lundi 16 avril 2018

Quand le ’’Sabwana orchestra’’ sème la chaleur et la joie


Dans le cadre du concert du Groupe à Cotonou

La Paillotte de l’Institut français de Cotonou a été grandement secouée dans la soirée du vendredi 13 avril 2018. C’est à la faveur du concert qu’y a donné le Groupe franco-burkinabé, ’’Sabwana orchestra’’. Alors, le public a vibré au rythme de la forte vitalité instrumentiste, véhiculée par les membres de l'orchestre de jazz.  

Le ''Sabwana orchestra'' (De gauche à droite, David Yaméogo, Jessie Ouédraogo, Sosthène Ouédraogo, Colin Mousser et Petit Solo Diabaté)
Vingt-et-une heures tapantes et des notes de balafon lancent un concert qui va durer quatre-vingt-dix minutes environ, dans une atmosphère d’embrasement du public pour un peu plus d’une dizaine de morceaux : ’’Blakyne’’, ’’Sabwana’’, ’’Curyse’’, ’’Ylop’’, ’’Débora’’, ’’Naaba Naaba’’, ’’E djè ka djo’’, ’’Sababou’’, ’’Célestia’’, ’’Night in Bobo’’, ’’Badenya’’ et ’’Zigribiti’’. Le délice musical qu’ont savouré les spectateurs le vendredi 13 avril 2018, en soirée, au concert qu’a donné le Groupe ’’Sabwana orchestra’’, sous la Paillotte de l’Institut français de Cotonou. Colin Mousser, qui va se révéler un saxophoniste vivant à fond chaque son que son souffle lui permet de générer, entre en scène en émergeant du public ; les deux guitaristes, Sosthène Ouédraogo, l’ ’’électriste’’, et Jessie Ouédraogo, le bassiste, font leur apparition des coulisses, de même que le batteur, David Yaméogo, puis, voilà Gautier Gêne, prenant le contrôle de la régie, qui répartit une lumière rouge et claire sur la scène : le morceau introductif donne le ton d’un concert engagé qui va donner du tonus.
Cette tendance se confirme au fil du déroulement. Une musique rendue jazz par l’agencement mesuré des coups de baguette sur les différentes cymbales, avec les coups harmonisés que reçoivent les styles de tambours, une rythmique qu’intègrent les notes que dégagent les deux guitares dont les cordes sont grattées ou secouées, selon que se stabilise ou monte l’intensité de la fièvre du message que ressentent les manipulateurs de ces instruments de musique. Et, une affinité de taille : celle que développe Petit Solo Diabaté, le joueur de balafon, avec le batteur à partir de l’accord lointain de qui il fait entrer en symbiose les notes douces qu’il laisse échapper de sa machine héritée de la séculaire tradition musicale mandingue. Spectaculaire et polyvalent, ce balafonniste ne varie en rien son comportement de quête d’entente avec David Yaméogo lorsqu’il se déporte sur ses percussions dont les battements communient étrangement avec les coups de batterie. Avec Petit Solo Diabaté, le jazz vire à l’afro, ce qui épanouit ceux dans le public qu’enchantent la grande capacité de provocation de remuement du corps de la part de la musique africaine, très dansante, qui a fait se lever et bouger beaucoup de spectateurs, tantôt spontanément, tantôt sur demande des musiciens.
Le côté purement jazzy du Groupe, c’est aussi la place laissée, dans la plupart des morceaux, à l’expression des instruments ; ’’Sabwana’’, ’’Naaba Naaba’’, ’’Sababou’’ et ’’Badenya’’ sont alors les seuls dans lesquels David Yaméogo, Jessie Ouédraogo, Petit Solo Diabaté et Colin Mousser auront fait découvrir leurs bonnes capacités chorales. 
Particulièrement, Colin Mousser s’est parfaitement intégré à cette belle ambiance, manifestant la partition de son précieux souffle à travers la mélodie de son saxophone, dans laquelle tout se trouvait engagé en lui, que ce soit son âme, son esprit et, très visiblement, son corps qui, se propulsant, à des moments donnés, au-devant de la scène, se courbait, se pliait en deux, sous l’impulsion d’une fougue intérieure, donnant l’impression que le musicien allait se retrouver au sol. Impresario de service, faisait luire son visage la satisfaction qu’il éprouvait de se donner entièrement au spectacle, pour un public qui suscitait en lui une simple ambition : le combler.
De toute évidence, l’homme de la soirée aura été Petit Solo Diabaté, dans le déploiement, d’abord, d’une énergie physique bien répartie, totalement généreuse, pour les besoins de la cause du comblement du public, de la manifestation de la spécificité dansante et remuante, émouvante de la musique africaine ; il se distribuait amplement entre son balafon et trois tambours de percussions, sans pour autant donner l’impression d’en ressentir de la fatigue, ses mains battaient ardemment la mesure sur ceux-ci, et son visage en rayonnait, il prenait du plaisir à procurer du plaisir …
Ensuite, Petit Solo Diabaté jouait juste et bien, faisant voyager l’esprit, en dépit de l’ambiance surchauffée du concert, par le doux son multiforme qui émanait de son balafon que balayaient des baguettes manipulées par ses doigts si agiles.
Enfin, le Groupe, dans son emble, aura davantage impressionné quand, à la fin du concert, devant un public qui en redemandait, les membres de l’orchestre n’ont eu d’autre choix que de concocter une improvisation acoustique mettant à l’honneur le gong géminé de chez nous, fusionnant avec de la percussion ! Un signe de la capacité du ’’Sabwana orchestra’’ à intégrer des instruments musicaux spécifiques, des rythmes locaux.        

