samedi 27 septembre 2014

"Le kleenex qui tue", un drame social sur le châtiment de l'infidélité à la béninoise, en lecture-spectacle, ce samedi après-midi

Ce sera au Studio-théâtre de l'Eitb 

L'après-midi de ce samedi 27 septembre 2014 donnera lieu à la lecture-spectacle de la pièce de théâtre, "Le kleenex qui tue" d'Hermas Gbaguidi. Ce sera au Studio-théâtre, mis en place et dirigé par Alougbine Dine. Au menu de l'action, une situation de répression privée, à la mode africaine, de l'adultère. 


L'adultère, un acte que beaucoup banalisent, de plus en plus, aujourd'hui, se trouve puni, en privé, par la personne qui en est victime. Pour découvrir de quelle manière s'opère ce châtiment, selon une méthode purement africaine, il faudra se rendre à Togbin, au Studio-théâtre de l'Ecole internationale de théâtre du Bénin (Eitb), dirigée par Alougbine Dine, ce samedi 27 septembre ; il s'agira d'assister à la lecture-spectacle du "Kleenex qui tue", qui sera assurée, à partir de 16 heures précises, par les étudiants de cette structure académique.
Voilà un ouvrage de drame social appartenant à un recueil de quatre pièces, lancé, le 5 septembre dernier, à la salle bleue du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb). Inévitablement, il faudra s'attendre à voir déclamer sur scène des acteurs incarnant, respectivement, Martial, le fiancé trompé, Nafissa, la fille infidèle et Rockson, l'amant de la précédente. 
Grâce à une pochette de papiers-mouchoir, le "kleenex", négligemment abandonnée, comportant deux préservatifs pleins et attachés, le premier découvre l'infidélité de sa promise au mariage, ce qui le met en querelle avec celle-ci et qui le fait disparaître des lieux, avec la précieuse pièce à conviction dont l'utilisation occulte peut causer la mort de Rochson. Celui-ci, tenu au courant de la situation, finit par se retrouver chez Martial pour des négociations finalement infructueuses. 
A tout point de vue, "Le kleenex qui tue" se révèle une concentration savamment opérée, en 23 pages, par le dramaturge, Hermas Gbaguidi, qui démontre, par là, la maîtrise de l'art théâtral contemporain : trois personnages au plus, des répliques simplifiées au strict minimum, sauf dans des rares cas, une subdivision quinquénaire, chacune des cinq parties ayant une dénomination assez expressive, de quoi en situer rapidement le lecteur sur le contenu. 
En outre, l'intrigue, très simple, du genre "Tromperie-Découverte de la faute-Châtiment", n'en demeure pas moins chargée d'une richesse thématique à la sauce endogène, ce qui contribue à faire connaître ce que nous sommes, Africains, Béninois, dans notre refus de l' "avalement" de ce qu'on peut considérer comme une banalité à notre époque : l'infidélité amoureuse.
Mais, peut-on accepter cette vengeance, lorsqu'on sait que Martial et Nafissa ne sont que fiancés ? Alors, l'absence du statut de mariage chez ces personnages ne rabaisse-t-elle pas la punition provocatrice de mort à la mesure de l'énorme marteau qui sert à tuer une minuscule mouche ? Aurait-on pu tuer un "cocufieur" qui a touché à une femme non mariée ? Socialement, en coutumes béninoises du sud, tout au moins, si les deux protagonistes que sont Martial et Nafissa ne sont que fiancés, c'est qu'il n'y a pas eu un mariage reconnu par les ancêtres, à travers la dot. Problème de réalisme social.
Pourtant, la liberté de la stratégie de traitement du sujet par le dramaturge doit être respectée, même s'il se révèle inacceptable que, pour une maison d'édition de la trempe des "Editions plurielles", chez laquelle des publications régulières laisse transparaître son aspiration à un professionnalisme indéniable, la pièce, "Le kleenex qui tue", héberge d'incompréhensibles coquilles : "Pousses-toi ...", au lieu de "Pousse-toi ...", à la 8ème réplique de Nafissa, à la page 55, une concordance de temps, manquée, à la 6ème réplique de Martial, à la page 56 : "Je ne parlerai pas de trahison si ce n'était qu'avec moi seul", au lieu de "Je ne parlerais pas de trahison si ce n'était qu'avec moi seul", un accord mal conclu, avec la seconde réplique de Nafissa, de la page 59, à la 22ème ligne : "[...] tu as foulé au pied ...", au lieu de "[...] tu as foulé aux pieds,  ...", une autre concordance ratée, à la page 61, au niveau de la 1ère réplique de Rockson, dans " [...] je savais que tu ne peux pas tenir ta langue", au lieu de "Je savais que tu ne pouvais pas tenir ta langue", un autre accord irrésolu, avec "Tu es sans scrupule ...", au lieu de "Tu es sans scrupules ...", à la 1ère réplique de Rockson, de la page 70, une erreur qui revient chez Martial qui lui répond : "Qui es-tu pour parler de scrupule ici?", au lieu de "Qui es-tu pour parler de scrupules ici?". Enfin, pour boucler une logique aussi désastreuse, une autre grosse coquille, en guise de cerise sur le gâteau : "Vous êtes entrain de me chercher", à la 3ème réplique de Rockson, de la page 75, au lieu de "Vous êtes en train de me chercher". Par ailleurs, une ponctuation complètement imprécise écume l'ensemble de la pièce. 
Ce sont, néanmoins, autant de ratés d'ordre formel qui n'enlèvent rien à la qualité d'une pièce qu'il faut aller découvrir absolument, cet après-midi, vu que c'est plutôt le texte à écouter qui sera au rendez-vous ...


