jeudi 27 juillet 2017

’’Gan xô’’, l’album qui magnifie Dieu

Dans le cadre de la sortie discographique réalisée par Gbêwêdô

L’après-midi pluvieux du dimanche 23 juillet 2017 n’a pas empêché le lancement de l’album, ’’Gan xô’’. L’événement s’est produit au ’’Temple de Grâce’’ de Sainte Rita, lié à l’Eglise des Assemblées de Dieu du Bénin, à l’initiative de Gbêwêdô, l’auteur de ce nouveau disque.

Gbêwêdô, en prestation scénique, au cours de la cérémonie de lancement
8 titres dont ’’Mido hessin’’, ’’Agban nan kpin mian’’, ’’Lèko’’, ’’Paul kouè’’, portant la touche de l’arrangement de l’artiste Eric Thomson, des morceaux chantés dans des langues nationales du sud-Bénin, sous le prisme de rythmes traditionnels tels que l’agbadja, l’akonhoun, l’agbotchébou, notamment, pour des thèmes de sensibilisation à la glorification de Dieu. La substance de l’album ’’Gan xô’’, qui a été lancé le dimanche 23 juillet 2017, à l’Eglise des Assemblées de Dieu du Bénin, au ’’Temple de Grâce’’ du quartier Sainte Rita, à Cotonou. La manifestation, placée sous le parrainage de Victorine Akissou, s’est déroulée à l’initiative d’une artiste qui fait ses premiers pas dans l’univers de la musique traditionnelle religieuse : Gbêwêdô, de son nom à l’état civil, Séverine Ahéhéhinnou.
Plusieurs invités ont fait le déplacement de l’événement, apportant, individuellement, pour la plupart d’entre eux, un soutien financier à l’élue de cette fin d’après-midi du dimanche 23 juillet, à travers une vente à l’américaine. De même, plusieurs chorales et l’artiste de gospel reconnu, Appolinaire Soglo, ont agrémenté de leurs prestations scéniques la cérémonie de lancement. Désormais, Gbêwêdô doit relever un défi de taille : faire reconnaître sa spécificité artistique.



Marcel Kpogodo

Le 20 août 2017, rendez-vous inévitable pour le Festival ’’Hanlissa’’

Dans le cadre de la tenue de sa 8ème édition


L’espace ’’Dako Donou’’, situé à Godomey, a abrité une rencontre capitale. Elle a permis la mobilisation massive des amoureux de l’émission télévisuelle à succès, ’’Hanlissa’’. Objectif déjà atteint, selon eux : la tenue de la 8ème édition du Festival ’’Hanlissa’’, le 20 août prochain, à Cotonou.

Aubin Akpohounkè, au cours d'une édition passée du Festival ''Hanlissa''
Le 20 août 2017, au Palais des Sports du Stade de l’Amitié Général Mathieu Kérékou de Cotonou ! La date et le lieu réaffirmés de la tenue de la 8ème édition du Festival ’’Hanlissa’’, au cours de la grande réunion de nombreux amoureux de l’émission du même nom, le dimanche 9 juillet 2017, au siège de la structure culturelle, ’’Hanlissa productions’’, située à Godomey-Togoudo.
Le fait ayant rendu ferme et farouche la détermination de ces inconditionnels de leur émission préférée face à la concrétisation du Festival reste que l’émission ’’Hanlissa’’, depuis quelques temps, n’est plus diffusée sur les ondes de la Chaîne de télévision, ’’Canal 3’’. Selon eux, cela devrait être un signe avant-coureur de la mort de l’événement annuel, ce qu’ils se sont montrés très loin d’accepter. C’est ainsi que les nombreux téléspectateurs de l’émission ’’Hanlissa’’ et, par conséquent, accros de la manifestation culturelle des vacances, ont décidé de s’impliquer personnellement dans la tenue et la réussite du Festival ’’Hanlissa’’ 2017.
Premier acte pragmatique, donc, qu’ils se sont recommandés : renouer le contact avec les plus de deux cents membres du Fan-club ’’Hanlissa’’ avec, comme mission claire assignée à cette structure, porter le plus loin possible l’information sur le déroulement du Festival ’’Hanlissa’’, le 20 août prochain. Quant au deuxième engagement validé, il s’agit de boucler le budget de la tenue de l’événement. Et, pour s’assurer de l’atteinte de sa mission par le Fan-club de l’émission ’’Hanlissa’’, un organe particulier a été mis en place : le Conseil des Sages, constitué de 9 membres. Il faudrait ne pas perdre de vue que le Festival verra s’animer une partie off qu’animeront pas moins de six artistes en herbe, membres aussi du Fan-club ’’Hanlissa’’. Profondément satisfait de toutes ces dispositions présentant les signes annonciateurs de la tenue du Festival ’’Hanlissa’’, son promoteur, Aubin Akpohounkè n’a pu que convier ses hôtes à un déjeûner.


Marcel Kpogodo


Quelques membres du Conseil des Sages du Fan-club ’’Hanlissa’’

1- Pierre Mahoulinkponto
2-Papa Yèhoué
3-Mathias Azinma
4-Wilfried Agoli-Agbo
5-Minmingnonnou Houanyissi
7- Marcel Aho
8-Georges Sèwé

Artistes retenus pour la partie off du Festival

1-Sèmèvo
2-Allognon
3-Sègon Ayikpo
4-Princesse Dohoué
5-Gbènonvi

6-Ardos

M.K.

dimanche 23 juillet 2017

« Non à la martyrisation des journalistes culturels!», exige ''Le Noyau Critique''

Dans le cadre de la Session Extraordinaire de son Bureau Directeur

Le vendredi 21 juillet 2017 s'est achevée la Session Extraordinaire du ''Noyau Critique'', Association de Journalistes Culturels et de Critiques d'Art pour le Développement. Débutée le jeudi 20 juillet, cette réunion avait, comme unique question, à l'ordre du jour, la situation déplorable créée à la corporation des journalistes culturels béninois par la participation des artistes du Bénin aux 8èmes Jeux de la Francophonie, du 21 au 31 juillet 2017, en Côte d'Ivoire. A l'issue de sa Session Extraordinaire, le Bureau Directeur du ''Noyau Critique'' a rendu public un Communiqué de presse. 





