jeudi 25 mars 2010

Initiatives culturelles au Bénin

Christel Gbaguidi, en plein jeu scénique, dans la pièce "L'exception et la règle" de Bertolt Brecht
Bientôt à Cotonou
Lancement du projet "Théâtre à l'école"
Dans les tout prochains jours, l'univers du théâtre béninois va s'enrichir d'un projet d'une importance capitale pour le développement de l'art dramatique en milieu scolaire. A l'occasion d'une causerie avec quelques journalistes culturels, Christel Gbaguidi, Président de l'Association "Arts Vagabonds Rezo Afrik Bénin", a accepté de parler de cette initiative.
La date du 29 mars 2010 est celle qu'il faut retenir pour le lancement de ce projet qui est intitulé "Théâtre à l'école". En partenariat avec le Service de coopération et d'action culturelle (Scac) de l'Ambassade de la France près le Bénin, il est justement mis en place par l'Association "Arts Vagabonds Rezo Afrik Bénin". Selon son Président, Christel Gbaguidi, il vise à établir un pont entre le lycée français Montaigne de Cotonou, le Ceg Godomey et le Collège catholique Père Aupiais, d'une part, et à travailler au retour du théâtre professionnel dans les écoles, les collèges et les lycées du Bénin, d'autre part. C'est dans cette optique que "Théâtre à l'école" se propose d'offrir une opportunité de création et de formation à au plus soixante jeunes collégiens issus des établissements scolaires précités. Concernant particulièrement le volet "Formation", l'Association "Arts Vagabonds Rezo Afrik Bénin" a prévu que ces stagiaires volontaires aient l'opportunité de s'investir à acquérir des connaissances pratiques dans plusieurs sous-secteurs liés au théâtre : la mise en scène, la décoration, les costumes, la photographie et la régie. Et, ce sont des professionnels concernant chacun de ces compartiments, qui seront chargés d'animer les ateliers, respectivement Patrtice Toton, Nathalie Hounvo-Yèkpè, Serge Zossou et Christel Gbaguidi aussi, pour la mise en scène, Christian Gbégnon et Marius Dansou, pour la décoration, Pamela Houénoudé et Patrice Tomédé, pour les costumes, Jessica Vuillaume et Sophie Négrier, pour la photographie et, enfin, Jean-Claude Ouangbey, pour la régie générale.
Les autres points focaux du programme
A en croire Christel Gbaguidi, ce projet qui démarre le 29 prochain va permettre aux élèves du lycée Montaigne, des collèges Godomey et Père Aupiais de travailler pendant quatre mois sur la mise en scène de trois pièces dont chacune est spécifiquement affectée à chacun des établissements pour être jouée : L'avare de Molière, pour le compte du Ceg Godomey, Certifié sincère de Florent Couao-Zotti, pour Père Aupiais, et La nuit de Valognes d'Eric-Emmanuel Schmidt, pour Montaigne. Par ailleurs, le stratégique travail de la compréhension globale de ces différents ouvrages sera réalisé en faveur des élèves participants par les professeurs Yvon Le Vagueresse et Dieudonné Adingbossou, exerçant respectivement à Montaigne et à Aupiais.
Pour ce qui est du déroulement proprement dit du Projet, Christel Gbaguidi précise des dates clés : du 29 mars au 07 avril, la visite d'échanges entre les lycées et collèges sur fond de participation des élèves volontaires des trois collèges au Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) dont les manifestations démarrent le 27, le 10 avril, la tenue au Centre culturel français de Cotonou d'un café littéraire et la visite des locaux de cette institution par les élèves stagiaires, le 17 avril, la découverte par tout le groupe de l'Ecole internationale de théâtre du Bénin (Eitb) d'Alougbine Dine et la discussion avec ce grand nom du théâtre béninois sur la pièce Le médecin malgré lui, qu'il va faire jouer au Fitheb. En outre, les 26, 27 et 28 mai, il est prévu la représentation des spectacles préparés par les élèves au Ccf et dans certains établissements scolaires. Entre temps, ces stagiaires en théâtre auront tourné des séances vidéo avec l'autre célébrité, Tola Koukoui. Et, le Projet s'achève, entre autres, par la réalisation d'un Livret d'information devant témoigner de l'initiative.
Des perspectives de l'événement
Christel Gbaguidi, dans son exposé, a expliqué que le Projet "Théâtre à l'école" est pilote. S'il s'y donne pour mission de rehausser le prestige du théâtre béninois, il entend le pérenniser, avec des éditions prochaines qui vont voir s'élargir le nombre des établissements participants. Les pouvoirs publics béninois devraient s'approprier cette initiative, vu, d'une part, qu'elle permet à la génération apprenante actuelle de combler le vide en activités de formation additive à l'édification intellectuelle de cette jeunesse, et qu'elle augmente le nombre de cordes professionnelles des jeunes adhérents au Projet, des cordes qui leur seront utiles lorsqu'ils auront fini leurs études et qu'ils se trouveront confrontés au monde de l'emploi. Christel Gbaguidi aura donc contribué à susciter et à développer la vocation des jeunes pour le théâtre.
Marcel Kpogodo

