mardi 6 février 2018

« […] pour le Fitheb, nous ne voyons rien », s’inquiète le Journaliste Esckil Agbo

 Dans le cadre d’une interview accordée à notre Rédaction

« Je suis Fitheb 2018 » est une campagne qui a pris d’assaut, depuis quelques jours, les réseaux sociaux. A l’origine de cette opération qui prend de l’ampleur, à mesure que nous approchons du mois de mars, celui mythiquement reconnu comme étant celui de la Biennale, se trouve un jeune journaliste culturel reconnu pour son engagement pour les causes culturelles nobles : Esckil Agbo. Les mots qu’il nous confie sont ceux du constat d’un Fitheb 2018 dénué de signes d’une organisation imminente de l’événement, à travers l’interview ci-dessous, qu’il a bien voulu nous accorder. Réponse immédiate à cet état de choses : l’amorce d’une nouvelle lutte …

Esckil Agbo
Journal ’’Le Mutateur’’ : Esckil Agbo, journaliste culturel, vous êtes l’initiateur de la campagne « Je suis Fitheb 2018 »  qui tourne actuellement dans les médias. De quoi s’agit-il concrètement ?

Esckil Agbo : « Je suis Fitheb 2018 » est une campagne  pour réclamer, revendiquer   l’organisation de la 14ème édition  du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb).  Conformément à l’appel à création que la Direction générale du festival avait lancé, courant le 2ème semestre de l’année 2017,  la 14ème édition de la Biennale est annoncée pour  se tenir en mars 2018. Le mois de janvier a fini d’égrener  ses jours,  celui de février a ouvert ses portes. Mais, jusque- là, nous n’avons aucune information officielle sur la tenue de l’événement. Je n’arrive pas à comprendre qu’à moins de trente jours du  mois de mars,  rien n’annonce l’organisation du Fitheb 2018. Nous n’avons aucune information sur la délibération de l’appel à créations,  les artistes devant prendre part à la biennale ne sont  donc pas connus.
L’appel à accréditations, pour la presse, notamment, n’est pas lancé. En un mot, il n’y a aucun signe de communication qui promet l’événement. Rien du tout.
Face à cette situation qui  défigure davantage le visage culturel du Bénin, je pense qu’aucun acteur culturel béninois ne saurait rester insensible.  En tout cas,  le comédien, le metteur en scène, le dramaturge, le scénographe, le conteur, le slameur, le poète, le chanteur, le danseur  qui aime le Bénin et qui aime ce Festival ne peut rester indifférent à ce sort  qu’on lui inflige, d’où la campagne « Je suis Fitheb 2018 ». Pour emprunter  les mots  du poète- dramaturge  béninois, Daté Barnabé Atavito-Akayi,  « le Fitheb ne mourra pas car il n’y a pas de morgue pour l’accueillir ».



Avez–vous cherché à connaître ce qui justifie ce silence autour de la tenue de l’événement ?

Oui ; je ne suis pas resté dans mon lit pour initier cette campagne. En ma qualité de journaliste culturel, j’ai cherché et recherché les raisons qui sont à la source de ce qu’on nous constatons tous.  
D’abord, l’appel à créations  de la Direction générale du Fitheb prouve son engagement à organiser l’événement et, ce, à bonne date, car le mois du Fitheb est le mois de mars.   
Mes investigations m’ont  montré que le problème est au niveau de la hiérarchie du monde culturel, c’est-à-dire toutes les institutions étatiques qui sont impliquées dans la tenue du Fitheb. Il s’agit, singulièrement, de la Présidence de la République, du Ministère du Tourisme, de la culture et des sports et du Ministère de l’Economie et des finances. Ces trois institutions ont chacune le pouvoir d’opposition à l’organisation  du Fitheb. Curieusement, c’est ce qui se dessine vaille que vaille.
Vous savez que le Bénin a récemment vu renouveler son Gouvernement : nous avons un nouveau Ministre à la tête de la Culture. Ce qui est devenu, depuis quelques années, la règle   à la tête de nos institutions, quand un nouveau patron arrive : il lance l’opération « Je veux voir clair  dans tout ce qui s’est produit avant mon arrivée », ce qui est normal. Une fois cette intention lancée, bienvenue à l’éternel recommencement. On stoppe toutes les activités, même les plus urgentes. Le secteur de la culture est la proie facile de ce « Je veux voir clair ». Avant l’actuel Ministre, Oswald Homéky, son prédécesseur, Ange N’Koué, est resté sur place, à tourner pendant plus de dix-huit mois, sans qu’on ait su véritablement ce qui se faisait. Son successeur est venu ; nous l’avons applaudi parce que nous avons vu l’homme agir au niveau des Sports. Mais, jusque-là, nous écarquillons les yeux et nous ne voyons rien. En tout cas, pour le Fitheb, nous ne voyons rien. Comprenez donc d’où proviendrait le malaise de la biennale.