Communiqué de presse


Non à la martyrisation des journalistes culturels !


Le Bureau Directeur du ’’Noyau Critique’’ s’est réuni en une Session Extraordinaire, à Cotonou, du 20 au 21 juillet 2017, pour se prononcer sur la situation, à triple niveau, générée par la participation des artistes de notre pays, le Bénin, aux 8èmes Jeux de la Francophonie, du 21 au 30 juillet 2017.

Le premier niveau du scandale a consisté, pour le Secrétariat Général à la Présidence de la République, à écarter, délibérément, pour des  « raisons budgétaires », trois artistes parmi les huit, officiellement et rigoureusement sélectionnés par la Francophonie, pour participer à une compétition planétaire. Il s’agit d’un comportement profondément délétère, pour l’univers des Arts et de la Culture du Bénin, qui, par la suite, a généré l’affaire ’’Mireille Gandébagni’’, du nom de l’une des artistes écartés.

Cette situation interpelle l’ensemble des artistes et des acteurs culturels du Bénin, dont bon nombre sont souvent victimes de ce genre de machination, et qui communiquent rarement là-dessus, de peur de représailles ultérieures. Dans le cas du scandale largement répandu et déploré au Bénin, en Afrique et à travers le monde, par le biais de son relais sur les réseaux sociaux, il faut saluer le courage qu’a manifesté la jeune écrivaine, Mireille Gandébagni qui, devant le constat administratif de son écartement, a choisi de ne pas se laisser faire, de ne pas se taire, ce qui a conduit à la révélation de l’affaire, preuves à l’appui, à des journalistes culturels qui, sans tarder, en ont fait un large écho dans tous les canaux d’information et de diffusion dont ils avaient la maîtrise.

Ainsi, dans le but de mettre fin au traînement dans la boue de l’honorabilité du Chef de l’Etat, du Gouvernement et de son Ministère du Tourisme et de la Culture, des mesures urgentes furent prises, à des niveaux élevés et insoupçonnés de la gestion des affaires de l’Etat, pour une réparation urgente de l’injustice, ce qui a abouti à la réintégration de Mireille Gandébagni et, notamment, du photographe d’art, Yannick Folly, dans la liste des artistes sélectionnés par la Francophonie pour participer aux Jeux de l’année 2017, en Côte d’Ivoire.

Ainsi, de fait, entre autres, ces deux artistes, ré-inclus dans la délégation béninoise, ont effectué le départ du Bénin vers la Côte d’Ivoire, dans l’après-midi du mercredi 19 juillet 2017. Ceci est un dénouement heureux que salue le Bureau Directeur du ’’Noyau Critique’’, au nom de tous les journalistes culturels membres de cette Association de Journalistes Culturels et de Critiques d’Art pour le Développement.

Par ailleurs, le Bureau Directeur du ’’Noyau Critique’’ en appelle à l’observation permanente et à la vigilance accrue des artistes et des acteurs culturels, de même qu’à celles de l’opinion publique nationale et internationale, afin que de pareils cas d’exclusion soient diligemment dénoncés, et pour que Mireille Gandébagni ne soit pas, plus tard, punie de son courage, par quelque manœuvre que ce soit, venant des autorités de notre pays, à son retour de la Côte d’Ivoire, et à la reprise de ses activités, au Bénin.

Quant au deuxième niveau de l’Affaire ’’Mireille Gandébagni’’, il se rapporte à la renonciation par les artistes marionnettistes à leur participation aux 8èmes Jeux de la Francophonie.

En effet,  pour des raisons de « restrictions budgétaires », les marionnettistes ont vu amputer leur groupe de deux membres, ce qui a amené ces cinq artistes, du fait de la rupture de la cohésion de leur spectacle, à renoncer solidairement à se rendre à Abidjan. Gravissime !

Le Bureau Directeur du ’’Noyau Critique’’ analyse comme extrêmement grave le fait pour le Président Patrice Talon, son Gouvernement et son Ministère de la Culture d’avoir laissé se concrétiser ce retrait, sans lever le petit doigt, privant les marionnettistes de l’opportunité de faire évaluer leur spectacle, à un niveau aussi élevé d’une compétition internationale. N’aurait-on pas pu purger la liste officielle de la délégation béninoise des artistes de deux accompagnateurs ? Cela n’aurait-il pas permis de récupérer les deux marionnettistes exclus et, par conséquent, de reconstituer leur indestructible groupe de cinq acteurs ?

Enfin, le troisième niveau scandaleux de l’Affaire ’’Mireille Gandébagni’’ tient à la participation officielle des journalistes culturels à la couverture des 8èmes Jeux de la Francophonie, dans le volet culturel de ces manifestations compétitives.

La consultation de la liste des membres de la délégation des artistes, dirigée par M. Bernard Bétinida, Directeur Adjoint des Arts et du Livre, permet de remarquer la présence d’un ’’journaliste culturel’’ ayant effectivement fait le déplacement de la Côte d’Ivoire, le mercredi 19 juin 2017 : Magloire Dato !

En questionnant les faits, le Bureau Directeur de l’Association culturelle ’’Le Noyau Critique’’ ne parvient pas à trouver les traces permanentes et actualisées des activités professionnelles du Sieur Magloire Dato, dans le secteur des Arts et de la Culture, au Bénin, qu’il s’agisse, notamment, de la couverture médiatique des manifestations dans ce domaine, de la publication d’articles ou de sa participation à des formations initiées par les associations y opérant.

Connu comme le Directeur de Publication du quotidien ’’L’Actualité’’, le Bureau Directeur du ’’Noyau Critique’’ s’interroge sur les critères ayant permis de choisir M. Magloire Dato comme le journaliste culturel devant appartenir à la délégation des artistes. N’aurait-il pas été plus pertinent pour le Président Patrice Talon, son Gouvernement et son Ministère de la Culture de se référer aux trois associations des Journalistes Culturels pour que, de commun accord, elles désignent un professionnel approprié, versé dans le traitement continuel de l’information culturelle, aux fins d’une participation de qualité des journalistes culturels aux 8èmes Jeux de la Francophonie ?

