samedi 20 mai 2017

« […] l’entrée [de ’’Tous au Fitheb’’] est gratuite, dès 17h, mardi, mercredi et jeudi », dixit Erick-Hector Hounkpê

Dans le cadre d’un entretien avec le Directeur du Fitheb


En attendant la 14ème édition du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), prévue pour mars 2018, l’institution fonctionne. C’est ainsi que depuis le mardi 16 mai 2017, une programmation  d’une durée de deux semaines, est en exercice, ayant permis le déroulement d’un certain de représentations théâtrales, sous le couvert de ''Tous au Fitheb''. Elles s’effectuent en milieu d’après-midi, les mardi, mercredi et jeudi, jusqu’à la fin du mois de mai et, gratuitement, pour tout public. Erick-Hector Hounkpê, Directeur du Fitheb, explique, à travers la présente interview, les contours d’une opération à la fois inédite et ambitieuse.

Erick-Hector Hounkpê, Directeur du Fitheb, au cours de l'entretien
Journal ’’Le Mutateur’’ : Bonjour à vous, Erick-Hector Hounkpê. Vous êtes le Directeur du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb). A la clôture de la 13ème édition du Fitheb, qui a eu lieu du 23 au 31 mars 2016, vous avez initié trois activités : le Fitheb migratoire, le Fitheb des enfants et l’activité ’’Tous au Fitheb’’. Et, récemment, dans le cadre de cette dernière  manifestation, vous avez rendu publique une programmation qui s’exerce depuis le mardi 16 mai 2017. Pouvez-vous en expliquer les tenants et les aboutissants à nos lecteurs ?


Erick-Hector Hounkpê : En fait, ’’Tous au Fitheb’’, c’est un des projets, un des programmes du Fitheb, une des innovations dont les objectifs sont, entre autres, d’animer les salles Fitheb, qui sont des salles qui existent. Il s’agit de les animer avec des programmations théâtrales, d’offrir aux praticiens et aux professionnels du théâtre, gracieusement, les salles pour qu’ils viennent faire des programmations et qu’ils jouent, de mettre sur la place publique leurs créations et, donc, de soulever, progressivement, un marché et de nouvelles habitudes.
En effet, nous avons le rêve de faire en sorte que cet espace soit, toute l’année, fréquenté, que nous n’attendions pas le moment du Festival, les deux semaines que cela va durer, pour déployer d’énormes efforts à mobiliser le public. Et, donc, ’’Tous au Fitheb’’ fait partie des stratégies de médiation culturelle de mobilisation par avance et, par nouvelles habitudes, d’un public qui fréquente les espaces Fitheb, parce que, quand vous disposez d’un événement comme le Festival international de théâtre du Bénin, vous avez une équation fondamentale à résoudre, c’est le public.
Moi, j’ai décidé qu’il n’y ait plus que le public saisonnier, mais qu’il y ait aussi un public pérenne, comme cela se fait partout, dans des pays où des activités connexes se déploient autour des espaces culturels et, après, ces espaces culturels qui ont l’habitude de fédérer du monde, reçoivent des programmations du Festival et, donc, ce sont là les divers objectifs que nous visions et que nous continuons de viser, en mettant en mouvement ’’Tous au Fitheb’’, ce qui va, je l’espère, au plan professionnel, remettre ou maintenir une activité théâtrale forte et permettre à nos créateurs locaux d’être aguerris pour mieux affronter, pas la compétition, mais  le ’’marché Fitheb’’.



Pouvez-vous nous décrire un peu la logistique de ’’Tous au Fitheb’’ ?

