Dans le cadre du
déroulement de l’initiative ce jeudi 15 février
Les acteurs et les journalistes
culturels sont appelés à découvrir le contenu du Programme d’actions du
Gouvernement (Pag) et des Objectifs du développement durable (Odd), adapté à la
culture, dans un contexte bien précis qu’est la mise en œuvre du Projet dénommé
’’Séminaire Pag-Odd Culture’’, prévu pour se dérouler dans la journée du jeudi
15 février 2018, à Cotonou. Pour en détailler les fondements, Claude Balogoun,
représentant des artistes et des acteurs culturels au Conseil économique et
social (Ces), a bien voulu répondre à nos questions.
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Claude Balogoun |
Journal ’’Le Mutateur’’ :
Bonjour Claude Balogoun. Vous êtes une personnalité qu’on ne présente plus ... Unique représentant des artistes et des acteurs culturels au
Conseil économique et social (Ces), vous êtes à l’initiative d’un événement
dénommé ’’Séminaire Pag-Odd Culture’’, qui se tient le jeudi 15 février
2018, à la Grande salle de spectacles du Festival international de théâtre du
Bénin (Fitheb), à l’ex-Ciné Vog, à Cotonou. Pouvez-vous nous dire de quoi il
s’agit ?
Claude Balogoun :
L’initiative de demain, jeudi 15 février, a été prise par deux structures : ’’Réussir’’ qui
est une Organisation non gouvernementale (Ong) de recherche et de formation,
dans le domaine culturel, et ’’Sudcréa’’ qui est aussi une association culturelle.
C’est ensemble qu’en
réfléchissant, nous nous sommes rendus compte que les acteurs culturels, d’une
manière générale, sont largués ; ils sont délaissés, ils ne sont pas pris en
compte. La raison en est qu’ils ne produisent pas véritablement de données
quantifiables, qualitatives et quantitatives qui devaient pouvoir aider les
autorités à connaître ce qu’ils apportent dans le budget de l’Etat, comme flux
économiques. Voilà un secteur où près de 75 à 80% des acteurs travaillent dans
l’informel. Cela ne facilite pas le regard que l’Etat et les Partenaires
techniques et financiers doivent pouvoir jeter à leur endroit, comme c’est le
cas des artisans qui se trouvent bien organisés.
Les acteurs culturels
ne sont pas organisés. Donc, on ne peut pas dire, aujourd’hui, qu’en mettant 10
milliards dans le secteur culturel, on peut sortir de là un flux économique
de 15 milliards. Si cela en est là, c’est parce que les acteurs culturels
manquent d’information, ils manquent d’éducation et de formation, ce qui les
empêche de se mettre à jour vis-à-vis de ce qui se fait.
Or, nous savons
également que, dans la macro-économie, chaque Gouvernement qui s’installe le
fait avec un projet de société, ceci qui contient des programmes en direction
de chaque catégorie socio-professionnelle. Nous, acteurs culturels, nous ne
lisons pas vraiment les documents qui fondent ces projets de société ; on
n’a pas connaissance de cela.
Au cours du séminaire
indiqué, nous parlerons du Programme d’actions du Gouvernement (Pag), du Président
Patrice Talon, dans lequel il est prévu des réalisations pour la culture. Mais,
est-ce que les acteurs culturels le savent ? Est-ce que les journalistes
culturels sont bien au parfum de ce qui est prévu pour la culture ? Ce
n’est pas évident. Donc, lorsque le Pag va s’exercer pendant cinq ans, est-ce
qu’il faut en rester en marge ? Ne peut-on pas chercher à comprendre ce
que ce projet de société a prévu, pour s’y arrimer aussitôt et évoluer avec
lui ? C’est important ...
Sur le plan
international, il y a les Objectifs du développement durable (Odd) qui sont des
dispositions de développement, prévues au niveau mondial. Et, le Bénin, dans
cet ensemble d’Objectifs, a choisi certains qui lui sont spécifiques, puisque
chaque pays a le droit de le faire, c’est-à-dire de sélectionner les Objectifs
qui lui sont prioritaires. Alors, quels sont ceux que l’Etat a retenus pour le
secteur culturel ? Combien d’acteurs et de journalistes culturels les
connaissent ? Ce n’est pas évident.