La bannière officielle de la campagne

Comment la campagne « Je suis Fitheb 2018 » se déroulera-t-elle ?  

Notre objectif est d’aboutir à la tenue effective de l’événement, cette année. C’est une  évidence qu’il ne peut plus se tenir en mars, en tout cas, si on ne veut pas le clochardiser.  Alors, nous utiliserons tous les moyens nécessaires pour amener les décideurs à faire organiser notre événement ; c’est notre Festival, on ne le laissera pas mourir. Actuellement, nous ne sommes qu’à la première étape  de notre campagne. Au fur et à mesure que nous évoluerons, vous en remarquerez les  autres phases.



Avez-vous un appel à lancer aux acteurs culturels ?

Le  Fitheb est  l’unique événement culturel  du Bénin, dont l’Etat est le principal financeur.  Du haut de ses 27 ans de vie, il  est à un carrefour décisif. Il est temps qu’on légalise son financement. Je pense qu’il faut asseoir une politique qui légifère sur la mise à disposition de la Direction de la Biennale des ressources nécessaires, notamment, financières pour son organisation, parce que le  problème du Fitheb  se trouve à ce niveau. Si l’Etat n’est pas prêt pour prendre une telle initiative, nous, acteurs culturels, pouvons la provoquer, c’est-à-dire conduire l’Etat à la prendre.

Propos recueillis par  Marcel Kpogodo 

jeudi 25 janvier 2018

« […] l’enjeu que je visais était de taille […] », explique Rabbi Slo

En prélude à son retour sur le marché musical béninois

14 ans après son départ du Bénin, son pays d’origine, le chanteur Rabbi Slo, de son vrai nom, Wilfrid Houwanou, refait surface dans l’arène musicale. Immigré aux Etats-Unis depuis 2004, et résidant à New York, le chanteur béninois, compositeur, interprète et producteur, très prisé dans son pays, au début des années 2000, annonce son retour sur scène, avec une nouvelle vidéo et un nouvel album, prévus pour être lancés à la fin du mois de février 2018.
Nouveau style, nouvelle philosophie, nouvel engagement … et, encore plus d’endurance et de réalisme dans sa perception du monde et, surtout, de son travail. Rabbi Slo, devient aujourd’hui ’’Robbi’’. Dans cet entretien exclusif, il nous parle de sa renaissance. Robbi explique les raisons de son long silence musical et parle de son nouvel album et de sa vision actuelle de la musique et de sa carrière.
Robbi, anciennement, Rabbi Slo
Raoul Franck Pédro : Que devient Rabbi Slo après un si long retrait des projecteurs, après avoir fait le buzz, bien longtemps, dans son pays ?

Robbi : Oui, c’est vrai que je suis parti du Bénin à un moment où j’avais le vent en poupe. Je crois que personne ne me pardonne cela. Les gens quittent souvent leur pays pour l’aventure, quand tout va mal. Mais, j’ai été l’exception qui confirme la règle. Mon tout premier album, ’’Enangnon’’, est sorti au Bénin en 2000, et a connu un grand succès. Le public m’a très vite adopté, et j’ai réellement démarré ma carrière avec cet album, qui m’a permis d’appréhender de nombreuses réalités du showbiz africain. Avant mon départ pour l’Amérique, j’ai réalisé au total quatre albums à succès : ’’Enangnon’’, ’’Djogbé’’, ’’Mahu-Mahu’’ et ’’Sèwoué’’, en 2004, peu avant mon départ.
J’ai effectué de nombreuses tournées nationales, africaines et, même européennes. Je crois que ma musique suscitait beaucoup d’engouement, à l’époque, et j’en étais fier.
Mais, malgré cela, j’ai décidé de partir parce que l’enjeu que je visais était de taille et, le sacrifice de tout laisser dernière moi était indispensable pour atteindre mes objectifs.


Quel était cet objectif si grand que malgré le succès que vous aviez, déjà, à l’époque, dans votre pays, vous avez décidé, ainsi, de tout quitter et d’immigrer aux USA, alors que les portes du succès vous étaient grandement ouvertes, chez vous ?