Avoir décidé de passer outre un processus aussi bien consensuel que rationnel met le Président Patrice Talon, son Gouvernement et son Ministère de la Culture dans une situation de fragilisation, de tuerie et d’enterrement de la corporation des journalistes culturels, un catastrophisme déplorable contre lequel s’insurgent avec véhémence les journalistes culturels réunis au sein de l’Association ’’Le Noyau Critique’’, et représentés par son Bureau Directeur. Un tel procédé de désignation donne l’impression que le Président Patrice Talon, son Gouvernement et son Ministère de la Culture considèrent que les journalistes culturels doivent suer sang et eau, se tuer à la tâche, avoir des salaires ridicules, travailler sans salaire, pour la grande majorité d’entre eux, mais ne doivent jamais jouir des rares avantages liés à leur métier si difficile que peu de professionnels des médias veulent bien se sacrifier pour l’exercer.

Le Bureau Directeur du ’’Noyau Critique’’ constate avec amertume l’état de dénuement dans lequel végètent les journalistes culturels et où travaillent à les maintenir les autorités gouvernementales, par de tels comportements d’exclusion et de dérision.

Le Bureau Directeur du ’’Noyau Critique’’ prend à témoin de cette situation, le peuple béninois, les artistes et tous les acteurs culturels, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC), les structures faîtières des journalistes béninois que sont le Conseil National du Patronat de la Presse et de l’Audiovisuel du Bénin (CNPA-Bénin) et l’Union des Professionnels des Médias du Bénin (UPMB), l’opinion publique nationale et internationale, afin qu’il soit mis fin à la martyrisation des journalistes culturels.


Cotonou, les 20 et 21 juillet 2017

Pour le Bureau Directeur de l’Association culturelle ’’Le Noyau Critique’’,

Le Président,

Marcel KPOGODO

samedi 22 juillet 2017

’’Diadèmes’’, un joyau représentatif

Présentation dans le cadre de la tenue de la grande finale de ''Miss Littérature'' ce samedi 22 juillet

L’Espace ’’Blue zone’’ a abrité, à Cotonou, le lancement d’un ouvrage d’un type particulier : ’’Diadèmes’’. La manifestation s’est déroulée le samedi 7 juillet 2017, à l’initiative de Carmen Toudonou, Présidente du Concours ’’Miss Littérature’’.

L'ouvrage ''Diadèmes''
Une dizaine de chocolats narratifs fixant la spécificité mentale de notre société, pour 136 pages, sous la plume de graines de la littérature, mises en germination, dans le cadre d’une compétition pour évaluer la beauté intellectuelle : ’’Miss Littérature 2016. L’ouvrage rendu public au ’’Blue zone’’ de Cotonou, dans la pluvieuse matinée du samedi 8 juillet 2017, en présence d’invités de marque, dont l’Honorable Boniface Yèhouétomé, Deuxième questeur de l’Assemblée nationale, et Arimi Choubadé, Conseiller technique à la Communication du Président Adrien Houngbédji. Etaient aussi de la partie les dix lauréates du Concours de beauté de la substance grise, de même que des parents et des amis venus les soutenir.

Neuf des dix finalistes de ''Miss Littérature'' 2017
Les étapes protocolaires de la manifestation ont fait découvrir le contenu d’un recueil de dix nouvelles, dont la vente aux enchères a été remportée par Boniface Yèhouétomè, ce qui n’a pas empêché la présentation au public du trio vainqueur de la 1ère édition de ’’Miss Littérature : Charlène Odounlami, titulaire du titre, assistée d’Oriane Todan et de Reine-Marie Donouvossi, ses deux Dauphines. 
Carmen Toudonou, au cours de la manifestation
Elles remettront respectivement en jeu leurs prestigieux attributs, dans la soirée du samedi 22 juillet 2017, au Bénin Marina hôtel de Cotonou. Pour un ticket accessible à 5000 Francs, le public aura droit à un spectacle d’un haut niveau de sélection littéraire, qui mettra aux prises plus d’une cinquantaine de candidates présélectionnées. Et, l’écrivain béninois Florent Couao-Zotti dirigera un jury international qui sélectionnera les dix meilleures qui auront été capables de mieux réussir le compte-rendu de lecture en jeu, d’une part, et la Miss et ses deux Dauphines, d’autre part, pour aboutir au deuxième tome de ’’Diadèmes’’.


Marcel Kpogodo

Eric Bottéro, un regard irrésistible sur le vaudou

A l’issue d’un mois de résidence de création


Eric Bottéro est un artiste-photographe français qui a séjourné pendant une trentaine de jours au ’’Centre’’ de Godomey, dans le cadre d’une résidence de création. Le regard émerveillé de l’homme et la générosité de son langage en disent long sur la réussite d’une expérience qu’il a effectuée sur le vaudou et dont il a rendu compte aux journalistes culturels, le jeudi 13 juillet 2017.

