samedi 10 mars 2018

Denis Akodébakou, le combat pour le mieux-être des artistes

Dans le cadre de la troisième édition du Concert ’’Hosanna’’

La salle de cinéma dénommée ’’Concorde’’, à Cotonou, abritera, le dimanche 25 mars 2018, le Concert ’’Hosanna’’, dans sa troisième édition. Selon le promoteur de l’événement, Denis Akodébakou, les ressources collectées serviront à un usage purement social, en faveur des artistes.

Denis Akodébakou, qui voudrait voir les artistes aussi souriants que lui
« Il ne faudrait pas attendre le décès des artistes avant de leur faire des cotisations ou de leur octroyer des distinctions ». Le cri de cœur de Denis Akodébakou, ce qui justifie son engagement et son combat à réussir le Concert ’’Hosanna’’ au Cinéma ’’Concorde’’ de Cotonou, un événement dont il prévoit l’organisation pour le 25 mars 2018, dimanche des Rameaux, à 16 heures. Pour ce reporter, ce manager et ce promoteur culturel, Président de la Fondation ’’Les trompettes d’or de Papa Oshoffa’’, les revenus du concert indiqué, organisé en collaboration avec l’Association ’’Heg diffusion’’, serviront à financer les soins de certains artistes actuellement en mauvais état de santé, afin de leur sauver la vie : entre autres, Nelly Amlot, accidentée depuis bien longtemps, Félix Didolanvi, alias ''Pêcheur'', qui garde une blessure non guérie au pied, après avoir aussi subi un accident de la circulation et avoir été abandonné par l’Assurance.

L'affiche du concert
Au total, pas moins de huit artistes se produiront sur scène : Nelly Amlot, Félix Didolanvi et Merit Child, du côté du Bénin, le Nigérian Olusesi Tope et la Togolaise Olusheyi, de même que des artistes débutants qui pourront entrer en contact avec leurs aînés pour bénéficier de leurs expériences : Esther Zanklan, Hippolyte Loko et Mathieu Koumasségbo. Le prix unique de participation au concert est de deux mille francs.

Marcel Kpogodo 

Amessiamey, le talent qui explose du boisseau


Dans le cadre de son insertion dans le Bim

En matière de résurrection artistique, on ne peut trouver plus indiqué, actuellement, qu’Amessiamey. Après un bon nombre d’années de silence, cette artiste chanteuse, depuis peu, a refait surface, le Projet ’’Bénin international musical’’ (Bim) ayant permis de l’entendre à nouveau chanter, de la voir à nouveau se produire sur scène, le vendredi 12 janvier 2018. Portrait d’un esprit artistique ayant surnagé du marais …

