jeudi 4 mai 2017

Gilbert Déou-Malé, Dg/Fac : l’intégralité d’un inédit discours rassurant et rassembleur

Dans le cadre d’une adresse de 8mn 22s à divers ordres de responsables d’artistes et d’acteurs culturels


La matinée du samedi 22 avril 2017 a donné lieu à une rencontre entre Gilbert Déou-Malé, Directeur général du Fonds des Arts et de la culture (Fac), et plusieurs dizaines de responsables d’artistes et d’acteurs culturels, qui étaient réunis au sein de la Plateforme des Confédérations et fédérations d’artistes et d’acteurs culturels du Bénin. C’était dans une Salle Vip 2 n°112 archi-comble du Stade de l’Amitié Général Mathieu Kérékou de Cotonou. En réponse à l’allocution de remerciements, adressée par les membres de la Plateforme, représentés par Pascal Wanou, au Chef de l’Etat, face à l’injonction qu’il a donnée du remboursement de leurs reliquats aux artistes et aux acteurs culturels, Gilbert Déou-Malé, qui le représentait, a pris la parole et, dans une improvisation de 8 minutes 22 secondes, a partagé avec ses interlocuteurs des réflexions d’une qualité qu’ils ont abondamment applaudie.

Gilbert Déou-Malé, le Dg/Fac, au cours de son intervention

Intégralité du propos de Gilbert Déou-Malé


« Chers artistes, non, chers collègues !

« Les mots me manquent pour remercier tous qui ont effectué le déplacement, parce que, c’est une surprise, en tout cas, pour moi, le contenu du document. Ce qui me réjouit davantage, c’est de voir ici, autour de cette table, assises, les sommités. Je me réjouis du fait que tous les artistes soient réellement représentés ici, parce que, à voir, autour de cette table, ceux qui sont assis, c’est une fierté ;  cela suppose que, réellement, les artistes avaient un message à adresser au Chef de l’Etat.
Je crois que, si nous étions en période guerre, la guerre est terminée.

« Ceux qui ont pensé que je pouvais, en toute confiance, transmettre le message de mes collègues au Chef de l’Etat, ne se sont pas trompés, simplement parce que je fais partie réellement du Nouveau départ. Donc, je peux remettre ce document au Chef de l’Etat. Je peux aussi le commenter ; je peux apporter des éclairages, des éclaircissements au Chef de l’Etat, s’il en avait besoin, parce que j’ai vécu tout ce que vous avez vécu là, avec vous. Et, j’ai le même ressentiment, parce que je suis en train d’intervenir, en tant qu’artiste, comme vous. 

« C’est vrai, je suis Directeur général du Fonds des Arts et de la culture mais, c’est passager et, je demeure artiste à vie. C’est pour cela que je n’aurai pas peur ; pendant tout le temps que le Chef de l’Etat me fera confiance, je n’aurai pas peur de défendre rien que les intérêts des artistes et, rien que ça parce que, désormais, il faut que l’artiste soit respecté comme tel.

« Moi, en tant qu’artiste, je me sens beaucoup plus important qu’un homme politique. Oui, parce que, quand un homme politique fait son meeting, c’est lui qui donne de l’argent à la population, mais quand je fais ma prestation, c’est la population qui me donne de l’argent.

«Tous ceux qui ne le savent pas et qui pensent qu’injecter de l’argent dans la culture, c’est jeter de l’argent par la fenêtre, se trompent ; ils se trompent parce que, simplement, quand on met de l’argent dans l’éducation, le lendemain, on n’en a pas les retombées, quand on met de l’agent dans la santé, le lendemain, on n’en a pas les retombées mais, nous, artistes, quand nous voulons sortir un morceau, nous payons des taxes, nous payons l’électricité ; au studio où je suis allé me faire enregistrer, il y a des gens qui sont en service là, donc, nous participons à la création de la richesse.

« Investir dans la culture, ce n’est pas jeter de l’argent par la fenêtre et, c’est ce que le Chef de l’Etat a compris, depuis qu’il était candidat, quand il a dit qu’il ferait du tourisme et de la culture le levier même, le socle du développement économique et social de notre pays. Cela voudra dire quoi ?
Tous les artistes du Bénin doivent se sentir fiers parce que c’est la première fois que nous avons un Chef d’Etat, qui pense que nous devons être le levier du développement. Et, nous devons tout faire pour mériter cette confiance.

« Il y a, pour finir, un petit quelque chose que je voudrais dire, comme nous sommes en famille : nous allons nous mettre ensemble pour assainir notre milieu. Cela voudra dire quoi ? Que cela commence aussi par nous-mêmes ; nous devons avoir des comportements dignes. Un artiste, c’est un éducateur, c’est un communicateur, il doit être un exemple ; nous devons alors, dans nos comportements quotidiens, en donner la preuve. C’est pour cela que, quand on sort dans la rue et qu’on apprend, par exemple, que c’est au sein de nous, les artistes, qu’on remarque des toxicomanes, je crois que nous avons le devoir, l’obligation d’accompagner le Gouvernement dans la lutte contre le trafic illicite, contre le trafic de la drogue, dans notre pays, simplement parce que ceux qui se livrent à ce commerce-là s’enrichissent mais, ce sont nos enfants qui sont détruits physiquement, mentalement. Il faut que’ désormais, on commence à nous respecter, nous, artistes.

