Le Symposium dénommé
’’World wood day’’ s’est tenu du 18 au 26 mars 2019 dans la ville de Graz en
Autriche. Parmi les participants se trouvait le jeune sculpteur béninois
Sébastien Boko, qui a manifesté sa grande satisfaction d’avoir appartenu à un
processus de retrouvailles et de création artistique collective entre pratiquants du bois.
Sébastien Boko, au milieu, en plein travail à Graz, avec ses amis Vladimir et Nicolae |
’’A travers le temps’’.
L’œuvre commune qu’ont réalisée Vladimir Davydov, Nicolae Taesanu et Sébastien
Boko au cours de leur participation à la 7ème édition du ’’World wood day’’
(Wwd), qui s’est déroulé du 18 au 26 mars 2019 à Graz en Autriche. Ce symposium
annuel, destiné aux professionnels du bois que sont les menuisiers, les
charpentiers, les tourneurs et, notamment, les sculpteurs, les sélectionne et
les réunit dans un pays donné. Ceci les amène à projeter et à exécuter, en
groupe, une œuvre, l’occasion de partager, d’échanger et de mettre en symbiose
des méthodes ou des démarches de travail. Ce à quoi se sont exercés le Russe
Vladimir Davydov, le Belge Nicolae Taesanu et le Béninois Sébastien Boko.
Les trois artistes sculpteurs, avec ''A travers le temps'' : Crédit photo : Sébastien Boko |
Ici, avec ce contexte
de collaboration spontanée, les pays d’origine, les horizons et les
expériences, dans leurs triples diversités respectives, n’avaient aucune place.
Les démarches différentes aussi ne comptaient pas. De manière pragmatique, il
s’agissait d’unir les inspirations et le savoir-faire spontané, immédiat et de
mettre les cinq précieux jours de présence à profit pour produire, pour ériger
une œuvre qui puisse refléter la conjugaison des efforts du trio.
Ainsi, ces trois
artistes, qui se sont choisis, par un coup de cœur mutuel, ont réussi à mettre
en place une longue sculpture rectangulaire et plate, un bas-relief : ’’A
travers le temps’’. Et, ceci a pu se réaliser par un consensus implicite entre
les trois membres de l’équipe qu’ont constituée le Russe, le Belge et le
Béninois, comme en témoigne Sébastien Boko : « En fait, il n’y avait pas que
quelqu’un impose sa stratégie mais il était question d’aller dans le même sens
que l’autre pour que cela marche ». A l’occasion, chacun des artistes s’est
ouvert à la pratique spécifique que l’autre connaît du bois, dans son pays.
La collaboration efficace, dans la fabrication de l'oeuvre - Crédit photo : Sébastien Boko |
Selon lui, le caractère remarquable et irremplaçable de ce travail en commun se
trouve dans la « collaboration entre les artistes du Nord et ceux du Sud autour
d’une sculpture », ce qui lui apparaît comme l’idéal qu’il faut répandre et
développer : « C’est ce que j’aurais voulu pour le monde », affirme-t-il. «
Cette ambiance de partage des connaissances, cette ouverture, ce partage des
points de vue, cette collaboration entre le puissant et celui qui l’est moins,
c’est ce qui, à mon sens, présente les conditions pour que les êtres humains vivent
mieux », exprime-t-il, avant de conclure sur ce point : « Quand on sort du
pays, on voit de nouvelles techniques de même qu’on montre beaucoup de choses ;
cela débouche sur des échanges gagnant-gagnant ». Il s’agit d’une entreprise
artistique à laquelle ont pris part d’autres pays africains : le Togo, le
Ghana, la Gambie, le Congo, le Rwanda et l’Ouganda.
Sébastien Boko, en toute satisfaction, à Graz : Crédit photo : Sébastien Boko |
Finalement,
l’expérience du Wwd, dans son édition autrichienne, s’est révélé concluante
pour Sébastien Boko qui n’hésite pas à se féliciter d’y avoir participé, vu
l’épanouissement psychologique qu’il en a tiré : « J’ai été très heureux, je
n’ai pas été stressé, j’ai travaillé tranquillement, c’est ma meilleure
participation », confie-t-il, relevant l’inévitable apport des qualités
humaines, dans cette réussite : « J’ai rencontré des gens qui ont envie de
réaliser de grandes choses, des gens qui ont créé le déclic en moi ». Et, le
résultat de ces éléments cumulés de satisfaction, c’est une nouvelle motivation
chez cet artiste, une sorte de renaissance à son niveau : « C’est comme le
début de ma carrière … C’est maintenant plus que jamais ! Il faut que je
travaille un peu plus ! ». Dans le sillage de cet enthousiasme, il ne manque
pas de ressentir une certaine émotion à la pensée particulière qui l’amène à
Anatole Tonoukon, sculpteur, collaborateur de son père, chez qui il effectua
environ quatre ans de stage de perfectionnement ; celui-ci venait de décéder et
fut inhumé le samedi 30 mars 2019 à Banamè. Une pensée particulière, un hommage
de Sébastien Boko à ce sculpteur disparu à 62 ans.
Marcel Kpogodo