Eric Bottéro, en possession de son kit de protection
Caressant le visage, de fins et plus ou moins longs rameaux donnent entrée à une belle salle de travail avec des masques aux murs, celle-ci comportant différents ordres de supports sur lesquels sont alignés, respectivement, des ’’botio’’ verts, ici, connus comme des statuettes utilisées dans les cultures africaines à des fins de nuisance mystique, une série de flacons contenant du liquide pour guérir des maladies, sans oublier, dans un coin, un tronc de bois noir, verticalement posé dans lequel sont implantés de gros clous à tête et dont le sommet est surmonté d’une sorte de parapluie en miniature abritant une statuette de bonhomme, ce tout, la représentation d’un ’’assin’’, l’autel des ancêtres, propice à diverses cérémonies, et, quelque part, ailleurs, la sculpture de ’’Hèviosso’’, le dieu de la foudre puis, non loin de lui, celle de son épouse. Le décor du vaudou dont le caractère ordinairement redoutable se trouve balayé par le sourire rassurant d’Eric Bottéro, photographe français d’art, faisant face aux hommes des médias, pour des explications sur ces résultats d’une trentaine de jours d’une résidence de création, par ce milieu d’un après-midi doucement ensoleillé, le jeudi 13 juillet 2017, au ’’Centre’’ de Godomey, à Atrokpocodji, dans la Commune d’Abomey-Calavi.
« Il faut assumer vos valeurs, vos traditions, vos secrets », dit Eric Bottéro, comme pour desserrer l’étau d’effroi sur certains visages. Ce photographe d’art, d’un genre particulier, ayant exercé, à la base, dans le monde de la mode, fabrique de ses mains les modèles qu’il va plus tard immortaliser, de son appareil. C’est ainsi qu’il est à l’initiative de toutes les pièces précédemment évoquées, qu’il a présentées aux journalistes. A en croire ses propos, Dominique Zinkpè, Directeur exécutif du ’’Centre’’ de Godomey’’, en a été pour beaucoup dans son instruction sur le vaudou. Et, dans la foulée des orientations qu’il a reçues, il s’est procuré bon nombre de pièces, ce qui lui a facilité la reconstitution d’objets caractéristiques de l’atmosphère du vaudou.
Conséquence : la fascination première s’est développée et a produit un effet de dépouillement de  son regard de tout ce que le vaudou annonce de négatif et de repoussant chez le Béninois, lorsqu’il en entend parler.
L'artiste, dans son univers-modèle
Pour lui, ce système religieux est hautement productif, dans sa capacité à guérir des maladies, dans une « pharmacie vaudou », grâce à l’exploitation du secret des plantes, des essences, à « guérir et à soulager les maux de la vie, à rapporter l’amour, la pluie, l’être aimé, tout ce qu’on peut espérer », se réjouit l’artiste. Loin, en outre, de vivre une fascination béate, il oriente tous vers un comportement qui est déjà le sien : le respect vis-à-vis des différentes dimensions du vaudou : le fonctionnement interne avec les pratiques cultuelles, l’organisation des initiés, la tenue des couvents, les représentations des divinités, l’existence d’une véritable hiérarchie.
Par ailleurs, pour Eric Bottéro, l’ouverture du vaudou au monde est nécessaire, indiscutable : « Il faut réduire les barrières entre le secret et le visible », commente-t-il. Cette vision lui fait entrevoir de faire des objets cérémoniels de cette religion des produits marchands en bonne et due forme, que le consommateur pourra se procurer dans des magasins, à travers le monde. Un modèle typique de ce genre d’objet est un kit de protection, qu’il n’a pas manqué de confectionner, lui qui voit dans le vaudou un système semblable à la mondialisation. Ainsi, à en croire ses analyses, l’ ’’assin’’, l’autel des ancêtres, n’est rien d’autre qu’un système de connexion wifi de l’homme avec ses ancêtres, ce qui se trouve réalisé par l’officiant traditionnel.
De plus, Eric Bottéro valorise le vaudou qu’il célèbre comme un creuset remarquable d’une riche production artistique, à travers, notamment, la sculpture des statuettes, les chants et les danses qui sont conçues pour donner du poids aux cérémonies. Eric Borréto et le vaudou, voilà donc une histoire d’amour, qui devrait se faire contagieuse, de quoi amener les pratiquants authentiques de cette religion à une exploitation plus productive pour l’Africain et l’Afrique.


Marcel Kpogodo  

mercredi 12 juillet 2017

Aymar Nani rend public ’’Les plus beaux contes de mon enfance’’

Dans le cadre d’une cérémonie symbolique


L’une des salles polyvalentes du Complexe scolaire de Cadjèhoun a abrité le lancement de l’ouvrage ’’Les plus beaux contes de mon enfance’’, à l’initiative de son auteur, Aymar Nani. C’était le vendredi 7 juillet dernier.

Aymar Nani, au cours de la cérémonie de lancement
’’84 pages pour 14 histoires merveilleuses illustrées. La substance du livre ’’Les plus beaux contes de mon enfance’’, un ouvrage pour écoliers, notamment, dont l’auteur, Aymar Oundéssèdji Nani, a procédé au lancement, le vendredi 7 juillet 2017, au Complexe scolaire de Cadjèhoun, à Cotonou. 

Vue des participants
L’événement se déroulait devant un public bien ciblé de directeurs et de directrices d’écoles primaires, publiques, dans leur grande majorité, des Départements de l’Atlantique et du Littoral.
Faisant ressortir les fondements de la concrétisation du Projet, l’auteur a montré son ancrage dans sa volonté de dire des contes authentiquement béninois à sa fille habitant en France, de quoi bien l’imprégner des réalités de sa culture d’origine. En outre, selon Aymar Nani, la leçon closant chaque conte lui reste importante, fondamentale, dans un monde contemporain plongé dans un dénuement total de repères moraux. Par ailleurs, devant les reproches à lui faits par sa fille de le voir manipuler la langue de Molière « avec accent », il lui fallait un répondant culturel fort que constitue désormais l’ouvrage ’’Les plus beaux contes de mon enfance’’, comportant des histoires qu’il a travaillé personnellement à faire sortir de lui ; elles sont donc le fruit de l’héritage narratif qu’il a forgé, gardé et consolidé, au cours de son enfance au Bénin.

Remise symbolique de l'ouvrage par Aymar Nani à une directrice d'école primaire
Cet ouvrage, à l’actif de ce Franco-béninois, comporte trois autres facteurs d’un intérêt certain. D'abord, il est destiné à être remis gratuitement aux apprenants béninois du primaire, la raison pour laquelle les responsables d'établissements, présents à la cérémonie de lancement, en ont été dotés. Ensuite, le livre est accompagné d’un Cd audio, un outil permettant à celui qui le désire d’écouter toutes les quatorze histoires. 

Ci-contre, l'illustratteur de l'ouvrage, Eric Ahouansou
Enfin, ’’Les plus beaux contes de mon enfance’’ est un ouvrage dont chacun des contes est illustré de dessins, par l’inspiration d’un artiste dessinateur béninois, porte-flambeau du pointillisme, l’un de ces créateurs au crayonné fin et exigent, pointu, précis : Eric Ahouansou ! Aymar Nani, Président, aussi, de l’Association ’’Déwui’’, est donc allé chercher dans de la poigne pour une qualité indiscutable du livre.
Il est à rappeler que le lancement du recueil de contes a donné lieu à un autre lancement, par l'auteur , celui d'un concours de contes, auquel pourra participer tout écolier capable de rendre compte d'une des histoires du livre et d'un conte typiquement en provenance de sa région d'origine. Si, alors, la présélection des lauréats est prévue pour les 24 et 25 juillet prochains, le 6 septembre 2017 verra s'en dérouler la phase finale. 


