dimanche 29 juin 2014

Le Ministère de la Culture lance un Conaasco 2014 très innovant

Au point de presse qu'a donné la Coordonnatrice du Projet

A l'Espace ’’Adjadi’’ du quartier Kindonou à Cotonou, siège de l'Organisation non gouvernementale, ’’Inov'art Bénin’’ s'est tenu, ce samedi 28 juin 2014, le lancement de l'édition 2014 du Concours national d'arts scolaires (Conaasco). Judith Bernice Adivignon, la Coordonnatrice du Projet, au cours d'un point de presse, a présenté les grandes innovations de son déroulement. Blaise Tchétchao, Directeur du Fonds d'aide à la culture mais, intervenant en tant que représentant du Ministre de la Culture, a eu l'honneur de lancer le Conaasco 2014. C'était aussi en présence de Baï Guanming, Directeur du Centre culturel chinois du Bénin, et de Patrick Idohou, Président d' ’’Inov'art Bénin’’. 

De gauche à droite, Blaise Tchétchao, Judith B. Adivignon, Baï Guanming et Patrick Idohou
Blaise Tchétchao, représentant le Ministre de la Culture, Jean-Michel Abimbola, a clôt le point de presse qui a eu lieu, ce samedi 28 juin 2014, à l'Espace ’’Adjadi’’ de Cotonou, siège de l'Organisation non gouvernementale ’’Inov'art Bénin’’. Il a ainsi procédé au lancement officiel du Concours national d’arts scolaires (Conaasco) 2014. Cette manifestation culturelle aura quelques points de différence avec l'édition précédente. Voilà ce qu'a précisé, bien avant cette personnalité, Judith Bernice Adivignon, Coordonnatrice du Projet, au cours de son intervention devant les journalistes culturels. 
Dans sa 9ème édition, cette année, le Conaasco se déroulera sous le couvert du thème : « Royauté et chefferie traditionnelle au Bénin », « pour se rapprocher de ceux qui détiennent les rênes du pouvoir endogène », a précisé Madame Adivignon, en substance, partageant que les personnes appelées à rivaliser de talent pour remporter les prix en jeu devront être des élèves et des étudiants béninois, de 18 à 28 ans. Ensuite, ils produiront leurs œuvres dans les trois secteurs artistiques que sont : la peinture, la sculpture et les écrits illustrés.
Par ailleurs, comme l’expliquera la Coordonnatrice du Conaasco, contrairement aux éditions passées du Projet, les participants élus ne seront plus sélectionnés sur la base d’œuvres envoyées, ce qui donnait lieu à des situations de trucage où les aspirants se faisaient aider dans la conception et la fabrication par des artistes expérimentés. Mais, en 2014, ils participeront directement à une résidence de création à l’Espace ‘’Adjadi’’. Ainsi, le Comité de sélection les verra produire leurs pièces avant d’évaluer leur qualité.
Un autre élément d’innovation : les organisateurs du Conaasco 2014 feront éditer un ouvrage didactique, sous la forme d’un catalogue, d’une part, dans la catégorie « Arts plastiques » et, un autre, sous celle d’une bande dessinée, pour les travaux du domaine des écrits illustrés, d’autre part, en tenant compte des différentes œuvres achevées. A en croire la Coordonnatrice, « ces ouvrages et documents seront réalisés par les jeunes eux-mêmes et mis à la disposition de tout le milieu scolaire et universitaire ».


De la sélection et des prix

Finalement, selon Judith Bernice Adivignon, trois lauréats seront retenus, ce qui leur donnera le bénéfice de deux prix : pour chacun, une « bourse d’études de courte durée en Chine », d’une valeur unitaire de 5 millions de francs, et la participation à l’édition 2014 du Concours international d’arts scolaires (Coniasco), une biennale. Ainsi, le trio de gagnants affrontera les trois autres sélectionnés de chacun des pays du Conseil de l’Entente, organisation sous-régionale à laquelle appartient le Bénin, ces nations étant le Burkina-Faso, la Côte d’Ivoire, le Niger et le Togo. A l’issue de la délibération finale, le Comité d’organisation remettra, respectivement, les prix suivants aux trois meilleurs de tous : 1 million de Francs Cfa, 750 et 500 mille Francs.


Du calendrier

Si la résidence de création devant donner lieu à l’évaluation générale des concurrents au Bénin et à la sélection des trois meilleurs d’entre eux se tient des vendredi 11 au dimanche 13 juillet 2014 à l’Espace ’’Adjadi’’, ce même lieu abritera l’exposition des œuvres retenues, des mardi 15 au jeudi 31 juillet 2014, sans oublier que, le samedi 19 juillet sera organisée, au Centre culturel chinois du Bénin, la soirée culturelle de délibération et de remise des prix.