C’est ainsi que les
deux structures que j’ai évoquées précédemment se sont rapprochées du Système
des Nations unies, à travers le Programme des nations unies pour le
développement (Pnud), pour proposer que certains de ses experts viennent faire
une communication aux acteurs et aux journalistes culturels sur le contenu des
Odd. De la même manière, une démarche a été effectuée vers le Bureau d’analyses
et d’investigations (Bai), de la Présidence de la République, et vers le
Ministère du Plan, pour demander que des spécialistes viennent parler de ce qui
est prévu dans le Pag pour les acteurs culturels. Donc, le Séminaire
permettrait à ces deux catégories d’institutions de se former sur ce qu’ils
doivent pouvoir comprendre dans les deux documents, par rapport à la culture.
Il s’agit donc d’une
initiative privée, financée par les deux associations, sans aucun autre
partenaire financier. Nous avons aussi la caution morale du Ministère de la
Culture dans le domaine duquel l’activité a lieu, et aussi de l’Etat béninois
qui a mis en place le Pag. N’oublions pas d’évoquer le parrainage du Ces, vu
que l’idée du séminaire est venue d’une manifestation qui s’est déroulée en son
sein, par rapport au Pag et aux Odd.
Nous comprenons que ce
sont les artistes, les acteurs et les journalistes culturels qui sont concernés
par ce Séminaire d’une journée. Quelles en sont les conditions de
participation ?
Elles sont
simples ; on a établi des cartes d’invitation, qu’on a distribuées
partout. Ceux qui disposent de la leur sont attendus au Séminaire, de même que
ceux qui n’en ont pas, dans la limite des places disponibles, pour les acteurs
culturels.
Combien de participants
sont attendus pour le jeudi 15 février?
Nous sommes en train
d’envisager six cents personnes qui vont venir.
La Grande salle du
Fitheb pourra-t-elle contenir tout ce monde ?
Si la Salle est pleine
et que des participants sont debout, l’autorité comprendra qu’il faut faire le
Théâtre national qui est un autre combat que je mène.
Du point de vue de la
logistique, qu’est-ce qui est prévu pour prendre en charge les
participants ?
Je pense qu’il faudrait
que nous apprenions aussi à nous sacrifier un peu pour véritablement travailler
pour notre pays. Et, ce sacrifice vient déjà de ce que nous mettons du matériel
confortable de sonorisation, du matériel de production audiovisuelle, donc,
deux grands écrans, pour projeter les communications. Les participants auront
sûrement droit à de petits carnets pour noter et, puis, il y aura des
pauses-café …
Quel est le temps de
déroulement du Séminaire ?
Cela commence à 8h30,
pour se terminer à 14h.
Avez-vous un appel à
lancer à cette cible que vous avez identifiée pour recevoir la formation ?
Je voudrais dire aux journalistes
culturels de venir apprendre et s’informer, afin de bien relayer cet événement.
Ensuite, je dis aux acteurs culturels que c’est leur frère qui a initié cette
activité, sans aucun soutien financier. Il serait bien qu’ils viennent s’informer
parce que, demain, dans un an, dans deux ans, lorsqu’ils vont commencer à
gagner des financements internationaux, du fait de ce qu’ils seront arrivés à
intégrer dans leurs projets les données du développement durable, je
pense qu’ils vont me remercier.
Je voudrais aussi dire
à ceux qui sont sceptiques que ce sont réellement des experts avérés qui
viendront tenir les communications. Ceci n’a rien de politique.
Savez-vous, ce
sont seulement les acteurs culturels qui savent ce qu’ils souffrent dans ce
pays et, il n’y a que des acteurs culturels qui défendront leurs intérêts, qui
parleront en leur nom. Par ailleurs, la bonne connaissance du contenu du Pag et
des Odd peut nous permettre, désormais, de mieux nous défendre, de mieux nous
positionner et de mieux nous vendre. Le contraire reviendrait à marcher comme
un aveugle. Nous sommes en train de lutter pour le Fonds d’aide, pour des
financements, notamment, or, nous ne savons pas si, dans ce qui est prévu, il y
a de nouvelles lignes qui nous concernent. Lorsque nous allons les découvrir,
nous allons moins nous plaindre, nous allons moins nous énerver contre l’autorité.
C’est lorsqu’en dépouillant les documents, on se rendra compte qu’il n’y a
vraiment rien pour nous, qu’on aura toutes les raisons de parler.
Propos recueillis par
Marcel Kpogodo