mercredi 27 janvier 2010

Fitheb 2010

Pascal Wanou, Directeur du Fitheb


Passation de service au siège du Fitheb


Le nouveau Directeur, Pascal Wanou, sous pression


Les acteurs du théâtre et, un grand nombre du monde culturel, en général, se sont retrouvés à l'ex-Ciné Vog de Cotonou, le mardi 26 janvier 2010, afin d'assister à l'installation de Pascal Wanou, en tant que nouveau Directeur du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb). A peine entré dans ses fonctions, il a le couteau sous la gorge.


Plusieurs défis sont laissés en héritage à Pascal Wanou, Directeur entrant du Fitheb. Selon Orden Alladatin, son prédecesseur, trois chantiers l'attendent : la poursuite des travaux de rénovation du siège de l'institution, l'apurement des dettes existant avant son propre mandat et la remise en fonction du site Internet du Fitheb, bloqué depuis septembre 2009. Mais, le plus pressant d'entre eux reste la tenue de la Xe édition de la manifestation internationale, ce que la personnalité du jour s'est engagée à respecter sans faillir, "à bonne date", c'est-à-dire, "entre fin mars et début avril", a-t-elle précisé. Conscient qu'il s'agit d'une course contre la montre, Pascal Wanou a appelé le Chef de l'Etat à s'impliquer personnellement dans l'organisation du Fitheb 2010, en prenant des mesures exceptionnelles de facilitation de décaissement des ressources financières. En effet, comme l'a souligné Orden Alladatin, en prenant la parole avant son successeur, le décaissement des fonds de fonctionnement du Fitheb par le Trésor public accuse, à chaque année d'organisation, une lenteur préjudiciable, ce qui crée d'énormes difficultés au déroulement des manifestations prévues et de la programmation des spectacles. Ainsi, Pascal Wanou attend de Boni Yayi de lui permettre d'économiser beaucoup de temps dans les procédures administratives de décaissement des fonds alloués au Fitheb.

Plusieurs cadres du Ministère de la Culture, de l'alphabétisation et de la promotion des langues nationales ayant fait le déplacement de l'installation, il est à espérer que l'appel de Pascal Wanou ne soit pas entré dans des oreilles de sourds. Cependant, il appartient au nouveau Directeur de garder langue avec son prédécesseur, de s'accrocher à lui, pour comprendre le secret de la tenue sans anicroches des Fitheb 2006 et 2008, malgré la persistance de la lenteur de décaissement par l'Etat de la subvention de la biennale. Ensuite, en dehors de la tenue "à bonne date" de l'édition de la présente année, il se doit de ne pas nous ramener en arrière, avec des partenaires du Fitheb grognant parce que non payés, des troupes bloquées à leur hôtel ou empêchées de prendre le départ de Cotonou après le Fitheb, pour des préalables non remplis, ou encore pour des fournisseurs qui vont vociférer sur les médias, ou pour des membres du Bureau du Fitheb qui s'entre-déchirent. Le défi de Pascal Wanou est titanesque, vu que les conditions de son élection n'ont pas été simples et qu'il doit organiser le Fitheb 2010 en deux mois ! Le sang froid qu'on lui connaît serait un de ses principaux atouts.



Marcel Kpogodo

mardi 26 janvier 2010

Patrice Toton 2010

Patrice Toton a de quoi être profondément heureux ...


Représentation de la pièce "Dans l'arène du fou" au CCF de Cotonou



Patrice Toton remporte un grand triomphe!


La pièce tant annoncée, "Dans l'arène du fou" a été jouée au Centre culturel français de Cotonou, dans la soirée du samedi 23 janvier 2010. Un grand public bien coloré a fortement applaudi Patrice Toton, à travers la prestation des acteurs qu'il a minutieusement choisis.