Marcel Kpogodo  

jeudi 19 juin 2014

Wbi évoque le scandale des artistes béninois orphelins à la Biennale Dak'art 2014

Au cours de la conférence de presse que l'institution belge a donnée à Cotonou

En début de matinée du lundi 16 juin 2014 s'est tenue, à Cotonou, la conférence de presse des représentants de Wallonie-Bruxelles international (Wbi), dans le cadre de la 11èmme édition de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar, qui s’est tenue du 9 mai au 8 juin derniers. Cette équipe a rendu compte de la partition fondamentale jouée par l’institution belge dans le rayonnement de plus d’une vingtaine d’artistes plasticiens et designers béninois à cette grande manifestation d’envergure internationale, ce qui contraste avec un total effacement, à tous points de vue, du Gouvernement béninois face à cette Biennale.

De gauche à droite, Christian Saelens et Joël Decharneux, ...
Quatre personnalités ont animé cette conférence de presse de restitution du rôle cardinal qu’a joué Wallonie-Bruxelles international (Wbi) dans la participation retentissante de 25 artistes plasticiens et designers béninois à la 11ème édition de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar. Il s’agissait de Joël Decharneux, Chef du Pupitre ’’Afrique de l’ouest’’ de Wallonie-Bruxelles international, de Christian Saelens, Délégué de la Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles à Dakar pour des pays comme le Sénégal, le Burkina Faso et le Bénin. Ensuite, les journalistes culturels ont écouté Calixte Somaha, Chargé de programme du Bureau de Wallonie-Bruxelles international à Cotonou, et, enfin, Constant Adonon, Commissaire adjoint et Coordonnateur des ateliers de design au Bénin.
Plusieurs considérations ressortent des différentes interventions émises à l’attention des professionnels des médias.
Celle la plus insoupçonnable reste l’absence remarquable du Gouvernement béninois, en général et, en particulier, du Ministère de la Culture, à l’exposition collective fondamentale des artistes plasticiens, designers, sculpteurs et vidéastes béninois, intitulée ’’Bois sacré’’, de la Biennale Dak’art 2014 au Sénégal. Selon, Christian Saelens, elle a été un grand succès. Cependant, la participation des autorités béninoises dans cette réussite, aussi bien au sommet de l’Etat qu’au Ministère de la Culture, s’est révélée inexistante. Aucune contribution financière de quelque sorte n’a été la sienne. En outre, durant la Biennale, aucune délégation émanant du pays, même pas la plus petite, n’a fait le déplacement pour aller soutenir ce rayonnement de l’art et du design béninois à Dakar, malgré les nombreuses informations que les représentants de Wallonie-Bruxelles ont périodiquement apportées pour tenir les autorités de notre pays informées de toutes les étapes de ce qui se préparait.

...Constant Adonon et Calixte Somaha, au cours de la conférence de presse
A tout cela, « nous avons eu un silence radio de même qu’une lettre de notre Administrateur général qui est restée sans réponse », a constaté, l’air désolé, Joël Decharneux. Et, toutes les formes de sollicitations et de visites orchestrées par Calixte Somaha auprès du Ministère de la Culture sont restées lettre morte. « Nous avons porté le projet seuls, avec l’ensemble des artistes », conclut M. Decharneux, sans manquer de préciser : « Nous avons fait part au Ministère de la Culture de notre déception et nous avons eu des réponses relatives aux lenteurs administratives et à celles de l’autorisation du Gouvernement pour se déplacer. En fait, les autorités béninoises ont été en mesure de se déplacer lorsqu’il restait deux artistes béninois à Dakar … Et, ça n’avait plus beaucoup de sens d’arriver en ce moment-là, quand tous les lampions étaient éteints … »
Donc, les 25 artistes béninois ayant exposé leurs œuvres à la 11ème édition de la Biennale de Dakar n’ont aucunement été épaulés par les autorités de leur ministère de tutelle, ce qui est préoccupant ; cet apparent désintérêt gouvernemental donne l’impression que les partenaires techniques et financiers du secteur de la Culture sont plus préoccupés de la promotion de nos arts que nos autorités elles-mêmes.
Mais, malgré cette partition du Gouvernement béninois concernant la Biennale 2014, Wallonie-Bruxelles ne laisse pas s’émousser son ardeur pour le développement de la culture béninoise. S’il se prévoit que les deux parties tirent les conclusions de cette situation au cours de la Commission mixte Wallonie-Bruxelles/Bénin, qui se tiendra en décembre 2014, l’institution belge ne perd pas de vue sa lancée : « Nous allons continuer à cheminer avec le Ministère de la Culture et, au-delà, avec le Gouvernement béninois mais, aussi, en maintenant les relations étroites et ouvertes avec les milieux artistiques et culturels béninois, et avec la société civile », affirme Joël Decharneux, même si les susceptibilités sont vives : « Si nous devons tenir compte du comportement de nos ministères, nous n’allons plus rien faire du tout avec le Bénin. Mais, ce ne sera pas le cas ; nous allons continuer à soutenir la culture au Bénin. En réalité, un partenariat doit être un partenariat, il ne faut pas que la charge de la coopération pèse sur une seule partie. Je ne suis pas d’accord, en tant que Béninois », a laissé entendre Calixte Somaha. 
Aussi, Wallonie-Bruxelles reste accrochée à sa vision de base : « La culture est toujours un secteur prioritaire dans tous nos programmes », a rassuré M. Decharneux.
Sans doute donc, le Bénin l’a échappé belle. Mais, dans un contexte où le Chef de l’Etat s’est complètement impliqué dans la Table ronde de Paris, en cours, dans le but de mobiliser des financements pour la construction de la nation, il serait déplorable de perpétuer des situations pouvant provoquer le retrait de certains partenaires de secteurs stratégiques.


