dimanche 25 mars 2012

Prix Master Média

Attribution du Prix 2011 du Meilleur journaliste culturel de la presse écrite béninoise


Franck Raoul Pédro remporte le Trophée


La tenue, le samedi 24 mars dernier, à la Salle de conférence du Conseil national des chargeurs du Bénin (Cncb), a permis à l'Agence de Communication ''Master média communication'' de décerner le Prix du meilleur journaliste culturel de le presse écrite béninoise pour l'année 2011. Il est revenu à Franck Raoul Pédro.


Franck Raoul Pédro, journaliste culturel au Quotidien béninois L'autre quotidien, s'est vu décerner le Prix du meilleur journaliste culturel de la presse écrite du Bénin pour l'année 2011. Cela se passait à la Salle de conférence du Conseil national des chargeurs du Bénin (Cncb) de Cotonou.
Selon Erick-Hector Hounkpè, le Président du Jury comportant comme autres membres le journaliste Pascal Zantou et la femme de théâtre, Daouda Moudjibath, cinq critères ont permis de départager les cinq journalistes culturels nominés : la forme et l'articulation (6 points), la variété des genres journalistiques (4 points), la variété des sujets abordés (4 points), la profondeur des articles (4 points) et l'actualité des sujets (2 points).


Franck Raoul Pédro


Ainsi, dans l'attribution des notes, le lauréat Franck Raoul Pédro a récolté 14 points devant Claude Urbain Plagbéto du Quotidien national La Nation, qui a eu 13,75, Donation Gbaguidi du Quotidien L'Evénement précis avec 13,5 et Valentine Bonou du Matinal qui a totalisé 10,5 et Rodéric Dèdègnonhou de l'Agence Bénin presse (Abp), avec aussi 10,5 points.
En outre, Franck Raoul Pédro s'est vu remis le Trophée du Meilleur journaliste culturel béninois de l'année 2011 en plus d'un chèque de Cent mille francs (100.000 F) Cfa.
La cérémonie de distinction s'est déroulée en la présence de Bruno Adjahounzo, Directeur des Médias de la Haute autorité de l'audiovisuel et de la communication (Haac) du Bénin, représentant le Président de la Haac, et Serge-Davi Zouémé, Directeur de l'Agence de communication, Master média communication.


Marcel Kpogodo

samedi 17 mars 2012

''Exhibition trip'' à Cotonou

Dessins de Benjamin Déguénon



Cycle (IR)REALITES


L'un des dessins de Benjamin, au cours de l'exposition (Photo de Sophie Négrier)



Mi-hommes, mi-bêtes, des animaux mythiques enchantés par la flûte d’un dieu Pan citadin, êtres fantasques à tête et troncs humains, jambes effilées prolongées en sabots, queue d’âne ou de lion, bêtes à corps humain, êtres cornus avec des seins pointus et croupes de femme, pieuvres, étoiles de mer, serpents, reptiles divers, insectes géants, têtes d’oiseaux, suspendues, accrochées, pendues, à un poteau ou à un véhicule quelconque, virevoltent dans un environnement urbain, ligotés par des fils de fer, planent - sibyllines créatures familières de nos vies modernes, expressions secrètes de nos modernes superstitions - dans un paysage rabougri, miniaturisé, au-dessus des avions, voitures, motos, trains, arbres, au-dessus (ou plutôt au-delà ?) des rues grouillantes d’un petit quotidien, d’une vie à petite échelle ou les rapports de force et les directions semées d’embûches sont les vecteurs d’un perceptible déséquilibre. Sortant de leurs gueules, accrochés à leurs griffes, serres, crocs, pendent des fils conducteurs qui relient et enferment tout ce monde dans un cercle étroit sous le signe omniprésent d’une croix, la souffrance, le lot de l’être, excroissance discrète de leur corps.



Benjamin Déguénon



« Dans mon enfance », raconte Ben avec un sourire mi-triste, mi-étonné, « je trouvais un plaisir fou à lancer des pierres sur toutes les bêtes du voisinage qui avaient le malheur de me rencontrer sur leur chemin ». Insensible à leur souffrance comme aux invectives des adultes, il s’adonnait tous les jours à sa passion, à améliorer son tir et à se réjouir de son excellente adresse.


