lundi 8 avril 2019

Oswald Homéky à propos de Stan Tohon : « […] il a fait l’essentiel … »

Dans le cadre de l’hommage national à la vedette béninoise

En prélude à son inhumation, la star béninoise de la musique, Stan Tohon, a fait l’objet d’une cérémonie d’hommage national. La manifestation s’est déroulée dans la soirée du vendredi 5 avril 2019 au Palais des Sports du Stade Général Mathieu Kérékou de Cotonou. Oswald Homéky, Ministre de la Culture, accompagné d’un nombre importants de directeurs techniques de son Département, a pris part à la cérémonie, l’enrichissant par un témoignage pathétique sur l’illustre défunt.
Oswald Homéky, s'inclinant devant la dépouille de Stan Tohon
« Nous devions chanter ensemble à un concert prévu pour le 6 avril, en commémoration de l’an 3 de l’actuel régime ». Ainsi a témoigné Oswald Homéky, le Ministre du Tourisme, de la culture et des sports, lorsqu’il lui a été donné de prendre la parole lors de l’hommage national au désormais Feu Stan Tohon, dans la soirée du vendredi 5 avril 2019, au Palais des Sports de Cotonou. Par ces propos et par un certain nombre d’autres, le Ministre a démontré qu’il existait une vérité proximité entre la star et lui, contrairement à ce qu’en pouvaient laisser croire les apparences. Finalement, l’autorité a fait comprendre qu’ayant conçu le ’’Tchink system’’ et l’avoir vulgarisé ont permis à Stan Tohon d’accomplir sa mission sur terre, de produire un véritable impact dans le secteur musical. « Il a fait l’essentiel », a-t-il conclu. Khadidja, la veuve du disparu, les enfants de l’artiste, plusieurs membres de sa famille, de même qu’un grand nombre d’artistes de renom ont manifesté leur présence à la cérémonie d’hommage.
Avant Oswald Homéky, plusieurs prises de parole ont été enregistrées, notamment, celles de Pascal Wanou, Coordonnateur de la Plateforme des acteurs culturels, de la représentante de la progéniture de la star et d’un porte-parole des anciens camarades du « Roi » au Collège Gbégamey et de l’ex-Directeur de cet établissement scolaire, au moment où l’artiste, en herbe, y était élève.
En outre, plusieurs artistes ont ému par des prestations circonstancielles : la Compagnie ’’Sèmako Wobaho’’, dans le registre du théâtre comique, Alèkpéhanhou, Anice Pépé et Gbessi Zolawadji, qui sont apparu en un trio très applaudi pour chanter, chacun, de manière concise mais expressive du deuil, un morceau, selon sa tendance linguistique spécifique. Cela se passait en face de la bière de la même couleur de neige que le lit mortuaire dressé qui la portait et que la gerbe qui l’ornait, cet ensemble inspirant recueillement, surmonté d’un grand portrait de Stan Tohon dans l’une de ses poses à l’expression ironique, appuyé d’un message sobre : « Les artistes et acteurs culturels du Bénin te rendent un vibrant hommage ».

''Les Super anges'', en action
Par ailleurs, Nel Oliver et Ignace Don Métok ont réussi, en un duo magistral, l’interprétation d’un morceau phare de l’artiste défunt, accompagnés qu’ils étaient par un orchestre emblématique de celui-ci : ’’Les sphinx’’. Quant à la musique traditionnelle, elle s’est fait représenter par le Directeur général du Fonds des Arts et de la culture (Fac), Gilbert Déou Malé, apparu sous sa casquette d’artiste de la musique ’’Tchinkounmè’’, de son nom de créateur, Ohangnon, ayant chanté en langue mahi et dansé remarquablement, puis par ’’Les Super anges’’ de Koffi Adolphe Alladé, avec une rythmique rigoureusement agencée mise en symbiose avec une chorégraphie exemplaire, toutes deux régulées par un chant à la fois pathétique et chaleureux.
Du côté de l’animation de la cérémonie de l’hommage national se sont montrées dignes des commandes deux trempes les meilleures du domaine : Steve Facia et Jean-Louis Azé. Ont suivi leur prestation plusieurs personnalités de poids ayant accompagné Oswald Homéky : entre autres, Joseph Djogbénou, Président de la Cour constitutionnelle, Soumanou Toléba, Ministre Honoraire de la Culture, El-Hadj Yacoubou Malèhossou, ancien député, Ernest Guillaume Sossou, Directeur de Cabinet du Ministère de la Culture, Claude Balogoun, représentant des artistes et des acteurs culturels au Conseil économique et social (Ces), sans oublier Marcel Zounon, Directeur de l’Ensemble artistique national (Dean), Gaston Eguédji, Administrateurs du Fac et, aussi, Edgard Djossou, Directeur départemental de la Culture pour le Littoral, très mobile, comme pour veiller au bon fonctionnement des coulisses d’une cérémonie, en vérité, réussie, qui s’est poursuivie, notamment, par des prières musulmane et chrétienne.