Wallonie-Bruxelles international, un engagement productif dans la Biennale Dak’art 2014

Wallonie-Bruxelles international a financé, à hauteur d’au moins 130 millions de Francs Cfa, l’ensemble du processus de tous ordres ayant permis à 25 artistes plasticiens et designers béninois de connaître le déplacement de 170 œuvres d’art en peinture, en sculpture, en design, en installation vidéo, entre autres, vers la ville de Dakar, de faire héberger les créateurs eux-mêmes, pendant une semaine, et de les faire participer à une dizaine d’événements artistiques et culturels dans la capitale sénégalaise et à Saint-Louis.
Cet important montant a aussi servi à l’exercice professionnel de commissaires d’exposition, d’hommes de médias et de techniciens, dans le cadre de la participation béninoise à la Biennale de Dak’art 2014 qui, selon Christian Saelens a été « une très belle édition ». L’exercice de tout cet important dispositif a contribué à la réussite de l’exposition collective béninoise intitulée ’’Bois sacré’’, à la librairie « Aux 4 vents » de Dakar, avec plus de 1000 visiteurs en un mois, selon le même intervenant. Elle s’est déroulée en Off et a mobilisé ces 25 artistes qui ont été très applaudis, sans compter que, parmi eux, Alougbine Dine a particulièrement impressionné par sa parade déambulatoire dans la même ville.    
A en croire Joël Decharneux, ce succès impressionnant de l’art plastique et du design béninois à la Biennale de Dak’art 2014 est le résultat d’un processus laborieux de formation de designers et de plasticiens ayant eu cours deux à trois années auparavant. Ceci, selon un contexte précis : la signature d’un accord de coopération entre Wallonie-Bruxelles et le Bénin, depuis 1984, ce qui impose que, tous les 3 trois ans, les deux parties valident des projets d’appui à la culture. Ainsi, il a été convenu que la période triennale 2011-2013 soit consacrée à la préparation de la Biennale de Dakar par la sélection de designers et d’artistes de qualité, pour leur participation à la Biennale Dak’art 2014.
Face à ce succès, Constant Adonon, dans son propos, a, notamment, remercié, d’une part, les artistes béninois pour leur participation à cette Biennale et, d’autre part, Wallonie-Bruxelles pour le financement et pour les dispositions pratiques et techniques que cette institution a mis en place. Selon lui, les répercussions positives de cette manifestation sénégalaise de l’art contemporain, dans l’édition de cette année, se matérialisent par un avenir prometteur pour bon nombre d’artistes y ayant participé.

Marcel Kpogodo

mardi 17 juin 2014

Gbènan lance son premier album et le rythme "Agbahoun"

Au cours d'un cérémonie à Abomey-Calavi

L'artiste béninoise de la musique traditionnelle, Gbènan, a lancé, le samedi 31 mai 2014, à la salle du peuple de la Mairie d'Abomey-Calavi, son premier album. Ce fut l'occasion pour elle de faire connaître le rythme "Agbahoun" dont elle est à l'origine de la conception.


Gbènan ...

"Totché dégbé", "Guigonontché", "Sogangan", "Noudékpatchami" et "Vidomingon". Ce sont les cinq titres de l'album intitulé "Houétchéhoun". Il est le premier de l'artiste béninoise de la musique traditionnelle, Gbènan, celui qu'elle a lancé, le samedi 31 mai 2014, à la Salle du peuple de la Mairie d'Abomey-Calavi. 
De son nom à l'état-civil, Christiane Lanmadoucélo, elle s'est montré l'auteur d'un opus dont la particularité est d'être un Vcd contenant cinq morceaux à la fois audio et vidéo. Ce résultat d'un labeur indéniable relève, selon elle, de ses propres moyens financiers. Elle ne manque d'évoquer les thèmes très précis qu'elle y aborde : l'art de la vie conjugale, l'amour du prochain, la vie des enfants placés appelés "vidomingon". Elle y rend aussi hommage au Seigneur Jésus-Christ.


L'album, "Houétchéhoun" ...
En outre, si les très connus rythmes traditionnels, Akonhoun et Agbotchébou, sont en vigueur sur cet album, celui dénommé "Agbahoun" est de sa propre création, elle qui, de par ses origines paternellement aboméenne et maternellement monolaise de Grand-Popo, a choisi de combiner deux rythmes émanant, chacun, de ces deux zones du Bénin. C'est ainsi qu'elle a assemblé l'Agbadja, du Mono, et l'Akonhoun du Zou, plus précisément d'Abomey, ce qui a permis de donner "Agbahoun", par exploitation d'une particule du nom de chacune des deux danses de base.

