vendredi 20 mai 2016

Le Ministre de la Culture, Ange N’Koué, fait honte au Nouveau départ

Dans le cadre des cérémonies d’hommage à Jean Pliya


Sous le couvert de la commémoration du 1er anniversaire du décès de Jean Pliya, a eu lieu, le samedi 14 mai 2016, la représentation magistrale, au Théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou, de la pièce, ’’Kondo le Requin’’, assurée par le ’’Théâtre Kaïdara’’, dans une bonne succession de tableaux. Mais, un gros cheveu sur la soupe : n’est pas venu le Ministre du Tourisme et de la culture, Ange N’Koué. Un désaveu pour une vision d’espérance du Nouveau départ de Patrice Talon.

Une séquence de de la représentation de l'intronisation du Roi Béhanzin
Une absence de taille : le Ministre du Tourisme et de la culture, Ange N’Koué, n’a goûté à aucune seconde des deux explosives heures de la représentation de ’’Kondo le Requin’’, une pièce historique écrite par Feu Jean Pliya. Cet événement signalait le dernier acte, en cette soirée du samedi 14 mai 2016, d’une série de manifestations liées à la commémoration du 1er anniversaire du décès, justement, de cet auteur, dramaturge, entre autres. Et, très chargé, il n’a pu se rattraper les mercredi 18 et jeudi 19 mai, deux dates où la pièce avait été à nouveau jouée.
Elle relate les difficiles relations du Roi Béhanzin, ’’Kondo le Requin’’, avec le colon français que représente le Général Dodds. Celui-ci est sorti gagnant d’une dure guerre contre le Royaume du Danhomè, ce qui en a conduit le souverain à se rendre à l’ennemi et à être conduit en exil.
La mise en scène par Tola Koukoui de la représentation d’une telle pièce a réussi, d’abord, du fait de la restitution d’un décor rappelant le rouge ambiant de la terre argileuse du cadre ordinaire de la vie au Royaume du Danhomè. Grégoire Houdéhou, qui s’en est chargé a fait le choix d’une façade de fond de scène d’un long mur d’enceinte, doté d’une ouverture centrale enregistrant les brusques arrivées et sorties du roi et de sa suite, puis conçu avec des passages décrépits, comme dans le vrai, sans oublier des panneaux, de part et d’autre de ce mur, montrant deux différentes époques de règne : celle du Roi Glèlè finissant, avec le lion, et l’œuf matérialisant celle de Béhanzin.
Au centre de la scène se déroulait l’essentiel des actions dont la plupart concernaient le souverain. Dans une répartition symétrique, les femmes, à gauche et, les hommes, du côté droit, suivaient tout de près, les premières pour ne lancer que des louanges au ’’Dada’’, les êtres de sexe masculin, pour, parmi ceux qui en avaient la posture, respectueusement s’adresser au Roi et tenter de faire passer leur point de vue. Il s’agit donc d’une mise en scène qui est restée fidèle à la mentalité sociale de l’époque du Royaume du Danhomè : les femmes n’avaient pas le droit à la parole, surtout en public. Si elles devaient la prendre, ce ne devait être qu’en groupe pour couvrir ’’Dada’’ de chansons glorifiantes.

Un des merveilleux tableaux de la pièce ...
Par ailleurs, la mise en scène de ’’Kondo le Requin’’ par Tola Koukoui a réussi, comme à cette représentation au Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb), dans son édition 2008. En effet, l’intérêt du spectateur était permanent tellement des tableaux captivants se sont succédé : l’épisode de l’entrevue de Kondo avec Dodds, Glèlè, le roi en exercice étant malade, la danse du deuil du décès de celui-ci, la cérémonie d’intronisation de Béhanzin, dans ses deux aspects rituel donc privé, restreint à quelques ministres, et public, ce qui veut dire ouvert à tous, les chants et les danses, la consultation négativement accueillie par le Roi de Guèdègbé, les louanges des griottes, Béhanzin en privé avec deux de ses épouses rivalisant de câlins et de massages, pour se faire préférer, les critiques en privé de paysans comme de nobles, la détresse de Béhanzin avec, à son point culminant, le célèbre ’’discours d’adieu’’.
Tous ces faits du jeu théâtral ont été assurés par une brochette de comédiens et de comédiennes béninois distribués, dont le professionnalisme n’a fait qu’exploser davantage : Josette Loupéda et Carole Lokossou, les coépouses du roi,  Eliane Chagas, notamment, dans le rôle de l’intrigante Vitchégan,  Nathalie Hounvo-Yèkpè,  Sandra Adjaho, Nicole Dadjo, Nadjibath Ibrahim, Espoir Abogourin, Blanche Hounga, Félicité Gounou, Céciline Abissi, entre autres, toutes des griottes, Koffi Gahou le ’’Guèdègbé’’, devin du roi, Patrick Gbaguidi, Raphaël Hounto, Fidèle Anato, James Salanon, alias ''Major'', Bardol Migan, le ministre de la justice, Franck Béhanzin le ’’Yovogan’’, Mathieu Koko le ’’Mèhou’’, Serge Zossou le ’’Gahou Goutchili’’, chef des armées du royaume, et, surtout, Nicolas Houénou de Dravo, dans le rôle tant exposant de Béhanzin.
En outre, le metteur en scène, Jean-Michel Coulon et le bibliothécaire, David Longin, ont assuré les rôles respectifs de représentants coloniaux. Et, Adolphe Koffi Alladé, acteur aussi, a coordonné les chants et les danses par le biais de son groupe de ballet, ’’Hwendo na bua’’, sans oublier Koffi Gahou s’étant aussi chargé des costumes et des accessoires. Du côté de la régie du spectacle, Bruno Adadja a fait montre d’une science sans failles.