Amessiamey
Un visage rondelet noir qui brille par de la lisseur, un visage dont le noir se rend bien éclatant par un maquillage discret, impeccable, une tête surmontée d’une épaisse et soyeuse touffe rousse de cheveux se raréfiant sur les côtés, un visage que prolonge un corps qu’enveloppe un accoutrement de scène : un simple corsage rose, vu de loin, dans lequel des motifs sombres entretiennent le contraste, un corsage à la base en dents de scie, sur un pantalon en tissu dit africain, d’un fond vert parsemé de dessins de fleurs, un pantalon s’élargissant après les genoux, pour se terminer en pattes d’éléphant, un genre de « bas d’elphe », d’une certaine époque. Les yeux fermés, les mains jointes, Amessiamey vit son morceau, le chœur dans lequel ses lèvres s’enfoncent harmonieusement, sur cette scène du Théâtre de verdure de l’Institut français de Cotonou, le 12 janvier 2018, lors du grand concert de sortie des artistes du très radiophonique Projet du ’’Bénin international musical’’ (Bim). Bien avant, presqu’un mois plus tôt, le 15 décembre 2017, elle se produisait en un concert solo, à la Paillotte du même Institut.
Vingt-quatre ans de carrière sont passés par là ; ils ont façonné ce qui est devenu une voix claire dont l’ardeur se construit au fil des morceaux qu’elle chante ; ces vingt-quatre ans de carrière dans la musique béninoise ont fabriqué la voix éclatante qu’est aussi Amessiamey, elle qui a matérialisé ses débuts dans le fameux groupe ’’Alafia music’’, lequel, dans sa fureur du début des années 2000, a fait danser les Béninois dans les espaces convenus à cet effet, sur une salsa, copieuse à souhait, qui avait la particularité de décrisper par sa chaleur et de faire tendre le pied à ceux qui n’en étaient pas amateurs. Elle intègre ce qui s’est imposé comme un ensemble de trois membres en 1994, trois ans après sa mise en place.
Entre-temps s’amorce la traversée de désert du Groupe, Amessiamey se met à son commerce et, un fait marquant l’amène à s’extérioriser : « Ma famille est plus moi que moi ». Oui, ses collègues d’ ’’Alafia music’’ et, surtout, des membres de sa famille, étant donné ce qu’ils l’ont vue artistiquement démontrer, se sont lancés dans des encouragements qui ont produit un effet d’une efficacité intéressante : elle trouve du temps pour se mettre à nouveau au travail ; elle écrit elle-même ses morceaux, elle trouve désormais à son actif un clip et quatre chansons audio. Une figure représentative de cette famille très motiveuse : Pauline Kiti, sa grande sœur, artiste danseuse, ancienne membre des ’’Muses du Bénin’’, disponible pour la coacher, dotée qu’elle avoue, d’une force d’intuition, d’un talent pédagogique. Des conséquences s’en réalisent. Définition de rythmes de travail, de rythmes traditionnels : le ’’gazo’’ et l’ ’’élézo’’. Adoption de rythmes typiquement africains : le hi-life et l’afrobeat ! Elle se projette donc pour un album de douze titres, se démarquant par un élément de singularité : ce sera, confie-t-elle, de la « musique de salon », ses thèmes préférés en étant « l’amour fraternel, le positif, la paix dans la société, dans les foyers ». Ses langues de prédilection : le mina et le fon.
Celle dont les vingt-quatre ans de carrière se sont aussi forgés avec des ’’jam’’ au ’’So what !’’, à ’’Acropole’’, notamment, manifeste un processus atypique d’évolution : de son groupe de musique, elle est passée à une expérience en solo, pour aboutir au Bim, une véritable structure-orchestre de promotion de la musique béninoise, avec des canons rythmiques internationaux, pour des canaux puissants de diffusion, étant le réseau des radios de ’’Radio France’’ et de leurs partenaires, disséminés dans le monde entier.  

Amessiamey, deuxième position, de gauche à droite, au cours du concert du Bim, du 12 janvier 2018
Un succès, pour Amessiamey, d’avoir pu être sélectionnée pour participer à officier dans cette messe, une porte étroite. Un rude casting a révélé qu’elle pouvait en être, du fait de certains atouts : « une capacité hors pair d’improvisation sur n’importe quelle grille donnée », « sa voix qui accroche le public, qui est capable de se déployer dans tout registre, en alto, en soprano ou en aigu », notamment, explique Aristide Agondanou, ancien membre et manager des ’’Gangbé brass band’’, la tête pensante du Bim. De même, elle a démontré sa capacité rapide à concevoir des textes, à créer des mélodies.
A en croire, toujours, les réflexions de cet homme des grands festivals internationaux de musique et des réseaux influents afférents à ce domaine, ce système qu’est le Bim « apportera une communication de masse au projet personnel d’Amessiamey ». Et, « le carburant, l’énergie » dont elle a besoin pour évoluer et pour se surpasser et rayonner, Aristide Agondanou sait en produire les mots et les actes de motivation : « c’est un défricheur, un détecteur, un développeur », reconnaît de lui cette star en devenir, ce qui n’empêche pas cet esprit d’humilité, qu’est le patron de la structure de promotion, ’’Awo-négoce’’, de bien vite remettre les choses à leur place : Amessiamey « s’est personnellement trouvé sa voix, son style, sa musique, son identité ». Ainsi, le talent affermi de celle-ci reste le soleil au zénith, qui a en secoué et calciné le boisseau porteur de léthargie et d’extinction artistiques. La trentaine ferme, monolaise, Amessiamey, de son nom, à l’état-civil, Brigitte Kiti, prend son envol, avec ses collègues du Bim, dès le lundi 12 mars 2018, pour la soumission de son être artistique aux sensibilités françaises, européennes et occidentales. « Amessiamey », «Tout le monde », en langue mina, est peut-être porteuse d'un sens de l'unanimité, du consensus, qui lui portera bonheur hors du Bénin. 

Marcel Kpogodo