... de Gbènan
Désormais donc, Gbènan devra être considérée comme la Reine de l'Agbahoun, un rythme qui, à en croire ses analyses, est plus rapide à la danse que l'Akonhoun, à cause de l'influence de l'Agbadja.
A la Mairie d'Abomey-Calavi, ce samedi 31 mai 2014, la vente à l'américaine de l'Album "Houétchéhoun" a permis de recueillir deux cent trente mille Francs (230.000 F) Cfa. Dans le même ordre d'idées, Hounti Kiki, Président d'une association faîtière des musiciens traditionnels n'a pas manqué, quant à lui, d'annoncer le soutien de sa structure à hauteur de cinq cent mille Francs (500.000 F) à l'artiste Gbènan. 


Gbènan ...

Si Gbènan n'a sorti son premier album que récemment, elle exerce dans la musique traditionnelle béninoise depuis 23 ans.

Gbèna, amazone de la musique traditionnelle béninoise
Revendeuse de profession, mariée et mère de cinq enfants, elle révèle qu'elle porte la musique en elle, surtout que, descendante des familles princières d'Abomey, elles dont les femmes expriment tout par le biais de la chanson, elle a cultivé ce don, gardant un contact étroit avec un système artistique auquel son père et son mari ne sont pas étrangers. 
Particulièrement, le second n'a pas à son actif un album mais il est imprégné de l'art musical et ne manque pas de soutenir son épouse dans sa lancée et de lui prodiguer des conseils de réussite.         


Marcel Kpogodo

jeudi 12 juin 2014

Darlène Abissi, 16 ans bientôt mais, déjà, une styliste de talent !

Elle fait connaître ses modèles le vendredi 13 juin prochain

L'Institut français de Cotonou donnera à connaître, le vendredi 13 juin 2014, à partir de 19h30, un défilé de mode libre et gratuit, d'un genre particulier. Il présentera une collection de vêtements conçus par une styliste d'une jeunesse créative impressionnante : Darlène Abissi.

Darlène Abissi
« Funmilayo ». Voilà la marque sous laquelle Darlène Abissi présentera un peu moins d’une vingtaine de vêtements, le vendredi 13 juin prochain, à l'Institut français de Cotonou, en début de soirée, juste après le match du Cameroun contre le Mexique, au cours d’un défilé libre et gratuit. « Funmilayo » est son deuxième prénom qui fait porter tout un programme alléchant à la cérémonie annoncée : « Procure-moi la paix, la joie et tout ce qui est bon ». Tout se passe donc comme si Darlène Abissi, par sa création, entendait faire valoir, auprès du public, des qualités de paix, de joie, notamment.

Quelques séquences ...
Ces valeurs qu’elle veut partager, elle les suggèrera dans le cadre du défilé de mode de ce vendredi 13 juin, avec des modèles qu’elle fera connaître par des mannequins qui les montreront au public. Conçues entièrement par elle et cousues par une couturière professionnelle, ces créations existent sous la collection  « Soyez mystérieuse » à laquelle elle a consacré trois années de travail ; elle lui donne une signification très simple : «  Elle est riche en couleurs et en formes ; les tenues ont été conçues pour accentuer le côté mystérieux de la femme, dans le but de sublimer sa sensualité », nous disait-elle, assistant à la répétition des pas de marche des mannequins, dans l’après-midi du mercredi 11 juin, sous la grande paillotte de l’Institut français de Cotonou.
... de l'entraînement des mannequins ...
... sous la paillotte de l'Institut français de Cotonou, le mercredi 11 juin 2014
A en croire Darlène, ces tenues sont destinées à être portées par les consommateurs féminins de tous les âges, entre autres, les enfants, les adolescentes, les jeunes filles, les dames.
Ainsi, si le public devrait faire massivement le déplacement de ces lieux du défilé, c’est parce que les modèles qu’elles souhaitent faire découvrir relèvent profondément de sa création personnelle, ce que n’altère pas la couture qu’elle a suivie de très près en proposant tous les détails possibles, dans l’agencement des couleurs, notamment.
Par ailleurs, les habits ’’Funmilayo’’, que se feront le devoir de présenter les mannequins, rayonneront exclusivement de la marque « Woodin », un nom bien connu du tissu. Elle justifie ce choix : « C’est un tissu africain », lance-t-elle calmement.
Si, aussi, l’événement se tiendra le vendredi 13 juin, c’est grâce au soutien d’un ordre ou d’un autre de plusieurs entreprises et structures de la place : Mtn, le Port autonome de Cotonou, la Loterie nationale du Bénin, l’Institut français de Cotonou, l’Agence ’’Timagine’’, entre autres. L’appel de Darlène Abissi, qui devrait être entendue, se trouve, donc, sans ambigüité : « J’invite toute la population béninoise à venir me soutenir et à découvrir ce que je fais ». Ce défilé est très attendu pour révéler de quelle qualité de créativité est cette adolescente apparemment très précoce.