Quelques fois, la vie nous impose de nombreuses surprises, et il arrive de se retrouver face à des situations qui nous amènent à aller à l’encontre de l’idéal commun. Quand votre rêve ne vous permet plus de dormir la nuit, et que vous êtes constamment hanté par une voix intérieure de plus en plus dominante, tous les jours, vous arrivez à comprendre que les grandes décisions de votre vie, vous devez les prendre seul et les assumer en toute responsabilité, avec grandeur d’esprit. Dans de pareilles circonstances, les gens doivent être obligés de vous comprendre et de vous accompagner dans la réalisation de votre vie. Je crois que mon public est assez mature et mieux aguerri pour faire la part des choses et pour accepter ma décision. C’est la fin qui justifie les moyens.
Je suis parti du Bénin, parce que j’étais convaincu que j’avais une mission à accomplir dans ma vie et, pour y arriver, il me fallait sacrifier ce que j’avais déjà l’intention d’avoir réussi. Il faut oser perdre pour gagner. Je n’ai pas encore pu atteindre mes objectifs, mais j’ai beaucoup appris de la vie et, sur la musique. Je suis de retour, aujourd’hui, dans l’arène musicale, avec une vidéo annonciatrice d’un nouvel album et, je crois que nous allons reprendre notre aventure musicale, de plus belle.


Une rumeur a fait état de votre arrestation en Amérique, peu après votre départ du Bénin. Et, après, plus personne n’a eu véritablement des nouvelles de vous, jusqu’à ce jour. Dites-nous un peu ce qu’il en est vraiment de votre immigration aux USA …

Retenez déjà que je n’ai jamais eu de soucis avec la police, encore moins avec la justice américaine, depuis mon arrivée aux Etats-Unis. Ce n’est pas facile de quitter chez soi et de tout recommencer dans un pays où la langue est différente, les mentalités, très évoluées, et où la conception du monde va à une vitesse de croisière. Arrivé à New York, j’ai pris beaucoup de temps pour m’accommoder. J'ai été accueilli par quelques amis mais, très vite, je me suis pris en charge et j’ai entrepris une formation musicale à Hochstein School of music & dance. Cette formation a duré trois ans. J’ai fait d’excellentes connaissances de gens qui m’ont aussi initié à la composition et à l’écriture de la musique de film et de programmes de télévision.
J’ai très vite installé l’un des meilleurs studios Recording où je produis de la musique pour films et TV, sous le label ’’Replay 4 life music’’. C’est d’ailleurs ce même nom de mon label qui est attribué à mon nouvel album. Depuis quelques années déjà, mon studio réalise de nombreuses chansons pour des émissions de télévision aux Etats-Unis, avec les plus grands Publisher de TV show comme ’’Kardashians’’, ’’Mtv real word’’ et bien d’autres. C’est dans ce studio que j’ai réalisé l’essentiel des travaux de mon album.



Quel défi entendez-vous relever, à travers ce nouvel album ?

Mon album, ’’Replay 4 life music’’, sera un véritable instrument de repositionnement de ma carrière. Je nourris de très grandes ambitions pour ma carrière aujourd’hui, et je me dis que je n’ais pas le droit à l’erreur. Ma nouvelle vidéo du morceau ’’So fine’’, en dit long sur la qualité de l’album, ’’Replay 4 life music’’. Je laisse les mélomanes apprécier.
Ce morceau qui tournera en boucle sur toutes les plateformes de musiques africaines et sur les grandes télévisions de promotion mondiale de la musique africaine, aura pour mission d’annoncer mon grand retour sur la scène musicale. Aujourd’hui, je suis mieux aguerri pour prétendre à une carrière internationale. J’ambitionne de me positionner au sommet de tous les hits de la musique africaine. Je n’ai pas la prétention d’être le meilleur, mais je travaille à être le meilleur, et je veux donner l’occasion au public international d’apprécier mon niveau de travail et de détermination pour la cause du travail bien fait. A New York, j’ai été soumis à d’autres réalités de travail, très rudes et axées sur la production de résultats. Je veux pouvoir partager avec mon public ma nouvelle conception de la vie, à travers ma musique.



L’album ’’Replay 4 life music’’ sort précisément quand ?

Ma vidéo sort dans quelques jours et l’album lui-même sera disponible d’ici la fin du mois de février. Il comporte plusieurs titres, ‘’Don’t’’, “Yawa”, “So fine”, “Body fire”, “Replay4life”, “Bougez gogo”, “Body shape to die 4” et bien d’autres. Cet album, je vous le promets, bénéficiera d’une très bonne promotion dans le monde et, surtout, en Afrique, où je m’investirai beaucoup à travers de nombreux concerts de promotion à partir de cette année 2018.


A quand votre retour au Bénin ?

Je reviendrai au Bénin après la sortie de mon album ; je promets aux mélomanes béninois un géant concert au Stade de l’Amitié de Cotonou, à mon retour. Je n’en dirai pas plus, je préfère garder le suspens.


Quelles innovations apportez-vous à votre musique ?