Aujourd’hui, jeune adulte et ami des bêtes, il se remémore ses anciennes « victimes », la douleur qu’il a dû leur infliger et s’interroge sur les raisons qui ont fait jaillir cette violence primaire, même si elle s’est évanouie un jour comme elle était venue, sans crier gare, sans préavis. Exercices d’exorcisme, points de départ d’une réflexion sur le monde, ces « péchés de jeunesse », il les métamorphose en dessins.



Havre d’imagination, la surface blanche - lisse ou poreuse aux petits reliefs, mais toujours blanche, blanche comme l’aube des désirs, comme l’absence de pensée, comme le brouillard avant qu’il ne se dissipe, cette surface où le blanc a sa place, son rôle à jouer, effet de mise en scène qui ne révèle que mieux le noir du crayon, l’encre du stylo et les pastels où, des fois, il laisse son crayon, ses stylos, ses « bics », ses pastels, courir d’une manière qui rappelle l’écriture automatique des surréalistes - lui est certainement exutoire, mur des perceptions qu’il recense comme un état de lieux du rêve, mais d’un rêve éveillé, presque palpable.



Nous sommes aspirés par l’énergie que chaque dessin dégage, astreints au regard par le spectacle, par les personnages qui se présentent un à un dans un défilé d’une beauté dérangeante, et la chaise où nous étions assis, observateurs étrangers, devient soudainement inconfortable.



Un autre dessin de Benjamin (Photo de Sophie Négrier)


Certains dessins ressemblent à des esquisses, contours griffonnés qui nous laissent suspendus, joyeusement effrayés, à son imaginaire ; des esquisses de vie, scènes d’une (ir)réalité troublante, découpée avec audace dans l’émerveillement ou la stupeur où ce monde le plonge ; d’autres se peuplent sans encombrer l’espace où les quelques touches de couleurs qu’il ajoute ci et là avec justesse, lèvent le rideau sur un décor autrement troublant.


Ben a l’acuité de voir la bête qui gît en chacun d’entre nous et de savoir nous la montrer avec finesse, de saisir aussi la part de beauté et de composer un tableau gracieux, épuré, où les formes se déforment en un perpétuel mouvement au point de nous donner l’impression de n’avoir jamais tout vu, de n’avoir pas encore compris et de nous tenir scotchés, toujours en éveil, happés par un nouveau détail, à chercher des sens nouveaux.


Il insinue peut-être que la part d’ombre ne peut jamais être entièrement tirée vers la raison, que l’obscurité est la face cachée de la lumière. Mais, sans la nuit que serait le jour, si ce n’est qu’un tombeau de formes sans relief ?!



Dans ses dessins, nous voyons un clin d’œil au travail de Ndoye Douts ; pensez aux véhicules miniaturisés qui sillonnent les toiles du Sénégalais et, héritage de son compatriote Dominique Zinkpé, une certaine manière de tracer ses personnages qu’il imprègne d’un brin d’érotisme, élément assez rare dans le paysage béninois. C’est indéniable, Zinkpé est un incendie dans les arts béninois et Ben a emporté de la ferveur du maître pour explorer ses propres angoisses avec une grande sensibilité.



L’artiste a commencé son art en faisant de la récupération, à redonner vie aux cimetières de produits de la société de consommation, tailleur de tôles, couturier au fil de fer des boîtes de conserves assemblées en tableaux pleins d’une nouvelle vitalité, compositions hétéroclites de matières qu’il a percées, soudées, martelées, découpées, sous la chaleur ou la pluie, dans une lutte acharnée avec la matière. Il a canalisé peut-être cette violence d’antan, violence qui, d’impulse destructeur devenait énergie vitale, projection d’une fureur d’exister, exercice difficile dans une société mutante, tiraillée entre les presqu’inutilisables valeurs du passé et le « nouveau monde » brutal, niveleur où les individus perdent leur identité et se retrouvent gavés d’inutilités modernes, proies du jetable et du futile.

Dans une belle continuité, Benjamin Déguénon poursuit son chemin de croix, à ressusciter, avec cette force que seuls les êtres fragiles peuvent connaître, des images enfouies dans son subconscient, à traduire l’indicible dans un ballet d’allégories plus ou moins transparentes sur le destin, sur la raison d’être, tout en se gardant de nous livrer la part de mystère qui rend une œuvre de l’esprit indéfinissable.



De la part de Fabiola Badoi




Fabiola Badoi