Déclaration dans le
cadre de la conférence inaugurale tenue à l’Eitb
La matinée du mardi 6
mars 2018 a permis d’enregistrer la tenue de la conférence inaugurale de la
rentrée académique de la promotion 2017-2020, à l’Ecole internationale de
théâtre du Bénin (Eitb), devant un public important. L’occasion pour le
Professeur Antoinette Tidjani Alou, animatrice de cette séance de partage intellectuel,
d’évoquer six éléments de soutien pour lesquels il faudrait quand même qu’il y
ait des artistes.
Le Professeur Antoinette Tidjani Alou |
Le besoin pour les êtres
humains d’avoir une vision, le rappel à l’ordre qui doit leur être fait par
rapport à l’existence incontournable de la beauté, du sens d’humanité, du rêve,
une « nécessité urgente », l’importance de la position de prise de
recul, de questionnement vis-à-vis des systèmes établis, la nécessité du
« renouvellement des sources de créativité dans tous les domaines », la
place inévitable de comportements comme rire et pleurer, l’établissement de la
prise de conscience par rapport à l’ouverture du monde, à la nécessité de ne
pas « perdre son âme », sa subjectivité, sa manière intrinsèque,
authentique d’être. Les six faits de motivation qui devraient encourager ceux
qui s’en sentent la vocation et beaucoup d’autres personnes à devenir un
artiste, à en croire Antoinette Tidjani Alou, Professeur de Littérature
française et comparée à l’Université Abdou Moumouni du Niger, et Marraine de la
Promotion 2017-2020, la sixième de l’Ecole internationale de théâtre du Bénin
(Eitb), qui s’est exprimée dans le milieu de la matinée du mardi 6 mars 2018,
au Studio théâtre de la structure universitaire, dans la conférence inaugurant
la rentrée académique, sur le thème : « La formation professionnelle
des artistes : repères et perspectives ». Ont fait le déplacement de
la cérémonie des responsables d’universités privées, des enseignants, des
acteurs et des promoteurs culturels, des artistes de même que des étudiants
dont ceux de la sixième promotion de l’Eitb, sans oublier Alougbine Dine qui en est le Directeur.
Un aperçu du public ayant fait le déplacement ... |
En évoluant dans son
propos, l’oratrice a décliné plusieurs avantages forts justifiant que l’artiste
reçoive une formation professionnelle : « comment être et rester
africain face à la modernité », savoir ce que l’on est, d’où l’on vient,
où aller, maîtriser du passé et du présent, faire valoir, dans le monde, un
langage contribuant à développer la sensibilité chez les autres, « vivre
dans l’imaginaire qui n’est pas l’illusion », autrement dit,
« persévérer dans la lucidité », apprendre à avoir d’autres revenus
pour gagner son pain. Pour la conférencière, la formation professionnelle est
« un train rapide » pour l’artiste.
... avec le Directeur Alougbine Dine, très attentif |
Des préalables
Cette chute en deux
évocations cardinales a été précédée d’un préambule voulu par le Professeur
Antoinette Tidjani Alou d’une remarquable humilité intellectuelle, ce qui lui a
permis de formuler des encouragements aux artistes ayant décidé de s’engager
dans une formation professionnelle, surtout qu’ils en sont rejetés par leurs
proches. Abordant les avantages liés à leur courageux choix, l’intellectuelle
jamaïco-nigérienne a montré qu’ils produisent un impact sur le monde et qu’ils
se mettent véritablement en valeur. Et, pour cette fondatrice du Laboratoire d’Etude,
de recherche, de pratique et de valorisation des arts et de la culture
(Lervap), le processus éducation-formation-instruction est celui dans lequel
l’artiste en quête de connaissances intellectuelles et de qualifications,
recèle de bénéfices multidimensionnels.
Le Professeur Tidjani Alou posant avec les étudiants de la sixième promotion |
Par ailleurs, abordant
les « repères et perspectives », Antoinette Tidjani Alou, Chevalier
des Palmes académiques du Niger, a fait ressortir la qualité essentielle de
l’Eitb : fournir à ses étudiants une formation contemporaine. En outre,
l’auteur d’ ’’On m’appelle Nina’’ et de ’’Tina shot me between the eyes and
other stories’’, respectivement, une autofiction et un recueil de nouvelles,
s’est embarqué dans la différenciation entre l’artiste et l’artisan, pour
aboutir aux contraintes spécifiques de la transmission des connaissances
techniques, dans un contexte africain, avant de faire ressortir le paradoxe que
manifestent les hommes politiques, aux choix résolument opportunistes,
culturellement parlant, entre leur vision culturelle et les réalisations
concrètes, une analyse que la conférencière a fondé sur l’exploitation des
articles 6, 7 et 14 de la Charte de l’Union africaine.
Très applaudie, aussi
bien après la présentation qu’à l’issue de la phase des réponses aux
préoccupations du public, Antoinette Tidjani Alou a été gratifiée d’un bouquet
de fleurs.
Marcel Kpogodo