jeudi 18 avril 2019

Quand Oswald Homéky assène un violent coup de massue aux acteurs culturels

Dans le cadre de l’Assemblée générale organisée par leur Plateforme représentative

La salle de conférence du Centre de Promotion de l’artisanat de Cotonou (Cpa) a abrité une Assemblée générale initiée par la Plateforme des artistes et des acteurs culturels du Bénin. L’événement s’est produit le 29 mars 2019. Etait à l’ordre du jour la situation qui prévaut dans le secteur culturel et les solutions à apporter aux problèmes posés. Les artistes et les acteurs culturels se sont montrés particulièrement remontés contre les choix budgétaires liés au domaine des arts et de la culture, et opérés, contre toute attente, par le Ministre de la Culture, pour le compte de l’année 2019.

De gauche à droite, Gaston Eguédji, Souleymane, Pascal Wanou et Koffi Adolphe Alladé, au cours de l'Assemblée générale
500 millions pour le Fonds de Bonification, 650 millions pour le financement par le Fonds des Arts et de la culture (Fac) des projets institutionnels, d’une part, et de ceux individuels et associatifs des artistes et des acteurs culturels, d'autre part, 400 millions pour le fonctionnement du Fac, soit 1 milliard 550 millions de Francs, pour 2019, sur une dotation globale de 7 milliards, octroyée par le Ministère des Finances. Les chiffres ayant provoqué l’indignation des artistes et des acteurs culturels qui participaient massivement à l’Assemblée générale à laquelle les a appelés la Plateforme des artistes et des acteurs culturels, et qui s’est tenue dans la matinée du vendredi 29 mars 2019 au Centre de Promotion de l’artisanat de Cotonou.
Le thème qui a servi de fondement aux échanges parfois houleux et surchauffés, d’une durée de quatre heures d’horloge, avait été annoncé à l’avance : « Etat des lieux du secteur de la culture : avancées, difficultés actuelles et perspectives ». Pour conduire les débats, quatre personnalités se trouvaient au podium : Gaston Eguédji et Souleymane Salaou, tous deux Administrateurs du Fac, Pascal Wanou, Coordonnateur de la Plateforme et, enfin, Koffi Adolphe Alladé, Président de la Confédération béninoise de danses (Cobed).
L’Assemblée générale, dans son déroulement, connaissait une évolution normale et apaisée jusqu’au moment où deux situations se sont produites et qui ont eu pour conséquence de faire tourner les humeurs au vinaigre : l’annonce du passage du montant consacré à la subvention directe par le Fac des manifestations initiées par les artistes et les acteurs culturels d’1 milliard 750 millions, en 2018, à 650 millions, en 2019 ! Deuxième situation : l’impression que les animateurs ont donné d’être les porte-parole du Ministre de la Culture, Oswald Homéky.
En réalité, l’assistance n’avait pas compris que le ton conciliant que Pascal Wanou et les siens du podium adoptaient pour expliquer la situation dramatique était dû au caractère irréversible et définitif du cadrage des fonds destinés aux subventions des activités des artistes pour le compte de l’année en cours. Conséquence : on ne pouvait plus rien changer de ces chiffres de 2019, ce qui n’a pas empêché bon nombre d’intervenants, au cours de la phase des débats, de proposer que la dotation du Fonds de Bonification soit purement et simplement reversée à la cagnotte du Fac. Un vrai médecin après la mort !
A plusieurs reprises, Pascal Wanou et les deux Administrateurs du Fac ont dû clamer leur bonne foi et leur acquisition sans failles à la cause des artistes et des acteurs culturels. Le courroux de ceux-ci était, en effet, difficile à contrôler et à dissiper ; il ne restait plus que leur colère pour déplorer les orientations budgétaires du Ministre de la Culture qui fut, à l’occasion, fortement décrié. Le fait accompli devant lequel se sont retrouvés les dirigeants de la Plateforme au cours de leur rencontre avec Oswald Homéky les interpelle sur la nécessité pour eux de développer un sens élevé d’anticipation afin de commencer à temps, dès juin 2019, au moins, le lobbying et le plaidoyer auprès des autorités concernées pour un budget 2020 favorable aux artistes et aux acteurs culturels.



Oswald Homéky : un cahier des charges à peine démarré !


Les échanges entre les membres du podium de l’Assemblée générale et les artistes puis les acteurs culturels ont débouché sur un état des lieux à la limite du désastre, comme si le Ministère de la Culture n’avait pas eu un titulaire depuis plusieurs années.
D’abord, il s’est précisé que trois directions techniques du Département ministériel concerné manquaient d’un Conseil d’Administration : le Bureau béninois du droit d’auteur et des droits voisins (Bubédra), la Direction de l’Ensemble artistique national (Dean) et le Centre national du Cinéma et de l’image animé (Cncia). En outre, une réalité tout autant déplorable liée au fonctionnement des directions techniques restent qu’elles ne disposent pas d’un budget autonome pouvant leur permettre de mener des activités en faveur des acteurs culturels. « Il faudrait doter les directions techniques d’un budget de fonctionnement, ce qui amènerait à désengorger le Fonds des Arts et de la culture », avait lancé Gaston Eguédji.
Ensuite, d’autres situations calamiteuses furent présentées : entre autres, les dettes non encore réglées de l’ex-Fonds d’Aide à la culture selon l’exercice 2016, une question pour laquelle le Ministre de la Culture menace de demander un audit, l’absence de la carte d’artiste, le délaissement par le Ministère de secteurs comme les arts plastiques et la littérature, la difficulté dans la distribution des œuvres artistiques.
Enfin, même si plusieurs artistes et acteurs culturels ont développé, au cours de l’Assemblée générale, l’esprit d’un rejet des 650 millions accordés au Fac, quitte à ce que soit ajoutée à ce montant, la dotation de 500 millions du Fonds de Bonification, le Coordonnateur de leur Plateforme représentative, Pascal Wanou, a partagé avec l’assistance une condition supplémentaire pour se donner les chances de décrocher un financement au Fac, même si aucun appel à candidatures ne sera lancé officiellement, comme par le passé : appartenir à une association culturelle.