Le gros hic

« Nous acceptons de rencontrer ceux-là qui nous permettront enfin de mettre en place les soubassements, les fondements d’une culture de la vraie culture ». Ainsi s’est exprimé, quelque peu déçu, à la fin de la représentation théâtrale, Tola Koukoui, entouré par les comédiens ayant salué le public et avec, à sa proximité, le Professeur Adrien Huannou, organisateur des manifestations d’hommage au Feu Jean Pliya ; il cherchait des yeux un représentant du Gouvernement pour mettre fin officiellement à celles-ci, le spectacle venant clore les activités de la commémoration du premier anniversaire du décès de cet homme de Lettres, de culture, de naturothérapie et d’évangélisation.

Au premier plan, de gauche à droite, Adrien Huannou et Tola Koukoui
En réalité, si la représentation de ’’Kondo le Requin’’ n’était pas un événement, elle avait un cachet particulier, vu qu’elle visait à faire se souvenir de Jean Pliya, à faire honneur à ses qualités de dramaturge, à marquer le premier anniversaire de sa disparition. Ainsi, la présence d’Ange N’Koué, Ministre du Tourisme et de la culture, au spectacle et à la cérémonie de clôture aurait montré l’intérêt du Gouvernement de la Rupture pour la célébration de la mémoire des grands hommes de la République. Dans le cas d’un agenda supposé chargé, un membre de son cabinet aurait valablement rempli cette mission, ce qui aurait sauvé les meubles du respect de l’Exécutif pour la chose artistique et culturelle. N’avoir pas pris la précaution d’être présent ni de se faire représenter semble montrer le poids léger des événements culturels dans l’esprit d’Ange N’Koué ; il devrait résolument reconsidérer cette conception, étant donné l’espoir immense que suscite le régime du Nouveau départ dans l’univers béninois des Arts et de la culture.




Marcel Kpogodo    

mardi 3 mai 2016

''Okpara culture’’ tient une riche conférence-débat

Pour la commémoration du 1er mai


Le siège de l’Association culturelle, ’’Okpara culture’’ a donné lieu à l’organisation d’une conférence-débat. Elle s’est déroulée dans la matinée du samedi 30 avril 2016, dans le cadre de la commémoration du 1er mai, fête des travailleurs.

De gauche à droite, Sessi Tonoukuin, Kombert Coffi Quenum et Anselme Amoussou, au cours de la conférence-débat
« Syndicalisme et culture : les revendications dans le monde culturel aboutissent-elles réellement à la valorisation du travail de l’artiste ? ». Tel est le thème ayant fondé la conférence-débat à laquelle un nombre important de personnes ont participé, le samedi 30 avril dernier, au siège de l’Association culturelle, ’’Okpara culture’’, sis quartier Zogbohouè de Cotonou. Comme intervenants avaient été invités deux panélistes dont était établie la notoriété, respectivement, dans le monde syndical et dans celui du management culturel : Anselme Amoussou, Secrétaire général adjoint de la Centrale des syndicats autonomes (Csa), et Sessi Tonoukuin, journaliste et entrepreneur culturel. Avait modéré les échanges, Kombert Coffi Quenum, artiste comédien et membre du Conseil d’administration d’ ’’Okpara culture’’.

Bertin Guédénon, de même que ...
En présence d’importantes personnalités telles que Bertin Guédénon, Chef du 9ème Arrondissement de Cotonou et, notamment, de Michel Nahouan, Directeur de cabinet du Ministre du Tourisme et de la culture, de jeunes, de femmes et de sages de la localité indiquée, de même que d’artistes et de managers culturels reconnus tels que Eliane Chagas, Tony Yambodè et Giovanni Houansou, le premier conférencier a, dans un premier temps, fait l’historique de l’immortalisation de la date du 1er mai comme fête du travail, avant de montrer les relations entre le syndicalisme et la culture, celles-ci se matérialisant par l’existence d’un poste de chargé aux affaires culturelles au niveau du Bureau des différentes centrales et confédérations syndicales. 