Marcel Kpogodo   

Le Cavej instruit artistiquement les enfants depuis ce 3 juillet 2017

Pour des vacances productives


’’Le Centre’’ de Godomey a abrité une conférence de presse au cours de laquelle le Centre aéré ’’Vacances enfants joyeux’’ (Cavej) a annoncé mettre les apprenants vacanciers en situation de formation artistique. La manifestation se tenait dans l’après-midi du jeudi 29 juin 2017.

De gauche à droite, Hippolyte Attakoun et Alyath Kouamé
Du lundi 3 juillet au 28 du même mois, le Centre aéré ’’Vacances enfants joyeux’’ (Cavej) initie les enfants vacanciers à plusieurs disciplines artistiques. La substance de la conférence de presse qu’a animée Alyath Moustapha Souley Kouamé, Directrice de la structure indiquée, le jeudi 29 juin 2017. Elle a mené son intervention en compagnie d’Hippolyte Attakoun, Coordonnateur du ’’Centre’’ de Godomey, situé au quartier Atrokpocodji de la Commune d’Abomey-Calavi.
En réalité, ces moments d’instruction des vacanciers à l’art prennent en compte la tranche d’âge de 3-4 à 17 ans, selon les propos de la Directrice. Et, les domaines concernés sont diversifiés : le dessin, la peinture, les mosaïques, les activités manuelles à partir d’objets de récupération, la création d’œuvres d’art, le théâtre, la danse traditionnelle, la danse urbaine et la comédie musicale. En outre, ces jeunes stagiaires seront encadrés par des artistes professionnels et des acteurs culturels reconnus : Alofan Alihossi, Jules Koukpodé, Emile Gbédé et, notamment, Arsène Tchéka. Si, de manière pratique, les apprenants seront répartis dans les catégories respectives de 4-6, 7-10 et 11-17 ans, ils seront pris en charge, toutes les journées prévues, dans la période concernée, de 9 à 16 heures, avec des pauses à 10 et à 12 heures, sans oublier qu’en dehors du ’’Centre’’ de Godomey, la Médiathèque des Diasporas, sise Place du Souvenir, constituera un cadre d’apprentissage.
Pour Alyath Kouamé, le Cavej en est à la troisième édition de cette initiative, mise en place depuis trois ans, avec des objectifs clairs : permettre le développement culturel des enfants, les aider à apprendre intelligemment, à passer des vacances utiles et saines, cultiver, à leur niveau, l’esprit créatif et l’initiative personnelle, faire d’eux des adultes avertis, les élever et les éduquer sur tous les plans. « Il faut prendre les enfants, leur donner une plateforme où ils viennent s’exprimer comme ils veulent », a-t-elle affirmé, en substance. Pour les parents que l’initiative du Cavej continuera à intéresser, ils pourront joindre Alyath Kouamé au 97086317.


Marcel Kpogodo     

mardi 11 juillet 2017

« […] demander à un artiste de venir emprunter de l'argent, je peux garantir que ça ne marchera jamais », dixit Meschac Gaba

Dans une interview accordée à notre Rédaction

Depuis la dernière semaine du mois de juin 2017, l’artiste plasticien béninois, Meschac Gaba, est en exposition à la Galerie ’’Tanya Bonakdar’’ de New York. De retour de cette ville américaine et, en marge d’une interview qu’il a bien voulu nous accorder pour discuter de cette exposition, l'artiste montre un avis complètement défavorable face à l’idée du Ministère béninois de la Culture de soumettre les artistes et les acteurs culturels à un Fonds de bonification …

Meschac Gaba

Le Mutateur : Meschac Gaba, bonjour à vous. Vous revenez  de New-York où vous avez lancé votre exposition à la Galerie ’’Tanya Bonakdar’’. Comment s'intitule cette exposition ? 

Meschac Gaba : Cette exposition s'intitule ’’Solo Meschac Gaba’’.


 
Dans quel cadre cette exposition a-t-elle été organisée à New-York ?

Cette exposition, comme c'est une galerie commerciale, je travaille avec elle, elle travaille avec d'autres artistes. Donc, tous les deux ou trois ans, les artistes qui travaillent avec elle, elle leur donne l'opportunité de faire une exposition-vente. Ce n’est pas une exposition muséale ou institutionnelle, c’est une exposition où les travaux seront vendus.


Ces expositions vont durer combien de temps ?

Je pense, normalement, un mois, mais la Galerie peut montrer ces travaux, ces œuvres dans des foires ou dans des musées.


Vous avez envoyé à cette galerie trois œuvres fondamentales, trois œuvres qui interpellent. Est-ce que vous pouvez, une à une, les prendre, donner leur titre et nous expliquer leur concept ?

Je vais commencer pas ’’Les perruques de Washington’’, une œuvre qui a été réalisée à Cotonou et qui a été montrée en défilé au ’’Centre’’ de Godomey, à Atrokpokodji. 
''Les perruques de Washington'' (Crédit photo : Meschac Gaba)

Ce sont des perruques de Washington ; c'est dans cette ville de Washington que je les ai faites en perruque. Je pense que ce travail n'est plus nouveau pour quelqu'un ; ce sont des tresses, mais c'est des formes de buildings qui se trouvent à Washington.


''Reflexion room'' (Crédit photo : Meschac Gaba)
La deuxième œuvre s’appelle "Reflexion room’’. C’est une tente qui est faite avec les drapeaux déformés du monde ; ça peut faire penser peut-être à l'Amérique où tu retrouves toutes les nationalités, ou à une ville africaine, comme l'Afrique du Sud, pour ne pas même épargner le Bénin, parce qu'à l'heure où nous parlons, je ne sais pas s'il y a un pays nationaliste qui existe vraiment. Si un pays nationaliste existait, on serait en train de faire cette interview en fon ; on la fait en français, donc, d'une manière ou d'une autre, tous les pays du monde sont devenus un peu internationaux. Si on parle de globalisation, on retrouve tout le monde sous la même tente, avec le problème de chacun, car le Bénin ne peut pas avoir les mêmes problèmes que les Etats-Unis et les Etats-Unis ne peuvent pas avoir les mêmes problèmes que le Bénin.

