jeudi 13 avril 2017

« […] le Bénin sera au Salon du livre du Québec », dixit Léon Zoha, Directeur des arts et du livre

Suite à la brillante participation du Bénin au Salon du livre de Paris


Cinq mois après avoir été nommé Directeur des Arts et du livre (Dal) du Ministère du Tourisme et de la culture (Mtc), Léon Zoha s’illustre par la participation du Bénin, pour une première fois, au Salon international du livre de Paris, en France. Comprendre les tenants et les aboutissements d’un tel haut fait nous a amené à nous rapprocher de cette personnalité qui, bien que prisant la grande réserve et la totale discrétion, a accepter de se confier à nous … Léon Zoha nous projette, en outre, à un autre grand rendez-vous littéraire.

Léon Zoha
Journal ’’Le Mutateur’’ : Bonjour Léon Zoha. Vous êtes le Directeur des arts et du livre. Nommé depuis le 5 octobre dernier, en Conseil des Ministres, vous venez de vous illustrer dans la participation reconnue très brillante du Bénin, du 24 au 27 mars 2017, au Salon du livre de Paris. Nous avons appris que cette réussite est particulièrement à votre actif. Comment vous y êtes-vous pris pour atteindre ce succès de la remarquable participation du Bénin à cet événement ?

Léon Zoha : Merci. Si j’ai réussi à faire  participer notre cher pays, le Bénin, à ce grand rendez-vous littéraire, c'est grâce au Gouvernement de Son Excellence M. Patrice Talon, à travers son Ministre du Tourisme et de la culture, Ange N’Koué, qui a la volonté de faire connaître et de promouvoir les écrivains béninois dans le monde entier.
Depuis le temps colonial jusqu’à ce jour, le Bénin n'a jamais été absent du terrain de la littérature. Ceci est l'expression de la volonté politique. 
Laissez-moi vous dire que c'est depuis novembre 2016 que les préparatifs du Salon de Paris ont commencé. Je remercie le Gouvernement d'avoir compris l'importance du livre dans le développement d'un pays. Par ailleurs, je me ferais un grand tort de ne pas remercier le Ministère des Finances sans lequel nous n'aurions pas eu les moyens financiers pour voyager. En effet, la Direction des Arts et du livre (Dal) n'est pas une structure autonome, c'est une direction technique. Je ne pourrais vous en dire plus, puisque j’ai reçu un principe de mon éducation : « Le bien ne fait pas de bruit et, le bruit ne fait pas de bien ».
Aperçu de l'ambiance au stand du Bénin, au Salon du livre de Paris (Crédit photo : Léon Zoha)

Quelles sont les grandes étapes de cette participation active du Bénin ?

Parmi les grandes étapes du Salon du Livre de Paris, on peut noter l’ouverture officielle, présidée par le Président de la République française, François Hollande, en personne. Il s’en est suivi la visite des différents stands. Puis, des conférences-débats sont venus rehausser la qualité des manifestations. Et, quelques rencontres avec plusieurs personnalités de l'Ambassade du Bénin près l'Unesco, ont été conduites et facilitées par Sulpice Oscar Gbaguidi, à l'Ambassade du Bénin à Paris, et par l'Ambassadeur lui-même.



Quelles retombées concrètes notre pays pourra espérer récolter de la tenue du Salon du livre de Paris ?

En termes de retombées à espérer, nous pouvons souligner l’organisation du Salon national du livre, avec la participation d'un écrivain de renommée internationale. En son temps, on le découvrira.


Léon Zoha, à droite, au Salon du livre (Crédit photo : Léon Zoha)

Sous votre leadership, devrons-nous nous attendre à d'autres participations du Bénin à des événements artistiques et littéraires de grande envergure, à l'extérieur ?

Oui, le Bénin sera au Salon du livre du Québec.


Nous apprenons que le Plan de travail annuel (Pta) du Ministère du Tourisme et de la culture a été récemment adopté. Quelles sont les grands événements que votre Direction entend mettre en œuvre, pour l'année 2017 ?

Dans le cadre de l’exécution du Pta 2017 du Ministère du Tourisme et de la culture,  je pense que beaucoup de propositions ont été faites, à savoir le Prix du Président de la République, le Salon national du livre, et autre chose concernant la promotion des arts.


Après quelques mois à poste, quel regard portez-vous sur le secteur béninois des arts et de la culture ?

Le secteur des Arts et de la culture doit être restructuré. Et, pour ce faire, l'accompagnement politique est garanti, mais je voudrais inviter les acteurs à une prise de conscience et à se mettre au travail.


Léon Zoha, vous êtes très discret et effacé, beaucoup de gens entendent votre nom mais ne connaissent pas grand-chose de vous. Pouvons-nous avoir une idée de votre parcours, de la manière dont vous avez évolué dans le domaine artistique ?