... Michel Nahouan, ci-contre, ont honoré de leur présence la manifestation 
Un autre signe, selon Anselme Amoussou, de ces liens, est l’ancrage des responsables syndicaux béninois dans les valeurs de dialogue, de consensus et de paix, défendues par nos cultures ancestrales, ce qui débouche sur une méthode de négociation avec l’autorité incluant le dégoût pour les situations de pourrissement, d’où leur appel à des médiateurs appartenant au monde de nos religions endogènes ou de la royauté traditionnelle. En outre, ces responsables syndicaux arborent une présentation vestimentaire locale. Par ailleurs, le syndicalisme n’a pas manqué de dénoncer des comportements fragilisant les artistes dans leur lutte pour de meilleures conditions de vie et de travail : notamment, l’inclusion de l’acteur culturel dans le secteur informel, son individualisme, la précarité de sa situation sociale, la difficulté des centrales et confédérations syndicales à intervenir dans le milieu artistique, un ton de jérémiades, face à l’autorité, dans la revendication par les artistes de leurs droits.

Un aperçu du public participant
De son côté, Sessi Tonoukuin a évoqué une évolution en dents de scie du syndicalisme en milieu culturel, avant d’aborder aussi le combat individuel de certaines grandes figures du monde des arts et de la culture, et la lutte d’autres pour leurs intérêts égoïstes, puis l’existence du ’’Vendredi des artistes’’, un creuset salutaire d’échanges entre autorités et artistes. Puis, le conférencier a déploré la dévalorisation ambiante du secteur culturel, pour a évolué vers l’historique de la vie associative depuis plusieurs années, avant de clore son propos par la situation déplorable au Fonds d’aide à la culture (Fac) où l’augmentation régulière du montant de la subvention étatique aux artistes a entraîné un effet pervers : la mort de la création.
L’ensemble de cette présentation n’a pas manqué de susciter la contribution de certains participants dans le public. De manière générale, entre autres propositions fortes, il fallait retenir l’association de l’alphabétisation au fonctionnement du secteur des arts et la promotion des objets locaux dans la confection des œuvres artistiques.



D'autres manifestations en vue

Après la conférence-débat du samedi 30 avril, l'Association culturelle, ''Okpara culture'' n'entend pas s'arrêter en un si bon chemin. C'est ainsi que, pour le mois de mai 2016, un thème a déjà été retenu par l'équipe de programmation : ''Les opportunités de financement de la culture au Bénin''. En outre, pour celui de juin, une activité est prévue dans le cadre de la Journée mondiale de l'arbre, sans oublier qu'en juillet, c'est la frange des jeunes que l'Association mobilisera pour des discussions autour d'un sujet lié à la culture.

Un grand fonctionnement culturel hebdomadaire

L'Association culturelle, ''Okpara culture'', ayant été portée sur les fonts baptismaux en 1998, s'est fixé comme objectifs, notamment, le développement de la culture béninoise matérielle et immatérielle. Et, depuis bientôt 2 mois, elle s'investit dans des activités de proximité avec les habitants du 9ème arrondissement de Cotonou, dans lequel son siège est situé. C'est ainsi que le public est convié à participer, tous les samedis soirs, à une projection cinématographique débouchant sur des discussions concernant des thèmes purement culturels. 
Ensuite, des cours payants de danses et de musiques traditionnelles, de même que de musiques contemporaines sont donnés et, il est prévu que des vagues se succèdent pour satisfaire toutes les demandes. Du côté du premier type d'enseignement, Séwa Wilson reste le spécialiste qui s'en occupe, pendant que les cours de musique contemporaine sont assurés par Félix Agossou. Les différents tarifs et les conditions de participation en sont consultables au siège de l'organisation. 
En troisième lieu, une activité se déroule par saison : ''Les recettes de grand-mère''. Il s'agit de revisiter les recettes culinaires purement béninoises ayant marqué leur époque mais qui ne sont plus exploitées aujourd'hui dans les foyers de notre pays. 
Par ailleurs, une autre activité enrichissant la programmation hebdomadaire au siège d' ''Okpara culture'' reste les spectacles de danses traditionnelles donnant lieu à des compétitions entre quartiers.
Enfin, l'organisation culturelle tient ''Samedi zém'' consacrée aux conducteurs de taxi-moto. Ceux-ci sont conviés au même siège, s'y détendent et participent à des séances de formation en montage de projets, aux fins de leur donner des chances d'augmenter leurs revenus. N'est pas exclue une formation pour leur faciliter de passer le permis de conduire.
Avec une telle programmation, à la fois culturelle et sociale, ''Okpara culture'', de manière implicite, travaille à l'enracinement du sens culturel au Bénin.



Marcel Kpogodo