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Et la troisième œuvre, s'il vous plaît ?

La troisième œuvre, c'est ’’Hommage aux  noyés’’. 

''Hommage aux noyés'' (Crédit photo : Meschac Gaba)

J'ai fait cette œuvre par rapport aux réfugiés et aux immigrants qui, l'année passée, sont tombés et, même, maintenant, tombent par centaines ou par milliers, dans la mer, en prenant des bateaux de petite fortune, pour aller chercher quel bonheur ? On ne sait pas … Le rêve de l'eldorado …, mais qui finissent beaucoup, noyés, dans la mer. J'ai fait ça en hommage à ces réfugiés parce que comme je te l'ai raconté, nous, à une époque, on a habité le quartier ’’Maro millitaire’’ (A Cotonou, Ndlr). C'était proche de la mer.
Donc, il y avait beaucoup de noyades dans la mer. Les gens, nos parents ou nos amis, ils mettaient du tissu et des lanternes à la mer quand un de leurs proches était noyé, pour que son esprit ne vienne pas pleurer à la maison et les déranger ; j'ai fait ça en hommage aux réfugiés. C’est pour ça qu’il y a trois lanternes et beaucoup de draps ; c'est symbolique.


Mais, on constate qu'à travers ces trois expositions, il y une couleur culturelle purement béninoise, surtout quand on prend la dernière œuvre que vous avez expliquée ; vous y avez utilisé le cru du Bénin, la mentalité béninoise …

Au fait, je suis Béninois, je suis né à Cotonou. Bien sûr que j'ai vécu en Hollande, mais c’est quand j'avais 35 ans que j’ai voyagé pour ce pays. Donc, la culture béninoise est ancrée en moi, mon travail ne peut pas échapper à ça, mon travail reflète la culture béninoise.


Quels sont les artistes que vous avez côtoyés à New-York, au cours de votre exposition qui devrait durer un mois ?

Il y avait quelques artistes dont Mark Dion ; c'est un artiste américain.  En dehors de lui, il y avait de jeunes artistes que la galerie m’a présentés. Avec Mark Dion, on était dans le même dîner. Dans l’exposition, j’ai aussi rencontré des curateurs et des directeurs de musées, des consultants d’art. Et puis, je connais d'autres artistes ivoiriens qui étaient à New-York, mais j’étais trop occupé à montrer mon exposition, pour aller leur rendre visite. Ce sera pour une autre exposition.  


Quand on imagine les perruques et les lanternes, est-ce que cette exposition a été difficile à monter ? 

Non. Dans une galerie, on dispose d’au moins cinq assistants. Donc, comme j'étais là pour cinq jours, cela a été monté,  dans les délais ; je ne peux pas dire que c'était difficile, c'était ok, c'était bon.


De quelle manière les Américains chez qui vous avez exposé ces trois œuvres ont récupéré cette mentalité béninoise ? Est-ce que vous avez réussi à leur inculquer toute cette réalité qui vient du Bénin et qui vous a vraiment inspirée ?

C'est une bonne question. Tu sais, quand je fais mon travail, je pense que je suis artiste, je ne suis pas un artiste nationaliste, je suis un artiste international, je fais mon travail que chacun interprète à sa manière, mais je ne fais pas un travail en ne pensant qu'au Bénin, je fais un travail en pensant au monde entier, parce que le problème que le Bénin a peut dépendre du monde ; on ne gagne rien en se renfermant et, il n'y a plus aujourd'hui, dans le monde entier, un pays qui a un problème qu'il peut gérer tout seul, donc, mon travail est plus ouvert sur le monde que renfermé sur le Bénin. Alors, dans mes expositions, je ne mets pas un accent grave sur le Bénin, mais le Bénin fait partie de l'histoire de mon travail.


On constate que vous n'avez pas changé votre tendance cosmopolite, votre tendance internationaliste qu'on a vue à travers des expositions, comme ce que vous avez fait lors de la Biennale ’’Regard Bénin’’ de 2012. On avait vu beaucoup de drapeaux et on constate que votre tendance vraiment universaliste est permanente et, pourtant, il y a des pays qui refusent de recevoir des réfugiés, il y a des pays qui rejettent les étrangers, il y a beaucoup de pays en Europe qui ont opté, à travers les élections, pour des partis purement nationalistes, hostiles à l’entrée des étrangers sur leur territoire ...

Je pense que ça va passer ; c'est des trucs qui ne marchent pas. Je pense que, d'une manière ou d'une autre, ces petites histoires de nationalistes, ça ne va pas durer un temps, ça ne va pas aller loin parce que le monde sera le monde. Tu sais,  si tu prends l'histoire de la Chine, c'est le marché mondial, c'est là où les gens ont fabriqué tout, donc, il n'y a plus de pays aujourd'hui qui puisse se renfermer sur lui-même. Le reste, c'est pour attirer des élections populaires. C'est tout, ça s'arrête là !


Avez-vous la même interprétation par rapport aux États-Unis qui ont voté pour Donald Trump, un républicain archi-nationaliste ?

(Gros rires) Tu vois, c'est une question qu’on se pose : est-ce que cette personnalité ne joue pas ? Est-ce qu'on connaît vraiment cette personne ? La même personne qu'on dit qu'elle est archi-nationaliste, avant de descendre au Bénin, j’ai lu, sur les réseaux sociaux, que ce Président a proposé un décret pour que les Congolais viennent en Amérique sans visa. Donc, c'est un peu ambigu. Tu comprends ! Je pense qu'on doit faire un peu attention, pour lui donner un peu de temps, parce que Trump, il vient de commencer, ça fait à peine deux ou trois mois, donc, il faut lui donner du  temps : un an ou deux ans. Oui, pour qu'on puisse vraiment le juger, parce que, moi, j'étais choqué et embêté de voir un président qu'on dit très nationaliste mais qui dit que les Congolais peuvent venir en Amérique sans Visa.
Parfois, ces personnes jouent pour gagner les élections. Alors, si ce Président dit que les Congolais peuvent entrer en Amérique sans visa, ça veut dire qu’il n'est vraiment pas contre les Africains. Maintenant, s’il y a des pays qui ont des dettes économiques à régler avec l'Amérique, c'est leur problème ; ce n'est pas l'Afrique qui a ce problème à régler avec l'Amérique. 


