C'était à la Commission budgétaire de l'Assemblée nationale
(Le Fonds des arts et
de la culture, ex-Fonds d’aide à la culture, passe de 5 milliards à 2,7
milliards, le Théâtre national échoit au Ministère du Cadre de vie, pour
seulement 100 millions, et sa construction est repoussée aux calendes grecques)
Ange N'koué, à sa sortie de la Commission budgétaire du Parlement |
Le défilé des membres
du Gouvernement, depuis quelques jours, devant la Commission budgétaire de l’Assemblée
nationale se poursuit. Ainsi, parmi les ministres qui s’y sont succédé, le lundi
14 novembre 2016, se trouve Ange N’Koué, Ministre du Tourisme et de la culture.
Dans son bilan aux hommes des médias, à l’issue de l’exercice, il ressort que
plusieurs attentes phare des acteurs culturels béninois ne sont pas prises en
compte par le budget, exercice 2017, ce qui augure, dans un futur proche, de
vives tensions, entre Ange N’Koué, les artistes et les acteurs culturels.
Marcel Kpogodo
Intégralité de la
déclaration du Ministre de la Culture, Ange N’Koué, après son passage devant la
Commission budgétaire du Parlement
Malgré la hausse du Budget
2017 du Ministère de la Culture, les attentes des acteurs culturels sacrifiées
« Le Montant [du
Ministère du Tourisme et de la culture] est d’environ 35 milliards avec un
investissement de 30 milliards et, le fonctionnement est de 4 milliards. Les
travaux qui seront exécutés : nous allons commencer par la formation, la
formation dans tous les sens, parce que nos enfants, aujourd’hui, ne connaissent
plus rien de nos cultures. Et, notre problème, c’est de faire en sorte que la
culture soit entièrement dispensée dans nos écoles. Ensuite, il y a la
formation des acteurs avérés, ces acteurs qui ont pu gravir les échelons,
chanter sans connaître le b-a-ba du solfège et autres ; il faudrait qu’ils
aient une formation pour améliorer leurs résultats. C’est ça qui serait la
deuxième étape. La troisième, c’est la diffusion des œuvres. Ensuite, nous
aurons les festivals, les festivals qui sont de grands regroupements, mais qui
seront mis sur un calendrier permettant, même aux hommes de l’extérieur, de se
programmer pour arriver au Bénin, pour tel ou tel autre festival, et non des
trucs qui viennent, de façon approximative, quand les financements tombent.
Nous allons donc faire un calendrier pour les festivals, pour les grands
regroupements et, nous ferons même des festivals départementaux, pour permettre
à tous ceux qui vivent dans chaque Département de se retrouver, pour qu’il y
ait une symbiose, une sorte de synergie entre eux, pour qu’ils puissent
partager leurs expériences. Nous avons aussi les festivals à l’extérieur. Le
constat qui a été fait et qui nous pousse à aller dans ce sens est tout simple :
cette année, nous avons eu, du 1er janvier au 25 août, 3152 demandes
d’aide, pour un montant de 36 milliards. Actuellement, nous aborderons les 4000
demandes, pour près de 50 milliards, alors qu’il n’y a que 2,3 milliards qui sont
déjà octroyés. Que ce soit l’addition, la division ou la multiplication, qu’est-ce
que le bon Dieu peut appliquer là pour que chacun soit satisfait ? Pour 2
milliards 300 millions de disponibles, 50 milliards de demandés pour près de 4
mille personnes ! C’est pour éviter de continuer dans le sens d’un budget
de consommation que nous sommes en train de vouloir arrêter pour aller vers un
budget de développement. Voilà donc pourquoi, désormais, toutes les actions qui
seront portées par de simples individus, par des créateurs, seront portées par
le Fonaga, vers le Cepepe et, ces derniers vont les aider à monter leur projet,
afin qu’ils soient bancables ; ils seront orientés vers les banques pour
faire des prêts, afin d’exécuter leurs projet. Tout ce que l’Etat mettra en
place, ce sera une bonification qui leur évitera de payer des taux d’intérêt ».
Est-ce
que le Fonds d’aide à la culture n’existera plus ou cela prendra une autre
forme ?
Cela n’existe d’ailleurs
plus, puisque c’est désormais le Fonds des arts et de la culture (Fac), pour
éviter, justement, l’amalgame qu’on faisait et qui faisait que les hommes
consommaient sais rien régénérer ; on ne peut pas continuer à consommer
sans régénérer et que l’Etat, chaque fois, dépense sans qu’il y ait de régénérescence,
alors que l’article 2 du décret portant Aof du Fac dit expressément qu’il faut
rechercher des financements extérieurs pour consommer, ce qui n’a jamais été
fait. Pour tous les financements que l’Etat donne, on ne régénère rien. Donc,
ce n’est pas du tout développeur.
Quelle
a été la réaction des Députés par rapport à l’érection du Théâtre national ?
Le grand Théâtre
national est pris en compte par le Ministère chargé du Cadre de vie. Nous
sommes un Ministère transversal ; c’est trop colossal, c’est une affaire
de 100 millions, parce que c’est immense et, ce n’est pas pour l’année
prochaine. Ce n’est pas encore dit, mais, très prochainement, on aura un grand
Théâtre qui sera la fierté de ce pays.
Propos recueillis par
Ramane Aïsso