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vendredi 22 août 2025

Le vieux caïman divertit la population de Lobozounkpa

Dans le cadre d’un spectacle à l’Espace Culturel Le Centre


David Houétchénou est un artiste humoriste originaire du Bénin. Son pseudonyme est Le vieux caïman. Il a animé un spectacle de fou-rire. L’événement s’est tenu dans la soirée du samedi 26 juillet 2025. L’Espace Culturel Le Centre en était le lieu de déroulement. La population du quartier de Lobozounkpa et de ses environs y a massivement participé. Les sketchs de l’humoriste, tous thèmes confondus, ont amusé le public.


Aperçu du public, au cours du spectacle du Vieux caïman

Une chanson, à la gloire de l’alcool, dans une langue nationale du Bénin. Le préambule qu’a offert David Houétchénou, alias Le vieux caïman, humoriste béninois, lors du spectacle de fou-rire, qu’il a donné dans la soirée du samedi 26 juillet 2025 sur la terrasse lui servant de scène, à la devanture du ’’Musée de la Récade’’, situé au sein de L’Espace Culturel Le Centre, du quartier de Lobozounkpa, dans l’arrondissement de Godomey, de la commune d’Abomey-Calavi, au Bénin.

Il est debout, les cheveux et la moustache teints, les pieds nus. Il mène la chorale circonstancielle. Le public tape des mains, rit déjà et la soirée débute vraiment. L’artiste partage la scène avec six de ses collègues, dynamiques. Ce sont Biscotino, Général Barboza, Ipupa Capacité Zéro, Papisac 17, Tanti Hokloho et Adonest Tina la marquise. A l’état-civil, il y a, respectivement, Biscotin Raphaël Azon, d’abord. Ensuite, Abdel Bassith Barboza, Alexandre Hounga, Isac Tossiafodji, Germaine Akpovo et Ernestine Adomou incarnent des rôles. Le premier tableau s’inspire de l’ivresse et de ses situations extraordinaires.

« Y a-t-il des soulards ici ce soir ? », demande-t-il. « Non ! », répond la foule, amusée mais prudente dans ses réponses. « Y a-t-il des personnes qui aiment s’enivrer ici ? », insiste-t-il. Il s’approche d’une spectatrice : « Grande sœur, aimez-vous vous soûler ? ». Elle répond par la négative. « Merci », reprend-il. Un autre avoue timidement : « Je consomme de l’alcool modérément ».

Le vieux caïman conclut : « Il faut avoir suivi une formation pour se soûler ». Il raconte ensuite : « Un jour, j’ai tellement bu que j’ai perdu mon portable. Je l’ai cherché pendant deux heures avec sa propre lampe-torche ». Rires immédiats. Il reprend : « Après neuf bières, on m’a aidé à monter sur ma moto. Arrivé chez moi, je croyais la pousser mais je restais immobile. Ma femme dormait quand la moto est tombée sur moi. Les voisins sont venus m’aider après qu’elle les a appelés. En titubant, j’ai dit à mes enfants que la mort venait. Le lendemain, plus lucide, … j’ai recommencé. » Fou rire général. « Les ivrognes sont très intelligents … Du moins, ils le croient », poursuit-il.

Il parle ensuite de son frère, « professeur d’alcoolisme », dans le quartier. Ses motos ont un nom insolite. La première s’appelle ’’Akpô yé ton’’. Cela signifie « La souffrance des envieux », en langue du fon. La deuxième porte le nom, ’’Agbon nan kpéyéé’’. Cela signifie, dans la même langue béninoise, « Ils seront fatigués ». Les deux engins ont été volés. La troisième se nomme ’’Migbô’’. Cela veut dire « Cessez ! », dans la même langue évoquée précédemment. Elle est restée intacte à son domicile. L’artiste établit ainsi un lien entre le banditisme et l’ivrognerie chez les jeunes . Ces scènes montrent, avec humour, les conséquences inattendues de l’alcoolisme. Le vieux caïman se retire après des plaisanteries sur la foi et les prénoms. Il revient ensuite et joue une pièce en quatre actes.



Une grande leçon


La soirée continue avec une pièce de théâtre. Le vieux caïman la joue avec quatre de ses acolytes. Ce sont Adonest Tina la marquise, Papisac 17 et Tanti Hokloho. La scène s’ouvre sur des éclats de voix hors champ : « Si on ne réagit pas à vos commérages, vous manquez de respect ! ». La dispute se poursuit : « Continuez et je vous lancerai des cailloux dans cette maison ! ». Il entre du côté droit, vêtu d’un pantalon local et d’un T-shirt gris. À ses côtés se trouve son ami, Papisac 17, témoin des événements qui vont suivre. L’intrigue met en scène un mari autoritaire mais dominé par son épouse. Celle-ci, paresseuse, capricieuse, maltraite sa domestique. La servante, rusée et belle, séduit le mari pour se venger. Mensonges, manipulations et attitudes suggestives détruisent rapidement le couple. « Mesdames, vous êtes les maîtresses de votre foyer », prévient l’humoriste. « N’en laissez pas la gestion aux domestiques, elles peuvent prendre votre place ».

La pièce concernée a une histoire particulière. « Je l’ai écrite en 2008 et elle a remporté le premier prix au Festival ’’Ayessi’’, le 10 octobre 2010, au Hall des Arts, à Cotonou », précise-t-il.



’’Nukiko kèdè’’, rire pour se guérir

Pour Berthold Hinkati, directeur de l’Espace Culturel Le Centre, le spectacle d’humour répondait à un besoin. « Il vise les professionnels stressés et tous ceux qui veulent se détendre ». Il s’agit de l’initiative, ’’Nukiko kèdè’’. Elle a vu le jour en 2024.


En blanc, Berthold Hinkati, entouré par Le vieux caïman, à sa gauche, et ses acteurs 

Elle s’organise régulièrement et appartient à la programmation de l'Espace. Le spectacle dure d’une heure trente à deux, selon les artistes invités. Certains, bien connus, y sont passés. Il s’agit de Chromozom, Dragomir et d’Éléphant mouillé. L’annonce de la date du rendez-vous se fait souvent sur la page ’’Facebook’’ de l'institution. Le vieux caïman apprécie particulièrement cette initiative. « Avant, il y avait des salles de spectacles », justifie-t-il. « Aujourd’hui, beaucoup d’événements se tiennent dans des bars », continue-t-il. « Cela encourage l’alcoolisme. Ici, nous avons un divertissement sain », conclut-il. Il quitte sereinement la scène.

Léandre Houan / Marcel Kpogodo