Marcel Kpogodo

jeudi 25 septembre 2014

Humbert Boko, un jeu révélateur de talent

Dans une comédie musicale à l'Institut français de Cotonou

Le samedi 13 septembre dernier a donné lieu à la représentation d’une pièce de comédie musicale. Le cadre de cette manifestation culturelle était la grande paillotte de l’Institut français de Cotonou. La Compagnie ’’Doguicimi-théâtre’’, à l’origine de la pièce, a permis de faire découvrir un jeu en réussite de l’acteur Humbert Boko.

Humbert Boko, au centre ...
Walter, profondément attristé par la disparition d’une diva internationale de la musique sud-africaine : Miriam Makéba. C’est le rôle de ce jeune homme impossible à consoler qu’a joué Humbert Boko, acteur béninois, au cours du spectacle intitulé ’’Miriam Makéba’’, présenté par la Compagnie Doguicimi-Théâtre, et que Gérard Tolohin, incarnant Kenneth, ami de Walter, a mis en scène.
Sous les traits de ce fanatique de la star mondialement connue, le personnage, armé d’un balai dont le maniement donnait à croire qu’il s’agissait d’une partenaire de danse, s’est mis à vivre dans l’ambiance de la prestation de celle-ci sur scène, ce qui a donné au public de se délecter de l’interprétation par la vedette de dix morceaux de son répertoire, celle-ci que Nadège Bada s’est chargée de jouer. Et, c’étaient des cris d’épanouissement, des balancements, surtout dans le couloir séparant les deux rangées des bancs occupés par les spectateurs, de même que la manifestation d’un état d’enchantement, autant d’élans que Kenneth avait du mal à canaliser mais qu’Humbert Boko, alias Walter, a fait exploser en lui, démontrant du talent en la matière ; il a su se mettre dans la psychologie de son personnage, et donner à distraire le public, tout en le laissant préoccupé de la thématique du fanatisme artistique. Cet acteur donne donc l’impression de se donner les moyens de dépasser les limites de toutes ses forces possibles pour convaincre. Une nouvelle incarnation de rôle nous montrera la mesure de sa capacité dramatique d’adaptation.

Marcel Kpogodo