A travers une communication d'Hermas Gbaguidi
Le jeudi 30 avril dernier s'est tenue au Centre culturel
''Artisttik Africa'' une manifestation d'ordre culturel visant à conscientiser
les artistes béninois. Il s'agit d'une conférence-débats organisée par
l'Association ''Africa'racines'', dans le cadre d'un projet financé par le
Fonds d'aide à la culture. Plusieurs artistes et des promoteurs culturels ont
participé à cet événement.
De gauche à droite, une facilitatrice de la conférence et Franck Raoul Pédro |
« L’importance pour les artistes de s’inspirer du
patrimoine dans la conception de leurs œuvres ». Voilà le thème que s’est
attelé à développer le metteur en scène béninois, Hermas Gbaguidi, au Centre
culturel ’’Artisttik Africa’’, le jeudi 30 avril dernier. Modéré par un jeune
artiste opérant aussi dans le domaine du théâtre, Giovanni Houansou, le
conférencier a fait ressortir tout l’intérêt des créateurs béninois à puiser
dans le patrimoine national pour mettre en œuvre leurs travaux.
Selon lui, parmi les avantages d’une telle démarche, il
faut trouver l’authenticité purement béninoise des œuvres, leur capacité à
faire face à la mondialisation. Ainsi, celle-ci ne valorise que ce qui lui apparaît
nouveau, original, inédit et spécifiquement attaché à la richesse d’une culture
encore non profondément dévoilée. Par conséquent, ne peuvent être vendables
dans l’actuel concert culturel international que les œuvres qui tranchent avec
des démarches de mise en place de contenus déjà vues, celles, en l’occurrence,
venant de pays d’Afrique comme le Bénin, et qui ne manquent pas de susciter l’intérêt
croissant des nombreux acheteurs de la culture africaine, qui, majoritairement,
sont en provenance de l’Occident.
Par ailleurs, selon Hermas Gbaguidi, le seul moyen de
donner du rayonnement à la culture béninoise est de la faire sortir des
sentiers battus du mimétisme des rythmes, notamment, qui réussissent, à l’heure
actuelle, en musique. Il faudrait aussi, pour lui, ne pas perdre de vue que, si
la croissance économique est prévue pour envahir les pays africains, dans les
prochaines années, le domaine culturel n’en sera pas épargné par les retombées
positives, ce qui se manifestera inévitablement par des œuvres de création
inspirées de nos cultures riches et très peu explorées ni exploitées à bon
escient.
Une vue des artistes plasticiens participants |
Mais, le conférencier n’a pas manqué de montrer les limites
d’un tel processus : le manque d’ancrage des créateurs de la nouvelle
génération dans la culture authentiquement béninoise, de façon à pouvoir en
exploiter les données, la paresse liée à la difficulté pour les artistes de s’adapter
au travail laborieux que nécessitent l’exploration des éléments de richesse de
la culture béninoise et leur exploitation pour la création proprement dite. De
ce fait, ces artistes préfèrent se contenter de l’existant.
Ce sont autant de considérations ayant alimenté un grand débat
entre les participants et le conférencier, à l’issue de l’exposé de celui-ci.
Quelques promoteurs culturels présents, Hermas Gbaguidi étant à l'extrême droite, ci-contre |
En réalité, des artistes béninois de tous les domaines des
arts et de la culture, de même que des promoteurs culturels ont participé à
cette journée de causerie : Benjamin Déguénon, Marius Dansou, Eliane
Aïsso, notamment, pour les arts plastiques, Serge Zossou, Gratien Zossou, Jordy
Mègnigbèto, entre autres, pour le théâtre, Alli Wassi Sissy, Jules Koukpodé,
Gogoï Akouègnon Prosper, parmi tant d’autres, pour la promotion culturelle.
Aussi, la journée de causerie a été ouverte par une courte
cérémonie de lancement au cours de laquelle Franck Raoul Pédro, Président de l’Association
’’Africa’racines’’, a, dans une courte allocution, planté le décor de la
manifestation d’échanges, en faisant ressortir la nécessité pour les artistes
béninois, à l’instar de ceux du Sénégal, du Congo et de la Côte d’Ivoire,
notamment, de promouvoir le patrimoine national dans leur création, seul moyen,
selon lui, pour le Bénin, « de se construire une identité culturelle afin
de ne pas passer inaperçu ou d’être absent, au cours des enjeux culturels
internationaux ».
Marcel Kpogodo
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