D’abord, je précise le concept : c’est de déployer, mardi, mercredi et jeudi, dès les 17h, dans les salles Fitheb, des programmations professionnelles adéquates ou semi-professionnelles de théâtre. Nous l’avons expérimenté déjà, pendant les vacances scolaires dernières, sur quelques semaines ; on en a tiré leçon. Nous l’avons remis, dès avril de cette année et, cela a commencé avec la Semaine du théâtre béninois (Stb), du 8 au 15. Et, maintenant, nous sommes entrés dans la phase active et, du coup, cela signifie que ’’Tous au Fitheb’’ va être sur toute l’année. Et, les entrées sont gratuites, pour le moment, parce que, je le dis, c’est une démarche de médiation culturelle. Au-delà de tout, cela vise que les gens viennent connaître nos salles, connaître qui nous sommes. Les entrées étant gratuites, les spectacles sont gratuits et, nous en avons programmés pour le mois de mai. Cela a démarré depuis le 16 pour une douzaine de spectacles : ’’Le kleenex qui tue’’, ’’Adjihouto’’, ’’Awa ba dé a’’, ’’Il faut jouir des fruits de ses efforts’’, ’’Le virus de la haine’’, ’’Les intrépides’’, ainsi de suite. Il y a beaucoup de spectacles que les publics, les personnes qui fréquentent les environs du Fitheb et qui y viennent verront. En gros, c’est cela : l’entrée est gratuite, dès 17h, mardi, mercredi et jeudi.
Quelqu’un m’a demandé : « Pourquoi en semaine ? ». Je le confirme, c’est une démarche pour changer, bousculer les habitudes et, je l’ai expliqué plusieurs fois : nous sommes dans un milieu où il faut être très clair ; il y des types de public qu’il faut aller séduire, il y a trois types de public, dans notre environnement : il y a un bout de public administratif, il y a des parties de l’administration publique et, il y a celui des sociétés privées. Il y a également un public scolaire, celui du grand Lycée technique Coulibaly, quelques bouts d’établissements d’enseignement supérieur privé, des écoles primaires. Il y a, enfin, le public ’’Tout le monde’’ ; c’est une zone commerciale, sans oublier qu’il ya des habitations : les gens vivent encore ici ! Donc, c’est un melting pot de publics, qu’il faut essayer de séduire et à qui donner des habitudes pour commencer par les fidéliser.
Je crois que ce sont là des raisons qui nous ont poussés à comprendre qu’il faut rendre maintenant permanent le ’’Tous au Fitheb’’.
D’ailleurs, des retours sont venus de ces écoles, des gens et des artistes ; certains d’entre eux nous gênaient déjà pour pouvoir obtenir la Salle gratuitement et faire des générales, faire des premières, lancer leurs spectacles. Tout cela réuni, ça nous a convaincus de rendre permanent le ’’Tous au Fitheb’’.



Cela veut dire que ’’Tous au Fitheb’’, ce sera tous les mois de l’année 2017 ?

C’est notre souhait ; ça sera tous les mois de l’année 2017, mardi, mercredi et jeudi et, ça sera gratuit, jusqu’au moment où nous décidions que cela devienne payant, parce qu’il faut aussi que nous comprenions que notre démarche, c’est d’aller séduire pour qu’enfin les gens, ayant intégré les habitudes, commencent à nous aider en payant, progressivement, et que le Fitheb vive.
Je dois saluer les artistes qui ont accepté le principe, parce qu’eux aussi y participent gratis ; ils apportent des créations, même s’ils savent que c’est une opportunité pour eux. Si, ensemble, nous faisons le travail et que nous mobilisons et rameutons le public, in fine, ce sont eux qui vont gagner, puisque, quand on va entrer dans une phase où le public viendra, prendra l’habitude et paiera, ce seront tous les créateurs qui vont gagner. Donc, voilà : ce sera gratuit, ce sera sur toute l’année ; nous espérons que le Seigneur nous appuiera.


Justement, il se pose le problème des moyens dont le Fitheb dispose actuellement pour tenir une programmation mensuelle, dans le cadre de l’événement ’’Tous au Fitheb’’ …