« De toutes les façons, nous interpellons, ici, les douaniers, les policiers, les magistrats, pour que la lutte se mène de manière honnête et sincère.

« En outre, le Nouveau départ, les artistes l’ont bien compris et, nous sommes prêts pour le Nouveau départ. Par rapport à cela, je voudrais vous garantir que le Chef de l’Etat aura le document, dès la semaine prochaine. Et, pour tous ceux qui hésitent encore parmi nous, ils n’ont qu’à comprendre que la lutte est commune ; j’ai appris que certains doutent encore de ce que les reliquats seront payés. Il y a des doutes au niveau des acteurs culturels.

« Depuis ma prise de service, j’ai juré de faire payer ces reliquats parce que c’est simplement une injustice : des artistes se sont endettés pour mettre en œuvre leurs activités parce, simplement, ils ont reçu des notifications, ils ont eu un contrat avec le Fac (Fonds des Arts et de la culture, Ndlr), donc, avec l’Etat. L’Etat doit prendre ses responsabilités. C’est pour cela que le Chef de l’Etat a instruit pour que les artistes soient intégralement payés et, le Fac le fera. Donc, plus de doute ! Nous allons nous organiser pour payer intégralement tout ce que nous devons aux artistes ».


Propos recueillis par Marcel Kpogodo

mercredi 3 mai 2017

Michaël Todégo ou Antonin, l’innocence-intelligence précoce

A la représentation de ’’L’œuf et la poule’’


La pièce de théâtre, ’’L’œuf et la poule’’, a été jouée le samedi 29 avril 2017, à deux reprises, à l’auditorium de l’Institut français de Cotonou. S’est trouvé mis en vedette Michaël Todégo, contraint de restituer au public la curiosité un peu trop poussée d’un enfant sur les tenants et les aboutissants de la vie intime de ses parents.

Michaël Todégo, sur scène 
L’air perpétuellement anxieux et insatisfait, insatiable d’Antonin, 5 ans. Le défi qu’a réussi à relever Michaël Todégo qui incarnait ce rôle exigent, le samedi 29 avril 2017, au cours de la représentation, en milieu de matinée et en après-midi, de la pièce, ’’L’œuf et la poule’’, écrite par Catherine Verlaguet et mise en scène par Nathalie Hounvo-Yèkpè.
Dans un décor meublé de gros cubes en carton, diversement colorés et dont certains portaient, écrites, de grosses lettres ou un dessin de poussin ou d’œuf, notamment, un ensemble qui finissait par incarner la devanture d’une maison, Antonin se confrontait régulièrement à son père et à sa mère, respectivement incarnés par Bardol Migan et Sophie Mètinhoué. Alternativement, il les dérangeait de ses incessantes questions visant, pour lui, à comprendre les fondements du gonflement progressif du ventre de sa mère enceinte et, face à la découverte du fait qu’il contenait son petit frère qui allait naître, Antonin ne cessait de chercher à comprendre de quelle manière il allait sortir du ventre. Les doigts bien expérimentés de Meschac Adjaho libéraient les notes de musique de comptines, de sa composition, nous dira-t-il, fermant et ouvrant les scènes.

Michaël Todégo, en fond de décor
Face à sa taille un peu au-dessus de la moyenne, qui était celle de Michaël Todégo jouant Antonin, le jeu se trouvait compromis et le comédien ne devait s’en remettre qu’aux différentes expressions de son visage, aux intonations de sa voix et à ses gestes, à ses comportements, pour laisser lire en lui la mentalité d’un enfant de 5 ans.
Notre Antonin s’y est mis, 35 minutes durant, manifestant les sourcils froncés de la curiosité, la mine boudeuse de l’insatisfaction, les yeux écarquillés de la surprise, face aux réponses trop expéditives du papa concernant, entre autres, un aspect réellement embarrassant de la manière dont son petit frère à la naissance attendue a pu se retrouver dans le ventre de sa mère par le fait du père, sans oublier la voix traînante de cet enfant de scène, confrontant, aux considérations évasives de son papa, les connaissances précises, transmises par sa camarade de classe, sur les conditions de la tenue d’une relation sexuelle par deux adultes. Confusion du père et rire assuré du public.

De gauche à droite, Sophie Mètinhoué, Michaël Todégo, Nathalie Hounvo-Yèkpè, Bardol Migan et Meschac Adjaho, saluant le public


De cette manière, Michaël Todégo a tôt fait de réussir à se mettre dans la peau du très intelligent et réellement mais profondément innocent petit Antonin. Se faire admettre comme tel par des spectateurs scandant des félicitations, à la fin de la pièce, voilà une grande réussite pour ce jeune comédien plein d’avenir.

Marcel Kpogodo