"Vive la presse! Vive la liberté d'expression! Je vous remercie." Ce sont les mots de gratitude par lesquels Patrice Toton a répondu aux applaudissements nourris d'un public, profondément acquis au jeu des acteurs, qui a duré un peu plus de soixante minutes. Le déroulement de la pièce "Dans l'arène du fou" a permis de comprendre qu'un point de presse donné par le ministre de l'intérieur informe l'opinion de l'évasion de M. Fata, un journaliste commandité, selon les dires de l'autorité, par le réseau terroriste Al-qaïda. Mais, le fugitif, ayant pris la place de son frère jumeau, un fou, et se faisant passer comme tel, échappe aux recherches de deux policiers et de son épouse. Entre temps, les deux premiers, attirés par la prime de 50 millions mis en jeu par le pouvoir pour la capture du journaliste, essaient, séparément et vainement, de s'entendre avec le faux fou pour la livraison de son frère, contre un certain pourcentage de l'argent. Par la suite, en lieu et place du président de la République dont la présence a été exigée par le fou pour révéler la cachette de son "frère", c'est le ministre de l'intérieur qui fait son apparition, pour mener, de main de maitre, la torture du fou, quand le membre du gouvernement, lui-même, est tué par l'un des deux policiers-gardes de corps, qui enlève aussi la vie à son collègue, membre des forces de l'ordre.

C'est une pièce mouvementée dès le début, qui a frappé le public ; l'un des journalistes, qui participe au point de presse donné par le ministre est logé devant, dans l'une des rangées du public, à la grande surprise de tous. Et, la tension qui monte, avec la fermeté du ministre et le ton contestataire du journaliste M. Je-sais-tout, baisse très peu au cours de la représentation, ce qui a l'avantage que le public s'ennuie très peu et qu'il rie à intervalles réguliers, suite à des répliques, surtout venant du fou, mettant en exergue des comiques de situation et des paradoxes décapants. En outre, le metteur en scène, pour marquer la présence sur scène d'une horde de journalistes participant, au point de presse, fait recours à un enregistrement sonore, de même que pour les coups de feu qui vont tuer, respectivement le ministre de l'intérieur et l'un des policiers. Un autre niveau de réussite de cette représentation reste le décor, purement pragmatique, où le fou, personnage central, est le mieux servi, de même que le ministre. Le second se voit pourvu, pour l'entretien qu'il donne au début de la pièce, d'un pupitre, surmonté de micros circonstantiellement fabriqués, émanant d'organes médiatiques, tandis que le premier garde la part du lion avec un périmètre réduit qui lui sert de dortoir, où nous trouvons, principalement, une chaise et des objets pêle-mêle dont des poupées ; là, nous sommes à droite de la scène, lorque nous lui faisons face. A gauche, on trouve un porte-manteau surmonté, de façon forterment visible, d'un ample boubou en bazin bleu ciel. Au centre, c'est une ouverture dont la porte est un tissu beige proportionnellement dimensionné, décoré par des motifs de lignes indigo. Patrice Toton a donc su utiliser, sur scène, juste ce dont il avait besoin pour faire réussir le jeu des acteurs. Quant au message de la pièce, il est assez fort et original, le premier qu'un homme de théâtre béninois ait fait passer, depuis de nombreuses années, pour aider les journalistes : la dépennalisation des délits de presse et la liberté d'expression du professionnel des médias dans notre pays. D'ailleurs, l'universalité de ce message se matérialise par l'évocation de noms forts de ce métier à hauts risques, tués en plein champ d'investigation, entre autres, Norbert Zongo, Jean Nérac, Jean Hélène. Par rapport aux acteurs, le spectateur n'a pas eu de mal à voir que, ayant été bien triés, chacun d'eux a donné le meilleur de lui-même, notamment, Didier Nassigandé ayant incarné le rôle du fou ; tout, à ce propos, est réussite chez lui : l'accoutrement, le déguisement, le naturel des propos et du jeu, la manifestation de la poésie de son âme, l'incarnation du personnage. Enfin, le happy end n'a pas été absent au rendez-vous : les mauvais, incarnés par le ministre et les policiers, sont punis, et les bons échappent à la spirale de la mort, c'est-à-dire le faux fou et le vrai journaliste dénonciateur, son épouse qui, en fin de compte, a montré qu'elle était effectivement décidée à le sauver, M. Je-sais-tout, notamment.

A travers "Dans l'arène du fou", Patrice Toton vient de réussir un nouveau grand coup de représentation, l'une de ses dernières, retentissante et inoubliable, étant la pièce "Je chausse du 45. Et toi?", jouée au Fitheb 2008.

Marcel Kpogodo