mardi 16 août 2022

Le nom de famille s’invite dans l’exposition, “Mes origines”

Dans le cadre d’un vernissage organisé à Akassato


"Mes origines" est une exposition collective dont le vernissage s’est tenu le samedi 13 août 2022 à l’espace artistique et culturel dénommé ’’Enakpami’’, sis arrondissement d’Akassato, dans la commune d'Abomey-Calavi. 15 artistes sélectionnés ont mis au point des photos d’art, que pourra découvrir le public. L’exposition concernée prend un caractère particulier, étant donné qu’à côté des artistes titulaires de la manifestation, un peu moins d’une quinzaine d’enfants et d’élèves émanant d’Akassato ont eu l’occasion de présenter des peintures avec, comme sujet d’inspiration, le nom de famille.


Junior Avocanh, dans l'explication de son travail de peinture ... - Crédit photo : Léandre Houan


« C’est le roi Glèlè qui, après avoir gagné une guerre avec l’aide de mon aïeul, un prêtre des religions endogènes, l’a surnommé ’’Djagla’’, du nom de l’un des plus redoutables signes du ’’Fâ’’, un système divinatoire africain. La révélation qu’a partagée Brice Djaga concernant son patronyme, dans l’après-midi du samedi 13 août 2022, lors du vernissage de l’exposition, ’’Mes origines’’, qui s’est déroulé au complexe artistique et culturel, ’’Enakpami’’, qui se situe dans l’arrondissement d’Akassato, de la commune d’Abomey-Calavi. Gérard Hountondji, élu consulaire à la Chambre des Métiers, était présent au vernissage indiqué, de même que Youss Atacora, un artiste contemporain béninois confirmé.

 

De son côté, Junior Avocanh a expliqué, face à ses travaux, que son nom de famille, ’’Avocanh’’, vient de sa création par une divinité protectrice du roi Houégbadja, l’un des monarques de l’ancien royaume du Danhomè.


En s’exprimant ainsi, Brice Djaga et Junior Avocanh, dans un ensemble de 9 enfants et jeunes élèves puis de 5 artistes amateurs, ont fait découvrir par le public le résultat de leurs recherches. Il s’agit de tableaux de peinture ayant traité du nom de famille africain. 


Selon les précisions qu’a apportées Mozard Fandohan, fondateur et directeur d’ ’’Enakpami’’, ’’Mes origines’’ est le résultat d’un processus laborieux. Ceci a débuté par la sélection d’un groupe de 15 artistes, sur la base des travaux qu’ils avaient à leur actif, après un appel à candidatures. Ensuite, ces élus ont été formés aux Technologies de l’Information et de la communication (Tic), à la photographie et à la vidéo d’art, puis au graphisme et à la manipulation de plusieurs logiciels de montage de photos et de vidéos. En outre, il leur été donné d’effectuer une sortie culturelle au niveau des musées et des sites touristiques de Porto-Novo. Par ailleurs, ils ont intégré une résidence de création, qui leur a donné l’opportunité de produire les œuvres photographiques en exposition depuis la soirée du samedi 13 août 2022.

 


Une expérience parallèle liée à l’inculturation


La commune d’Abomey-Calavi, par l’arrondissement d’Akassato où se situe le centre ’’Enakpami’’, est la dernière étape que connaît l’exposition, ’’Mes origines’’. Itinérante, elle a été montrée, quelques semaines plus tôt, dans les villes que sont Natitingou, Abomey, Porto-Novo et Cotonou. Voulant accorder à cette exposition un cachet particulier à son point de chute qu’est Akassato, Mozard Fandohan a initié le recensement de ce groupe de 14 enfants, d’élèves et d’artistes amateurs y habitant et leur a demandé de réaliser des peintures en s’inspirant de l’histoire de leur nom de famille.


De gauche à droite, Mozard Fandohan, Youss Atacora et Gérard Hountondji, au cours du vernissage de ''Mes origines'' - Crédit photo : Léandre Houan

Pour cet artiste plasticien et acteur culturel, la démarche de travail sur le patronyme béninois se justifie pleinement. Selon le Directeur d’ ’’Enakpami’’, l’atmosphère du rejet de sa culture par la société africaine contemporaine s’y prête parfaitement. En conséquence, « l'appel au retour des valeurs culturelles est un défi générationnel », a-t-il été amené à analyser, dans son intervention liée au lancement du vernissage indiqué.


De cette manière, comme décidé à jouer sa partition en combattant le mépris par le Béninois de ses valeurs culturelles authentiques et, pour l’inciter au retour à son identité culturelle, par le biais des arts plastiques, il a fait de ’’Mes origines’’, le tremplin par lequel le groupe des 14 est allé faire des recherches. Il s’agissait, pour chacun des membres de l’ensemble, de découvrir le fondement historique de son patronyme, ainsi que les panégyriques claniques afférents, ce qui se dénomme ’’ Àkɔ’’, en langue nationale béninoise du fon.


A en croire Mozard Fandohan, la focalisation, de manière particulière, sur le nom de famille part d'un constat amer selon lequel « plusieurs parents ignorent leur identité culturelle, leur langue maternelle, leurs symboles identitaires, au profit de la modernité ». Pour lui, cette situation constitue une anomalie qui se pérennise beaucoup trop dans le temps. Avec cet abandon, au niveau des Béninois, des facteurs de leurs origines et, par extension, de leur identité culturelle, il en a évoqué, comme autre manifestation, le désintérêt pour les cicatrices raciales.