Marcel Kpogodo

mardi 16 avril 2019

Le Ministre Oswald Homéky avait manifesté deux préoccupations essentielles

Dans le cadre de la Réunion des Directeurs du Patrimoine culturel de la Cédéao

Le mardi 9 avril 2019 a débuté la Réunion des Directeurs généraux du Patrimoine culturel des Etats membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). L’événement a connu son déroulement à ’’Myosotis hôtel’’ à Cotonou. Ouvrant les travaux qui devaient durer trois jours, le Ministre béninois de la Culture, Oswald Homéky, a fait deux recommandations aux participants.

Ci-contre, Oswald Homéky
Un plan d’actions réaliste et des propositions concrètes puis pertinentes. Ce qu’Oswald Homéky, Ministre du Tourisme, de la culture et des sports, a souhaité des experts  participant à  la Réunion des Responsables du Patrimoine culturel  et des musées des Etats membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), à l’ouverture de ces assises dans la matinée du mardi 9 avril 2019. 
Ces travaux se sont effectués jusqu’au jeudi 11 avril dans le but d’amener les experts présents émanant des quinze pays de l’espace ouest-africain à mettre au point le Plan d’Action régional 2019-2023 sur le retour des biens culturels africains au niveau de leurs pays d’origine. En effet, le Bénin avait été le tout premier pays à demander à la France la restitution des richesses culturelles qu’elle a emportées dès la colonisation de l’ex-Dahomey, ce que le Ministre de la Culture a évoqué dans sa courte allocution, situant cette demande à l’année 2016. Aussi a-t-il indiqué avoir instruit Alain Godonou, Vice-président du Comité chargé de la Coopération muséale et patrimoniale entre la France et le Bénin, pour communiquer aux séminaristes les éléments relatifs à l’expérience du Bénin concernant l’initiative du retour des biens culturels.


D’autres allocutions

Deux discours ont précédé celle du Ministre de la Culture, Oswald Homéky. D’abord, dans le sien, Komlan Agbo, Représentant résident de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa), a montré, en substance, que l’Uémoa et la Cédéao mènent un combat commun lié à l’expansion culturelle des pays membres de deux institutions respectives. 

Komlan Agbo, présentant son discours
En effet, la première en a fait cas dans sa ’’Politique commune de développement culturel’’ qui a débouché sur un programme devant amener à constituer la ’’Liste du Patrimoine régional’’ par un Comité approprié. Puis, après avoir fait ressortir et félicité les qualités de patriotisme, de vision et de courage du Chef de l’Etat béninois, Patrice Talon, puis reconnu le pragmatisme des ministères des Affaires étrangères, de la Culture et de la Justice, impliqués dans le processus du retour au Bénin de ses biens culturels, il a, entre autres, rappelé aux experts participants la place importante qui est la leur dans le déclenchement par leurs pays respectifs du combat mené par le Bénin.

Le Professeur Léopoldo Amado, au cours de son allocution
Quand au Professeur Léopoldo Amado, Commissaire ’’Education, science et culture’’ de la Commission de la Cédéao, il est intervenu en lieu et place du Président de cette Commission. Ainsi, il a aussi rendu hommage au  Président Talon et remercié le Ministre Homéky d’être venu ouvrir les travaux de l’Atelier. Ensuite, il a rappelé que les travaux démarrant le 9 avril faisaient suite à la Déclaration politique émise par les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Cédéao, en décembre 2018, concernant le retour des biens culturels aux pays africains, ce qui les a amenés à demander à la Commission de l’ensemble sous-régional de leur produire, à leur prochain sommet, un « Plan d’Action régional sur le retour des biens culturels africains à leurs pays d’origine », ce qui fait de cet Atelier une étape cruciale vers la concrétisation de cette demande. Par ailleurs, notamment, cette personnalité a rappelé les nouvelles échéances après la production du Plan indiqué : mai 2019, pour sa validation par les Ministres de la Culture et juin 2019, sa présentation aux Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Cédéao.
Un fait plaisant de cette cérémonie solennelle d’ouverture de l’Atelier : l’assurance des entre-discours par le Chœur polyphonique de l’Institut national des Métiers d’art et d’archéologie et de la culture de l’Université d’Abomey-Calavi (Inmaac/Uac) ayant magistralement interprété les hymnes nationaux du Bénin et de la Cédéao.

Marcel Kpogodo