Vous vivez, le plus clair de votre temps, en Hollande, mais vous êtes au Bénin actuellement. Est-ce que vous permettez qu'on parle politique ? 

Ouais, c'est une bonne question. Je ne connais  pas trop la politique béninoise et, c'est ce que tu connais que tu peux critiquer. On entend, dans la rue, les gens qui se plaignent un peu. Moi, je ne me plains pas. Tu comprends ? Et, si je veux parler de la politique béninoise telle que je la comprends, pour le Président, il faut donner encore un an ou deux ans pour voir, parce qu'il a hérité d'un pouvoir. Si tu hérites d'un pouvoir, il y a beaucoup de choses à corriger et, je ne sais pas s'il a hérité d'un pouvoir où l’on a laissé beaucoup d'argent ou d'un pouvoir où il y a beaucoup de dettes. Si c'est un pouvoir où il y a beaucoup de dettes, même si l’on dit qu'il est milliardaire, il ne va pas donner tout son argent pour régler le problème d'un pays. Son argent ne peut pas devenir l'argent de la trésorerie béninoise. Alors, il faut lui donner un peu de temps pour voir. Maintenant, si on n’est pas satisfait, comme il a dit qu'il va faire cinq ans, il va les faire et il saura qu'il a mal dirigé, mais on ne va pas se mettre à le bouder, à le critiquer. C'est difficile de diriger, hein, même une petite entreprise ! 



Meschac Gaba, votre dernière exposition au Bénin, c'était le 4 février 2017, au ’’Centre’’ de Godomey, situé au quartier Atrokpokodji. Cela vous a permis de rencontrer beaucoup d'autres artistes béninois, à travers le vernissage qui a eu lieu. Quels sont les retours que vous avez eus par rapport à cette exposition, quelques mois auparavant ?

Les retours ? Tu sais, c'est un travail expérimental que j'ai fait par rapport aux peintures et, des journalistes ont produit des articles là-dessus ; je ne connais pas l'opinion du public concernant ce travail, mais je sais qu'il y avait du monde. J'étais heureux que le public béninois s'y soit intéressé et puis, il y a une galerie sud-africaine que cela a aussi intéressé, et deux quand même de ces peintures exposées ont étés vendues à la Foire de Bâle de 2017, mais à un très bon prix ! Donc, je pense que cela a été positif pour moi. Tu vois ? On n’a même pas fini l'année et j’ai commencé à vendre ces peintures sur des marchés internationaux. Donc, je remercie ’’Le Centre’’, qui m’a donné l'opportunité de faire cette exposition parce que, quand tu veux expérimenter quelque chose, tu as besoin d'un espace aussi pour le montrer. Cet espace qu’est ’’Le Centre’’ m’a permis d'expérimenter quelque chose ; ça me permet de continuer dans ce sens, avec les peintures.


On peut dire que votre jardin privé d'où vous avez tiré vraiment la substance de ces tableaux si extraordinaires que vous avez réalisés, ce jardin privé que vous nous avez donné le privilège de visiter vous a porté chance …

Ouais, je peux le dire ! Cela m’a porté bonheur. Tu a vu que quand tu es entré tout à l'heure chez moi, j’y étais … C'est un jardin que j'aime et qui m'inspire, donc, je suis tout le temps en train d'arranger les plantes.


Quelles sont vos relations avec les artistes d'art contemporain qui sont au Bénin ? Qui sont ceux que vous fréquentez le plus ? Qui sont ceux qui viennent vous voir, vous qui êtes souvent en Hollande ?

Je fréquente Dominique Zinkpè. Je pense qu'il est un peu occupé maintenant, donc, je le fréquente moins : il gère deux structures, il a son propre travail, il doit être très occupé. Pour le reste, on se retrouve sur les réseaux sociaux, comme avec Charly d'Almeida, Bello, puis, il y a aussi Gratien Zossou, Koffi Gahou et Kouass, qui sont des amis à moi et, quand on a l'occasion de se rencontrer, de créer des situations, on le fait. Maintenant, il y a d'autres jeunes dans mon quartier qui ont un café à côté ; quand je passe, je leur dis bonjour.


Vous voulez parler du ’’Parking bar’’ de Fidjrossè ?

 Ouais. 


Vous avez sûrement entendu parler de la polémique des réformes au Ministère de la Culture, des réformes au niveau du Fonds d'aide à la culture. Tout à l'heure, vous avez parlé de Koffi Gahou. Avez-vous appris qu’il a publié une Lettre ouverte au Président de la République sur le Fonds d'aide à la culture ?

J'aimerais bien la lire ... Après l’avoir lue, je vous en donnerai mon point de vue.



Que dites-vous de la polémique sur les réformes au Ministère de la Culture, et qui font que tout est bloqué actuellement ?

J'en ai entendu parler. Je sais qu'il y a une crise économique dans le pays. Peut-être que c'est ça qui en est à l’origine. On ne le dit pas directement, mais on est en train de réajuster le Fonds d'aide à la culture. Peut-être qu’il y a une crise économique derrière ça et, quand il y a une crise économique, dans un pays, la première victime, c'est la culture.
En Europe, on connaît ça ; le sport, les gens le tolèrent,  parce que le sport ramène de l'argent. Mais, la culture, ça ne ramène pas beaucoup à l'État. Tu vois ? Donc, la culture est la première victime. Maintenant, si ce n'est pas qu'il y a une crise économique, alors, c'est qu'il y a un problème à résoudre ; ça veut dire que nos dirigeants ne sont pas intéressés par la culture. Mais, si c’est qu’il y a une crise économique, il faut que les artistes soient tolérants avec eux. Maintenant, je ne connais pas ce qui est à la base du blocage, parce que si je te donne l'exemple de la Hollande, beaucoup de professionnels de la culture ont perdu leur travail, beaucoup de musées se sont fermés.



C'était en quelle année ?

Ce n’est pas loin ; il y a trois ou quatre ans. En Hollande, ils ont pas mal de musées ; ils ont renvoyé beaucoup d'employés. Je ne sais pas si c'est le même phénomène qui se passe ici.