C’est clair pour moi que la question des moyens ne retarde pas ; ce n’est pas parce qu’il n’y a pas ou qu’il y a peu de moyens que nous n’allions pas déployer un certain nombre d’innovations ou, tout au moins, les expérimenter. Donc, les moyens ne sont pas là, ne faisons pas la fine bouche. C’est d’ailleurs pourquoi j’ai dû prendre langue avec des créateurs en me fondant sur le besoin qu’ils expriment, eux aussi, régulièrement, vers moi, à la recherche de la salle. L’octroi de la salle ! C’est vrai que, souvent, ils la demandent dans le weekend qui, pour nous, est prisé parce qu’il y a d’autres activités qui peuvent venir s’y faire et leur apporter de l’argent. Donc, c’est en me fondant sur ces besoins qu’ils ont exprimés que j’ai dû comprendre qu’il faut formuler le ’’Tous au Fitheb’’ et y aller.
Les moyens, on n’en a pas et, je suis convaincu qu’on va les avoir, au fur et à mesure. Mais, ce que je me dis, c’est qu’ensemble nous allons construire un nouveau type de moyens et, ils le savent. Comment vont-ils rentabiliser ? C’est en venant, c’est en venant se faire voir, parce que, l’objectif, c’est que, ceux qui viendront, les privés qui viendront, c’est parmi eux qu’ils prendront des contacts pour d’autres animations culturelles.
Le Fitheb ne serait plus là, mais le Fitheb aurait permis la rencontre entre le produit et les acheteurs, les consommateurs potentiels. C’est une opportunité.
C’est dommage que les moyens ne soient pas encore là mais, à travailler, nous aurons les moyens. C’est tout ce que je peux dire et, je le redis, je l’ai déjà dit : si nous attendons, tout le temps, les moyens, dans dix ans, nous n’aurons pas commencé. Or, je suis convaincu qu’en commençant maintenant, peut-être qu’à la fin de l’année prochaine, un début de moyens va venir et, au fur et à mesure, avant cinq ans, nous aurons atteint une phase accélérée. Et, du coup, il y aura des moyens de l’Etat, parce que nous sommes en train de demander à l’Etat de considérer cela comme un programme du Fitheb et d’allouer un fonds d’accompagnement, pas d’achat, réellement, mais d’accompagnement, au moins, des créateurs, de dédommagement des créateurs.
En même temps, les habitudes prises, ce type d’activité va générer des retours financiers dont tout le monde profitera. A partir de cet instant, nous aurons réussi à installer non seulement de nouvelles habitudes de consommation mais un nouveau marché profitable pour le Fitheb, parce que je travaille pour le Fitheb qui prend le leadership théâtral dans le pays, dans la sous-région et en Afrique.
Pour les créateurs, rassurez-vous, d’autres espaces me font déjà des signes pour espérer entrer dans le ’’Tous au Fitheb’’, c’est-à-dire que quand nous programmons, il faut que nous programmions aussi, à leur endroit, des spectacles, ce qui veut dire qu’une logique va s’installer, ’’Tous au Fitheb’’, parce que je l’avoue et, je le leur avais annoncé : j’ai l’ambition du ’’Réseau Fitheb’’. Donc, on ne s’arrêtera pas seulement aux Salles Fitheb.
Au fur et à mesure que nous développerons ’’Tous au Fitheb’’, nous allons labelliser comme des salles et des espaces que nous allons intégrer dans la route du Fitheb, dans le réseau du Fitheb, pour que nous commencions à jouer ici et dans ces salles-là. Nous chercherons à développer des partenariats avec d’autres centres culturels que vous connaissez, de la place. Et, dans ce cadre, ces spectacles pourront être aussi reçus gratis dans ces espaces-là pour qu’in fine des choses fondamentales, nous commencions à rentabiliser le Fitheb, que nous commencions à dynamiser la consommation sur place.


Le Fitheb et les réformes. Qu’est-ce qu’on peut en dire, en quelques petits mots ?

C’est clair : le Fitheb vit les réformes, puisque l’Etat déploie un certain nombre de réformes et qui intègrent le secteur ’’Culture’’. Déjà, vous le voyez, vous devez le noter dans les anticipations, les innovations que nous essayons d’apporter. Et, tout cela, ça fait partie des réformes qui sont en cours.



Du fait que le Fitheb fonctionne, on a l’impression que son édition 2018 sera plus facile à organiser …

Rien n’est facile à organiser, mais ça sera moins difficile. Du moins, nous l’espérons. Pourquoi ? Parce que, de plus en plus, nous installons des activités du Fitheb, qui nous préparent, nous aident à engranger des expériences pour pouvoir aboutir à 2018. C’est des démarches de management et de création, qui nous permettent d’aller à mars 2018, parce qu’en mars 2018, la 14ème édition du Fitheb aura lieu. Donc, je ne vais pas dire que ça va être facile … Non ! Ce type d’activité, la mener, il n’y a aucune facilité là-dedans, mais je le réaffirme et je l’espère : ce sera moins difficile ; on a plus de commodités à offrir quelque chose d’autre, de mieux, au public.