Marcel Kpogodo 

dimanche 7 avril 2019

Le sculpteur Sébastien Boko au Wwd 2019 : un labeur productif

Dans le cadre de sa participation à la 7ème édition de l’événement

Le Symposium dénommé ’’World wood day’’ s’est tenu du 18 au 26 mars 2019 dans la ville de Graz en Autriche. Parmi les participants se trouvait le jeune sculpteur béninois Sébastien Boko, qui a manifesté sa grande satisfaction d’avoir appartenu à un processus de retrouvailles et de création artistique collective  entre pratiquants du bois.

Sébastien Boko, au milieu, en plein travail à Graz, avec ses amis Vladimir et Nicolae
’’A travers le temps’’. L’œuvre commune qu’ont réalisée Vladimir Davydov, Nicolae Taesanu et Sébastien Boko au cours de leur participation à la 7ème édition du ’’World wood day’’ (Wwd), qui s’est déroulé du 18 au 26 mars 2019 à Graz en Autriche. Ce symposium annuel, destiné aux professionnels du bois que sont les menuisiers, les charpentiers, les tourneurs et, notamment, les sculpteurs, les sélectionne et les réunit dans un pays donné. Ceci les amène à projeter et à exécuter, en groupe, une œuvre, l’occasion de partager, d’échanger et de mettre en symbiose des méthodes ou des démarches de travail. Ce à quoi se sont exercés le Russe Vladimir Davydov, le Belge Nicolae Taesanu et le Béninois Sébastien Boko.


Les trois artistes sculpteurs, avec ''A travers le temps'' : Crédit photo : Sébastien Boko
Ici, avec ce contexte de collaboration spontanée, les pays d’origine, les horizons et les expériences, dans leurs triples diversités respectives, n’avaient aucune place. Les démarches différentes aussi ne comptaient pas. De manière pragmatique, il s’agissait d’unir les inspirations et le savoir-faire spontané, immédiat et de mettre les cinq précieux jours de présence à profit pour produire, pour ériger une œuvre qui puisse refléter la conjugaison des efforts du trio.
Ainsi, ces trois artistes, qui se sont choisis, par un coup de cœur mutuel, ont réussi à mettre en place une longue sculpture rectangulaire et plate, un bas-relief : ’’A travers le temps’’. Et, ceci a pu se réaliser par un consensus implicite entre les trois membres de l’équipe qu’ont constituée le Russe, le Belge et le Béninois, comme en témoigne Sébastien Boko : « En fait, il n’y avait pas que quelqu’un impose sa stratégie mais il était question d’aller dans le même sens que l’autre pour que cela marche ». A l’occasion, chacun des artistes s’est ouvert à la pratique spécifique que l’autre connaît du bois, dans son pays. 

La collaboration efficace, dans la fabrication de l'oeuvre - Crédit photo : Sébastien Boko
Selon lui, le caractère remarquable et irremplaçable de ce travail en commun se trouve dans la « collaboration entre les artistes du Nord et ceux du Sud autour d’une sculpture », ce qui lui apparaît comme l’idéal qu’il faut répandre et développer : « C’est ce que j’aurais voulu pour le monde », affirme-t-il. « Cette ambiance de partage des connaissances, cette ouverture, ce partage des points de vue, cette collaboration entre le puissant et celui qui l’est moins, c’est ce qui, à mon sens, présente les conditions pour que les êtres humains vivent mieux », exprime-t-il, avant de conclure sur ce point : « Quand on sort du pays, on voit de nouvelles techniques de même qu’on montre beaucoup de choses ; cela débouche sur des échanges gagnant-gagnant ». Il s’agit d’une entreprise artistique à laquelle ont pris part d’autres pays africains : le Togo, le Ghana, la Gambie, le Congo, le Rwanda et l’Ouganda. 

Sébastien Boko, en toute satisfaction, à Graz : Crédit photo : Sébastien Boko
Finalement, l’expérience du Wwd, dans son édition autrichienne, s’est révélé concluante pour Sébastien Boko qui n’hésite pas à se féliciter d’y avoir participé, vu l’épanouissement psychologique qu’il en a tiré : « J’ai été très heureux, je n’ai pas été stressé, j’ai travaillé tranquillement, c’est ma meilleure participation », confie-t-il, relevant l’inévitable apport des qualités humaines, dans cette réussite : « J’ai rencontré des gens qui ont envie de réaliser de grandes choses, des gens qui ont créé le déclic en moi ». Et, le résultat de ces éléments cumulés de satisfaction, c’est une nouvelle motivation chez cet artiste, une sorte de renaissance à son niveau : « C’est comme le début de ma carrière … C’est maintenant plus que jamais ! Il faut que je travaille un peu plus ! ». Dans le sillage de cet enthousiasme, il ne manque pas de ressentir une certaine émotion à la pensée particulière qui l’amène à Anatole Tonoukon, sculpteur, collaborateur de son père, chez qui il effectua environ quatre ans de stage de perfectionnement ; celui-ci venait de décéder et fut inhumé le samedi 30 mars 2019 à Banamè. Une pensée particulière, un hommage de Sébastien Boko à ce sculpteur disparu à 62 ans.

Marcel Kpogodo