En matière de réformes, le Ministère de la Culture veut revoir le système de  d'octroi de l'aide aux artistes, il veut qu'il y ait un Fonds de bonification qui soit là pour rembourser les intérêts des prêts qui auront été faits aux artistes …

Pour faire des prêts !


Oui, désormais, les artistes bénéficieront de prêts qu’ils rembourseront après la réalisation de leurs projets

L'idée est bien quand il y a un marché de l'art, l'idée est bien quand il y a un marché de musique. Si le Ministère de la Culture veut créer une banque pour les artistes, je ne trouve pas ça mauvais.


On a parlé d'un Fonds de bonification …  

Je ne sais pas ce que le Ministère appelle ’’bonification’’. Et si les artistes ne remboursent pas ? 


Il semble que lorsque l'artiste fait le prêt et que l'Etat est là pour garantir les intérêts, c’est lui qui va prendre en compte les intérêts générés par ce prêt. Mais, l'artiste doit venir rembourser intégralement ce qu'il a pris …

Dans tous les pays du monde, l’art est inclus dans les organisations à but non lucratif ;  est-ce que le Ministère va prêter aussi de l'argent à ces organisations à but non lucratif ?


Apparemment, oui …

Et, comment une organisation à but non lucratif peut payer, peut rembourser ? Puisque c'est une organisation qui ne fait pas de bénéfices, elle va rembourser comment ? Tu vois qu'il y a un problème qui ce pose.
Donc, ça veut dire que les gens qui gèrent la culture, ce ne sont pas des gens qui connaissent le système. Ils doivent mettre des gens qui connaissent le système, qui connaissent la culture, les gens qui ont de l'expérience, parce que ce truc est complètement erroné et faux.
On ne peut pas prêter de l'argent à un artiste qui a un marché. Un artiste qui a un marché n'a pas besoin du Ministère de la Culture, il peut s'adresser directement à une banque. Donc, si le Ministère béninois de la Culture veut faire des prêts, je pense que c'est erroné. Je pense qu'il faut leur dire d'arrêter avec cette histoire.
S'il y a un artiste qui a les moyens, qui a besoin de prêt, il va à une banque. Il y a des banques primaires comme les Clcam (Caisses locales de crédit agricole mutuel, Ndlr), mais il n'ira pas emprunter de l'argent au Ministère de la Culture. À la rigueur, la structure bancaire peut demander à l’artiste de lui donner une peinture ou un tableau, pour en faire un musée, demain. Mais, demander à un artiste de venir emprunter de l'argent, je peux garantir que ça ne marchera jamais. C'est clair et net ! Alors, c'est une idée complètement fausse.
Moi, j'ai de l'expérience ; j'ai sillonné le monde : même les galeries commerciales postulent à des fonds d'aide parce qu'elles payent beaucoup et, parfois, elles ne savent si elles vont faire des ventes.
Par exemple, la galerie qui m'a invité, c'est elle qui a acheté mon ticket, c'est elle qui m'a hébergé à l'hôtel, c'est elle qui a payé le transport de mes œuvres. Donc, si elle ne fait pas des ventes, elle va faire des pertes. Même les fonds d'aide, en Europe, aident un peu les galeries commerciales, pour couvrir les frais de transport, les frais d'hôtel, les frais de restauration. Par rapport à ce que dit le Ministère de la Culture, je lui propose d’envoyer ses cadres faire des stages en Europe, en France, pour savoir comment ça se passe, au lieu de rester ici et d'improviser des choses. Ils ont vraiment besoin d'expérience ; c'est ce que je pense.


Avez-vous quelque chose, une initiative pour les artistes d'art contemporain, qui vivent au Bénin, qui aiment bien vos expériences, qui se rapprochent de vous, qui ont envie de profiter un peu de vos expériences, qui ont envie que vous les aidez à aller l'international ?

Toute artiste jeune qui a besoin de conseils, c'est gratuit. S'il m'approche, j'ai un peu d'expérience que je peux partager avec lui, ça ne me gêne pas. Même des gens qui ont des problèmes avec le Fonds d'aide, s’ils ont besoin de conseils, je peux leur en donner. 
Et, vous savez, c'est pour la première fois j'entends parler d’un ministère de la culture qui veut prêter de l'argent aux artistes ; cela, c'est complètement incroyable. Il peut, à la rigueur, acheter des œuvres, s'il ne veut pas jeter son argent pour aider l'artiste ; ça se fait en Europe où on donne et on reçoit aussi quelque chose. C'est comme ça qu’on gère un fonds d'aide, mais on ne prête pas un fonds d'aide aux artiste, ça va finir par un bagarre. Le Ministère de la Culture ne peut pas mettre en prison, parce que l'art, c'est de la passion, ce n'est pas un travail qui a un but lucratif. Nous, les artistes, sommes heureux qu'on puisse gagner de l'argent avec l’art, mais les galeries invertissent de l'énergie pour que cela soit le cas. Ce n'est pas qu'elle met l’argent dans une petite chambre et qu’elle s'asseoit, c'est qu'elle voyage dans des foires où elle loue des stands à 20 mille, 10 mille ; elle a un personnel à qui payer son salaire.


Quand vous parlez de 20 mille, de 10 mille, c'est en euros ou en dollars ? 

En euros, si c’est en Europe et, en dollars, chez les Américains. Ce sont des gens qui invertissent beaucoup. Déjà, dans un pays où il n'y a pas de musées, l'État doit coopérer avec les artistes, au lieu de les pénaliser et de les empêcher de travailler.


Avez-vous un mot à dire à nos lecteurs pour clore cette interview ? Quels sont vos projets ? 

Dans le mois prochain, j'irai en Afrique du Sud, pour faire un projet sur une pièce qui s'appelle ’’Détresse’’, avec les phares de voiture. Et puis, je vais faire une exposition, en septembre, à Paris, dans une galerie et, éventuellement, je vais passer pas Londres pour préparer un projet pour l'année prochaine.  


Merci beaucoup, Meschac Gaba !


Recueil des propos : Marcel Kpogodo
Transcription : Frumence Djohounmè
Correction : La Rédaction