Darlène Abissi …

A la veille de sa 16ème année seulement, Darlène Abissi est une élève en classe de 1ère B d’un collège public de la ville de Cotonou. Ayant décidé d’orienter son don du dessin vers le stylisme, elle a une corpulence fine et une taille modeste contrastant avec la richesse et la grandeur de ses ambitions professionnelles très entrepreneuriales, incrustée qu’elle est dans la manipulation, comme les jeunes de son âge, des technologies de la communication, mais, fort heureusement, très éloignée des vices que développent ceux-ci. Pour une fois qu’une jeune fille démontre sa capacité de développer une vision d’avenir, dans un pays et un continent, un univers où le sens des contre-valeurs plonge la jeunesse dans le moindre effort, la superficialité, la paresse et l’attentisme, le moindre des soutiens à Darlène Abissi serait d’abord de faire le déplacement de ce défilé de mode du vendredi 13 juin, à l’Institut français de Cotonou, pour découvrir la teneur de cette jeune créativité qu’elle est. Sa détermination fera le reste.    

Marcel Kpogodo

samedi 7 juin 2014

’’Danxomè-xo », une magistrale réussite artistique et intellectuelle

Suite à sa représentation à l’Institut français de Cotonou


La soirée du vendredi 30 mai 2014 a donné lieu à la représentation de la pièce, ’’Danxomè-xo’’, écrite et mise en scène par l’homme de théâtre, Patrice Toton. Un spectacle d’une totale réussite qui a marqué les esprits aux plans artistique et intellectuel.

De gauche à droite, Patrice Toton, Souléman Laly, Parfait Dossa, Charrelle Hounvo et Edouard Ahlonsou, remerciant le public, à la fin de la représentation
A la fin de la représentation du spectacle, « Danxomè-xo », le vendredi 30 mai dernier, à la grande paillote de l’Institut français de Cotonou, les nombreux spectateurs, encore sous l’effet de la prestation impressionnante des artistes de l’Association ’’Katoulati’’, déambulant dans les environs de la cafétéria, voient Alougbine Dine, comédien, metteur en scène, responsable d’espace de représentation théâtrale et ancien Directeur du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), les deux mains sur la tête de Patrice Toton, auteur et metteur en scène de la pièce jouée, comme en signe de bénédiction, le féliciter en ces termes : « C’est très bien ! C’est très bien ! Tu as frappé fort ! Je suis content, je suis content ! »

L'inédit "standing ovation" des universitaires avec, de gauche à droite, les Professeurs, Bienvenu Akoha, Toussaint Tchitchi et Guy Ossito Midiohouan
Une autre image saisissante et révélatrice du succès éclatant de "Danxomè-xo" : le ’’standing ovation’’ d’un carré de professeurs d’université venus assister à la représentation théâtrale, au moment où les acteurs avaient fini de faire connaître leur identité au public. Bienvenu Akoha, appuyé de son épouse, Guy Ossito Midiohouan, Toussaint Tchitchi et, d’un autre côté du premier rang des bancs, Dodji Amouzouvi, continuaient d’applaudir après le public.

Après la pièce, la satisfaction probante du Professeur Guy Ossito Midiohouan, en bleu, du Département des Lettres Modernes, de la Faculté des Lettres, de l'Université d'Abomey-Calavi
Même lui, ce public, n’est pas resté en marge des félicitations par le geste. Après avoir app

laudi à tout rompre, à plusieurs reprises, à la fin du spectacle et au cours de la présentation des acteurs par Patrice Toton, il resté, pendant plusieurs minutes, accroché à son siège, comme s’il demandait une reprise du spectacle. Intensément et abondamment comblé par la prestation des acteurs, il n’avait de cesse de finir de digérer ce jeu extraordinaire, animé et instructif.   
Côtoyant ces maîtres du savoir, Ignace Yètchénou, comédien, acteur de cinéma, n’a pas manqué de faire connaître ses impressions, à la fin de la pièce, confiant à Patrice Toton : « J’ai perdu le goût d’aller au théâtre. Mais, avec ce spectacle, tu m’as redonné l’espoir et l’envie d’aller au théâtre. »
Toutes ces marques d’un succès éclatant qui ne trompe pas, ne sont pas gratuites. En 65 minutes, les trois comédiens-conteurs-personnages et le percussionniste, alternant les rôles, passant du récit engagé au jeu bien cadré d’un héros circonstanciel, en transitant par des séquences bien synchronisées de chants traditionnels en chœur, Parfait Dossa, Charrelle Hounvo, Souléman Laly et Edouard Ahlonsou, pour ce qui est de leur nom à l’état-civil, ont restitué des réalités historiques stratégiques du Bénin pré-colonial à celui contemporain, résumant, dans une exposition fortement exprimée, la volonté inextinguible d’hégémonie du royaume du Danxomè sur les 14 autres, de la côte, de l’est, du centre, de l’ouest et du nord de l’actuel Bénin. Une volonté érigée en une forte détermination conquérante de souverains successifs, Houégbadja, Agadja, Guézo, Glèlè, Béhanzin, aux déboires spécifiques et fatals  mais, une détermination concrétisée par des avancées conquérantes sérieuses, freinées opportunément par le colon militaire français et récupérées à son profit par lui pour asseoir une colonisation durable. 