Est-ce qu’on peut avoir quelques lignes d’innovation par rapport au Fitheb 2016 ?

Oui, d’autant que nous avons le rêve de recevoir un pays hôte, un pays invité, sur le Fitheb. Jusque-là, c’est une tradition que nous n’avons pas souvent faite ; nous voulons qu’avec 2018, le Fitheb commence à recevoir un pays invité. Tout ce que je peux vous dire, tout le coin de voile que je vais lever, c’est que nous y travaillons … S’il plaît à Dieu, nous aurons un pays, un grand pays invité, sur le Fitheb 2018.


Quel est ce mot que vous avez à dire au public, pour son déplacement vers les différentes représentations théâtrales qui ont démarré, à l’ex-Ciné Vog, depuis le mardi 16 mai 2017 ?

C’est simplement de dire à mes compatriotes, même si je n’ai rien à leur offrir, que j’ai cette programmation-là ; qu’ils viennent voir et qu’ils encouragent ce que nous faisons ; c’est parce qu’ils seront venus, c’est parce qu’ils auront vu, qu’ils pourront nous faire des propositions pour rectifier le tir, pour ajouter et améliorer. Je dis, je le répète, c’est gratuit, c’est gratuit. Dès que quelqu’un a un peu de temps, qu’il glisse vers la zone commerciale de Ganhi et qu’il fasse un tour pour voir s’il n’y a pas une programmation en cours. Il peut aussi prendre une date, pour venir voir des spectacles.
L’autre chose, c’est que, nos compatriotes font des choses qu’on ne valorise pas ; nos visiteurs auront l’opportunité de voir des acteurs béninois jouer, de les voir dans d’autres postures. Ils pourront en profiter pour acheter des spectacles pour leurs fêtes personnelles de famille, pour nouer des contacts avec des acteurs, avec des entrepreneurs culturels et, pouvoir les inviter dans des manifestations officielles.
Toutes ces raisons font que j’invite mes compatriotes à nous visiter, à venir au Fitheb, depuis le 16 jusqu’au 31 mai et, au cours des autres mois, le mardi, le mercredi et le jeudi, nous ferons ’’Tous au Fitheb’’. Et, c’est bien clairement dit : nous voulons que tous viennent au Fitheb et transforment le Fitheb en leur maison, transforment le Fitheb en leur chose, car nous autres, ne pouvons pas faire le Fitheb ; nous sommes très peu nombreux et nous avons très peu de moyens. C’est le peuple qui porte ses arts, c’est le peuple qui porte son théâtre vers une fructification.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo



Programmation de ''Tous au Fitheb''

jeudi 4 mai 2017

Gilbert Déou-Malé, Dg/Fac : l’intégralité d’un inédit discours rassurant et rassembleur

Dans le cadre d’une adresse de 8mn 22s à divers ordres de responsables d’artistes et d’acteurs culturels


La matinée du samedi 22 avril 2017 a donné lieu à une rencontre entre Gilbert Déou-Malé, Directeur général du Fonds des Arts et de la culture (Fac), et plusieurs dizaines de responsables d’artistes et d’acteurs culturels, qui étaient réunis au sein de la Plateforme des Confédérations et fédérations d’artistes et d’acteurs culturels du Bénin. C’était dans une Salle Vip 2 n°112 archi-comble du Stade de l’Amitié Général Mathieu Kérékou de Cotonou. En réponse à l’allocution de remerciements, adressée par les membres de la Plateforme, représentés par Pascal Wanou, au Chef de l’Etat, face à l’injonction qu’il a donnée du remboursement de leurs reliquats aux artistes et aux acteurs culturels, Gilbert Déou-Malé, qui le représentait, a pris la parole et, dans une improvisation de 8 minutes 22 secondes, a partagé avec ses interlocuteurs des réflexions d’une qualité qu’ils ont abondamment applaudie.

Gilbert Déou-Malé, le Dg/Fac, au cours de son intervention

Intégralité du propos de Gilbert Déou-Malé


« Chers artistes, non, chers collègues !

