A l’issue d’un mois de
résidence de création
Eric Bottéro est un
artiste-photographe français qui a séjourné pendant une trentaine de jours au
’’Centre’’ de Godomey, dans le cadre d’une résidence de création. Le regard
émerveillé de l’homme et la générosité de son langage en disent long sur la
réussite d’une expérience qu’il a effectuée sur le vaudou et dont il a rendu
compte aux journalistes culturels, le jeudi 13 juillet 2017.
Eric Bottéro, en possession de son kit de protection |
Caressant le visage, de
fins et plus ou moins longs rameaux donnent entrée à une belle salle de travail
avec des masques aux murs, celle-ci comportant différents ordres de supports
sur lesquels sont alignés, respectivement, des ’’botio’’ verts, ici, connus
comme des statuettes utilisées dans les cultures africaines à des fins de
nuisance mystique, une série de flacons contenant du liquide pour guérir des
maladies, sans oublier, dans un coin, un tronc de bois noir, verticalement posé
dans lequel sont implantés de gros clous à tête et dont le sommet est surmonté
d’une sorte de parapluie en miniature abritant une statuette de bonhomme, ce
tout, la représentation d’un ’’assin’’, l’autel des ancêtres, propice à
diverses cérémonies, et, quelque part, ailleurs, la sculpture de ’’Hèviosso’’,
le dieu de la foudre puis, non loin de lui, celle de son épouse. Le décor du
vaudou dont le caractère ordinairement redoutable se trouve balayé par le
sourire rassurant d’Eric Bottéro, photographe français d’art, faisant face aux
hommes des médias, pour des explications sur ces résultats d’une trentaine de
jours d’une résidence de création, par ce milieu d’un après-midi doucement
ensoleillé, le jeudi 13 juillet 2017, au ’’Centre’’ de Godomey, à Atrokpocodji,
dans la Commune d’Abomey-Calavi.
« Il faut assumer
vos valeurs, vos traditions, vos secrets », dit Eric Bottéro, comme pour
desserrer l’étau d’effroi sur certains visages. Ce photographe d’art, d’un
genre particulier, ayant exercé, à la base, dans le monde de la mode, fabrique
de ses mains les modèles qu’il va plus tard immortaliser, de son appareil.
C’est ainsi qu’il est à l’initiative de toutes les pièces précédemment
évoquées, qu’il a présentées aux journalistes. A en croire ses propos,
Dominique Zinkpè, Directeur exécutif du ’’Centre’’ de Godomey’’, en a été pour
beaucoup dans son instruction sur le vaudou. Et, dans la foulée des
orientations qu’il a reçues, il s’est procuré bon nombre de pièces, ce qui lui a
facilité la reconstitution d’objets caractéristiques de l’atmosphère du vaudou.
Conséquence : la
fascination première s’est développée et a produit un effet de dépouillement
de son regard de tout ce que le vaudou
annonce de négatif et de repoussant chez le Béninois, lorsqu’il en entend
parler.
L'artiste, dans son univers-modèle |
Pour lui, ce système
religieux est hautement productif, dans sa capacité à guérir des maladies, dans
une « pharmacie vaudou », grâce à l’exploitation du secret des
plantes, des essences, à « guérir et à soulager les maux de la vie, à
rapporter l’amour, la pluie, l’être aimé, tout ce qu’on peut espérer », se
réjouit l’artiste. Loin, en outre, de vivre une fascination béate, il oriente
tous vers un comportement qui est déjà le sien : le respect vis-à-vis des
différentes dimensions du vaudou : le fonctionnement interne avec les
pratiques cultuelles, l’organisation des initiés, la tenue des couvents, les
représentations des divinités, l’existence d’une véritable hiérarchie.
Par ailleurs, pour Eric
Bottéro, l’ouverture du vaudou au monde est nécessaire, indiscutable :
« Il faut réduire les barrières entre le secret et le visible »,
commente-t-il. Cette vision lui fait entrevoir de faire des objets cérémoniels
de cette religion des produits marchands en bonne et due forme, que le
consommateur pourra se procurer dans des magasins, à travers le monde. Un
modèle typique de ce genre d’objet est un kit de protection, qu’il n’a pas
manqué de confectionner, lui qui voit dans le vaudou un système semblable à la
mondialisation. Ainsi, à en croire ses analyses, l’ ’’assin’’, l’autel des
ancêtres, n’est rien d’autre qu’un système de connexion wifi de l’homme avec
ses ancêtres, ce qui se trouve réalisé par l’officiant traditionnel.
De plus, Eric Bottéro
valorise le vaudou qu’il célèbre comme un creuset remarquable d’une riche
production artistique, à travers, notamment, la sculpture des statuettes, les
chants et les danses qui sont conçues pour donner du poids aux cérémonies. Eric
Borréto et le vaudou, voilà donc une histoire d’amour, qui devrait se faire
contagieuse, de quoi amener les pratiquants authentiques de cette religion à
une exploitation plus productive pour l’Africain et l’Afrique.
Marcel Kpogodo
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