Parfait Dossa, Agadja
Souléman Laly, en Béhanzin
Parfait Dossa, à cet effet, a incarné le téméraire Agadja et y a réussi, de même que Souléman Laly, par rapport à Béhanzin, sans compter Charrelle Hounvo qui, dans la même plus que châtiée diction que ses homologues de scène, une profération parfois mécanique, à souhait, a retracé des tranches de parcours illustres de ces célébrités. Et, que ne pas dire d’Edouard Ahlonsou, dont la voix mélodieuse et entraînante, renforcée par un timbre de griot, a lancé et scellé des chants du sud et du nord du Bénin, contraignant ses trois compagnons de scène à une chorégraphie circonstancielle embellie par le chorus de l’accoutrement.

L'engagement sans failles des comédiens-conteurs dans le conte théâtralisé, "Danxomè-xo"

Un accoutrement uniforme des conteurs, constitué, à la base, d’une sorte de tunique en coton, de manches courtes ovales et débordantes, une tunique ornée, le long des boutonnières, au col et au bord des manches, du même registre d’un large motif indigo dominant, agrémenté par de gros points jaunes. C’était une tunique sur un pantalon ample. Cet accoutrement, surtout chez les trois premiers conteurs, était extraordinaire par sa capacité, sans rien en laisser paraître au spectateur, à se muer rapidement en un autre. Ainsi, l’accoutrement de scène était aussi colonial, avec, pour les conteurs, des lunettes à la petite monture fine posée sur le nez. Dans un autre univers, constitué, en quelques petites minutes, par le biais d’un chant chaleureux exécuté à l’unisson, toujours par les mêmes trois conteurs, dos tourné au public, en retrait dans un coin droit de la scène, ce nouvel univers leur a fait continuer la pièce avec une chemise désormais sans manches sur un pantalon blanc, le tout mis en valeur par un chapeau feutre noir !
Et, nous voilà, en un tournemain, plongé dans notre Bénin du 21ème siècle, dans la capitale économique, avec ses réalités côtières de pêche d’une habitude séculaire, de belle vie de plage et de pratiques sexuelles débridées. Toute l’atmosphère savoureuse de l’environnement de la ’’Route des pêches’’ !

Les comédiens-conteurs, dans une séquence à la fois chantée et dansée

Et, dans ce passage aisé d’une époque historique à l’autre de notre pays, pas de rupture dans le jeu de scène, les chants et les danses aidant à cela. Le public a savouré des séquences chorégraphiques courtes et plaisantes qui s’enchaînaient habilement à d’autres séquences de récit ou de jeu de rôles. Ces moments chorégraphiques, mis au point stratégiquement, ont permis au metteur en scène de faire pratiquer par les comédiens-conteurs un déplacement agile et aisé sur la scène ; l’exploitation équilibré de celle-ci était fondée sur le positionnement des comédiens-conteurs en un triangle qui se déployait, s’élargissant en carré, en rectangle ou en cercle, selon les circonstances. Ceux-ci, maîtrisant leur texte, le vivaient, chaleureusement et joyeusement, disant, chantant, déclamant, célébrant même des rituels royaux, sacrés ou profanes, manipulant facilement des accessoires convertibles qui, eux aussi, changeaient de fonction : les bâtons à sculptures de jumeaux étaient auparavant des esclaves et les tabourets ont été restitués en balcons de maison à étages, balcons du haut desquels les colons pouvaient dédaigneusement considérer la population réduite à la soumission.
Au centre, Edouard Ahlonsou, dans son rôle de chanteur-percussionniste
Entrant en concordance avec tout ce système de successions des époques, des héros, des costumes, des accessoires, la lumière, blanche, jaune ou rouge, forte ou allégée, alternait, s’adaptant aux circonstances de détresse, de recueillement ou de joie, rougeoyant s’assombrissant ou éclatant, lançait ses feux.
Voilà une complète effervescence qui a animé la pièce, chassant du public l’ennui, l’instruisant par les faits d’histoire, le maintenant attentif et entretenant en lui un suspens qui a duré jusqu’à la fin de la pièce. Voilà une totale réussite ayant induit aussi bien la réticence du public à quitter les lieux du spectacle à la fin de la pièce, que les nombreuses félicitations au metteur en scène et la reconnaissance des professeurs d’université. Une telle pièce ne pourrait-elle pas épanouir les spectateurs du prochain Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) ?


Un speech de feu


Au-delà de son volet purement artistique, la pièce ''Danxomè-xo'' a laissé Patrice Toton, son auteur et metteur en scène, rappeler le contexte du premier jeu du spectacle, la participation de l’Association ’’Katoulati’’ au Festival ’’Yeleen’’ du Burkina Faso, en novembre-décembre 2013. 

Patrice Toton, dans son adresse au public, après le spectacle
L’homme de théâtre a alors, fortement et brièvement, partagé sa conviction de la nécessité que les universitaires s’emparent du processus qui est le sien de la réécriture de l’histoire nationale, selon la vérité des faits et non à partir de celle qui arrangeait l’ancien colonisateur et qui a été véhiculée jusqu’à aujourd’hui. Une véritable envolée intellectuelle de Patrice Toton qui, visiblement, a suscité l’intérêt des professeurs présents, quitte à ce que des initiatives scientifiques ultérieures viennent donner corps à un tel projet.     