J’ai mieux travaillé mon timbre vocal en l’adaptant à mon style de musique. Aujourd’hui, j’apporte à ma musique la perfection, l’amour du travail bien fait, et mieux, j’arrange et je produis ma musique. Donc, l’amateurisme n’a plus sa place dans ma carrière. Ma musique est l’essence même de ma vie, ma seule garantie et le fondement de mon existence. Je lui dois tout, et je lui consacre tout.


Ce qui vous particularisait était votre grande proximité avec les mélomanes grâce aux thématiques de tes morceaux. Restez-vous toujours fidèle à cette philosophie, dans vos compositions?

Il n’y a rien au monde qui me donne de joie au cœur que d’être au service des autres et de les voir heureux. Elever l’homme à sa dimension spirituelle, le célébrer, l’exhorter et le doter d’un moral fort, susceptible de l’aider à se surpasser. C’est ce qui donne un sens à ma vie et à ma vocation de chanteur. Je continue à chanter, non seulement le quotidien des peuples du Bénin mais, aussi, celui des peuples d’Afrique qui soufrent de maux identiques. Je m’évertue à dénoncer, sensibiliser, exhorter les gens au bon sens et à la recherche permanente de l’amour. Sur mon nouvel album, l’amour est omniprésent. Je prône la tolérance, la justice sociale, l’espoir en un avenir meilleur, la foi en Dieu, la croyance en soi et, enfin, l’amour et la tolérance ; cela est mon leitmotiv pour l’assurance d’une carrière radieuse.


Depuis votre départ, beaucoup de choses ont changé dans votre pays, d’autres artistes ont pris le relais et votre public semble vous avoir un peu jeté aux oubliettes. Pensez-vous pouvoir le reconquérir aussi facilement avec votre nouvel album ?

Dans la vie, rien n’est facile mais, au bout de l’effort, on parvient toujours à triompher. Je me refuse de pronostiquer. A ce que je sache, mon public m’est resté fidèle. Il n’y a jamais eu des événements fâcheux entre lui et moi. Je suis juste aller faire des recherches pour parfaire mon art, afin de le combler davantage et, je sais qu’il saura me comprendre et m’accepter avec mon nouveau produit.
En quittant le Bénin, j’ai laissé quatre albums à mes fans. Et, je crois qu’ils ont eu suffisamment de temps pour les écouter. Alors, j’estime que le moment est opportun afin de les gratifier d’un nouvel opus qui s’adapte mieux aux exigences du marché international de disque et aux principes de l’industrie musicale. Aujourd’hui, j’ai travaillé à me professionnaliser et, je crois que mon public a plus intérêt à me soutenir dans cette démarche qui m’a valu bien des sacrifices pour lui.


Rabbi Slo devient ’’Robbi’’. Pourquoi ce changement de nom ?

Non, je n’ai pas changé de nom. Mon nom se prononce toujours de la même façon, mais c’est juste l’écriture qui change. C’est désormais ’’Robbi’’ et cela se prononce ’’Robbi’’, en français et en anglais. Je l’ai fait juste pour me conformer à certaines exigences du marché du showbiz international.


Vos fans veulent aussi savoir comment vous vivez à New-York

J’ai, actuellement, une double nationalité ; je suis Bénino-américain. Je suis marié à une Béninoise et suis père de trois enfants. J’ai entièrement reconstruit ma vie, ici, et je travaille à parfaire mon travail et mes relations humaines. Je profite de l’occasion pour présenter mes excuses à toutes les personnes que j’aurais offensées d’une quelconque façon, et je les exhorte à l’amour. Je ne compte pas de sitôt revenir m’installer au Bénin, car je crois que, d’ici, je pourrai réussir beaucoup de choses dans mon pays. Je suis l’actualité et je demande beaucoup de courage à mes compatriotes. J’implore l’indulgence des mânes de nos ancêtres sur le Bénin et sur ses dirigeants ; je demande à Dieu le suprême d’éclairer et d’inspirer positivement tout un chacun afin que le Bénin reste et demeure ce modèle de pays de paix, très convoité par les autres nations. J’admire l’évolution de la musique béninoise, et je souhaite que les artistes de mon pays et de l’Afrique puissent vraiment avoir l’occasion de travailler dans de meilleures conditions et, surtout, de pouvoir vivre de leur art. Enfin, je rassure mon public et les mélomanes de l’Afrique et du monde que l’artiste Robbi s’engage à révolutionner le showbiz musical, en Afrique et dans le monde. Je veux pouvoir me hisser très loin, au firmament des hits de la musique d’origine africaine et, pour ce, je compte sur le travail et le sur professionnalisme. J’exhorte les mélomanes à se procurer mon nouvel album qu’ils adopteront très vite, après l’avoir découvert.

Propos recueillis par Franck Raoul Pédro