Segun Olabissi
A accompagné le ’’Sabwana orchestra’’, celui qu’il est devenu ordinaire d’appeler le ’’plus Béninois des Nigérians’’, Segun Olabissi. Bête de scène, sa voix tonnait, il y déambulait, stimulant le public à accompagner le mouvement.  


Engagement et écologie 
      
De longues branches de palmier décoraient de part et d’autre la scène, laissant pressentir chez les musiciens une tendance écologiste, et même d’engagement, surtout qu’une certaine uniformité a frappé, en ce qui concerne leur accoutrement de scène : faisait l’unanimité, au niveau d’eux tous, la cravate multicolore en tissu dit africain, ainsi que le pantalon jeans. Celle-ci distille le message de la fusion entre l’Afrique et l’Occident, la cravate étant culturellement de lui, le tissu, du continent des Afro-descendants, en grande majorité. Du côté du jeans, il symbolise le travail acharné sans quoi rien ne s’acquiert ni ne se conquiert, ce travail dans lequel s’engagent les membres du ’’Sabwana orchestra’’, pour donner corps à leurs objectifs, à leur vision. Se rapportant à la chemise, elle est de couleur kaki chez certains, verte, noire ou rouge chez d’autres, ce qui témoigne de la variété, de la multiplicité des choses, des cultures, de leur complémentarité.   
Et, à en croire Jessie Ouédraogo, porte-parole de circonstance, sur la scène, le ’’Sabwana orchestra’’, né depuis quatre ans, s’implique, au fil de son évolution, dans le développement durable, pour plus de justice et d’équilibre dans le monde contemporain.  

Marcel Kpogodo   

jeudi 12 avril 2018

« [Il faudrait] essayer avec nous autres, demande Serge Ologoudou aux mécènes


Dans le cadre de la tenue de la cinquième édition du ’’Festin vocal’’

La cinquième édition du ’’Festin vocal’’, le Festival international des voix de femmes du Bénin, se profile à l’horizon. Nous en dit sur le programme prévu, le Directeur de l’Evénement, Serge Ologoudou. L’entretien, qu’il a bien voulu nous accorder, s’achève par un appel au soutien financier, qu’il lance aux mécènes.

Serge Ologoudou
Journal ’’Le Mutateur’’ : Bonjour Serge Ologoudou. Vous êtes journaliste culturel et promoteur culturel. Bientôt se tient le ’’Festin vocal’’. Pouvons-nous savoir ce qui est prévu pour cet événement ?


Serge Ologoudou : Merci pour l’opportunité que vous m’offrez. Le ’’Festin vocal’’, c’est le Festival international des voix de femmes du Bénin. Nous en sommes à la cinquième édition qui va se tenir du 24 au 28 avril 2018, ici, à Cotonou. Il y a plusieurs activités à mener. D’abord, il y a trois jours de formation, de perfectionnement en technique vocale ; ces trois jours seront encadrés par Annie Flore Batchiellilys qui est une grande chanteuse africaine, gabonaise d’origine. Elle est en même temps la tête d’affiche de l’édition.
Cette formation, ce seront trois jours de renforcement de capacités, c’est un Master class qui va regrouper un certain nombre d’artistes, des jeunes ou des moins jeunes, peu importe. Toutes celles qui sont intéressées à profiter de l’expérience d’Annie Flore Batchiellilys sont invitées à participer à ce Master class qui se déroulera du 24 au 26 avril, de 9h à 15h, à l’Institut français de Cotonou. En fait, il s’agit d’une dame qui chante depuis un bout de temps ; elle a déjà la cinquantaine, donc, elle n’est pas une petite dans le domaine.  
Ensuite, il y aura deux concerts : le premier, le 27 avril, à la Grande salle du Fitheb (Festival international de théâtre du Bénin, Ndlr), avec le Chœur polyphonique national, Assy Kiwa, Amy Mako de Parakou, Ayodélé et puis bien d’autres. Le 28 avril est prévu un deuxième concert qui sera, cette fois-ci, à l’Institut français de Cotonou avec, encore, le Chœur polyphonique national et, en première partie de la vedette du Festival, Annie Flore Batchiellilys, il y aura une révélation du nom d’Hermance Ellé ; elle est journaliste à l’Ortb (Office de radiodiffusion et télévision du Bénin, Ndlr) au journal parlé mais elle a pour passion la chanson. Elle a eu l’occasion de participer à ’’The voice’’ francophone cette année. Donc, elle sera la révélation et, son nom d’artiste, c’est Djayé.
Profitons de l’occasion pour parler du thème du Festival, qui est : « Les femmes dans l’environnement musical ». Il sera présenté par Marcel Padey. Ce sera la conférence inaugurale de tout le Festival, le mardi 24 avril.


