuve mon endurance, parce que je lutte avec cette matière, elle me résiste, je me forge à son contact, elle me transforme autant que je la transforme, elle me rend les coups que je lui assène, je sue, je crie, mais je sais qu’elle supportera le soleil, qu’elle ne va pas craindre la pluie, qu’elle transmettra ma joie et ma souffrance, mes dires, qu’elle résistera à l’épreuve du temps. »
Quand Benjamin Déguénon parle de « supports », il s’agit de sachets noirs en plastique brûlés et fondus, articulés et entortillés sur des torsades de fer.
Voilà une matière, en réalité ordinaire à Cotonou, pour immortaliser une réalité qui lui sert à s’exorciser du cynique placé à son degré le plus insoutenable, et à extérioriser ses peines de plasticien confronté à la résistance et à l’efficacité du sachet en plastique, d’une utilisation très populaire à Cotonou.
Marcel Kpogodo
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