« Les mots me manquent pour remercier tous qui ont effectué le déplacement, parce que, c’est une surprise, en tout cas, pour moi, le contenu du document. Ce qui me réjouit davantage, c’est de voir ici, autour de cette table, assises, les sommités. Je me réjouis du fait que tous les artistes soient réellement représentés ici, parce que, à voir, autour de cette table, ceux qui sont assis, c’est une fierté ;  cela suppose que, réellement, les artistes avaient un message à adresser au Chef de l’Etat.
Je crois que, si nous étions en période guerre, la guerre est terminée.

« Ceux qui ont pensé que je pouvais, en toute confiance, transmettre le message de mes collègues au Chef de l’Etat, ne se sont pas trompés, simplement parce que je fais partie réellement du Nouveau départ. Donc, je peux remettre ce document au Chef de l’Etat. Je peux aussi le commenter ; je peux apporter des éclairages, des éclaircissements au Chef de l’Etat, s’il en avait besoin, parce que j’ai vécu tout ce que vous avez vécu là, avec vous. Et, j’ai le même ressentiment, parce que je suis en train d’intervenir, en tant qu’artiste, comme vous. 

« C’est vrai, je suis Directeur général du Fonds des Arts et de la culture mais, c’est passager et, je demeure artiste à vie. C’est pour cela que je n’aurai pas peur ; pendant tout le temps que le Chef de l’Etat me fera confiance, je n’aurai pas peur de défendre rien que les intérêts des artistes et, rien que ça parce que, désormais, il faut que l’artiste soit respecté comme tel.

« Moi, en tant qu’artiste, je me sens beaucoup plus important qu’un homme politique. Oui, parce que, quand un homme politique fait son meeting, c’est lui qui donne de l’argent à la population, mais quand je fais ma prestation, c’est la population qui me donne de l’argent.

«Tous ceux qui ne le savent pas et qui pensent qu’injecter de l’argent dans la culture, c’est jeter de l’argent par la fenêtre, se trompent ; ils se trompent parce que, simplement, quand on met de l’argent dans l’éducation, le lendemain, on n’en a pas les retombées, quand on met de l’agent dans la santé, le lendemain, on n’en a pas les retombées mais, nous, artistes, quand nous voulons sortir un morceau, nous payons des taxes, nous payons l’électricité ; au studio où je suis allé me faire enregistrer, il y a des gens qui sont en service là, donc, nous participons à la création de la richesse.

« Investir dans la culture, ce n’est pas jeter de l’argent par la fenêtre et, c’est ce que le Chef de l’Etat a compris, depuis qu’il était candidat, quand il a dit qu’il ferait du tourisme et de la culture le levier même, le socle du développement économique et social de notre pays. Cela voudra dire quoi ?
Tous les artistes du Bénin doivent se sentir fiers parce que c’est la première fois que nous avons un Chef d’Etat, qui pense que nous devons être le levier du développement. Et, nous devons tout faire pour mériter cette confiance.

« Il y a, pour finir, un petit quelque chose que je voudrais dire, comme nous sommes en famille : nous allons nous mettre ensemble pour assainir notre milieu. Cela voudra dire quoi ? Que cela commence aussi par nous-mêmes ; nous devons avoir des comportements dignes. Un artiste, c’est un éducateur, c’est un communicateur, il doit être un exemple ; nous devons alors, dans nos comportements quotidiens, en donner la preuve. C’est pour cela que, quand on sort dans la rue et qu’on apprend, par exemple, que c’est au sein de nous, les artistes, qu’on remarque des toxicomanes, je crois que nous avons le devoir, l’obligation d’accompagner le Gouvernement dans la lutte contre le trafic illicite, contre le trafic de la drogue, dans notre pays, simplement parce que ceux qui se livrent à ce commerce-là s’enrichissent mais, ce sont nos enfants qui sont détruits physiquement, mentalement. Il faut que’ désormais, on commence à nous respecter, nous, artistes.

« De toutes les façons, nous interpellons, ici, les douaniers, les policiers, les magistrats, pour que la lutte se mène de manière honnête et sincère.

« En outre, le Nouveau départ, les artistes l’ont bien compris et, nous sommes prêts pour le Nouveau départ. Par rapport à cela, je voudrais vous garantir que le Chef de l’Etat aura le document, dès la semaine prochaine. Et, pour tous ceux qui hésitent encore parmi nous, ils n’ont qu’à comprendre que la lutte est commune ; j’ai appris que certains doutent encore de ce que les reliquats seront payés. Il y a des doutes au niveau des acteurs culturels.