Marcel Kpogodo

vendredi 6 juin 2014

Dominique Zinkpè ouvre son atelier au public

Dans le cadre du Projet "Entrez dans l'atelier de Zinkpè"


Dans une semaine exactement, plus précisément, le vendredi 13 juin 2014, Dominique Zinkpè, artiste plasticien béninois, convie, pour trois jours, le grand public à découvrir les réalités précieuses de son lieu de conception artistique. Ce sera au quartier Fidjrossè de Cotonou.


Dominique Zinkpè
Du vendredi 13 au samedi 15 juin 2014, le Projet « Entrez dans l’atelier de Zinkpè » permettra à l’artiste plasticien de renommée internationale, Dominique Zinkpè, de réaliser une opération « Portes ouvertes » pour faire découvrir son nouvel atelier au public. C’est une manière pour cette personnalité d’indiquer à tous ce lieu ; il est au niveau de la maison à étages que l’on aperçoit à l’angle de la dernière rue à gauche avant la fin de la voie pavée du quartier Fidjrossè, cette dernière rue étant celle menant au « Café des arts » de Carine Agbanou. Ayant désormais ses quartiers à cet endroit, l’artiste officialisera, au cours de la manifestation, son déménagement, précisant un autre de ses objectifs : « J’en profiterai pour montrer à tous mes travaux récents et pour partager mon intimité d’atelier ».
A cette occasion, à en croire toujours ses propos, « chaque pièce de la maison sera transformée en une salle d’exposition » ; il fera ainsi connaître ses œuvres mais, aussi, les différents compartiments de son lieu de création : « Cet atelier n’est plus mythique, il devient un lieu ordinaire où l’on peut découvrir des œuvres de création », continue-t-il d’expliquer.
Concernant précisément les compartiments de son atelier, ils sont animés par des collaborateurs de pointe que Dominique Zinkpè entend présenter à tous, de même que « les différents travaux qu’ils commencent à créer eux-mêmes », une manière de leur témoigner sa reconnaissance de ce qu’ils sont et de l’appui qu’ils constituent pour lui dans son travail.
Comme il n’existe pas de gâteau sans cerise, celle du Projet « Entrez dans l’atelier de Zinkpè » consistera à faire visualiser au public une vidéo fondamentale intitulée « Divine comédie », diffusée actuellement à Frankfurt, en Allemagne. Des précisions seront alors apportées par l’artiste sur cette œuvre.

Marcel Kpogodo

"Houèdo" ou Claude Balogoun, la source du conte théâtralisé au Bénin

Face à la parution de son premier livre

Depuis janvier 2014, Claude Balogoun, connu comme un grand réalisateur audiovisuel, a fait son entrée dans le monde des écrivains béninois. C'est à travers la parution de son livre intitulé "Houèdo ou l'arc-en-ciel", suivi du conte "Gbèxo, le respect de la tradition". Décryptage d'un écrit d'un genre particulier en ce qu'il a lancé le conte théâtralisé au Bénin.