Quelles sont les innovations de cette édition par rapport à la précédente ?

On veut mettre l’accent, surtout, sur les révélations, sur la détection de talents. Donc, nous sommes en train de lancer une activité dénommée ’’Première chance’’, où l’on aura à retenir une dizaine de jeunes chanteuses parmi lesquelles nous allons sélectionner trois que nous allons commencer à suivre, pour les autres éditions du Festival, histoire de les canaliser, de leur donner des notions de base pour que, d’ici à quelques années, elles puissent aussi évoluer dans leur carrière de chanteuses.


Pourquoi cette focalisation du Festival sur les femmes musiciennes chanteuses ?

D’abord, j’ai eu l’occasion de travailler avec plusieurs femmes artistes, entre autres, - paix à son âme ! – Zouley, et puis le trio Tèriba, surtout, un Groupe grâce auquel l’idée du Festival est née. Il faut rappeler que je l’ai fait connaître ici et à l’international. Je crois que le travail qui a été fait au niveau de ce Groupe, j’ai eu envie de le vulgariser. C’est pour cela que j’ai pensé mettre en place un Festival du genre.


L'Affiche officielle du ''Festin vocal''
Organiser un festival, par les temps qui courent, ce n’est pas facile. Est-ce que vous avez déjà tout bouclé pour la réussite de la cinquième édition du ’’Festin vocal’’ ?

Si tout dépendait de nous, tout serait bouclé. Mais, dans ce genre d’activités, il y a pas mal de partenaires, il y a pas mal de paramètres qu’on ne maîtrise pas forcément. Il s’agit, entre autres, du nerf de la guerre ; il faut que les bonnes volontés, les mécènes se manifestent.
Les sponsors, il n’y en a pratiquement pas puisqu’il n’y a pas de politique ni de loi qui favorise ce genre d’activité. On y va comme l’on peut, mais on a pris ce risque parce que l’année dernière, on n’a pas pu faire le Festival, tout simplement du fait qu’il y a des réformes en cours au Ministère du Tourisme, de la culture et des sports et que ces perturbations ne nous ont pas facilité la tâche. Mais, cette année, on s’est dit que si on doit attendre que ces réformes se mettent en place, on risque de perdre beaucoup de choses. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes jetés à l’eau, il faut le reconnaître, pour maintenir la crédibilité du Festival. Donc, nous sommes là, on attend, on garde l’espoir que le Ministère finira certainement par nous accompagner.
Je profite de ce créneau pour lancer aussi un appel au Ministère de la Culture, aux responsables et aux décideurs politiques, pour attirer leur attention sur le fait que l’Etat organise des événements, mais je crois que les privés, que nous sommes, aussi participent quand même de façon importante à animer les activités artistiques et culturelles dans le pays. Et, on doit tenir compte aussi de cet effort, de cette contribution que nous, privés, apportons au secteur culturel qui en a vraiment besoin.
A l’endroit des mécènes : c’est vrai qu’il y a des bonnes volontés, des privés qui veulent parfois accompagner le secteur mais ils n’ont pas toujours la garantie qu’il faut, il manque un peu de crédibilité. Nous leur lançons l’appel d’essayer avec nous autres et, certainement, ils vont voir la différence. C’est vrai, après cette édition, on va les approcher pour mieux leur expliquer notre démarche à nous, pour mieux leur expliquer l’intérêt de ce que nous faisons et, surtout, l’intérêt que, eux aussi, peuvent en tirer. Ce sont des points qu’il faudrait, à un moment donné, éclaircir, il nous faudrait sensibiliser les uns et les autres sur des choses à faire et comprendre que si on n’a pas une mutualisation des différentes énergies, on ne pourra pas faire avancer ce secteur.


A quel contact on pourrait vous joindre, si on était intéressé pour vous accompagner ?

Il y a un contact sûr qui est mon contact direct : le 97-30-03-44.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo