mardi 15 mai 2018

Gaël Daavo et Philippe Hachémé, deux artistes à l’assaut de l’homme


Dans le cadre de leur co-exposition

Le vendredi 6 avril 2018, l’être humain a fait l’objet d’une réelle exploration, à la Galerie ’’Guèlèdè’’ de Cotonou. La manifestation s’est rendue visible par une exposition dont le vernissage a eu lieu. Gaël Daavo et Philippe Hachémé, jeunes artistes, étaient à l'honneur.
De gauche à droite, Philippe Hachémé et Gaël Daavo
Sept toiles, d’un côté, dix-sept, de l’autre, présentées dans une cohabitation pas toujours alternative avec, comme point d’uniformité, la conquête de la matérialisation de l’homme. Le schéma global de l’exposition intitulée ’’Ebauche de la nature humaine’’, qui s’est ouverte depuis le 6 avril 2018 et qui a enrichi les murs de la Galerie ’’Guèlèdè’’, sis quartier Jéricho, à Cotonou. La multiplicité des couleurs, dans des tons de tous genres, de toutes les variétés, pour deux démarches d’artistes, véritablement jeunes, qui se rejoignent difficilement, pour peu qu’on veuille approfondir son observation.

Aperçu de l'exposition
Philippe Hachémé, connu comme Oncle Phil, s’exprime, par ses toiles, dans un style qui lui fait traduire l’opacité, le mystère profond de la nature humaine. De préférence, au niveau de ses tableaux, le noir, le blanc et le rouge se côtoient, même s’il part d’un certain fond pour camper son message dont lui-même doute de la totale appréhension de celui qui en est l’objet, l’homme, puisque, selon lui, le caractère insaisissable de celui-ci enduit de mystère le thème de travail, le rend complexe : ’’Ebauche de la nature humaine’’. Par conséquent, Oncle Phil, malgré son jeune âge, se dote d’une thérapie de choc pour ne pas se distraire de son objectif : les couleurs ; elles lui donnent accès aux sentiments qui révèlent une certaine vérité sur l’homme : la violence, la passion, l’action, l’énergie et le mouvement, pour le rouge, notamment, sans oublier, selon lui, la guerre, générée par l’argent. Et, ses matériaux favoris : de la résine d’acrylique, de l’acrylique, de la peinture à huile.

Oncle Phil (A gauche), en échange avec les visiteurs
’’Solitude en fond bleu’’, ’’Psyché humaine / Dégénérescence de l’arc-en-ciel’’, ’’A visage découvert’’, ’’A la recherche’’, ’’Elevation’’, ’’Violence humaine’’, ’’Sensualité’’. D’une toile à l’autre, Oncle Phil présente une vue plus qu’abstractive de l’homme, du moins, ce que son inspiration des instants spécifiques de travail lui ont permis de saisir du bipède, dans ses élans propres à le faire percevoir ange ou démon, esprit ou matière, divinité, spiritualité ou matérialité, philosophie ou pragmatisme, entre autres. Voilà un coup de pinceau, celui de Philippe Hachémé, qu’il faudrait attendre dans des dimensions toujours réalistes de production.


Daavo, l’énigme dans la ’’multidimension’’

S’est fait découvrir, dans un choix propre à lui, Daavo, de son nom à l’état civil, Gaël Daavo. Premier facteur de difficulté manifestée par l’artiste à dire tout l’homme, la latitude, l’ouverture qu’il donne à l’être humain visiteur à se lire et à se décrire, par lui-même, d’où l’absence d’un titre à seize tableaux sur les dix-sept, présentés à la contemplation du public, lors du vernissage de l’exposition du 6 avril dernier ; la sculpture, dans une unité, a seule l’honneur d’une dénomination : ’’Fécondité’’. Deuxièmement, le thème fondateur de toute son inspiration : l’hypocrisie. « Le visage est trompeur », affirma-t-il, avant de continuer : « Mon travail montre différents masques de l’être humain, ceux qu’il porte toute sa vie et qui montre son hypocrisie », a-t-il fini. 

Daavo, dans l'analyse de son inspiration
Ce sont des visages sur lesquels la lecture de l’étiquette dépend de celui qui voit. A l’effet de cette expression, le fond uni du tableau tient une bonne place dans le processus de création de son œuvre par Daavo, avant qu’il ne se lance dans le crayonnage de son idée, comme pour mettre en place le patron indispensable au tailleur. Ensuite, l’artiste fait intervenir l’acrylique pour concrétiser les formes, grâce à différentes couleurs avec lesquelles il aime bien « jouer ». Selon ses explications, la nécessité de la présentation de son message le conduit à pratiquer le collage, à l’aide du papier carton. 
Du côté de la sculpture, la récupération et le recyclage constituent le fondement de la création : le bois de ’’Fécondité’’ entoure alors du fils électrique, ce matériau que le créateur a choisi bien à propos pour « communiquer de l’énergie » à ses œuvres.
Résolument, la nouvelle génération de l’art contemporain béninois, celle d’une très effervescente, qu’incarnent Oncle Phil et Daavo, devra faire avec ces deux jeunes esprits dont l’avenir permet d’attendre une production artistique aussi bien prolifique que surprenante, vu l’ardeur avec laquelle la tâche les maintient dans l’action créatrice.

Marcel Kpogodo          

lundi 7 mai 2018

La Cobed : l’action dans l’unité qui a propulsé Gilbert Déou-Malé


Dans le cadre du déroulement de la Jid 2018 à Cotonou

La Confédération béninoise de danses (Cobed) a célébré la trente-sixième édition de la Journée internationale de la danse (Jid). Cela s’est produit les samedi 28 et dimanche 29 avril 2018, à travers trois manifestations de poids. Comme cerise sur le gâteau, l’identification de Gilbert Déou-Malé, Directeur général du Fonds des Arts et de la culture (Fac), comme un chanteur talentueux de la musique traditionnelle, ce qui a donné une coloration spéciale au concert au cours duquel il s’est brièvement produit.

Gilbert Déou-Malé, en pleine démonstration de danse, à la Jid 2018
Vêtu d’un boubou complet de bazin gris, le micro à la main, il fredonne une demande de permission à ses aînés et prédécesseurs chanteurs, pour lancer sa chanson, s’éloigne à petits pas de la tribune officielle, en dansant lentement, aisément et dignement, rejoint la scène, chante en langue mahi, pendant un peu plus d’une paire de minutes, rend le micro, danse résolument, transpire un peu, prend le retour vers son siège, transmettant, en passant, la récade qui avait servi du témoin qu’on lui a passé pour qu’il fasse une sorte de passage, lui, Gilbert Déou-Malé, Directeur général du Fonds des Arts et de la culture (Fac). La grande surprise ayant caractérisé le concert de danses traditionnelles, qui s’est déroulé sur l’espace de l’aile gauche de l’esplanade extérieure du Stade de l’Amitié Général Mathieu Kérékou de Cotonou, dans l’après-midi du dimanche 29 avril 2018.

Ci-contre, de gauche à droite, Marcel Zounon et Claude Balogoun
Ceci se passait en présence des autorités du Ministère du Tourisme, de la culture et des sports, avec, à leur tête, le Secrétaire général de l’institution gouvernementale, Bellarminus Kakpovi, représentant le Ministre, et de Directeurs techniques tels que Marcel Zounon, de l’Ensemble artistique national (Ean) et Koffi Attédé, des Arts et du livre, sans oublier Edgard Djossou, Directeur départemental du Ministère, pour le Littoral. En réalité, Gilbert Déou-Malé, assis au premier rang parmi les autorités ministérielles, s’est vu pratiquement forcer la main du passage sur scène par le chanteur du Groupe traditionnel, ’’Les Luxes du Bénin’’ dont était en cours le tour de la prestation. D’autres personnalités, très actives dans le secteur culturel, n’avaient pas voulu se faire conter l’événement : notamment, Claude Balogoun, représentant du monde culturel au Conseil économique et social (Ces), Pascal Wanou, Président de la Fédération nationale de théâtre (Fénat), Gaston Eguédji, Administrateur du Fonds des Arts et de la culture.

Koffi Adolphe Alladé, au cours du concert des troupes de danses
S’étant aussi délecté de la surprise au même titre que le public, Koffi Adolphe Alladé, Président de la Cobed, hôte et métronome de la manifestation culturelle de grande ampleur, vêtu d’une tenue traditionnelle d’apparat des grands jours, surveillait de très près le passage d’un peu moins de la quarantaine de groupes de danses, annoncées, parmi lesquels de très connues ont répondu à l’appel : entre autres, ’’Les Super anges hwendo na bou a’’, ’’Towara’’, ’’3L Ifèdé’’,, ’’Oshala’’, ’’Le Ballet fédéral des femmes battantes’’, ’’2Apdcr’’, ’’Club Délidji’’, ’’Energie’’, ’’Les Océans’’, ’’Les Tambours du Bénin’’, ’’Djolokoko’’, ’’Kini kini’’, ’’Les Espoirs du Bénin’’, ’’La Forêt sacrée’’, ’’Les Elues’’, ’’Bourian Etoile d’amour’’, ’’Super génie’’, ’’Hwénoussou’’, ’’Kpodji Apôtres’’, ’’Makandjou Ola’’, ’’Ange Archange et ’’Akonhoun Zopé’’, de même que le célèbre groupe de Porto-Novo, ’’Ashakata’’, du côté de sa pépinière. 


''Bourian Etoile d'amour'', sur scène
Les groupes n’ont pas manqué de se succéder sur la scène jusqu’au milieu de la soirée de ce dimanche 29 avril 2018 et, plusieurs tendances se sont exprimées : les danses traditionnelle, contemporaine et urbaine.


La Jid 2018 : deux autres activités marquantes

La particularité de la Jid, en 2018, réside dans la concrétisation de deux autres manifestations liées à la danse, en dehors de la tenue de celle, classique, du concert de groupes exerçant dans ce secteur, sans oublier que, pour la première fois, la Cobed a réussi à mobiliser, à ses côtés, le Ministère de la Culture.
Dans la petite matinée de ce dimanche 29 avril, elle a offert au public un spectacle inédit, au niveau de l'esplanade intérieure du Stade de l'Amitié, face aux escaliers permettant d'accéder au Palais des Sports : plusieurs centaines de sportifs émanant de divers clubs synchronisant leurs mouvements à la cadence de rythmes de la musique locale, entre autres ; en réalité, de l’aérobic adapté aux musiques de chez nous ! 

Une séquence de pause dans la séance d'aérobic géant
Il a fallu donc donner à ses yeux à jouir du spectaculaire : au moins cinq cent personnes étaient réparties au niveau de huit rangées qui, apparemment, comportaient, chacune, soixante-dix membres unifiant leurs pas sportifs ! La rencontre entre la danse traditionnelle et le sport, comme si la Cobed avait décidé de faire prendre corps à la vision du Président Patrice Talon de voir cohabiter et entrer en symbiose les deux domaines de la culture et du sport, de quoi faire valoir leurs points de convergence. Une réussite qui a impressionné le public.

Ci-contre, Bellarminus Kakpovi, au cours de son intervention
Et, à la suite de cette brillante présentation, des allocutions ont été enregistrées, notamment, celles respectives de Bellarminus Kakpovi qui, représentant le Ministre de la Culture, Oswald Homéky, a remercié les mots du Président du Comité d’organisation de la Jip 2018, Koffi Adolphe Alladé qui l’avait précédé, dans cet exercice, pour rappeler le contexte de l’organisation annuelle de la Jip, avant de décerner un satisfecit à l’autorité pour avoir fait connaître, aux artistes et aux acteurs culturels, le 21 février 2018, le contenu de sa stratégie de relance des arts et de la culture au Bénin. Enfin, l’orateur a émis la doléance que le Ministre fasse naître la Loi sur le mécénat et le sponsoring.


Koffi Adolphe Alladé, au cours de son allocution

 
Intégralité du discours de Koffi Adolphe Alladé, Président du Comité d’organisation de la Jid 2018

-           Excellence Monsieur le Ministre du Tourisme, de la Culture et des Sports,
-           Mesdames et Messieurs les Directeurs Centraux et Techniques du Ministère du Tourisme, de la Culture et des Sports,
-           Mesdames et Messieurs les Présidents des Confédérations culturelles,
-           Mesdames et Messieurs les Présidents des Fédérations culturelles,
-           Mesdames et Messieurs les Présidents des Clubs sportifs,
-           Chers Amis Artistes,
Mesdames et Messieurs,

          Depuis 1973, le Conseil International de la Danse (CID) a été créé à l’UNESCO pour valoriser et promouvoir la danse comme un pan indissociable du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
          En 1982, la Journée Internationale de la Danse a été instituée et célébrée dans plus de 160 pays dans le monde.
          Cette journée réunit les différents acteurs culturels de notre pays, depuis 2004. Toutes les expressions culturelles de danses traditionnelle, rituelle, sacrée, moderne, contemporaine, populaire, etc., sont revisitées parce que la danse contribue à l’épanouissement de l’homme elle permet de guérir certaines maladies et de communiquer parfois avec le divin.

Excellence Monsieur le Ministre,
          Plusieurs groupes de danses ont fait parler du Bénin à travers les différents festivals organisés dans le monde entier. C’est la raison pour laquelle les acteurs culturels, en général et, en particulier, les membres de la Confédération Béninoise de Danses apprécient votre programme de stratégie de relance du secteur des arts et de la culture, proclamée le 21 février dernier à Golden Tulip Hôtel à Cotonou.
          C’est le moment, pour nous, de remercier Monsieur le Ministre en charge de la Culture pour toutes les réformes engagées en faveur du développement du secteur du Tourisme, de la Culture et des Sports.

Excellence Monsieur le Ministre,
          Notre souhait, aujourd’hui, est de suggérer à votre Autorité d’activer la Loi sur le sponsoring et le mécénat, pour accompagner les différents secteurs dont vous avez la charge.
          Merci pour votre présence et votre soutien de tous les instants.
Vive la culture au service du développement !
Vive la danse !
Vive le sport !
Bonne fête à toutes et à tous !
Je vous remercie.



De la formation


Aperçu des participants à la formation
La Cobed a initié une formation qui s’est déroulée dans le cadre de la Jid 2018. Elle s’est tenue dans la matinée du samedi 28 avril à l’Espace ’’Towara’’, du quartier Agla, à Cotonou, et concernait plusieurs responsables de troupes de danses. Hermas Gbaguidi, metteur en scène et dramaturge, a été chargé de les édifier sur le thème : « Gestion des ressources (humaine, matérielle et financière) des troupes de danses ».

Eric Orphée Gnikpo, au cours de ses explications sur la formation
Selon Eric Orphée Gnikpo, Trésorier général de la Cobed, au nombre de 82, les participants ont été sélectionnés à travers tout le pays et, les conditions délétères d’exercice de leurs activités justifiaient cette initiative : l’absence de bénéfice par le danseur d’une rétribution au niveau du Bureau béninois des droits d’auteur et des droits voisins (Bubédra), le manque de connaissance par celui-ci de ses droits, la mauvaise gestion de sa carrière, la difficulté pour lui de réussir à la fois sa vie professionnelle, celle de sa famille et, surtout, celle associative, vu que ce dernier type de domaine commence déjà au sein de la troupe dont il est membre. En outre, Eric Orphée Gnikpo a justifié le choix des responsables de troupes, pour la formation, et non des membres : « Au cours de cette conférence devant générer des échanges interactifs, il aurait pu y avoir des déballages que les simples membres pouvaient ne pas comprendre et gérer aisément ».

Hermas Gbaguidi, au cours de son exposé
Par rapport à son exposé, Hermas Gbaguidi a fait ressortir, notamment, le caractère stratégique du responsable dans le bon fonctionnement d’une troupe de danse ; son positionnement ne devrait pas être le fait du hasard, mais relever de « critères structurels et économiques », vu qu’il a l’obligation de susciter chez les danseurs de sa troupe le dévouement, l’engouement et la motivation, de même qu’il doit la faire rentabiliser économiquement. Lorsque ces critères se trouvent réunis, le dirigeant de la troupe est alors à même d’y réussir la répartition des tâches et des responsabilités, lui qui aura cultivé le don de reconnaître les membres de qualité, ce qui lui permettrait d’éviter de se retrouver au four et au moulin. Par ailleurs, une conséquence naturelle devrait découler de ce succès : le déroulement normal des activités de la troupe, entre autres, les répétitions, en l’absence du leader. 

De gauche à droite, entre autres, Koffi Adolphe Alladé et Marcel Zounon
A la fin de la présentation de son propos, Hermas Gbaguidi a été renforcé par deux personnalités expertes et expérimentées : Koffi Adolphe Alladé et Marcel Zounon.

Marcel Kpogodo