Mon parcours artistique peut se résumer comme suit : j’ai pris part à plusieurs animations de rue, lors des cérémonies funéraires, j’ai été membre du Conservatoire des danses cérémonielles et royales d'Abomey du Professeur Bienvenu Akoha. J’ai également eu le privilège de faire un chemin artistique avec Gantindé, la monumentale chanteuse de la musique traditionnelle. Il faut aussi retenir que j’ai été chorégraphe, danseur et percussionniste du Roi du Zinli rénové, Alèkpéhanhou. J’ai fait le ballet national, en qualité de danseur-percussionniste. Promoteur du Festival international de théâtre, de danses et de musiques (Fithédam) qui regroupe, chaque année, des artistes nationaux et internationaux, je suis aujourd’hui, en tout cas, pour l’heure, le Directeur des arts et du livre, comme vous le constatez.


Propos recueillis par Marcel Kpogodo

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mardi 11 avril 2017

Danny King, l’obligation d’une authenticité africaine

Face aux deux concerts animés par un jeune musicien accompli


Danny King a tenu successivement deux concerts, très récemment. C’étaient les 27 janvier et le 11 mars 2017, respectivement, à l’espace culturel, ’’Africa sound city’’ et au ’’Yes papa’’, tous deux situés à Cotonou. Ces deux moments de production publique de l’artiste ont démontré qu’il détient un réel talent de chant et de jeu d’instruments musicaux, ce que devrait venir faire éclore une recherche instrumentale africaine très originale.

Danny King, à l' ''Africa sound city'' de Cotonou
Une douzaine de morceaux répartis sur les deux concerts respectifs animés les 27 janvier et 11 mars 2017, à l’espace culturel ’’Africa sound city’’, situé au quartier Kindonou, et au ’’Yes papa’’, non loin de l’Etoile rouge de Cotonou. C’est ainsi que l’artiste musicien de nationalité togolaise et vivant au Bénin, Daniel Klu, alias Danny King, a confirmé au public intime venu le suivre la validité d’un talent artistique se matérialisant d’abord par une voix mûre qui sait développer différentes intonations et un lyrisme si fort qu’il fait frissonner d’émotion. Ensuite, l’artiste excelle dans le jeu du piano, s’élançant dans une diversité de gammes et donnant de l’allure au jeu d’ensemble des autres instrumentistes sur la scène : Landry Padonou, à la clarinette, Christian Satchivi, à la batterie, et Jacob Godsen, à la basse. C’était dans la profonde soirée du vendredi 27 janvier, avec pas moins de 7 morceaux : ’’Amen’’, ’’Woézon’’, ’’Djédjévinyé’’, ’’Nyématsinénéo’’, ’’Axoé’’, ’’Gbénokpo’’ et ’’Togofolk’’.
Troisièmement, Danny King, bien qu’étant un jeune artiste, détient, dans son procédé de scène, un excellent dirigisme de chef d’orchestre, avec une poigne digne de celle d’Eric Boko, alias Dagbo, sur scène. Pour qui a vu jouer, à plusieurs reprises, à l’Institut français de Cotonou ou dans d’autres espaces, ce fils spirituel de Fela Kuti excellant dans l’Afro beat et, pour qui sait que celui-ci ne s’amuse guère lorsqu’il s’agit de mener son orchestre, on voit que Danny King a, dans ses germes, ce dirigisme strict face aux membres de son groupe ; il sait les conduire, du clin d’œil, du geste, des murmures suggestifs et entendus.   


Le concert du ’’Yes papa’’

En dehors des chansons ’’Woézon’’ et ’’Gbénokpo’’, les autres, joués sur scène à l’ ’’Africa soud city’’, ont enrichi un répertoire élargi à beaucoup d’autres morceaux, au concert du ’’Yes papa’’ : ’’When the saints’’, ’’Down by the river side’’, ’’Sooneverysoon’’ et ’’Impro-Obélékéjazz’’. Ceux-ci sont d’une obédience rythmique occidentale du rock’n roll, pour les trois premiers, et du funk. Cependant, l’agbadja et le kamou se sont fait nettement sentir avec, respectivement, ’’Axoé’’ et ’’Togofolk’’, comme pour appuyer une note africaine à l’inspiration de l’artiste, qui chantait bien aussi en langue mina, entre autres, dans le toujours très demandé ’’Nyématsinénéo’’, en mode d’un slow qui s’échauffe, procurant aux esprits une positivité à tout rompre.

Daany King, entouré des membres de son orchestre, au ''Yes papa'' de Cotonou
Cette identité purement africaine, Danny King doit résolument s’y engager, de même qu’il lui faudrait développer une rythmique typiquement africaine pouvant varier celle occidentale multidimensionnelle qu’il maîtrise si bien, sans oublier la nécessité pour lui d’adopter une thématique étroitement ciblée qui puisse lui permettre de se confectionner un large public qu’il pourra fidéliser et qui n’aura de cesse de le soutenir, par une présence massive à ses concerts. Danny King est une valeur sûre de la musique bénino-togolaise, lui qui, sur scène, jouit à l’avance de la musique qu’il nous construit dans l’esprit, ce qui nous permet de jouir d’elle, à notre tour, dans sa plus totale essence.

Marcel Kpogodo