"Mes origines", par son déroulement, permet la concrétisation du projet, "Accès gratuit à la Culture pour tous au Bénin". Il est financé par le programme Acp-Ue Culture-Awa, pour le compte de l’Afrique de l'Ouest. Il s’agit d’un programme que porte un Consortium constitué par l'Institut français de la ville de Paris, en France, et son partenaire co-demandeur, le Centre Culturel ’’Kôrè’’ de Ségou, au Mali.


L’exposition ’’Mes origines’’ se clôt le 19 août 2022. « Les œuvres exhibées, ici, au Centre ’’Enakpami’’ sont accessibles aux populations, de jour comme de nuit », a indiqué Mozard Fandohan.

 

Léandre Houan / Marcel Gangbè-Kpogodo

lundi 8 août 2022

’’Nuit des Contes’’ 2022 : Pobè se prépare à réussir l’événement

Dans le cadre de l’organisation de sa 16ème édition


La commune de Pobè, à l’est du Bénin, accueillera la veillée de récits d’histoires merveilleuses, dénommée la ’’Nuit des Contes’’, le dimanche 14 août 2022. Elle se tiendra sur l’esplanade de la Radio ’’Olokiki’’, dans la ville. Ainsi le promet Romain Bonou. Il est le principal organisateur de l’événement qui lui arrache, depuis plusieurs semaines, un grand nombre d’actions anticipatives, en vue du succès de la manifestation.


Aperçu d'une séance de répétition de veillée de contes à l'Asnac de Pobè Crédit photo : Romain Bonou


Correspondances administratives, émissions radiophoniques, entraînements divers, entre autres. Le cahier de charges, que s’est donné d’exécuter Romain Bonou, organisateur de la ’’Nuit des Contes’’ 2022 qui aura lieu le dimanche 14 août prochain, à Pobè, une ville du département du Plateau, dans l’est du Bénin, plus précisément, sur l’esplanade de la Radio Plateau Fm ’’Olokiki’’, émettant dans la commune.


Selon Romain Bonou, ambassadeur à Pobè de ’’Mémoires d’Afrique-Bénin’’, l’association réalisant le déroulement de l’événement dans plusieurs localités du Bénin chaque année, en prévision de la tenue de la ’’Nuit des Contes’’ dans des conditions adéquates de formalisation et de sécurité, il a fallu qu’il achemine du courrier en direction d’institutions telles que le ministère de l’Intérieur, la mairie et le commissariat de police de Pobè. De même, après avoir identifié un certain nombre de personnes-ressource, il leur a envoyé une invitation à la veillée de diction de contes.


A en croire l’ambassadeur, en tant que « journaliste producteur » et « Rédacteur en Chef adjoint » du média radiophonique précédemment évoqué, il a invité, à plusieurs reprises et, notamment, le mardi 19 juillet 2022, dans l’une de ses émissions, Raoul Atchaka, Chargé de Programme de la ’’Nuit des Contes’’, « pour annoncer les couleurs », dit-il. Il était question qu’il éclaire les auditeurs concernant l’événement, une manière de les y intéresser. 


De gauche à droite, Romain Bonou et Raoul Atchaka, en studio ... - Crédit photo : Romain Bonou

Cette personnalité reste un habitué de ce programme radiophonique dénommé ''Houénouho'', ce qui signifie, en langue nationale béninoise fon, ''Conte''. Cette émission se diffuse chaque mardi de vingt-et-une à vingt-deux heures. En effet, Raoul Atchaka « venait, par moments, depuis des lustres, de Cotonou, pour raconter des contes », témoigne le journaliste.

 

En outre, Romain Bonou ne s’en est pas arrêté à ce niveau. Enrichi et affermi d’une expérience de dix-huit années d’animation d’une émission dédiée au récit de contes et, averti à travers sa deuxième expérience d’organisation de la ’’Nuit des Contes’’, il a compris que l’improvisation n’avait aucune place dans un système aussi exigeant que celui d’instruire et de divertir par les contes. Par conséquent, il a initié des séances de répétition de la manifestation du 14 août. 


Elles s’effectuent régulièrement à Pobè, au Centre d’Accueil et de service en alimentation et nutrition appliquées (Asnac). Ceci permet de rôder davantage une équipe de conteurs « qui sont avec moi depuis plus d’une dizaine d’années », déclare Romain Bonou, de même que le Centre raffiné pour la Conservation des cultures du Bénin (Ceracc), une organisation non gouvernementale avec laquelle il coopère, en cette matière de formation, « se prépare à venir démontrer le talent des enfants », selon l'homme de média.


Il faudrait alors s’attendre à ce que la scène de l’esplanade de Radio Plateau Fm ’’Olokiki’’ pullule de conteurs, déjà que ceux qui interviennent sur son émission hebdomadaire dédiée à la production de ce genre de récit « sont invités », précise-t-il. Et, autour du feu de bois qu’il annonce, il y aura, se rapportant au public, toutes les catégories sociales possibles, pour une veillée de contes, que Romain Bonou prévoit se dérouler de dix-neuf à vingt-et-une heures.

Marcel Gangbè-Kpogodo