« Depuis ma prise de service, j’ai juré de faire payer ces reliquats parce que c’est simplement une injustice : des artistes se sont endettés pour mettre en œuvre leurs activités parce, simplement, ils ont reçu des notifications, ils ont eu un contrat avec le Fac (Fonds des Arts et de la culture, Ndlr), donc, avec l’Etat. L’Etat doit prendre ses responsabilités. C’est pour cela que le Chef de l’Etat a instruit pour que les artistes soient intégralement payés et, le Fac le fera. Donc, plus de doute ! Nous allons nous organiser pour payer intégralement tout ce que nous devons aux artistes ».


Propos recueillis par Marcel Kpogodo

mercredi 3 mai 2017

Michaël Todégo ou Antonin, l’innocence-intelligence précoce

A la représentation de ’’L’œuf et la poule’’


La pièce de théâtre, ’’L’œuf et la poule’’, a été jouée le samedi 29 avril 2017, à deux reprises, à l’auditorium de l’Institut français de Cotonou. S’est trouvé mis en vedette Michaël Todégo, contraint de restituer au public la curiosité un peu trop poussée d’un enfant sur les tenants et les aboutissants de la vie intime de ses parents.

Michaël Todégo, sur scène 
L’air perpétuellement anxieux et insatisfait, insatiable d’Antonin, 5 ans. Le défi qu’a réussi à relever Michaël Todégo qui incarnait ce rôle exigent, le samedi 29 avril 2017, au cours de la représentation, en milieu de matinée et en après-midi, de la pièce, ’’L’œuf et la poule’’, écrite par Catherine Verlaguet et mise en scène par Nathalie Hounvo-Yèkpè.
Dans un décor meublé de gros cubes en carton, diversement colorés et dont certains portaient, écrites, de grosses lettres ou un dessin de poussin ou d’œuf, notamment, un ensemble qui finissait par incarner la devanture d’une maison, Antonin se confrontait régulièrement à son père et à sa mère, respectivement incarnés par Bardol Migan et Sophie Mètinhoué. Alternativement, il les dérangeait de ses incessantes questions visant, pour lui, à comprendre les fondements du gonflement progressif du ventre de sa mère enceinte et, face à la découverte du fait qu’il contenait son petit frère qui allait naître, Antonin ne cessait de chercher à comprendre de quelle manière il allait sortir du ventre. Les doigts bien expérimentés de Meschac Adjaho libéraient les notes de musique de comptines, de sa composition, nous dira-t-il, fermant et ouvrant les scènes.

Michaël Todégo, en fond de décor
Face à sa taille un peu au-dessus de la moyenne, qui était celle de Michaël Todégo jouant Antonin, le jeu se trouvait compromis et le comédien ne devait s’en remettre qu’aux différentes expressions de son visage, aux intonations de sa voix et à ses gestes, à ses comportements, pour laisser lire en lui la mentalité d’un enfant de 5 ans.
Notre Antonin s’y est mis, 35 minutes durant, manifestant les sourcils froncés de la curiosité, la mine boudeuse de l’insatisfaction, les yeux écarquillés de la surprise, face aux réponses trop expéditives du papa concernant, entre autres, un aspect réellement embarrassant de la manière dont son petit frère à la naissance attendue a pu se retrouver dans le ventre de sa mère par le fait du père, sans oublier la voix traînante de cet enfant de scène, confrontant, aux considérations évasives de son papa, les connaissances précises, transmises par sa camarade de classe, sur les conditions de la tenue d’une relation sexuelle par deux adultes. Confusion du père et rire assuré du public.

De gauche à droite, Sophie Mètinhoué, Michaël Todégo, Nathalie Hounvo-Yèkpè, Bardol Migan et Meschac Adjaho, saluant le public


De cette manière, Michaël Todégo a tôt fait de réussir à se mettre dans la peau du très intelligent et réellement mais profondément innocent petit Antonin. Se faire admettre comme tel par des spectateurs scandant des félicitations, à la fin de la pièce, voilà une grande réussite pour ce jeune comédien plein d’avenir.

Marcel Kpogodo