"Houèdo ou l'arc-en-ciel", suivi de "Gbèxo, le respect de la tradition", un recueil de deux contes, dont le premier est théâtralisé. 74 pages. La place que les deux textes prennent sur un nombre de 105. Ce livre est paru en janvier 2014, aux ’’Editions Plurielles’’, sous la signature de Claude Balogoun qui, par cet acte, fait son entrée dans le rang des écrivains béninois.
Le premier conte raconte la naissance surnaturelle, mythique à but purificateur de Houèdo, l’arc-en-ciel, après neuf ans de travail de délivrance, de la part de sa mère, Ngopi, parturiente. Son père, Nkako, a aussi une naissance extraordinaire, vu qu’il est issu d’une termitière. C’est ce que laisse comprendre l’exposition. Et, si Houèdo a vu le jour, tout adulte, dans des conditions où c’est lui-même qui a dicté les circonstances de sa naissance, c’est pour accomplir, de la part de ses « oncles sans âge », une mission apparemment impossible : réinstaurer l’ordre et la justice dans le monde des ’’hommes fromagers’’ où règnent toutes sortes de calamités morales.
Ceux-ci, réfractaires à tout changement, lui ont envoyé Okou, la mort, qu’il a dû affronter, pendant trois jours, avant d’en être sauvé par le boa géant qui n’a pas eu d’autre choix que d’avaler le missionnaire pour le recracher sous la forme des sept couleurs de l’arc-en-ciel. Depuis cette victoire, la mort se venge sur les hommes en les tuant.
’’Houèdo ou l’arc-en-ciel’’ présente tous les ingrédients du conte théâtralisé, déjà que l’auteur du livre, Claude Kokou Balogoun, a mis à l’écrit un conte qu’il avait produit, en 1994, pour le jeu théâtral, qui avait été mis en scène par le feu Urbain Adjadi ; il a été joué, dès 1996, par la troupe Wassangari, au Bénin, en Afrique et dans le monde, à en croire un pan de l’avant-propos de l’auteur et les informations apportées, à la fin du second conte, par l’éditeur, dans la rubrique, « Historique de la création du spectacle ’’Houèdo’’ ».
Le caractère théâtralisé de ce conte est formellement prouvé par la subdivision du texte en un prologue et en quatre actes. Pour ce qui se rapporte au fond, ces ingrédients, en particulier, sont relatifs, d’abord, au titre des deux histoires ; ils ont, chacun, une première partie en fon, ''Houèdo'', ''Gbèxo'', et, une deuxième, en français, un groupe nominal actif en la démonstration du contenu de l'élément en langue nationale, comme si le titre lui-même devait agir, jouer à rendre le conte, avant sa lecture, sa découverte. 
Ensuite, concernant la facture de conte théâtralisé, il y a la fonction révélatrice du prologue laissant comprendre, par la séquence de litanie et, les trois autres, de chant, l’immersion de l’histoire dans la culture du sud-Bénin.
Par ailleurs, nous avons, manifestant le conte théâtralisé, la présence, dans la pièce, d’un processus où les cinq comédiens incarnant les rôles clés de Houèdo, d’Okou, des 1er et 2ème vieillards, et de l’adepte de fétiche, sont à la fois personnages et conteurs, ce qui les fait se mettre dans la peau de quatre personnages supplémentaires que sont Kinninsi (Premier acte), les 1er et 2ème guerriers, et la voix (Deuxième acte).
En outre, particulièrement, dans cette pièce, le conteur principal n’est pas connu d’avance, il est choisi au hasard et, ce qui est intéressant est qu’il est remplacé par un autre, s’il est reconnu défaillant.
De plus, cette pièce de théâtre, appartenant au premier livre écrit par Claude Balogoun, présente des séquences chantées et même ritualisées, un système culturel synthétique émanant des ethnies fon, mina et yoruba, de notre pays.
Aussi, le conteur principal active la participation perpétuelle du public et le maintient psychologiquement dans l’intrigue, jusqu’à son dénouement, en scandant, périodiquement, « Ikosoukouriyo », ce à quoi il répond par « Soukourigo ». L’auteur utilise rationnellement cette relance, la rendant abondante dans l’acte premier, comme pour attacher l’attention de ce public au contenu de l’exposition ne comportant que trois personnages : le conteur, Kinninsi et le féticheur. Pour un récit assez long qui risquerait de devenir ennuyeux, face à une exposition qui détermine les conditions de la naissance du personnage principal, Houèdo, ce qui est fondamental pour la compréhension de la suite de l’histoire.
Claude Balogoun gratifie donc l’acte premier de huit relances, de même que le quatrième qui, vu qu’il gagne en tension, au regard de Houèdo, pourvu de sa mission et devant affronter le système d’opposition à celle-ci, le vaincre, subir sa propre métamorphose mythique en arc-en-ciel et laisser Okou matérialiser son dépit sur les hommes.
Toujours lié à la relance « Ikosoukouriyo »-« Soukourigo », le deuxième acte n’en a aucune, probablement parce qu’il est court et que quatre personnages l’animent : les 1er et 2ème guerriers, Houèdo et l’adepte, sans compter que deux séquences de chant lui donnent des couleurs. Enfin, dans le troisième acte, la moisson de relances est maigre : une, qui remet Houèdo en scène, par l’intermédiaire d’une plus ou moins longue tirade du conteur, des pages 43 à 44, pour laisser place à la voix et à Houèdo, échangeant de courtes répliques, ce qui donne de la vigueur à l’histoire et au jeu théâtral, des pages 44 à 45, pour, enfin, mettre l’homme-né-adulte face à l’information de sa mission de re-moralisation de la société des ’’hommes fromagers’’. Vivre la représentation selon de telles marques où, dans l’organisation du jeu de scène, rien n’est laissé au hasard, serait un vrai régal.   
En réalité, le conte théâtralisé est en pleine mode aujourd’hui et, inévitablement, par ’’Houèdo ou l’arc-en-ciel’’, Claude Balogoun en est le pionnier au Bénin. Il entre dans le monde littéraire béninois en faisant connaître une vocation de conteur, lorsqu’on considère qu’il a aussi écrit ’’Gbèxo, le respect de la tradition’’, second conte du recueil proposé au lecteur par le biais des ’’Editions Plurielles’’.
Cette histoire montre la punition de Gbèxo et de sa femme, pour avoir violé les principes sacrés de la vie au village. En nombre de pages et dans son traitement interne, la disproportion avec le premier conte est flagrante. Si ’’Gbèxo, le respect de la tradition’’ ne montre pas des signes d’avoir été jamais joué, Claude Balogoun aurait dû, dans cette édition, le préparer à l’être, en faisant l’équité, en proposant sa mise en scène écrite, de quoi démontrer, une nouvelle fois, son art de théâtralisation du conte, lui donnant une vie cultuelle et culturelle, en l’entrecoupant de chants, de litanies, de dialogues poétiques, de comédiens à l’ardeur inspirée. Rien ne montre qu’il ne se donne pas les moyens de donner corps à cette intention.

Marcel Kpogodo