vendredi 12 mars 2010

Théâtre au Ccf de Cotonou

Philippe Adrien, face aux journalistes

Spectacle au Ccf de Cotonou ce weekend
Philippe Adrien parle de la pièce "Rêver à Cotonou"
"Rêver à Cotonou" est une pièce de théâtre d'un genre particulier qui sera représentée les vendredi 12 et samedi 13 mars 2010 au Centre culturel français de Cotonou. Le Français Philippe Adrien, qui en est le metteur en scène, montre l'ancrage de cette création dans l'univers du rêve.
Premier élément d'originalité: "Rêver à Cotonou" est un spectacle déambulatoire, ce qui suppose que les spectateurs seront amenés à se déplacer d'un point à un autre. Plus précisément, ils iront, notamment, au sein du Centre culturel français, de la scène au bar, en passant par la paillotte et, quelque part sur le parcours sera visualisable la vidéo de l'artiste béninois Totché, qui est un film monté en boucle. A en croire Philippe Adrien, la mobilité de la pièce se justifie par la nécessité de "déshabituer les spectateurs", de leur faire "voir autre chose"; il affirme, en outre, que ''l'idée de ce parcours est cohérente avec le rêve où il faut sans cesse décaler." Et, dans cette vague d'anticonformisme de la mise en scène s'inscrit le second facteur d'originalité: la pièce elle-même est une pratique initiatique de l'univers du rêve! Selon Philippe Adrien, "Rêver à Cotonou" donne lieu à un ''traitement scénique des rêves''.
Pour une pièce qui sera jouée lors du prochain Festival international du théâtre du Bénin (Fitheb), il s'agit d'un jeu fondé sur un maximum de quinze rêves sélectionnés parmi près d'une cinquantaine, des rêves faits par des comédiens, collectionnés par ceux-ci auprès de leurs amis, de leurs connaissances, en général, des rêves racontés, scénarisés et mis en scène, avec le concours de deux personnalités d'une importance capitale: Rémi Secret, Directeur du Centre culturel français, avec l'engagement et la collaboration de qui l'idée de représentation de rêves au théâtre est née et s'est vue concrétisée par Philippe Adrien appelé à cette oeuvre. Deuxièmement, le metteur en scène laisse entendre que Gustave Akakpo, écrivain togolais de pièces de théâtre, a joué une partition fondamentale, celle du traitement des rêves collectionnés, un cru que lui aussi a contribué à enrichir de ses propres rêves. En ce qui concerne les langues de la pièce, les spectateurs entendront du fon et français, et "des langues inventées", pour des rêves dont le contenu étonne Philippe Adrien, de par les thèmes typiquement béninois: l'argent, le sexe et la mort. Donc, ce sont des rêves qui vont permettre d'entendre "des malheurs, des misères, des vérités contradictoires, paradoxales, dérangeantes ... " Ils donneront l'occasion aux spectateurs d'entrer en contact avec l'inconscient des Béninois, s'inscrivant dans une problématique globale qui matérialise la manière dont les Africians vivent la question de l'ailleurs, la manière dont les Béninois entendent les rapports Nord-Sud.
Le fond de la préparation
Pour Philippe Adrien, il a fallu une dizaine de jours de stage, qu'il a passés à l'Ecole internationale de théâtre du Bénin (Eitb) d'Alougbine Dine, à former treize comédiens béninois qui ne sont plus des inconnus. Parmi eux, Jean-Louis Kédagni, Charelle Hounvo, Tonton Mass, Alfred Fadonougbo, Florisse Adjanohoun, Carole Lokossou, Guy Kpohento, Didier Nassègandé et Fidèle Anato. D'autres noms très influents du monde artistique béninois ont apporté leur pierre à l'édifice de l'oeuvre, tous autres domaines confondus, entre autres, le musicien Eric Thomson, le plasticien Dominique Zinkpè, le producteur et réalisateur Claude Balogoun et le spécialiste de vidéos Totché. Grâce à tout ce beau monde, Philippe Adrien, Diresteur du "Théâtre de la tempête", Professeur de théâtre et d'interprétation au Conservatoire national de Paris, qui se réjouit d'avoir travaillé avec des artistes béninois, promet: les spectateurs "vont avoir quelque chose à démêler, ils auront à démêler des sensations, ils auront des surprises". Reste alors à aller voir cette pièce, de quoi constater si les fruits vont tenir la promesse des fleurs.
Marcel kpogodo